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La région du Lorestân est l’une des plus anciennes régions habitées d’Iran. On y a découvert des gravures rupestres datant de l’âge de pierre. Le Lorestân est habité par l’homme depuis la préhistoire. À l’âge de fer, les habitants de la région se sont fait connaître pour leur artisanat de métaux dont certains, notamment des objets en bronze, d’une finition exquise, ont été mis à jour par les archéologues. Outre sa riche histoire, la région jouit d’une belle nature. Du fait que le Lorestân se trouve sur les pentes de la chaîne Zagros, il bénéficie d’un climat continental et humide, ainsi que de ressources d’eau relativement abondantes et d’une terre fertile.
Les documents paléontologiques concernant la région du Lorestân démontrent qu’elle est habitée par l’homme depuis au moins quarante mille ans. À l’époque préhistorique, les montagnes étaient habitées par des populations troglodytes menant une vie basée sur la chasse et la cueillette de plantes sauvages. Les découvertes archéologiques de la région attestent que le Lorestân a été parmi les premiers lieux d’établissement de l’être humain sur terre et de ce fait, elle jouit d’une grande importance chez les paléontologues internationaux. Ces derniers sont parvenus à y découvrir des traces de vie humaine de périodes allant de l’âge de pierre jusqu’à la révolution urbaine. En outre, selon les données historiques, les habitants de la région ont été parmi les premiers hommes à savoir domestiquer les animaux aussi bien qu’à débuter l’agriculture. Selon les transcriptions datant des époques babylonienne, élamite et assyrienne, aux IVe et IIIe millénaires avant J.-C., de nouvelles populations nomades se sont installées sur les pentes du Zagros. Il s’agirait des Kassites, des Lullubis, des Manni et des Amanda. Il y a 3000 ans, des ethnies aryennes de l’Asie centrale remplacent les Kassites dans le Lorestân, et fondent rapidement un royaume. Dès lors, ce sont les grandes dynasties iraniennes qui prennent pouvoir l’une après l’autre jusqu’au XIIIe siècle.
Avec la conquête des Mongols (1218-1221), la région du Lorestân est subdivisée en deux parties : la région de Lor-bozorg (le grand Lor) qui correspond essentiellement aux provinces actuelles de Tchahâr Mahâl va Bakhtiâri, Khouzestân et Kohkilouy-e va Boyer Ahmad ; et la région de Lor-e koutchak (le petit Lor) qui comprend la région nord de la chaîne du Zagros où se trouvent aujourd’hui les provinces du Lorestân et d’Ilâm. Les tribus du Petit lor étaient traditionnellement dirigées par plusieurs gouverneurs locaux appelés Atâbak. Mais au XVIIe siècle, Shâh Abbâs le Grand (1571-1622) confie le gouvernorat de cette région à un seul gouverneur nommé Hossein Khân Shâmlou, membre de la tribu Poshtkouh de Shoushtar (dans la province du Khouzestân). Ce dernier fonda un petit royaume local qui a existé et a gouverné dans la région jusqu’à l’époque qâdjâre. Durant cette période, l’administration du Lorestân est confiée aux gouverneurs de Boroudjerd (deuxième grande ville du Lorestân) et de Shoushtar.
Le Lorestân, autant par son histoire ancienne que sa géographie variée, abrite un grand nombre d’attractions historiques et préhistoriques. Chronologiquement, ces monuments historiques peuvent être regroupés en trois catégories : 1) les éléments datant de l’âge préhistorique : il s’agit de fresques, peintures et gravures rupestres dessinées sur les parois de grottes par les hommes préhistoriques ; 2) les éléments hérités de la Perse antique, tels que les monuments architecturaux, ponts, cimetières, châteaux et forteresses, etc. ; 3) les éléments datant de l’âge islamique.
Située dans la montagne Kouh-e Sefid (la Montagne Blanche), dans le Zâgros central, la grotte Yâfteh est le cœur d’un site touristique bordant la vallée de Khorramâbâd. Cette grotte fut découverte en 1963 par une équipe de paléontologues européens, et est depuis une importante source d’études pour les chercheurs internationaux. Suite à des fouilles, on a découvert de riches collections lithiques dont la moitié est conservée en Iran et l’autre moitié au musée de Yale, aux États-Unis. Ces collections comprennent notamment des objets osseux datant depuis le Paléolithique moyen jusqu’à la fin de la période d’Obeïd [1]. En 2004, une équipe irano-européenne de spécialistes financés par le Musée de Téhéran a débuté une nouvelle série de fouilles dans la grotte Yâfteh. Cette reprise de fouilles concerne surtout la partie supérieure de la grotte. Lors de ces recherches, les chercheurs ont réussi à découvrir de nouveaux objets, notamment des parures et objets artisanaux osseux. Ces fouilles ont abouti à la découverte de près de 5600 objets préhistoriques dont des lamelles retouchées et non-retouchées, des outils osseux, des objets de parure, de nouvelles gravures rupestres sur les parois, etc.
