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Rabée Bente-kaab Ghozdari est la plus ancienne des poétesses connues de langue persane. Contemporaine de Rudaki, elle naquit probablement dans la première moitié du IVe siècle de l’hégire. Issue d’une lignée princière, elle bénéficia, dès son plus jeune âge, d’une éducation éclectique et raffinée. Hédayat la considère dans Majma-Al-Fosaha, séduisante et dotée d’une véritable finesse d’esprit. Sa poésie reflète en particulier l’expression sincère de la passion amoureuse. Mais selon Jâmi, qui la situe dans Nafahat-Al-Ons parmi les plus grands mystiques de son temps, son amour n’est pas d’ordre terrestre mais relève plutôt de la fine spiritualité. Il ne reste malheureusement de son œuvre que quelques vers épars, exaltation lyrique des sentiments humains, de la douleur de l’absence, et de la beauté de la nature.
دعوت من بر تو آن شد کایزد عاشق کناد * بر یکی سنگین دلی نامهربان چون خویشتن
J’ai prié le Ciel qu’il te rende amoureux
D’une être comme toi distant, insoucieux
تا بدانی درد عشق و داغ مهر و غم خوری * تا به هجر اندر بپیچی و بدانی قدر من
Tu embrasseras enfin le chagrin de l’amour
Tu m’apprécieras le cœur dolent et malheureux
عشق او باز اندر آوردم به بند * کوشش بسیار نامد سودمند
Encore son amour me tendit ses rets
Je fis de vains efforts qui restèrent sans effet
عشق دریایی کرانه ناپدید * کی توان کردن شنا ای هوشمند
L’amour est une mer aux rives inapparentes
Comment s’y maintenir, ô le plus éclairé !
عشق را خواهی که تا پایان بری * بس که بپسندید باید ناپسند
Pour mener à bonne fin, cette voie périlleuse
Il faut se complaire dans ce qui déplaît
زشت باید دید و انگارید خوب * زهر باید خورد و انگارید قند
Boire tel un bienfait, la ciguë du sort
Prendre la laideur du monde pour la félicité
توسنی کردم ندانستم همی * کز کشیدن تنگتر گردد کمند
Plus je me débattais, ignorant, indocile
Plus le piège étroitement m’enserrait
کاشک تنم بازیافتی خبر دل * کاشک دلم بازیافتی خبر تن
Si seulement mon corps s’informait du cœur
Si seulement mon âme connaissait sa demeure
کاشک من از تو بِرَستمی بسلامت * ای فسوسا کجا تونم رستن
Et fuir loin de toi sans garder de séquelles
Si seulement je savais où gésir de bonheur