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9 Janvier 1936
18 Dey 1314
On a toujours, et dans toutes les langues ; chanté la beauté et la pureté du ciel de l’Iran mais, surtout poétiquement.
Nous sommes heureux d’en parler d’une manière un peu plus scientifique aujourd’hui, en reproduisant pour nos lecteurs l’étude intéressante publiée par un journal de Stuttgart.
Depuis des milliers d’années, les hommes chantent, sous forme de poèmes plus ou moins immortels, l’azur immaculé du ciel. Ils ne se demandent cependant pas souvent pourquoi la voûte céleste nous apparaît bleue. Question pourtant élémentaire. Or, pour expliquer ce phénomène, il faut se rapporter aux données les plus récentes de la science -encore jeune- des colloïdes.
Lorsqu’on introduit dans un liquide certaines substances en particules très fines, ces substances montrent soudain des couleurs éclatantes qu’elles n’ont pas habituellement. Le phénomène optique est dû au fait qu’une partie des rayons lumineux -notamment les rayons à ondes courtes - sont déviés en raison de la présence de ces particules très fines, qui ne laissent passer que les rayons à ondes longues. Or, on sait que la lumière blanche du jour - blanche seulement pour nos yeux - est composée d’une multitude d’ondes lumineuses, les unes courtes, les autres longues. Si l’on regarde le liquide en question de biais, il nous apparaîtra bleu ; si la lumière le traverse de part en part, il nous apparaîtra rouge. L’obtention de cet effet lumineux n’est possible qu’à condition que les particules de la substance introduite dans le liquide soient d’une longueur déterminée, variant d’un dix- millionième de millimètre. Ces substances sont désignées par le terme de "colloïde" (du grec Kolla, qui signifie colle).
C’est à ce phénomène optique qu’est due précisément la couleur bleue du ciel. Le soleil, placé latéralement, envoie sa lumière à travers l’atmosphère que nous regardons perpendiculairement contre le fond noir de l’espace astral. Les rayons bleus, à ondes courtes, de la lumière solaire sont déviés vers la terre par les particules de l’air (probablement par ses molécules). Au coucher du soleil, les rayons rouges à ondes longues nous apparaissent sous la forme du "crépuscule couleur de sang". C’est également par ce phénomène que s’explique la couleur rouge de la lune à son lever et à son coucher.
On appelle ce phénomène l’opalescence. On peut le reproduire à l’aide du soufre. On fait dissoudre environ 4 décigrammes de thiosulfate de sodium dans 30 centimètres cubes d’eau. Dans un autre récipient, on mélange 1 centimètre cube d’acide phosphorique à 20% avec 9 centimètres cubes d’eau. On verse les deux solutions dans le même vase en les remuant. Bientôt, le soufre se dégage en particules très fines : les molécules de soufre forment peu à peu des colloïdes qui deviennent de plus en plus importants et tombent finalement au fond du vase sous l’aspect d’une farine blanche.
Pendant que se dégage le soufre - le processus dure environ 30 minutes - on fait traverser le vase par la lumière normale du jour, des couleurs éclatantes, magnifiques se succèdent dans la solution ; celle-ci apparaît d’abord jaune - clair, pour devenir bientôt orange, puis rouge - vif. Ensuite, c’est un violet superbe qui prend la place du rouge, et finalement, on voit la solution en bleu légèrement vert. A la fin de l’expérience, le liquide devient gris.
A l’aide d’un appareil de projection, on peut suivre cette série de colorations sur un écran ou un mur blanc. Le résultat de l’expérience est impressionant et disons le, d’une rare beauté.