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Il y a, au nord de Bojnourd, une magnifique haute bâtisse dont l’architecture attire l’attention de tout visiteur. Fascinée par sa beauté, je me suis rendue sur ce lieu de rêve.
Désireuse d’en savoir plus, je me posais à chaque pas une nouvelle question : de quelle époque date cet édifice ? Par qui fut-il fondé ? Comment l’appelle-t-on ?
Je me retrouvais peu après en ce lieu tant rêvé, devant sa monumentale entrée. Ebahie par sa taille, je pus distinguer le nom de son fondateur gravé en haut du porche d’entrée. " Momtahé-ol-Molk Chaghaghi ". Ainsi s’appelait le fondateur de ce monument.
En passant Par le porche, tout un pan de l’histoire artistique et culturelle de l’Iran m’a emporté dans son tourbillon. Mon âme fut absorbée par les éléments divers et variés du bâtiment.
" "La Maison des Miroirs de Mofakham", ainsi qu’on l’appelle, est l’un des joyaux architecturaux de l’époque nassérienne. Autrefois, ce bâtiment ainsi que le Hozkhaneh " la Maison du Bassin ", "Le Jardin des Fontaines " et le pavillon du " Kolah Farangi " constituaient ensemble le " Dar-ol-Hokumeh " (La Maison du pouvoir). Mais le pavillon s’effondra à la suite du tremblement de terre qui secoua la ville de Bojnourd. Que reste-t-il de cette grandeur ? Seules, quelques ruines attestent cette beauté éphémère et l’unique pensée qui vient à l’esprit est cette devise : " Rien n’est éternel, quel qu’il soit. "
L’importance architecturale de cette bâtisse est due en particulier à sa salle la plus importante, appelée " La Grande Salle des Miroirs ".
" Miroir ", mot sacré dans la culture persane, symbolise la forme, la frontière et l’une des forces composées de l’homme.
Parcourant cette salle superbement décorée, je comprenais enfin la relation directe du mot miroir et de la grandeur de cette salle. Je m’apercevais que les ornements de la miroiterie, qui donnaient une somptuosité inexprimable à ce lieu, reflétaient la capacité impressionnante de l’homme à innover et à créer des monuments éternels.
La largeur des fenêtres, quant à elle, conférait à cet endroit une luminosité merveilleuse. Les jeux de la lumière, dûs à sa réflexion et à sa réfraction, donnaient une ambiance mystique à cette salle et m’emportaient dans le monde des couleurs.
La salle des Miroirs était autrefois réservée aux réunions gouvernementales. C’était en ces lieux que l’on fixait les rencontres et les visites officielles et que l’on débattait des sujets politiques, sociaux et militaires, en présence des grandes figures politiques et militaires du règne de Nasser-e-Din Châh Qâdjâr.
Les 134 portraits des grands safavides et qâdjârs les plus célèbres confèrent une dimension solennelle supplémentaire à la salle.
On est confronté de tous côtés à une beauté exceptionnelle née de la fusion parfaite de l’art et de l’architecture islamico-persane.
Mon âme s’apaise et le calme m’envahit au contact de tant de splendeur. Au fond de la Salle des Miroirs, je trouve une gravure représentant un combat entre un lion et un dragon, symbolisant respectivement le bien et le mal. Juste à côté d’eux, on peut apercevoir deux soldats agenouillés qui, de leurs flèches, les prennent pour cible.
Qui serait le vainqueur de ce combat ? Le Bien ou le Mal ? J’aurais souhaité être l’un des soldats pour tuer le dragon. Pourtant, l’ambiance mystique de cette salle me convainc que le Bien sera vaincu. Etrange.
Envahie par cette splendeur, je me voyais de nouveau sur le seuil de la porte. Il était temps de sortir de ce splendide bâtiment, symbole de l’esprit créatif et artistique iranien. Seules des mains habiles, expertes en arts picturaux et architecturaux, sont capables de créer de tels chefs-d’œuvre comptant parmi les nombreux reflets de la civilisation et de la culture iraniennes.