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Chaque année, pendant le mois du Ramadan, Téhéran accueille les amoureux du Livre Saint. Ils peuvent s’adonner au plaisir de flâner dans un environnement dédié à l’art coranique, s’informer, participer aux séminaires, rencontrer les éditeurs ou encore prendre connaissance des dernières productions appliquées sur toutes sortes de supports ; imprimés, tissés, peints, gravés…ou encore sous forme audio et de vidéos.
L’édition 1384, la 13ème, s’est déroulée dans une atmosphère et dans des dimensions inédites. En effet, l’exposition a été aménagée dans le grandiose lieu de prières, le " Mossalâ de Téhéran. " Les gigantesques halles offraient 30 000 mètres carrés d’espace aux 305 stands, des salles de réunion, des bureaux administratifs, etc. Il est vrai que l’engouement suscité par cette foire dans les années précédentes a obligé les organisateurs à voir plus grand. " Cette année, la surface exploitée a été presque quadruplée par rapport aux années précédentes " nous informe M. Mokhtar Mokhtari, responsable des relations publiques de l’exposition.
De surcroît, le " Mossalâ de Téhéran"
offre de nombreuses commodités. De grands parkings facilitent l’accueil d’un large public et un espace plein air, arborisé, permet aux visiteurs de se détendre dans un environnement avenant, en dégustant, au coucher du soleil, un thé ou un " Ash " (soupe nationale) forts appréciés après une journée de jeûne.
De la Chine à la Suisse, en passant par les pays d’Asie Centrale et l’Afrique, vingt et un pays ont participé à la sélection internationale des oeuvres artistiques. Ils ont été nombreux également à prendre part au séminaire scientifique sous le thème de " La justice et le Saint Coran. " Plusieurs articles d’écrivains ont été soumis à un public attentif lors de ce séminaire, présidé par l’Ayatollah Taskhiri, chef du Conseil du rapprochement des religions islamiques.
Comme toujours, la calligraphie islamique occupait une place d’honneur dans cette exposition où les amateurs pouvaient apprécier des oeuvres datant du 3ème siècle de l’hégire ainsi que des travaux effectués par de jeunes artistes contemporains. Parmi ces chefs-d’œuvre, la calligraphie chinoise a surpris plus d’un curieux par sa beauté.
Pour la deuxième année consécutive, les organisateurs ont consacré une section à l’industrie culturo-artistique coranique. Parmi l’artisanat iranien et étranger, une épée de cristal, fabriquée en Allemagne et gravée de versets célestes par des artistes des Emirats Arabes Unis, nous a éblouis par la finesse de sa réalisation.
M. Mohammad Taghi Haghbine, directeur et fondateur de cette section, nous explique : " Au fil de ces treize années, l’exposition s’est peu à peu institutionnalisée. Nous avons réalisé à quel point notre culture traditionnelle s’inspire du Coran. Le développement de cette exposition a suivi une dynamique naturelle, spontanée. Mais, peu à peu, nous avons été dépassés par l’afflux des visiteurs. Ce que nous comprenons aujourd’hui, c’est que cette exposition répond à un besoin chez nos concitoyens.”
Au stand de la Russie, nous avons pu constater la fierté d’Efin Rezvan, l’un des grands spécialistes des études coraniques, à exhiber le " Coran d’Osman " paru en deux variantes, l’une parée de pierres précieuses et l’autre brodée d’or. Ce directeur adjoint du Musée d’anthropologie et d’ethnographie de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, affirme : " Le Coran d’Osman est le fruit d’une recherche scientifique très sérieuse. Elle a abouti à la publication de l’un des plus anciens manuscrits du Coran que l’ensemble du monde musulman attendait depuis longtemps. " Ce livre, publié en russe et en anglais, a reçu le titre du " Livre de l’année en Russie ", et a été primé par un diplôme spécial de l’UNESCO.
Efin Rezvan avait déjà reçu en 1382, le Prix National de la République Islamique " Livre de l’année " pour sa monographie " Le Coran et son univers" de la main du Président Mohammad Khâtami.
Une autre nouveauté à signaler est le Coran digital de poche ; une petite merveille de technologie. Cet appareil mesure 10,5 x 6 cm. sur 1 cm. Il est doté d’un écran à cristaux liquides ( LCD) qui permet d’effectuer une recherche rapide sur chaque sourate en huit langues différentes (arabe, persan, français, anglais, russe, turc et malais.) Il est agrémenté de commentaires et offre une option vocale pour chaque sourate récitée par deux voix différentes.
De nombreux prix ont été attribués aux seize sections représentées dans l’exposition. Le plus traditionnel d’entre eux étant l’hommage rendu aux serviteurs du Coran Sacré. "Tout au long de l’année, un comité spécial a pour tâche d’identifier les serviteurs du Coran selon différents critères et chaque année, lors de la célébration de la naissance du Saint Imam Hassan Modjtaba, ils reçoivent un diplôme en présence du Président de la République." souligne M. Mokhtâri.
M. Haghbine se réjouit de ce nouvel espace réservé à la foire, qui, selon lui, est en harmonie avec l’esprit de l’art iranien. "Cent mille mètres carrés sont à peine suffisant pour accueillir une demande qui semble exponentielle. Cet espace, son infrastructure et les centaines de mètres en construction actuellement au "Mossalâ", nous permettront de poursuivre et d’améliorer encore la qualité de cette grande foire du Livre Sacré. "ajoute M. Haghbine. Quant aux moyens mis à disposition pour une telle exposition, il précise : "N’oubliez pas que 90 % des stands étaient occupés par le secteur privé. Ils ont été les premiers, avant nos bureaucrates, à comprendre l’importance de cette demande populaire. Par conséquent, la foire pourra se dérouler même sans l’aide des institutions publiques."