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[1] Les reliefs de l’Iran peuvent être classés en quatre catégories : les montagnes du nord de l’Iran, les montagnes du Zagros et ses hauteurs, les chaînes de montagnes centrales et les montagnes de l’est du pays. Ces montagnes délimitent un plateau d’environ 2 600 000 km².
Les chaînes de montagnes du nord : cette chaîne qui, au nord, se sépare du plateau du Pamir (toit du monde), et qui sous le nom de Hindû-Kûsh (Hindû-Kuh) prend la direction du sud ouest, se transforme en collines ondoyantes au nord de Hérat. Les Aryens appelaient cette chaîne de montagnes le "Caucasus Indicus" et elle est citée dans l’Avesta sous le nom de Paropanisos.
C’est à l’ouest de la rivière Tajan, que cette chaîne de montagnes prend non seulement de l’altitude mais aussi un nouveau nom : les monts Elbourz (Haraiti-Bârez dans l’Avesta). Cette étroite chaîne surplombe la mer Caspienne. Le sommet volcanique du mont Damavand (5600 m) situé au centre de l’Elbourz, n’est pas seulement le plus haut sommet d’Iran, mais aussi la plus haute montagne eurasiatique à l’ouest de l’Hindû-Kûsh. Ces montagnes s’étendent ensuite vers le nord-ouest et prennent des noms tels Sahand et Sabalân pour s’achever enfin au mont Ararat.
Le mont Ararat : situé à proximité de la frontière entre la Turquie, l’Iran et l’Arménie, le mont Ararat, "Aqridaq" pour les Turcs et "Masis" pour les Arméniens, est la plus haute montagne d’Europe. Ararat est en fait constitué de deux sommets : le plus grand, un dôme recouvert de neige et entouré de glaciers, culmine à 5156 m au nord-ouest. Le "petit Ararat" situé au sud-est fait 3914 m de haut et a la forme d’un cône pointu. Ces deux sommets sont distants de 11 kilomètres. Le mont Ararat est d’origine volcanique et de violents séismes se produisent dans ses environs. Le dernier, en 1840, entraîna de nombreuses pertes. En octobre 1829, pour la première fois, Friedrich Parrot escalada le sommet du "grand Ararat" où selon la Bible, l’arche de Noé atteignit la terre ferme après le déluge.
Zagros : la chaîne de montagnes de Zagros s’étend sur tout l’ouest du pays. Ces montagnes sont reliées, au nord, aux montagnes de l’Azerbaïdjan qui, en réalité, suivent celles de l’Arménie. De nombreux sommets de cette chaîne de montagnes, du nord au sud, dépassent les 3000 et même les 4000 m. La partie ouest de cette chaîne, du Kurdistan au Khuzestân, s’appelle Posht-Kuh. Kabir-Kuh est une des plus importantes montagnes de Posht-Kouh. Son plus haut pic est Zard-Kuh, haut de 3062m.
Le mont Alvand (3746 m) à Hamadan, la montagne Bisotun à Kermânshâh et Oshtorân Kuh (4326 m) dans la province du Lorestan sont les plus hauts sommets à l’est des monts Zagros.
Deux rivières importantes d’Iran, Karoun à l’ouest et Zâyandeh rud à l’est, prennent leurs sources dans les monts Bakhtiar, qui font partie de cette chaîne de montagnes.
La montagne Kohgiluyeh fait également partie de cette chaîne et s’étend au sud jusqu’au golfe Persique.
Le mont Alvand : Alvand ou Arvand en persan, Orontes en grec. Le mont Alvand est en fait constitué de plusieurs sommets de granit (8 selon l’Avesta). Ces sommets sont recouverts de neige la plus grande partie de l’année. Hamdollah Mostofi, en l’an 740 de l’ère lunaire écrivit : "Jamais son sommet ne fut vide de neige". Les nuages venant de la méditerranée, stoppés par ces monts, entraînent de nombreuses pluies et chutes de neige, qui sont à l’origine de multiples sources et rivières.
Bien que de granit, il n’est pas rare de trouver sur ce mont du quartz et du marbre de différentes couleurs. Les pierres utilisées dans la construction du temple de la déesse Anahita à Kangavar et du mausolée d’Avicenne proviennent de cette montagne. Ce dernier aurait vécu sur cette montagne un certain temps pour y chercher des plantes médicinales.
Le mont Alvand fut le lieu de transhumance de nombreux nomades Kurdes et Turcs. Les vestiges retrouvés sur et à proximité de cette montagne prouvent l’existence d’une forte activité humaine dans cette région. Au sud-ouest d’Alvand, il existait autrefois une ville animée où des pièces de monnaie de différentes époques ont été retrouvées. Les restes d’un château ou d’un temple Parthe, ainsi que le temple d’Anahita font également partie des curiosités historiques de ce lieu.
