N° 41, avril 2009

Quelques poèmes de Thierry Cabot


Thierry Cabot



Thierry Cabot* est né le 30 mars 1958 à Toulouse. Sa passion pour les mots l’a poussé très tôt vers l’écriture poétique dans laquelle il a vu un moyen d’expression privilégié susceptible d’entrer en résonance avec les thèmes éternels qui forment la trame de notre "humaine condition". Paul Guth à qui, en 1982, il avait adressé quelques-uns des poèmes réunis dans cet ouvrage, lui avait, par retour de courrier, écrit avec plein d’enthousiasme : "Vos poèmes sont très beaux. Ils sont soulevés d’un grand souffle qui vient du fond de l’âme. Vous avez le sens du rythme, de l’onde poétique. Vous avez l’ampleur, l’émotion, la majesté. Et parfois de splendides images surgies des abîmes."



* La Revue de Téhéran remercie l’auteur de lui avoir envoyé ses poèmes et autorisé à les publier.

L’AGE D’OR

Qui se souvient un peu dans le soleil enfui,

Des grands cieux tournoyant comme une âme légère

Et des chaudes amours à la couleur si chère,

Où l’éternité même, un instant, avait lui ?

Cet âge-là mêlait passion et bien-être ;

Le jour voluptueux chantait en séraphin ;

C’était parmi la joie un vertige sans fin

Peuplé de longs désirs jamais las de renaître.

Au comble de l’extase au beau rire de miel,

Chaque enfant tout pareil à quelque fol artiste,

Survolait, radieux, des marches d’améthyste

Sous le chevalet nu d’un grandiose arc-en-ciel.

Les vents clairs s’étoilaient de lunes magnifiques ;

L’aurore en se voilant s’enivrait de douceur ;

L’azur qui s’avançait avec des mains de sœur,

Se délectait pour nous d’incroyables musiques.

Puis, figure céleste aux charmes frémissants,

Le rêve sur nos jeux infinis et frivoles,

Ouvrait des chemins purs choyés par mille idoles,

Et réchauffait la vie en ses doigts caressants.


Cris

Ni sommeil, ni lutte ;

L’écroulement sourd

D’une vague hirsute

Dans les cris du jour.

Ni trêve, ni flamme ;

Le hurlement seul

D’une rouge lame

Sur un froid linceul.

Au fond du ciel vide,

Rien que la clameur

Follement avide

D’une aube qui meurt.

Stridente minute

Aux sanglots mêlés !

Rien… rien que la chute

De mes vœux fêlés.


Mon Panthéon poétique

François Villon

Du fond des temps, Villon, comme une pure cime ;

Foi sourde, chaude haleine au grand souffle attristé,

Prêtre de l’au-delà, voyou lâche et sublime

Terrifiant et sanglotant d’humanité.

 

Pierre de Ronsard

Sous ta plume, Ronsard, monte en un bleu sourire

Le suc des matins frais succulents de couleurs.

Dans l’orgueil de tes mots, une belle se mire

Et célèbre à la fois ton génie et ses fleurs.

 

Alfred de Vigny

Délicieux Vigny qui d’un vaste poème

Sut tisser la lumière à laquelle on rêva :

Silences murmurés, frisson d’écho suprême,

Prodiges soupirés à la lèvre d’Eva.

 

Victor Hugo

Ton sang herculéen fait trembler nos limites ;

Hugo, satan céleste, âme en deuil, pâtre nu,

Hugo, soleil énorme éclaboussé de mythes,

Qui sculpte l’innommable et cueille l’ingénu.

 

Gérard de Nerval

Des flots denses nimbés de magie et de moire

Polissent ta voix pleine aux suaves grandeurs.

Nerval, pionnier d’un monde entre songe et mémoire,

Dont nul n’a jusque-là retrouvé les splendeurs.

 

Charles Baudelaire

Au drapé de ton style orageux et solaire,

Tes cris ont la langueur des ciels qui se défont.

Avons-nous assez dit qu’en toi seul, Baudelaire,

Saigne le plus terrible et sourd le plus profond ?


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4 Messages

  • Quelques poèmes de Thierry Cabot 16 avril 2015 20:51, par barbiat yvan

    j’ai demandé ce jour au poète Bernard Mirande, (voir sa biographie sur le net) fondateur de plusieurs clubs de poésie, conférencier et psychologue de prendre connaissance de la magnificence de vos poèmes.....

