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Dès l’Antiquité, les grandes distances qui séparaient les villes et les villages incitèrent l’Etat achéménide à aménager à intervalle égal des forteresses-caravansérails qui servaient d’étapes aux coursiers de l’Empire mais également de lieu de repos sûr pour les voyageurs. Ce genre de lieu continua à se développer après l’islam et aujourd’hui, certains de ces caravansérails, dont les plus nombreux furent construits durant le règne de l’empereur safavide Shâh ’Abbâs le Grand au XVIIe siècle, parsèment encore les routes iraniennes. Ces efforts visant à favoriser le voyage - pour des buts essentiellement lucratifs - furent abandonnés sous les Qâdjârs, époque où l’entretien des routes et des caravansérails fut profondément négligé.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’Iran par les Anglo-soviétiques que les premières structures modernes d’accueil virent le jour. Après le coup d’Etat américain de 1953 qui conduisit à la chute du Premier ministre Mossadegh, la collaboration entre les Etats-Unis et l’Iran du Shâh se développant à grande vitesse, des structures d’accueil, construites par les Occidentaux, furent rapidement construites. Cependant, le manque global d’infrastructures rendait difficile le développement du tourisme. Ainsi, même à cette époque, peu d’efforts furent effectivement fournis en la matière.
En 1920, il existait seulement deux grands hôtels à Téhéran, et aucun dans les villes de province. Les routes étaient en très mauvais état, l’aviation nationale encore balbutiante, le sud du pays contrôlé par les Anglais et le chemin de fer à peine tracé ; ainsi, peu d’éléments permettaient en ces années-là un rapide développement du tourisme. A cette époque, les voyageurs se déplaçaient encore à dos de cheval ou de chameau, ou en voiture pour les plus riches. On peut voir le récit de ces voyages de la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans le Voyage en Iran de Pierre Loti.
Ce qui pourrait être considéré comme la naissance du tourisme en Iran est un mouvement qui commença au début des années 20 et fut issu de la refonte des relations entre l’Iran et le monde occidental, ainsi que les commencements de la modernisation des diverses infrastructures. Mais un très long chemin demeurait cependant à parcourir. C’est en 1935 qu’une première administration touristique vit le jour en Iran sous la direction du ministère de l’Intérieur. Quatre ans plus tard, cette administration était remplacée par un Conseil supérieur du tourisme, lequel fonctionna vingt-deux ans en contribuant grandement à la mise en place des premières infrastructures d’accueil. A cette époque, l’enseignement académique et théorique de l’hôtellerie faisait l’objet de débats et des étudiants iraniens commençaient à être envoyés en Europe pour y suivre des stages professionnels. En mars 1963, un décret ministériel ordonna la création de l’Organisation nationale du tourisme, laquelle fusionna dix ans plus tard avec le ministère de l’Information et du Tourisme, premier organisme à promouvoir l’enseignement académique des métiers liés au tourisme.
Avant la Révolution islamique, les activités touristiques étaient prises en charge par quatre sociétés publiques, lesquelles fusionnèrent en une seule entreprise après la Révolution en 1979. Cette dernière fut placée sous la direction du Ministère de la Guidance islamique qui prit en charge le tourisme en Iran. Un an plus tard, ce ministère supervisa la création du Bureau de Tourisme national et international. Ce bureau poursuivait trois buts principaux :
- La planification pour le développement du tourisme iranien
- L’enseignement académique des métiers liés au tourisme et à l’hôtellerie
- La classification, le contrôle et la tarification des centres touristiques existants et le développement des relations internationales en la matière
C’est avec la création de ce bureau que le développement du tourisme prit un sérieux essor, avec, en particulier, la mise en place de courts stages d’enseignements, surtout après la fin de la Guerre Iran-Irak, en 1988, et le lancement du troisième plan quinquennal qui prévoyait le développement d’une économie indépendante des pétrodollars.
Il ne faut pas non plus oublier le rôle de l’Organisation des Déshérités sous la direction de laquelle l’Organisation du Tourisme des Déshérités fut fondée. Cette organisation joua un rôle important dans le développement des ressources humaines en matière de voyages et d’hôtellerie, en mettant en place des cours et des stages de courte durée dans de nombreuses provinces du pays.
En 1997, la ville de Mashhad inaugura son centre d’enseignement du tourisme, centre qui devint très vite le plus actif et le plus important d’Iran. Après ce centre, plusieurs autres furent mis en service sous la direction du Ministère de l’Education nationale. Finalement, l’hôtellerie et le tourisme devinrent des filières universitaires, d’abord dans l’Université Allâmeh Tabâtabâ’î de Téhéran puis dans plusieurs des filières de l’Université Azâd à Téhéran et en province. Bien que le domaine des métiers du voyage soit encore loin des standards internationaux en matière de spécialisation des professionnels, nombre de ces derniers possèdent des diplômes et ont participé à des stages techniques. De plus, le durcissement des normes nationales en la matière, les prévisions de développement du tourisme iranien dans les années qui viennent, les investissements réalisés dans le domaine de l’hôtellerie et la constante augmentation du nombre des entrées touristiques en Iran incitent de plus en plus de jeunes intéressés par ce domaine à suivre une filière spécialisée conforme aux normes internationales.
Source :
Tâher Niâ, Behrouz, "Seyr-e tahavol-e amouzesh-e san’at-e gardechgari dar Irân", Mosaferân Magazine, numéro 26, octobre-novembre 2005.