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La mosquée est un espace public qui fait partie de l’architecture urbaine. Dans les pays musulmans, elle est à la ville ce que l’être humain est à la société. C’est également le cas d’autres édifices urbains mais la mosquée, bien que noyée dans la ville, a plusieurs particularités qui la distinguent des autres édifices, et dont la principale est l’utilisation qui est faite de cet espace. La mosquée est avant tout un lieu public, construit de façon à ne pas gêner les gens qui s’y rassemblent, par exemple le khotbe (formule rituelle récitée lors de la création de la mosquée) concerne en général la partie du grand salon. Les autres parties, comme la cour, n’ont pas le statut juridique de la mosquée. Cette distinction qui apparaît dans la structure permet aux gens, dans n’importe quelles conditions, de participer aux cérémonies comme les cérémonies de deuil par exemple, sans porter atteinte au caractère sacré de la mosquée.
La question de l’ordre des rangs de prieurs dans les mosquées chiites fait particulièrement l’objet d’attention. Les rangées d’hommes et de femmes qui se rassemblent pour la prière peuvent parfois aller au-delà du salon jusque dans la cour. Cela doit pouvoir se faire sans gêner le va-et-vient à l’intérieur de la mosquée. Parfois même, les étages supérieurs sont réservés aux femmes et dans tous les cas, le Mihrâb est disposé de façon à ne pas obliger l’Imam à reculer quand les fidèles sont moins nombreux. L’acoustique doit également permettre de diffuser et de rendre audible le discours de l’Imam à tous les étages.
Une autre partie importante de la mosquée est la façade qui doit refléter à la fois l’espace et la spiritualité de l’intérieur et l’architecture urbaine. Cela ne concerne pas seulement la coupole de la mosquée qui existait généralement dans tous les anciens bâtiments. Le château de Marmar et la mosquée Sheikh Lotfollâh à Ispahan ont la même coupole. Les architectes faisaient tout de même une distinction dans la décoration des façades pour montrer qu’il s’agissait d’une mosquée et non d’un quelconque bâtiment public.
Un point juridique important est que le terrain de la mosquée ne peut servir qu’à une mosquée dont la destruction est interdite - même en cas de promesse de reconstruction d’une plus belle mosquée dans un autre endroit de la ville. Même si cela doit obliger un détour dans la construction d’une route, la destruction de la mosquée ne peut en aucun cas, être envisagée. Cette règle ne concerne bien entendu que la partie où le khotbe a été lu et n’englobe pas les dépendances de la moquée qui ont un statut différent. Hossein Lorzâdeh, qui a fait les plans et construit plus de huit cent mosquées, est devenu un maître dans la conception de la rotation de la mosquée en fonction de la Qibla (direction de la Mecque vers laquelle tout musulman doit effectuer ses prières).
Bien que la mosquée fasse partie de l’ensemble urbain, le plan du bâtiment et les angles de la mosquée, du moins les angles du salon et aussi, si possible, de la cour, doivent être orientés en direction de la Qibla. Les gens qui viennent dans la mosquée ne doivent pas avoir à chercher la direction des prières qui s’exprime dans la structure même de la mosquée et la position de l’entrée. Ce point est un des plus importants dans la conception de la mosquée, et il existe pour cela plusieurs techniques. La première consiste en ce que les voûtes d’entrée n’aient pas les mêmes dimensions des deux côtés, d’une à six briques en fonction des cas. Cela permet une rotation après l’entrée qui est dans la rue, de la cour et de la salle de la mosquée.
L’entrée est dans la rue, mais les coins de la cour et du salon tournent en fonction de la Qibla sans que le visiteur ne sente une quelconque rotation. Cette technique a été utilisée dans la mosquée Sepâh Sârâr. Dans cette technique, l’espace- entrée comprend des angles différents annihilant le sentiment de rotation de la chaire par rapport au salon et à la cour.
Cette technique a été utilisée dans la mosquée de l’Imam Hossein de Téhéran, par le maître Lorzâdeh, situé près de la place du même nom et dans la moquée d’Ispahan.
Quand l’entrée est orientée vers la Qibla, les gens entrent en face du Mihrâb, et cela évite un désordre dans les rangs des prieurs ou de déranger les gens qui écoutent le sermon. Cette technique a aussi été utilisée dans la mosquée Imam Sadjâd de Téhéran.
Il existe d’autres moyens visant à corriger la direction de la mosquée en fonction de la Qibla, en divisant par exemple l’espace supplémentaire qui ne fait plus alors partie de la mosquée. Bien entendu, cette technique est appliquée dans le respect du découpage urbain et du voisinage, pour un changement d’orientation, parfois aussi, pour un meilleur éclairage ou une meilleure aération.