N° 159, février 2019

Alirezâ Firouzjâh et
Sârâ-Sâdât Khâdem Alsharieh
ont brillé au Championnat du monde d’échecs des parties rapides et de blitz 2018


Babak Ershadi


Dans les compétitions d’échecs de parties rapides et de blitz, le temps limité de réflexion oblige les joueurs à changer de rythme par rapport aux parties d’échecs classiques.

Le Championnat du monde d’échecs rapide et de blitz a eu lieu du 26 au 30 décembre 2018 à Saint-Pétersbourg (Russie). Initialement, il était prévu que ces compétitions aient lieu en Arabie Saoudite, mais la Fédération internationale des échecs (FIDE) a décidé de les déplacer à Saint-Pétersbourg suite à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Ce sont les meilleurs joueurs d’échecs du monde qui se présentent au Championnat du monde rapide et de blitz, car sont admis à ces compétitions seuls les joueurs ayant un score d’échecs supérieur à 2500 selon le classement Elo de la FIDE.

Il faut souligner que Saint-Pétersbourg a été hôte de deux championnats d’échecs en même temps, car il ne faut pas confondre le Championnat du monde d’échecs de parties rapides avec le Championnat du monde d’échecs de blitz, souvent organisé au même endroit juste après le tournoi rapide.

Quatre Grands Maîtres ont représenté la République islamique d’Iran à ces compétitions internationales : trois garçons : Parhâm Maghsoudlou, Alirezâ Firouzjâh et Ehsân Ghâem-Maghâmi ; et une fille, Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh.

À l’issue de ces compétitions, Alirezâ Firouzjâh (15 ans) a réussi à se placer en 6e position dans le classement final du Championnat du monde d’échecs des parties rapides dans la section Open, avec un score de 10,0/15. Une première pour un joueur iranien.

La salle des jeux du Championnat du monde d’échecs rapides et de blitz 2018 à Saint-Pétersbourg.

Dans la section féminine, Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh (21 ans) a remporté la médaille d’argent du Championnat du monde d’échecs des parties rapides avec 9,0 points. Elle a également remporté la médaille d’argent du Championnat du monde d’échecs de blitz avec un score de 13,0 points. À la fin des compétitions, Sârâ-Sâdât a gagné le prix spécial de la meilleure performance combinée (parties rapides+blitz) avec 22,0 points (sur les 29,0 points possibles).

 

Mais que signifie une partie d’échecs « rapide », et quelle est la différence avec une partie d’échecs « blitz » ? Les parties d’échecs rapides et de blitz ne sont pas des parties d’échecs classiques. Il s’agit, en effet, de deux spécialités différentes dans l’univers des échecs.

Selon les règlements de la Fédération internationale des échecs (FIDE), un championnat du monde d’échecs de parties rapides peut être organisé en donnant, dans chaque partie rapide, un temps limité à chaque joueur. Autrement dit, chaque joueur dispose d’une durée de réflexion qui peut varier entre 15 et 60 minutes.

Alirezâ Firouzjâh (15 ans) a réalisé une performance surprenante aux Parties rapides de Saint-Pétersbourg, où il s’est classé 6e au classement final.

Dans un championnat du monde d’échecs de blitz cette limitation de temps de réflexion donne une autre cadence aux parties d’échecs. Le mot allemand « blitz » signifie « éclair ». Selon les règlements de la FIDE, dans une partie d’échecs de blitz, chaque joueur ne dispose que d’un temps de réflexion très court qui ne dépasse pas les 10 minutes au maximum, et fréquemment, on joue avec une cadence de 5 minutes par joueur.

Pour le Championnat du monde d’échecs des parties rapides 2018 à Saint-Pétersbourg, la FIDE a organisé les compétitions à la cadence de 15 minutes par joueur, tandis que pour le Championnat du monde d’échecs de blitz qui a eu lieu tout de suite après, la FIDE a fixé une cadence de 3 minutes par joueur.

 

La section Open
Parties rapides (15 rounds)

Parmi les trois joueurs iraniens, Alirezâ Firouzjâh a brillé en gagnant 10,0 points à la fin des 15 rounds des compétitions et s’est classé 6e. C’est le meilleur score d’un joueur iranien au Championnat du monde d’échecs des parties rapides. Au début des compétitions, Alirezâ Firouzjâh était 169e.

Ehsân Ghâem-Maghâmi (8,0 points) a fini 80e, alors qu’il était placé 128e au début des compétitions. Quant à Parhâm Maghsoudlou, placé 155e au début du championnat, il a obtenu 7,0 points et a fini 125e. Parham (18 ans) n’est pas un spécialiste des parties rapides, mais le champion du monde d’échecs junior 2018. Il a brillé à la 57e édition du Championnat d’échecs junior qui a eu lieu en septembre 2018 à Gebze (Turquie). [1] Daniil Dubov (Russie) a gagné le championnat des parties rapides (11,0 points).

