|
L’histoire de la miroiterie en Iran remonte à l’époque Safavide, au règne de Châh-Abbass (1587- 1626 ap.J.C). Le Coran y fait allusion dans la sourate de Youssef, et la légende raconte qu’à l’époque du prophète Suliman, il existait déjà un art de la miroiterie colorée (bleu et vert). C’est avec la découverte du feu que l’homme a appris à fondre les cailloux blancs de la rivière Siliss pour obtenir des globules de verre. La miroiterie fut le premier pas fait par l’homme dans le sens de l’embellissement de son environnement. La découverte des différents reflets fut sans aucun doute une extraordinaire découverte pour l’homme de jadis. Plus tard, les miroirs de taille ornèrent les murs et les plafonds des habitations.
Bien plus tard, avant l’installation de la miroiterie en Iran, il était coutume d’importer les miroirs d’Allemagne et de Belgique. Ensuite, les artistes iraniens s’y sont à leur tour exercés. Les œuvres de la période Safavide et Qadjar datent de cette période pionnière.
Les premiers miroirs de l’époque Safavide comportaient un fond argenté et venaient pour la plupart d’Allemagne. Puis sous la dynastie Qadjar, on utilisa le mercure, matière oxydable qui noircissait avec le temps. La plupart des motifs incrustés sur ces miroirs anciens sont de nature géométrique. Dans la miroiterie traditionnelle, on procède d’abord par l’incrustation du motif, du "nœud" sur le miroir, avant d’appliquer le dessin voulu. Le miroir est ainsi découpé et les morceaux obtenus sont posés à même les murs à l’aide d’une colle spéciale. Quelques fois, le découpage se fait à partir d’une moulure. Dans ce cas, on fabrique des moulures en bois qu’on applique ensuite sur le miroir dont on découpe les contours. Les motifs géométriques simples et ce qu’on dénomme "Eslimi" [1] (qui comprend la calligraphie et les motifs de fleurs et de palmettes) sont incrustés selon la première technique à l’aide d’une poudre de charbon qui vient couvrir l’ensemble de la surface concernée ; ces traces sont mises en relief et ensuite le miroir est découpé à l’aide d’un diamant spécial. Aujourd’hui on utilise un mélange de plâtre et de " sérich" (colle traditionnelle). Dans certains cas de l’essence de raisin est ajoutée à ce mélange, en particulier quand il s’agit d’employer la technique du Mogharnass-Qari [2] . Le diamant est également un outil important dans l’art de la miroiterie. Les techniques modernes permettent de nos jours d’obtenir une taille parfaite du diamant grâce au microscope.
Les règles, les équerres et les feuilles de cellophane constituent les autres outils et matériaux utilisés. Dans ce métier, il est impératif de procéder par étape, en suivant scrupuleusement les procédures prescrites. Les découpages faits selon une géométrie simple suivis du collage nécessitent deux jours de travail par mètre, mais lorsqu’il s’agit de motifs traditionnels, plus complexes, on ne dépasse pas les vingt cinq centimètres par jour.
Les motifs Eslimis nécessitent également des mouvements circulaires, multiples, et très longs à exécuter (2 à 3 jours pour chaque mètre).
Mer’atian qui décora plusieurs mausolées d’Imams, fut l’un des grands noms de ce métier et même de nos jours, ses descendants perpétuent son enseignement artistique et son art à Ispahan. La notoriété de cet artiste s’est faite en particulier dans le domaine de "la miroiterie à nœud ".
Dans la même lignée, on peut nommer les maîtres Chokuhi, Gadhéri, Razavi, Mahmoudian, Rowhani, etc...
On tient à rappeler que malgré le grand âge de certains maîtres et la disparition de nombreux artistes miroitiers, certains établissements tels que l’Institut des Beaux Arts et l’université d’Art (du Pardiss) d’Ispahan continuent d’enseigner cette discipline.
[1] Eslimi : motif caractérisé par des courbes et lignes serpentées.
[2] Mogharnass- Qari : technique utilisée dans l’architecture islamique qui existait déjà à l’époque Sassanide. Un certain type de décor en relief.