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Le 18 avril est le Jour de l’armée en Iran depuis 1979. Il y a trente ans, l’armée iranienne a réprimé les manifestations populaires qui avaient débuté plus d’un an avant la victoire de la révolution, tandis que parallèlement, la désertion des soldats était de plus en plus importante. Ces derniers refusaient de tirer sur les manifestants alors que l’opposition des Iraniens face au régime du Shâh prenait de l’ampleur. Le 11 février 1979, l’état major de l’armée déclara officiellement sa neutralité, et refusa de soutenir le gouvernement de Shâpour Bakhtiâr, dernier premier ministre du Shâh. Dès le lendemain, le chef de l’état major de l’armée fut remplacé, et le Conseil de la Révolution entama des discussions avec les militaires de haut rang pour sauvegarder l’armée qui était nécessaire à la sécurité du pays.
Au cours de l’automne 1977, les intellectuels et les étudiants iraniens multiplièrent les protestations contre le régime du Shâh, profitant de la nouvelle donne et des changements survenus dans la politique de répression du Shâh, qui avait décidé de donner un peu plus de liberté d’expression et de démocratie sous la pression du nouveau président des Etats-Unis, Jimmy Carter.
En novembre 1977, les étudiants de l’Université Aryâmehr (actuelle Université Sharif) avaient organisé en collaboration avec l’Institut Goethe dix soirées culturelles. Au cours des neuf premiers soirs, les poètes invités avaient lu des poèmes qui n’avaient pas plu aux partisans du régime du Shâh ; le dixième soir, les forces de police empêchèrent le bon déroulement de la réunion provoquant la descente dans la rue de 10 000 étudiants furieux et aboutit à leur confrontation avec les forces de l’ordre, qui tuèrent un homme tandis que 70 personnes furent blessées et 100 autres arrêtées. Cet évènement fut le premier d’une longue série de manifestations qui se déroulèrent régulièrement en Iran à partir de janvier 1978, chaque manifestation ayant lieu 40 jours après la précédente, pour célébrer le deuil des personnes tuées à chaque fois.
A partir de janvier 1978, l’évènement déclencheur des manifestations populaires fut un article publié dans le journal Ettela’ât. Le contenu de l’article était un outrage à l’Ayatollah Khomeiny, qui vivait en exil depuis 1964. Le lendemain de la publication de cet article, les habitants de la ville de Qom manifestèrent dans la rue en signe de contestation. La police tira sur les manifestants, tuant 70 personnes et en blessant 500. Lors des manifestations organisées 40 jours plus tard, un officier de police tira sur un lycéen à Tabriz, ce qui déclencha une émeute populaire. Les habitants de la ville attaquèrent les postes de police. C’est lors de ces troubles (qui durèrent deux jours) que l’armée entra pour la première fois en scène pour réprimer les manifestations.
Le 5 août 1978, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution constitutionnelle iranienne de 1906, et alors que le mois de Ramadan venait de commencer, des manifestations eurent lieu dans plusieurs villes. Les troubles étaient importants à Ispahan, et le gouvernement y décréta l’état de siège après deux jours d’émeutes. L’armée entra dans la ville et l’occupa. Une centaine de personnes furent tuées par balle. C’était la première fois depuis 1953 que l’état de siège était décrété dans une ville de province.
Quinze jours plus tard, le cinéma Rex fut incendié à Abadan. 400 personnes, dont des femmes et des enfants périrent dans l’incendie, car les portes du cinéma n’avaient pu être ouvertes à temps. Le gouvernement accusa les opposants d’avoir mis le feu au cinéma, mais les habitants de la ville, lors des funérailles qui eurent lieu le lendemain, proclamèrent que l’incendie avait été perpétré par la SAVAK [1], et scandèrent « Mort au Roi », « l’Armée est notre frère, Khomeiny est notre guide ». Ainsi, dès les premiers mois de confrontation entre l’armée et les manifestants, ces derniers tentèrent de rallier l’armée à leur cause avec des slogans pacifistes vis-à-vis des soldats.
Cette politique avait été conseillée par l’Ayatollah Khomeiny, qui demandait aux Iraniens de poursuivre les mouvements de protestation tout en leur conseillant de tendre la main aux soldats, et invitait les soldats à déserter les garnisons et à ne pas tirer sur les manifestants.
Vers la fin de l’été, le premier ministre Dja’far Sharif-Emâmi donna l’autorisation aux chefs de l’opposition de célébrer la fin du mois de Ramadan par une manifestation, et accepta que les unités de l’armée soient placées dans les rues adjacentes afin de ne pas être vues par les manifestants. Près de cent mille personnes participèrent à la manifestation et à la prière de la fin du mois de Ramadan, et continuèrent à manifester les jours suivants. Trois jours après la fin du mois de Ramadan, le 16 Shahrivar 1357 (7 septembre 1978), près de 500 000 personnes manifestèrent dans les rues de Téhéran alors que le gouvernement avait interdit toute forme de rassemblement. Leurs slogans s’étaient radicalisés, et pour la première fois, on entendit le slogan « nous voulons une république islamique ».