 

Sârâ-Sâdât Khâdem Al-Sharieh a été la vedette de l’équipe iranienne à Saint-Pétersbourg.

Blitz (21 rounds)

Parmi les trois joueurs iraniens, Parhâm Maghsoudlou a eu le meilleur score (12,5 points) et a fini 30e au classement final. Alirezâ Firouzjâh et Ehsân Ghâem-Maghâmi ont obtenu chacun 12,0 points et ont fini respectivement 42e et 43e au classement final. Magnus Carlsen (Norvège) est le champion du monde avec 17,0 points à la fin du 21e round.

 

Section féminine
Parties rapides (12 rounds)

Wenjun Ju (Chine) a remporté le championnat féminin (10,0 points). Derrière elle, c’est l’Iranienne Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh qui s’est classée 2e et a gagné la médaille d’argent des Parties rapides.

Classée 25e au début des compétitions, Sara a réussi à finir 2e dans le classement final (9,0 points) à la fin du 12e round. C’est la première fois qu’une jeune femme iranienne se place si haut dans le Championnat du monde d’échecs des parties rapides.

 

Une partie nulle (½-½) entre Alirezâ Firouzjâh et l’ancien champion du monde d’échecs Viswanathan Anand (Inde), à qui Alirezâ est souvent comparé techniquement.

Blitz (17 rounds)

Là encore, Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh a brillé en finissant 2e avec 13,0 points à la fin du 17e round et a remporté encore une fois la médaille d’argent, une première pour l’Iran. Kateryna Lagno (Russie) est la championne du monde avec un score de 13,5 points.

 

Alirezâ Firouzjâh

 

Alirezâ est né le 18 juin 2003 à Bâbol (province de Mazandéran). À 15 ans, il occupe actuellement la 195e place dans le classement des meilleurs joueurs d’échecs au niveau mondial (175e parmi les joueurs actifs).

En Asie, Alirezâ est 28e parmi les joueurs du continent (25e parmi les joueurs actifs). Il est le numéro 1 du classement mondial dans la catégorie des joueurs de moins de 16 ans. Au niveau national, Alirezâ Firouzjâh est le deuxième meilleur joueur d’échecs derrière Parhâm Maghsoudlou.

Les médaillées de Blitz 2018-Section féminine : (de gauche à droite) l’Iranienne Sârâ-Sâdât Khâdem Alsharieh (argent), la Russe Kateryna Lagno (or) et la Chinoise Tingjie Lei (bronze).
Les médaillées des Parties rapides 2018-Section féminine : (de gauche à droite) l’Iranienne Sârâ-Sâdât Khâdem Alsharieh (argent), la Chinoise Wenjun Ju (or) et la Russe Aleksandra Goryachkina (bronze).

Pour obtenir le titre de 6e au Championnat du monde d’échecs des parties rapides 2018 à Saint-Pétersbourg, Alirezâ Firouzjâh s’est placé devant le numéro 5 mondial Anish Giri (Pays-Bas), le numéro 8 mondial Sergueï Kariakine (Russie) et le très célèbre Viswanathan Anand (Inde), cinq fois champion du monde (2000, 2007, 2008, 2010 et 2012).

Alirezâ Firouzjâh a obtenu le titre de Maître International (MI) en 2016 alors qu’il n’avait que 12 ans, et il est Grand Maître (GM) depuis avril 2018.

Firouzjâh est classé parmi les meilleurs au monde en matière de blitz en ligne. Son style d’attaque féroce a été comparé parfois au légendaire Mikhaïl Tal (1936-1992). [2]

Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh

 

Sârâ-Sâdât Khâdem-Alsharieh est née le 10 mars 1997 à Téhéran. À 21 ans, avec ses deux médailles d’argent des parties rapides et de blitz, elle a été la seule participante du Championnat 2018 à Saint-Pétersbourg à avoir remporté deux médailles. Dans la section Open, l’Américain Hikaru Nakamura est le seul à avoir gagné deux médailles, deux en bronze dans les compétitions des parties rapides et de blitz.

Selon le classement de la FIDE, Sârâ-Sâdât est 21e sur la liste de la section féminine des joueuses actives. Elle est 9e sur la liste de la section féminine de l’Asie et la 1re sur la liste nationale. Elle a obtenu le titre de Grand Maître féminin (GMF) en septembre 2013 et le titre de Grand Maître (GM) en avril 2015.

    Notes

    [1Ershadi, Babak, « Le GM Parhâm Maghsoudlou, champion du monde d’échecs juniors 2018 », in : La Revue de Téhéran, n° 156, novembre 2018, pp. 50-57. Accessible à : http://www.teheran.ir/spip.php?article2620#gsc.tab=0

    [2Mikhaïl Tal a remporté le Championnat du monde d’échecs en 1960, le Championnat du monde d’échecs de blitz en 1988, et a été six fois champion de l’ex-Union soviétique.


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