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  • Quelques poèmes de Thierry Cabot 28 décembre 2015 19:15, par Guillaume

    Thierry Cabot est tout simplement le plus grand poète français vivant. Ses poèmes n’ont rien à envier aux plus grands poètes du XIXe siècle.

    Thomas Fallet mérite également le détour. Il écrit dans une style plus hermétique, qui n’est pas sans rappeler celui des grands poètes symbolistes (Mallarmé, Valéry...), mais sa plume est tout aussi agile.

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    • Quelques poèmes de Thierry Cabot 30 décembre 2019 23:56, par Julien

      Cher Guillaume, je crois qu’il faut savoir raison garder : tel dithyrambe est inconsidéré, et révèle, soit que vous êtes peu familier des plus grands poètes du XXe siècle, ou que vous percevez mal en quoi ils sont si grands et pourquoi la postérité les a consacrés.

      Que Thierry Cabot soit un poète respectable de par ses vers de bonne tenue, son inclination à varier les formes, sa volonté de ne pas déshonorer la poésie et le travail que réclame composer dans les règles de l’art, c’est entendu. Pour autant, et quoique sa poésie soit en effet meilleure que les innombrables nullités publiées aujourd’hui dans cette catégorie, il est loin de posséder un talent comparable à Hugo, Baudelaire, Mallarmé, de Nerval, Lamartine, Verlaine, Rimbaud, Valéry et consorts. À vrai dire, il lui manque certaines des qualités les plus essentielles qui le classe même en dessous de poètes plus secondaires tels que Gautier, Banville, Vigny ou Leconte de Lisle ; à savoir le sens de l’analogie pertinente, la solidité logique, la puissance rhétorique, l’œil du peintre (soit la capacité à bien faire voir), en somme, l’esprit d’éloquence et la singularité de vue.
      Si bien sûr on trouve deci-delà dans sa poésie de beaux vers ou quelque strophe mémorable, le fait est plutôt rare. Le plus souvent, dominent des assemblages impersonnels de jolis mots interchangeables, sans que jamais les objets convoqués ne soient vraiment circonscrits ni sublimés, laissant le lecteur avec des images incomplètes sans conséquence pour les sens et l’esprit, empli de vague et du sentiment que ça rime pour rimer, que ça rythme et chante localement sans concourir à l’harmonie d’une vision et d’une pensée riches et pénétrantes. Bref, des poèmes un peu fades et carencés qui ont justement beaucoup à envier à ceux des grands poètes du XIXe. Je ne suis pas le seul, parmi les lecteurs avertis, à penser cela... Même si, j’insiste là-dessus, j’ai mille fois plus de respect pour la démarche de Cabot que pour celle des centaines d’indécrottables jean-foutre qui inondent la toile de pathétiques incontinences.

      Quant à Thomas Fallet, on croirait lire toujours le même poème tant il semble tourner en rond sur lui-même dans l’expression d’une noirceur et d’une amertume obsessionnelles qui frise le ridicule. Là aussi, la force rhétorique de bon aloi et le don de peintre font défaut. C’est terriblement lénifiant et assez faible techniquement (même la ponctuation est à revoir en bien des endroits) ; un habitué de Baudelaire et Mallarmé n’y verra que de mauvais pastiches. L’hermétisme n’a pas vocation à être indéchiffrable. Or, chez lui, on a beau lire et relire, l’énigme demeure entière. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de véritables images à la clé. Et comme j’arrive à plutôt bien comprendre la poésie d’un Valéry (réputé obscur et que je défends auprès des plus réfractaires), mais que je ne parviens à débrouiller celle de Thomas Fallet, j’en conclus que le second est défaillant.

      J’invite chacun à rouvrir les recueils des grands poètes du XIXe. Si vous ne voyez pas le gouffre qualitatif qui les sépare de Thierry Cabot et de Thomas Fallet, eh bien ! je suis au regret de vous annoncer que vous ne savez pas lire la poésie et n’êtes pas apte à en juger.

      syllaboratoire.fr

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  • Quelques poèmes de Thierry Cabot 15 février 2016 20:57, par GAUGUIN Serge

    Pareils au flot d’une rivière,
    Mes mots aussi chantent et coulent ;
    J’ai l’âme gaie, voire si fière
    Au vu des jours beaux qui s’écoulent !

    GAUGUIN Serge.

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