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Khân Takhti est un petit village du département de Salmâs dans la province de l’Azerbaïdjan de l’Ouest. Le village se situe à 15 kilomètres au sud de Salmâs et à quelque 74 kilomètres au nord d’Ourmiya, chef-lieu de la province. Les habitants, dont le nombre s’élevait à 393 selon les recensements nationaux de 2016, s’occupent essentiellement d’agriculture et d’élevage.
Le village se trouve dans une vallée située à une altitude moyenne de 1000 mètres par rapport au niveau de la mer, tout près d’une haute colline de pierre qui préserve un souvenir précieux d’un passé très lointain.
Il s’agit d’un bas-relief du IIIe siècle de notre ère, gravé sur une petite falaise de la montagne. Selon les historiens, ce bas-relief date du début de l’époque de la dynastie des Sassanides (224-651). Le bas-relief représente, à gauche, le roi Ardashir Ier (roi de 224 à 241), fondateur de la dynastie sassanide, et son fils, Shâpour Ier (roi de 240 à 272).
Le roi Ardashir et son fils Shâpour sont tous deux à cheval. Devant chacun d’eux se trouve un homme en train de leur offrir des présents. Comparé aux bas-reliefs sassanides grandioses de Tâq-Bostân (province de Kermânshâh), ou encore de Tang-e Chowgân, Naqsh-e Rostam ou Naqsh-e Radjab (province du Fârs), ce bas-relief de Khân Takhti donne l’impression d’être une œuvre du début du règne des Sassanides, notamment de par sa simplicité.
Ardashir était issu d’une famille perse originaire d’Istakhr (près de Persépolis, dans la province du Fârs), vassale des Arsacides parthes. Il se rebella contre le dernier roi de la dynastie des Arsacides, Artaban IV (Ardavân, en persan), et rompit son allégeance avec lui.
Poursuivant un projet d’unification de la Perse (en obtenant la soumission des gouverneurs de Kermân et d’Ispahan), Ardashir fonda sa nouvelle capitale à Gour (aujourd’hui, Firouzâbâd) dans le sud de la province du Fârs.
Les deux armées arsacide et sassanide entrèrent en guerre en avril 224. Les troupes d’Ardashir, soutenues par celles de son fils aîné Shâpour triomphèrent sur les armées du roi arsacide Artaban IV. Après cette grande victoire, la majeure partie de l’aristocratie perse et parthe se rallia aux Sassanides.
Deux ans plus tard, Ardashir se fit couronner à Ctésiphon (Mésopotamie, près de l’actuelle ville de Bagdad), capitale de l’empire des Parthes. Le fondateur du nouvel empire, qui prétendait être un descendant des Achéménides, annonça qu’il voulait restaurer de nouveau leur empire, renversé autrefois par Alexandre en 330 av. J.-C.
Suivant cette logique, Ardashir Ier revendiqua l’ensemble de la Mésopotamie ainsi que tout le Proche-Orient, l’Anatolie et l’Arménie, jusqu’à la mer d’Égée. Cela l’amena à entrer en conflit direct avec l’Empire romain et son alliée le royaume d’Arménie. Le roi d’Arménie Tiridate II (217-252) était un roi arsacide d’Arménie ainsi qu’un parent du dernier roi arsacide Artaban IV.
L’Empire roman expédia une très grande armée en Mésopotamie en 232. Cette armée était soutenue par le roi arsacide d’Arménie. Mais les Romains et leurs alliés arméniens échouèrent devant les fortifications de Ctésiphon. La résistance des Sassanides les obligea à se retirer.
En 238, Ardashir Ier profita de la guerre civile chez les Romains pour reprendre son offensive vers l’ouest. En 240, les Perses sassanides prirent plusieurs régions dans la Mésopotamie et en Syrie. Les armées perses étaient commandées par Shâpour, fils aîné et héritier d’Ardashir.
Ce fut sans doute après cette victoire sur les Romains et leurs alliés que le roi Ardashir décida de faire couronner Shâpour, en partageant avec lui le trône. Ainsi en 240-241, les deux rois gouvernèrent ensemble le grand Empire des Sassanides jusqu’à la mort de son fondateur, Ardashir Ier. Selon certains historiens, le bas-relief de Khân Takhti daterait exactement de cette période. À l’occasion des victoires des Sassanides sur les Romains et leurs alliés, le bas-relief montre le Roi des rois, Ardashir Ier, et son fils Shâpour Ier rentrant victorieusement de la guerre. Devant leurs chevaux, deux notables du royaume d’Arménie offrent des présents au roi et au prince héritier en signe de soumission. Les deux rois sont couronnés de la même manière, ce qui laisserait entendre que le