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Vous verrez
C’est dans la rue qui monte très fort
Après le cimetière
Je n’ai confiance qu’en l’inconnu
Mes instincts de joueur
De créateur
Je n’attends rien
De personne
Pas de courrier
Pas de réponse
Je suis un garçon bien élevé
اa dépend
Je suis de la moyenne bourgeoisie
Et mon étourderie m’a déclassé
Je continue
Vous continuez
C’est dans la rue qui monte très fort
On voit passer un missile balistique
Pas gêné
Dans la ville-satellite
Le parc hasardeux des hauteurs
A l’herbe blonde
Il y a là des enfants sur ressorts
Des enfants aux yeux cernés
Ce sont les plus beaux
Les plus révoltés
On ne trouve pas de quoi jouer
On trouve toujours de quoi jouer
On compare nos éducations
Nos mains
Et on se rapproche
C’est peut-être cela l’amitié
S’associer
Il faut parler pour être compris
Nul besoin de parler pour être compris
Moi je n’ai rien à dire
En cet instant précis
Et si toi non plus
Que va devenir cet instant ?
Je ne m’inquiète pas
Du silence
Il vous surprend et puis
Vous le comblez de musique
La musique des corps
Il faut observer son environnement
Avant de pouvoir gueuler ou chialer
Pour s’assurer qu’il n’y a pas mieux à faire
Par exemple chanter
Il faut retourner la terre de ses mains
Pour y enfouir ou planter
Une idée
Car c’est cela le combat que nous menons
Faire vivre et disparaître des idées
Le reste n’est qu’application ou soumission
Et vous savez ce qui nous tue
L’impatience
Comme une guerre intime
Le choix
Moi je veux continuer à croire
Aux possibilités les plus élémentaires
Je dis cela à mon ami assis sur le muret
C’est un sceptique
Mais nous nous comprenons
J’apprécie la compagnie des emmerdeurs
Car il y a chez eux un certain engagement
J’explore les jardins publics
J’explore le monde par hasard
Car le hasard est juste
J’entreprends des collaborations romanesques
Et je laisse faire le roman
Jusqu’à ce qu’il me heurte
Au réel
Je me moque des enfants gâtés
Mais j’en suis peut-être un
Un tyran déguisé de flegme
Je prends contact
Je n’attends rien de rien
Les contacts se font par les yeux
Puis par les mains
Puis par les idées
Enfin par les souvenirs
Quand je pense à toi je suis fier
D’avoir emprunté cet itinéraire
Qui m’a mené à ta silhouette
Puis à toi
Car après tout des itinéraires
Il y en aurait eu une infinité
Et si sur chacun de ces itinéraires
Tu t’étais trouvé
J’y crois un peu
Je suis pris
Du vertige des hasards
Les hasards arrangés
Les désirs calculés
Tu délires
Rien dans la poche
Rien qu’un peu de sable irritant
De mon dernier tour des temples
Rien à attendre
Rien à reporter
Je me fous de tout cela
Du confort mortel des anticipations
Des lots de consolation
Je continue
Je m’arrange
Je demande mon chemin
ہ l’ami inconnu
Personne ne voit
Vous savez
La rue qui monte très fort
Après le cimetière
Non je ne vois pas
Je ne peux m’autoriser à dire cela
Car j’ai la responsabilité de mon ami
Je crois qu’il compte un peu sur moi
Pour l’orienter dans les jardins publics
Je suis un ami inqualifiable
J’ai rejeté tous les codes
Même les contre-protocoles
Au nom du primitivisme de soi
Nous sommes des créateurs
Nous sommes des intranquilles
Le quotidien n’a rien de quotidien
Je quitte la ville sous la pluie
Je retrouve la ville cinq ans plus tard
Sous cette même pluie
Que faire
C’est humiliant un parapluie
Ne crains-tu pas
De perdre pied
Dans la comédie ?
N’agis-tu pas
Par puérilité militante ?
J’aimerais me défaire
Des rôles les plus convenus
Et repartir
La communauté oublie la justice
Seule la nature est juste
Quelle erreur obsessionnelle
D’attendre
Quelque chose d’elle
Moi c’est décidé
Je n’attends rien
De rien