Le soir du 16 Shahrivar, le Shâh comprit qu’il était en train de perdre le contrôle de la situation. Il obligea le gouvernement à décréter l’état de siège à Téhéran et dans onze autres grandes villes d’Iran. C’était la première fois depuis les évènements de 1963 que la capitale allait être en état de siège. Oveyssi (qui avait été surnommé « le boucher de l’Iran » en 1963 à cause de ses exactions) fut chargé par le Shâh du commandement des forces armées de la capitale. Le Shâh ordonna par ailleurs d’interdire toute manifestation et d’emprisonner quelques uns des chefs de l’opposition.
Le lendemain de ces prises de décisions était un vendredi. Dans les quartiers du sud de Téhéran, les ouvriers avaient mis en place des barricades et lançaient des cocktails Molotov vers les camions de l’armée. Cinq mille étudiants avaient organisé une manifestation assise sur la place Jâleh. Les hélicoptères de l’armée ouvrirent le feu au-dessus des quartiers sud de Téhéran. Les tanks et les commandos de l’armée qui encerclaient les manifestants de la place Jâleh tirèrent sur la foule. Les journalistes étrangers qui avaient été témoins de ces évènements écrivirent dans leurs articles qu’au sud de Téhéran, il y avait une montagne de cadavres déchiquetés. On estima le nombre des morts de la place Jâleh à au moins 500 personnes. Selon certaines sources, 4000 personnes furent tuées à Téhéran ce jour-là.
Le massacre du vendredi 8 septembre 1978, surnommé Vendredi Noir, causa une émotion profonde au sein de la population iranienne et contribua à augmenter sa haine vis-à-vis du régime du Shâh. L’Association des Magistrats déclara dans un communiqué officiel publié dans la soirée du vendredi que l’état de siège était illégal car il n’avait pas été voté par le parlement. L’Ayatollah Shariatmadâri abrita les chefs de l’opposition chez lui. Les ouvriers des raffineries de pétrole entamèrent une grève illimitée dès le lendemain. Le Vendredi Noir radicalisa le cours des évènements. Une réforme progressive du régime n’était plus envisageable ; il ne restait plus que deux solutions à la crise : une révolution qui changerait radicalement la situation, ou une contre-révolution menée par des militaires.
Dans les semaines qui suivirent, l’Iran fut paralysé par une grève générale dans pratiquement tous les secteurs d’activités. Il y avait des manifestations tous les jours dans les rues, en particulier autour de l’Université de Téhéran. Le 4 novembre, l’armée fit irruption dans l’Université de Téhéran pour la première fois, et tira sur les étudiants et les lycéens qui tentaient de descendre une statue du Shâh. Une trentaine de jeunes furent tués ce jour-là, et les troubles s’accentuèrent dans le pays.
Les décisions du Shâh face à cette crise généralisée furent contradictoires. D’un côté, le Shâh renforça la répression en instituant l’état de siège dans plusieurs autres villes, en ordonnant à l’armée d’occuper les principaux journaux, et en nommant Gholâm-Rezâ Azhâri, commandant de la Garde Royale, premier ministre. Il y avait six militaires de haut rang parmi les ministres de ce nouveau cabinet. Le ministre du travail était le Général Oveyssi ; il décréta l’état de siège dans la province du Khouzestân.
Mais plus tard, le Shâh ordonna à l’armée de ne plus occuper les journaux, et annula les contrats militaires qu’il avait signés avec les Etats-Unis (pour un montant de 4 milliards de dollars).
En 1978, le mois de Moharram coïncidait avec le début de l’hiver. Le Général Azhâri déclara qu’il allait appliquer les interdictions d’allers et venues dans les rues, conformément aux réglementations de l’état de siège. L’Ayatollah Khomeiny demanda aux Iraniens de rallier les soldats à leur cause.
Les trois premiers jours de Moharram, l’armée tira sur les manifestants dans les villes où l’état de siège avait été décrété ; au total, 700 personnes furent tuées, dont 200 dans la ville de Mashhad. Dans la ville de Ghazvin, 135 personnes périrent sous les tanks qui occupaient les rues.
Mais le régime du Shâh fit ensuite un pas en arrière, de peur que la situation ne s’envenime encore davantage au cours des jours suivants, et décida de placer les forces de police et de l’armée loin des avenues principales le 9e et le 10e jour de Moharram. 500 000 personnes manifestèrent dans les rues de Téhéran le 9e jour de Moharram, et 2 millions le lendemain, sans que les forces de l’ordre n’interviennent.
L’armée avait décidé de ne pas intervenir ces deux jours-là car des centaines de soldats avaient déserté leur garnison à Qom et à Mashhad, et les soldats n’ayant pas déserté affirmaient qu’ils comptaient obéir aux ordres des dignitaires religieux, et non aux ordres de leurs supérieurs hiérarchiques.