Située au cœur des monts de Pol-e Dokhtar à l’ouest de la province du Lorestân, la grotte de Kalmâkareh a été considérée comme le lieu de conservation des trésors des rois perses. La plupart des objets découverts dans cette grotte ont été clandestinement transférés à l’étranger et sont conservés actuellement dans certains musées européens ou dans des collections privées. Les études archéologiques de cet endroit démontrent que la plupart des objets ont été produits par la civilisation élamite, entre le IVe millénaire avant J.-C jusqu’au Ier millénaire après J.-C. Certains archéologues avancent l’hypothèse que les dizaines de vases en argent découverts dans cette grotte constituaient un trésor caché sur ordre royal au moment des invasions étrangères contre cette région du Zagros. La forme et la décoration des vases indiquent qu’il s’agit d’un art pré-achéménide. De plus, les inscriptions gravées sur les objets retrouvés démontrent également l’existence des liens des Achéménides avec la tradition et la culture élamites.
Située en plein centre-ville de Khorramâbâd, chef-lieu de la province du Lorestân, la forteresse de Falak-ol-Aflâk (Le ciel des cieux) a été construite sur une colline naturelle et historique. Ce monument a été fondé à l’époque sassanide sur ordre du roi Shâpour Ier (240-272) et de ce fait, on la connaissait autrefois sous le nom du château de Shâpour-Khâst (Voulue par Shâpour). A l’époque sassanide, elle était utilisée comme prison étatique. Sous la dynastie des Bouyides (932-1055), la forteresse servit de siège au gouvernement. Avant la Révolution islamique de 1979, elle fut utilisée comme caserne militaire et prison pour les détenus politiques jusqu’en 1968. S’étalant sur une superficie de 5300 m2, ce monument rectangulaire comporte huit tours de garde et deux cours centrales. Parmi les particularités de ce complexe historique, on peut faire allusion à un puits profond de 42 mètres, ainsi que des passages secrets, parfois empruntés par les prisonniers pour s’évader. En outre, il existe à l’intérieur de la forteresse une source d’eau très fraîche qui coule toute l’année. En plus de son architecture exceptionnelle, on peut y admirer des éléments historiques propres à l’époque de sa construction, notamment le Pont brisé (pol-e shekasteh). Les deux cours centrales sont entourées par de nombreux bâtiments en briques de terre crue, de pierre, de bois ou de mortier. Dans la partie sud de Falak-ol-Aflâk, on peut découvrir les vestiges du pont brisé datant de l’ère sassanide. A l’époque, ce pont reliait l’ouest du Lorestân à Ctésiphon, capitale des Perses sous les Sassanides. La pierre est le matériau principal du pont.
Pol-e Dokhtar est une ville située au sud-est du Lorestân qui abrite onze étangs qui en font un lieu touristique très visité. Mais cette ville est surtout connue grâce à un monument historique qui se trouve aux portes de la ville, à cheval entre le Lorestân et l’Ilâm. Il s’agit d’un pont, construit sous les Achéménides, dont l’architecture en fait un chef-d’œuvre parmi les ponts achéménides. Durant l’Antiquité, le monument était attribué à Anâhitâ, la déesse des eaux, d’où la dénomination du « Pont de la Jeune Fille ». Ce pont était stratégique pour les Achéménides, puisqu’il connectait les deux parties de la route Suse-Hegmataneh, deux des capitales de la Perse antique.
Nommé par les autochtones « Kashkou », ce pont millénaire se trouve à 50 km de la route Khorramâbâd-Kouhdasht. Ce monument historique bâti sur le fleuve Karkheh est doté de onze piles en pierre, aux palées en brique. Les matériaux de construction du pont ont été transportés sur le site de construction depuis le mont Takht-e Manijeh, situé à 10 km à l’ouest du pont.
