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1 Mordâd 1316
23 Juillet 1937
Sous la plume de M. C. Kerneiz, notre confrère les Echos de Syrte publie une intéressante étude que nous reproduisons ci-après.
Vers la deuxième quinzaine du mois de décembre 1936, nous avons tous failli être victimes d’un projecteur céleste, venu d’on ne sait quelle profondeur de l’espace, qui a frôlé notre globe à la vitesse approximative de trente mille kilomètres à la seconde. Il n’en est passé qu’à quelques millions de kilomètres, une paille à l’échelle de l’immensité des distances sidérales.
Serait ce un événement analogue qui amènera un jour la "fin du Monde" ? C’est possible. De temps en temps, les astronomes voient surgir dans le Ciel une étoile qui n’est pas marquée sur leurs catalogues : c’est ce qu’on appelle une "Nova", autrement dit une étoile nouvelle. L’explication la plus plausible de ce phénomène, c’est qu’il existe là-haut un soleil analogue au nôtre, déjà à demi refroidi, comme le nôtre, et trop peu lumineux pour qu’on pût l’apercevoir de la Terre, même avec les plus forts télescopes. Mais une collision se produit : le soleil lointain est heurté par un astre ; à demi éteint lui aussi, ou même tout à fait éteint.
Une chaleur formidable se dégage, tout se volatilise, et une lumière aveuglante transmet jusqu’aux lointains les plus reculés de l’espace la nouvelle de la catastrophe. Il est bien certain que s’il y a des planètes autour de ce Soleil, leurs habitants passent instantanément à l’état gazeux.
Le choc d’un énorme bolide sur une planète sans avoir de pareils effets, reviendrait évidement au même pour les animaux qui vivent à sa surface. Mais les astronomes nous rassurent : si ces éventualités sont possibles, les probabilités que nous en soyons victimes sont infimes, une chance sur 50 000 peut-être et encore.
Les probabilités sont encore moindres pour la rencontre de notre globe avec le noyau d’une comète qui pourrait nous réserver un autre genre de décès : le mélange à notre atmosphère d’une quantité d’acide cyanhydrique suffisante pour nous faire passer de vie à trépas.
Car l’humanité n’a rien inventé, pas même les gaz asphyxiants. Mais les astronomes sont en général d’accord pour penser que la vie ne disparaîtra pas de la Terre d’une manière aussi brusque : ils considèrent comme beaucoup plus vraisemblable qu’elle prendra fin soit par le refroidissement du Soleil, soit par le desséchement, la disparition de l’eau. Dans les deux cas, il s’agirait d’une lente et affreuse agonie, mais comme cela n’arrivera pas avant plusieurs millions d’années, nous aurions tort de nous en préoccuper.
L’astrologie peut-elle trancher entre ses deux hypothèses, le monde mourra-t-il de vieillesse, ou périra-t-il par accident ? Les Egyptiens paraissent s’être livrés à ce calcul et en avoir laissé les données inscrites pouce par pouce, au bénéfice des générations, dans les proportions symboliquement établies des chambres et des couloirs intérieurs de la grande Pyramide.
La place me manque ici pour vous exposer comment on est parvenu (où du moins, soyons prudents, comment on croit être parvenu), à déchiffrer ces symboles. Aussi bien l’interprétation seule en importe ; notre monde, d’après elle, serait destiné à finir accidentellement à une époque qui se situerait entre les années 2,000 et 2,500 ans de notre Ere.
Selon d’antiques traditions, aussi bien occidentales qu’orientales, selon certaines prophéties, cet accident cosmique serait précédé d’une catastrophe lunaire. Il faut dire que si les astronomes considèrent la Lune comme un fragment détaché de la Terre, les mêmes traditions lui attribuent une toute autre origine : elle serait un gigantesque bolide, du genre de celui qui nous a récemment frôlé, mais qui aurait été capté par l’attraction terrestre, en d’autres termes, un astre errant qui aurait dû renoncer à la liberté de sa course vagabonde pour tourner, comme une chèvre autour d’un pieu, autour de notre pauvre petite planète afin d’éclairer nos nuits. L’événement ne daterait que de quelques centaines de mille ans, et il aurait coïncidé avec d’effroyables cataclysmes qui auraient notamment déterminé l’inclination actuelle de la terre sur 1’écliptique.
Une autre conséquence en aurait été l’apparition de l’espèce humaine.
Or, dans un temps qui ne serait pas très éloigné du nôtre, un nouveau bolide gigantesque, bien que moins grand que la lune, viendrait la heurter de plein fouet et la tasser en deux, comme une brique sur laquelle on jette un pavé.
Comme notre satellite, dans sa course autour de notre globe, entraîne après lui l’énorme bourrelet des marées, un des effets serait de déterminer un raz de marée monstrueux qui balaierait tous les terrains, actuellement immergés, dont la latitude serait inférieure à une cinquantaine de mètres. Naturellement il y aurait aussi des tremblements de terre, des éruptions de volcans, tout cela gâterait quelque peu la beauté du spectacle que présenterait la Lune se cassant en deux fragments sur le fond de velours noir du ciel.
Je dis en deux fragments, et pas davantage, car ce sont les termes mêmes de la fameuse prophétie de l’évêque irlandais Malachie. "De méditât Luna", partage en deux. L’événement, si l’on en croit le même texte, se produirait pendant le pontificat du quatrième successeur du pape actuel S. S. Pie XI. On aurait ensuite une longue période de paix, de bonheur que la tradition occidentale appelle de règne du Paraclet et la tradition orientale le règne de Matroya.
Après de longs siècles, une race nouvelle apparaitrait à la surface du monde ; elle serait aussi supérieure à l’homme que l’homme est supérieur aux bœufs, aux chevaux, etc. Mais ce ne sont là que des traditions, des prophéties aux sources souvent incertaines. L’astrologie contemporaine peut-elle nous donner des indications plus précises et plus certaines ? Hélas nous n’avons pas encore retrouvé le secret de la méthode des Egyptiens. Nos déductions sont limitées à l’examen des astres, rien ne nous permet, par exemple, de prévoir, avant que les astronomes n’en aient signalé la présence, l’intervention d’un nouveau projectile astral comme celui qui est passé si dangereusement près de nous. II se peut qu’en ce moment, venant de l’infini, un corps céleste s’avance avec une vitesse fulgurante vers un point de l’espace où la terre, en suivant sa course inexorable, se trouvera exactement au même instant, il se peut que cela soit dans dix ans, dans mille ans ou dans des millions d’années. Nous n’en savons rien et il vaut mieux ne pas le savoir.