|
je suis toujours en route
avec mes yeux d’amoureux
aux couleurs de l’attente
Née en 1936 à Sirdjân, Tâhereh Saffârzâdeh est une poétesse iranienne célèbre. Elle est connue pour son exploration des différentes formes de l’écriture poétique.
Bien que le fil conducteur de la poésie de Saffârzâdeh, la religion, soit toujours présent, on peut distinguer trois époques dans l’évolution de son parcours poétique. Les premiers recueils, depuis Le passager du clair de lune publié en 1963, jusqu’au Cinquième voyage, publié en 1978, ont été marqués par son passage de la poésie traditionnelle à la poésie nimaïenne (libre), puis vers une poésie totalement libre (blanche).
Il est à noter que son séjour estudiantin aux Etats-Unis et son initiation à la littérature et à la culture occidentales du XXème siècle ont eu une influence indéniable sur l’évolution de son écriture, de sorte qu’après son retour en Iran, la publication de son recueil Le barrage et les bras provoqua d’innombrables débats, en particulier dans les milieux littéraires. Dans cet ouvrage, qui est la traduction en persan de ses poèmes écrits et publiés aux Etats-Unis, le poète laisse de coté le rythme, la rime et même la ponctuation. Dans un entretien avec Mohammad Hoghoughi, elle précise sa position. Selon elle, "le pouvoir attractif du rythme diminue de trois quarts la responsabilité de la poésie".
La deuxième étape de l’évolution poétique de Saffârzâdeh commence par la publication du recueil Cinquième voyage. Elle exprime dans ce recueil son engagement pour la poésie révolutionnaire, alors en train d’émerger. Elle y adopte un langage simple et clair, conforme aux besoins du temps, et reprend les termes de la symbolique religieuse.
Ainsi, elle se fait connaître en tant que poète islamo-révolutionnaire. Sa poésie est une poésie engagée, provocatrice, audacieuse, voire même insolente.
Enfin, la dernière étape de son évolution poétique commence après la victoire de la Révolution islamique. Nous voyons désormais une Saffârzâdeh qui laisse de coté le sentimentalisme révolutionnaire pour un langage pur, calme et logique, qui tente d’ordonner l’expérience et de la transmettre sous la forme de mots attentifs au contenu.
Mme Saffârzâdeh a également publié deux traductions anglaise et persane du Coran.
L’herbe
qui traversa l’épaisseur du ciment
et qui fendit la couche de pierre
jusqu’à limite de l’existence
dans la ténébreuse ruelle de Babel
était l’herbe de la vie…
C’est le matin
tu es parti
L’amour est venu
tu es absent
que peut-on faire
la couleur des murs ne va pas aux rideaux
et celle du tapis ni aux uns ni aux autres
Aujourd’hui c’est l’anniversaire de la naissance de duc Ellington
à la Maison Blanche aussi il y une fête, disait la radio
Dieu merci, les Chapeaux blancs n’ont pas mangé le Duc
Dieu merci, quand tu n’es pas là vient la solitude
Dieu merci c’est l’automne
le marchand ambulant chante la primeur de grenade la grenade
aussi voudrais-je boire un verre de vin à la santé du Duc
et me mets à pleurer
tout le monde se ressemble dans cette contrée
qu’importe
si l’on y boit le matin ou le soir