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Le 20 mehr, (12 octobre) est le jour commémoratif de Hâfez.
Khadjeh Shams-e-Din Mohammad Hâfez-e-Shirâzi naquit en l’an 727 de l’hégire lunaire (1320), à Chirâz. Son père Baha-o-Din était un marchand et sa mère originaire de Kazeroun, une ville voisine.
Plus connu sous le pseudonyme de Hâfez (celui qui connaît par cœur le Coran), il a pour nom de plume celui de " Lessân-ol-Gheyb " (Langue de l’Invisible).
Hâfez est avec Saadi, Ferdowsi, Nezâmi et Molâwi, l’un des monstres sacrés de la très riche littérature persane.
C’est surtout après la mort de son père que Hâfez commence à apprendre les sciences de l’époque. Il se lance dans de longs et minutieux travaux de recherche concernant des œuvres telles que le "Meftah ol-oloum " (La Clé des Sciences) de Sakaki et les œuvres de Ghavâmoddin Abolbagha.
Grâce à son génie inégalable et à son immense talent, il renouvelle le genre poétique. Son génie s’affirme à tous les plans de la création poétique, de la combinaison inédite de thèmes très variés à l’utilisation de procédés littéraires nouveaux. Ceci explique notamment pourquoi Hâfez est, pour beaucoup de persanophones, le plus grand poète de leur histoire littéraire. Son influence demeure encore importante aujourd’hui au sein de la société iranienne et il est rare de voir une maison iranienne qui n’ait pas son célèbre Recueil (divân).
Ahmad Shamlou, célèbre poète contemporain iranien, a même été jusqu’à estimer que " Hâfez est le plus grand poète du monde ".
Il n’y a pas de version unique du Divân de Hâfez et le nombre des poèmes varie de 523 à 994, selon l’édition. D’autre part, on estime que la première édition des œuvres de Hâfez, publiée de son vivant, date de 1368, même si son manuscrit ne nous est pas parvenu.
Pour les nations persanophones, le Divan de Hâfez ne se lit pas seulement comme un recueil de poésie. Il est pour eux le messager de l’avenir et de la divination, et il n’est pas rare de voir les Iraniens questionner Hâfez pour savoir de quelle façon résoudre un problème ou questionner l’avenir.
Hâfez affectionne particulièrement le genre lyrique au travers duquel il laisse sa virtuosité s’exprimer dans toute sa plénitude. Ses ghazals ou odes lyriques abordent notamment les thèmes de l’amour ou de la religion, ou encore le rapport de l’homme à la vie terrestre et à l’au-delà.
Son Divân contient des ghazals, des odes, des fragments, des quatrains et deux poèmes courts intitulés " Ahuyé-vahshi" (la Gazelle sauvage), ainsi que le Sâghinâmeh (poème bachique ayant la forme d’un masnavi).
Ses poèmes ont été fréquemment choisis pour être chantés par les principales figures de la musique traditionnelle persane, telles que Alirezâ Eftekhâri, Mohammad Rezâ Shâjâriân et Mokhtâbâd.
Hâfez découvrit son talent de panégyriste avant sa trentième année et fut le premier à donner au panégyrique une forme lyrique.
Il avait, comme son pseudonyme l’indique, mémorisé le Coran dans son intégralité et de 14 façons différentes.
Hâfez était un homme de lettres, profondément érudit en sciences littéraires et religieuses, ce qui lui permettait de connaître des points subtils de la philosophie et des vérités mystiques.
Contrairement à Saadi, il n’était pas un grand voyageur et les deux seules fois où il quitta Chirâz, auquel il vouait un amour passionné, ce fût de force.
C’est surtout grâce au don unique dont il était pourvu et qui lui permit de présenter les pensées mystico philosophique de la Perse que son Divân est unanimement accepté comme un chef-d’œuvre exceptionnel par l’ensemble des iraniens, même si ses interprétations sont nombreuses et parfois contradictoires.
Les expressions mystiques utilisées par Hâfez dans ses poèmes proviennent de ses profondes connaissances philosophiques et religieuses, mais en vérité, Hâfez est, avant d’être gnostique et mystique, un poète au verbe puissant.
Il fut un homme à l’expression sincère, dans une époque fortement marquée par la souveraineté de l’ascétisme, l’hypocrisie bien pensante et la stagnation culturelle. Il composa de nombreux poèmes ivres et emprunts de mysticisme, tout en évoquant les préoccupations vaines de ce bas monde voué à l’anéantissement, et ce dans une langue très raffinée, fine, mordante et en même temps exempte d’hypocrisie et de dissimulation.
Les poèmes de Hâfez sont là pour inspirer, au-delà de leur sens premier, un élan vers le divin trouvant sa source dans les enseignements religieux et coraniques.
Hâfez mourut en l’an 1362 à l’âge de 69 ans.
Aujourd’hui, son tombeau, situé au milieu du jardin Hâfezieh de Chirâz, rassemble chaque jour des centaines de pèlerins venus se recueillir auprès de son dernier lieu de repos et regoûter un instant la sagesse éternelle de sa poésie.
Qu’il repose en paix.