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Chaque personne garde des souvenirs en mémoire ; souvenirs sucrés et amers de l’enfance, qui remplissent parfois le cœur d’une petite exultation. La voix des gouttes de la pluie printanière et le moment où l’on nous retrouve après s’être perdu, se répètent toujours dans ces souvenirs.
Méditer sur l’enfance me rappelle le bleu du ciel qui prend sa source dans les regards chauds de la mère. اa me rappelle les rayons du soleil qui ressemblent aux caresses des mains moelleuses de la mère.
Je m’abrite en tout temps, contre la fatigue, dans la chaleur de mon enfance.
"Quand j’étais enfant" ; n’est pas très loin. Comme si c’était hier ; le jour où la tristesse m’était inconnue, et la gaieté de ma mère, le seul abri contre la mélancolie.
L’enfance ; c’est un havre de paix pour me perpétuer, et mon petit bonhomme !
Voici le destin du chevalier ; bohème, de mon enfance.
Je me promenais placidement dans les rues de mon enfance. J’avais une curiosité étrangère. J’ai vu occasionnellement un rayonnement lumineux. II s’approchait de moi tout lentement. Tout près de moi, je l’ai trouvé comme un chevalier. II était comme un voyageur qui avait fait son balluchon et avait abdiqué son autorité.
Quoi qu’il arrive, je me suis approchée de lui. Je me demandais ; "Qui peut être ce bonhomme".
II m’a dit : ma petite, je suis une partie de ton être.
"Mais quelle partie ?" ; ai-je dit.
"La moitié de ton existence, là où tu peux construire de meilleurs poèmes, une place où tu es libre de faire voler tes pensées vers les territoires lointains, où règne la clarté, là il y a de la sainteté, ...tu y es comme une lierre qui prend une place dans les cœurs abattus, où le mensonge laisse sa place à l’honnêteté et trouve sa signification, où il y a la joie de prendre les étrennes ; aimer n’y est plus mauvais" a-t-il dit.
J’ai soudain crié ; " Eurêka ! "
II a dit ; " Oui ma petite, je suis ton enfance."
J’ai dit ; "Oui tu es comme une fleur odorante."
" Je le fus, bien sûr, mais la saison de toutes les joies et de tous les jeux enfantins s’est terminée ; c’est maintenant le temps où le chagrin remplace l’euphorie" a-t-il dit, hâtivement.
Je me suis étonnée et ai poussé un cri de tout mon cœur en disant : " Tout cela est faux".
En me caressant doucement, il a dit : "Si, ma petite. Je fais le jeu du temps et je suis au bord de l’abîme. Le monde de l’âge adulte me prend ma chasteté. Il me tue petit à petit et d’une façon cruelle. Mais toi, ne te laisse pas abattre ! Ne t’abandonne pas aux changements et aux tensions ! Et Sois brave !"
II m’a conseillé d’en découdre courageusement et de m’abstenir de la feinte.
Il m’a appris à respirer l’odeur de l’humanité et la loyauté, et à essayer d’aimer les autres.
Il m’a serré dans ses bras et m’a laissé dans l’obscurité des pourquois, et s’est couché comme le soleil de la vie.
Mais, moi, je me souviendrai toujours de son innocence, comme un trésor ; le plus précieux du monde.