De part sa situation géographique stratégique, le mont Alvand servit de refuge à de nombreuses reprises. Entre autres, Fath Ali Shâh, roi qâdjâr, lors de son attaque sur Bagdad en l’an 1237 de l’ère lunaire, s’y réfugia pour se protéger du choléra.
Gravées sur les rochers du mont Alvand, subsistent deux inscriptions cunéiformes datant de l’ère Achéménide. Ces inscriptions, célèbres sous le nom de Ganj Nâmeh, font environ deux mètres de haut et sont écrites en trois langues : néo-ةlamite, néo-Babylonien et vieux-persan. On trouve également sur cette montagne des vestiges de la période islamique, tel Imam Zâdeh Mohsen.
Les montagnes du Zagros séparent le plateau iranien de la plaine de Dejleh. Parallèlement à cette chaîne principale, il existe une chaîne de montagnes centrale, de plus faible altitude et longue d’environ 4000 km.
Les chaînes centrales : Cette chaîne s’étend à l’ouest du lac de sel (Daryâcheh-ye Namak), passe à l’est d’Ispahan, à l’ouest de Yazd et de Kermân et rejoint le volcan éteint de Taftân dans la province du Balûchistân. Les chaînes principales sont celles de "Ghohrud et Banân" qui se suivent. Les montagnes Qahrud relient la ville de Kâshân à celle de Kermân et du sud de Kermân jusqu’au Balûchistân, s’étendent les montagnes de Banân.
Les sommets les plus importants des chaînes de montagnes centrales sont ceux de Karkas au sud de Kâshân, Shir Kouh à Yazd (4075 m), Bârez et Shahsavârân à Kermân.
Entre ces montagnes, s’étendent de grandes plaines arides. Le plateau iranien est une des terres les plus stériles d’Asie et les signes de vie y sont très rares. Ce plateau ressemble à un pont qui relierait l’est et l’ouest de l’Asie, un carrefour rendant possible des rencontres entre tribus d’origines différentes. Des tribus qui ont dû de tout temps composer avec l’incroyable sécheresse de cette terre.
Les montagnes du sud : non loin du golfe Persique, de la mer d’Oman et jusqu’au Balûchistân, on trouve quelques chaînes de montagnes de faible altitude. Les plus importantes montagnes du sud sont situées dans la région de Tangestân et Larestân. Elles s’étirent vers l’est jusqu’à rejoindre les montagnes de Bashâgard (2161 m), au sud de l’étang de Jâzmuriân et à proximité de la mer d’Oman.
Les montagnes de l’est : du Khorâssan au nord jusqu’au Balûchistân au sud, on trouve de nombreux sommets qu’on peut classer en trois chaînes de montagnes :
Les montagnes de Jâm, comprenant les sommets de "Bakhezr", Kuh-e Sorkh, Kuh-e Siâh et Hashtâdân, au sud du Khorâssan.
Les montagnes de Qâ’en, au sud de Jâm, dont les plus hauts sommets sont Kuh-e Kalât (2850 m), Kuh-e Ahangarân (2877 m) et Shâh Kuh.
Les montagnes de Makrân, au Balûchistân. Elles s’étendent depuis Zâbol, dans la province du Sistan, jusqu’aux environs de Bam. Parmi ses plus hauts sommets, on peut citer les montagnes Palangân, Malek Siâh et l’ancien volcan Taftân (4050 m).
Les monts Bârez, à l’est de Jiroft, étaient au quatrième siècle recouverts de forêts denses. A l’époque des conquêtes islamiques, les Zoroastriens s’y réfugiaient pour être à l’abri des armées des Khalifes Omeyyades.
Les montagnes Aladaq, dont le plus haut pic est Shâh Jahân (3091 m), se situent au nord de la province du Khorâssan, au nord est de l’Iran. La montagne Binalood (3425 m) prend la suite de ces montagnes et constitue la frontière naturelle de la ville de Neyshabur.
Toutes ces chaînes de montagnes qui dessinent les contours de l’Iran actuel, ont vu passer au cours de leur histoire d’innombrables tribus nomades ainsi que de nombreuses armées. Les frontières de l’Iran ont ainsi été transformées à de nombreuses reprises. ? l’âge d’or de l’époque achéménide, le fleuve Sindh (Indus) jusqu’à la mer ةgée et le Nil, le fleuve Seyhun (Syr-Dariâ), la mer Caspienne, les montagnes du Caucase et la mer Noire jusqu’au golfe Persique et la mer d’Oman formaient les frontières naturelles de l’Iran.
[1] Extrait du livre Joghrâfiyâ-ye tarikhi-ye Iran-e bâstân, Mohammad-Javâd Meshkât, édition donyâye ketâb, 1992