Datant du VIIIe siècle, la grande mosquée de Boroudjerd est située dans le centre-ville historique de Boroudejerd. Dès l’islamisation de l’Iran, les Iraniens transformèrent leurs temples du feu en mosquées. C’est le cas pour la mosquée de Boroudjerd qui a été édifiée sur un temple du feu et jouit de ce fait d’une architecture à la fois archéologique et islamique. Cette mosquée était autrefois un complexe abritant la mosquée elle-même, le réservoir d’eau, un bâtiment appelé « gharibkhâneh », où les voyageurs pouvaient temporairement loger, ainsi que quelques autres installations. Mais avec le temps, ce complexe a été détruit et il ne reste aujourd’hui que le bâtiment de la mosquée. De nos jours, le monument est doté de deux entrées est et ouest, une cour centrale, une terrasse couverte et un shabestân.
Le mausolée de l’Emâmzâdeh Dja’far, un descendant du septième Imam des chiites, compte parmi les plus anciens éléments de la ville de Boroudjerd. Les inscriptions figurant sur le monument attribuent sa fondation à l’époque seldjoukide (1037-1194). Ce monument est une merveille d’architecture islamique dont la structure ressemble beaucoup à celle du tombeau du prophète Daniel à Suse, dans la province du Khouzestân. Le bâtiment principal du complexe, connu sous le nom de Borgheh (mausolée), a un dôme en forme de cône et comporte 18 marches en briques.
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Située sur les pentes de la chaîne du Zagros, la province du Lorestân est une région montagneuse qui, grâce à ses merveilles naturelles, attire de nombreux visiteurs iraniens et étrangers. On peut y découvrir un grand nombre de cascades, lacs, plaines, étangs et montagnes.
La cascade d’Ab-sefid, l’une des plus belles d’Iran, tombe d’une hauteur de 70 mètres. Elle se situe au cœur des monts sud-est du Lorestân à 50 km de la ville d’Aligoudarz (située à l’est de la province). Le site touristique où se trouve la cascade est encadré par de verdoyantes forêts de chênes, ainsi que par des paysages montagneux magnifiques et traversés de rivières, d’où sa popularité. Ce site est un lieu idéal pour des randonnées en forêt.
C’est une chute d’eau de près de 50 mètres de haut qui se trouve à 30 km au sud-est de Doroud, à l’est de la province. Elle est entourée par le village touristique de Bisheh au nord et ses denses forêts de chêne ; mais l’attraction la plus visitée de la région est sans aucun doute le jardin Sarâb situé à 5 km de la cascade. Il est à souligner que cette cascade se jette dans le fleuve Dez. Elle avoisine également le réseau ferroviaire reliant Téhéran au Khouzestân.
S’écoulant dans la zone protégée d’Oshtorânkouh, le lac de Gahar est l’un des 28 lacs importants d’Iran. Il se situe précisément à 120 km de la frontière est du Lorestân. Ce lac est entouré par le parc national d’Oshtorânkouh, réserve de forêts de chênes et de noyers. Un bon nombre d’alpinistes s’y rendent souvent pour des escapades et sur les monts de la région. Le parc national d’Oshtorânkouh est le lieu d’habitation de différentes espèces animales et végétales. Le lac gèle normalement en hiver, et la période la plus douce pour le visiter est la fin du printemps, vers mai-juin.
Les 13 sommets de la montagne d’Oshtorânkouh située à 5 km du sud d’Aznâ, à l’est de la province, abritent de nombreuses merveilles naturelles de renommée mondiale. La plus importante attraction de la région est le tunnel de neige d’Aznâ qui s’est formé naturellement au fil du temps. Ce tunnel merveilleux attire chaque année son lot d’alpinistes et de voyageurs. Ce tunnel glaciaire a été formé suite aux chutes de neige au cours des années successives, et l’écoulement des rivières saisonnières qui ont pénétré dans les neiges accumulées. Le tunnel a une longueur de 800 mètres et une hauteur de près de 3 mètres ; il se trouve plus précisément sous les neiges de la région de Kamandân, sur les pentes d’Oshtorânkouh.
Il existe à 35 km au sud-est d’Aligoudarz une zone qui rassemble les plus grands champs naturels de tulipes renversées au monde. Elle comprend notamment le champ de Dâlânâ, qui s’étend sur une superficie de 2900 hectares dans le parc national d’Oshtorânkouh. L’ensemble des champs de tulipes rouges et jaunes de cette région montagneuse offre un paysage sublime qui attire chaque année de nombreux passionnés, se donnant rendez-vous en ces lieux en particulier au mois de mai, lorsque les tulipes fleurissent. Deux autres espèces, le rare lis Lilium ledebourii et la couronne impériale, y poussent également. On peut en outre y découvrir d’autres plantes comme le céleri et l’échalote sauvages.
[1] Une étape protohistorique du développement de la Mésopotamie qui va d’environ 6500 à 3750 av. J.-C.