Une semaine après le 10e jour de Moharram, les soldats ne tirèrent pas sur les manifestants à Qom. A Tabriz, 500 soldats et 12 tanks se joignirent aux manifestants. Trois soldats de la Garde Royale ouvrirent le feu dans leur cantine au moment du repas et tuèrent quelques officiers de la Garde Royale. Désormais dans la plupart des villes, les soldats rejoignaient les rangs des manifestants. A Hamadân et à Kermânshâh, ils fournissaient même clandestinement des armes aux opposants du régime du Shâh. Les officiers affirmaient qu’ils ne pouvaient pas faire confiance aux soldats, et tiraient eux-mêmes sur la population.
D’après le Général Nâsser Farbod, le Shâh savait au moment de quitter l’Iran (le 16 janvier 1979) que le corps de l’armée n’obéissait plus à ses ordres et aux ordres des militaires de haut rang. Par ailleurs, les soldats étaient épuisées physiquement et surtout démoralisés à cause des longs mois pendant lesquels les unités de l’armée avaient occupé les villes en état de siège, et avaient tiré sur leurs compatriotes.
Après le départ du Shâh, le Général Ghareh-Bâghi, chef de l’état major de l’armée à l’époque, déclara que l’armée ne ferait pas de coup d’état et soutiendrait le gouvernement légal de l’Iran.
Lorsque le 1er février 1979, l’Ayatollah Khomeiny revint en Iran, le régime du Shâh était en fait d’ores et déjà vaincu, même si Shâpour Bakhtiâr, dernier premier ministre nommé par le Shâh, se déclarait le chef du gouvernement légal d’Iran.
Le 4 février, l’Ayatollah Khomeiny chargea Mehdi Bâzargan de constituer un gouvernement provisoire, d’organiser un référendum à propos du changement du régime du pays, et de commencer les démarches nécessaires pour la mise en place d’une Assemblée Constituante. L’Iran avait désormais deux premiers ministres en même temps.
Le 9 février 1979, les techniciens de l’armée de l’air vinrent rendre visite à l’Ayatollah Khomeiny pour lui annoncer qu’ils soutenaient la révolution. La première véritable fissure au sein de l’armée se fit jour à cette occasion. Dans la soirée de ce même jour, la Garde Royale tenta de réprimer la révolte des techniciens et des officiers de l’armée de l’air d’une base militaire située près de la place Jâleh. Les membres des groupes politiques partisans de la lutte armée vinrent aider les soldats et les techniciens de l’armée de l’air encerclés par la Garde Royale. Après six heures de lutte violente, la Garde Royale recula, et les soldats de l’armée de l’air commencèrent à donner des armes aux citoyens.
Le lendemain, au matin, les soldats rebelles de l’armée de l’air et les membres des groupes politiques partisans de la lutte armée vinrent avec des camions pleins d’armes à l’Université de Téhéran, distribuèrent les armes parmi la population, et attaquèrent neuf centres de police ainsi que la plus importante usine d’armurerie de Téhéran. La réaction de l’armée fut d’interdire tout aller et venue dans la ville de Téhéran de 16h30 jusqu’à 5h du matin, mais l’Ayatollah Khomeiny invita immédiatement la population à être présente dans les rues.
Le soir du 10 février, les opposants au régime du Shâh furent présents dans les rues de Téhéran. Ce soir-là, la lutte armée commença. De nombreuses garnisons et plusieurs commissariats de police tombèrent aux mains de la population. Les soldats désertaient en masse. Presque tous les civils que l’on voyait circuler dans la ville, adolescents ou âgés, avaient une arme à la main.
Le lendemain, dès le matin, la lutte armée se poursuivit et prit de l’ampleur. Les civils empêchèrent une colonne de l’armée d’avancer, et mirent le feu à plusieurs tanks. Le Général Ryâhi, chef de cette colonne de l’armée, fut tué dans ces combats. La préfecture centrale de police tomba aux mains des révolutionnaires, le chef de la police fut arrêté, et les ordres de Shâpour Bakhtiâr concernant le bombardement des entrepôts d’armes (que les révolutionnaires avaient assiégés) ne furent pas exécutés. Certains quartiers de Téhéran brûlaient ; il y avait de nombreux morts et blessés dans les hôpitaux.
A 10h30 du matin de ce 11 février, le Conseil Supérieur des Forces Armées se réunit dans les locaux de l’état-major. Les 27 militaires de haut rang qui y étaient présents décidèrent, après délibération, de ne plus soutenir le gouvernement de Shâpour Bakhtiâr. Leur raisonnement était le suivant : puisque le Shâh – qui était le chef de l’armée selon la constitution - ne comptait plus revenir en Iran selon les dires de Bakhtiâr lui-même, et que le peuple entier montrait qu’il ne soutenait pas le gouvernement de Bakhtiâr, l’armée n’avait plus l’obligation de soutenir le gouvernement de Bakhtiâr, et devait se joindre au peuple et arrêter cette guerre fratricide.
A 13h15, le Conseil Supérieur des Forces Armées rédigea un communiqué dans lequel il déclara officiellement la neutralité de l’armée dans la lutte qui opposait le Conseil de la Révolution à Shâpour Bakhtiâr. Ce communiqué fut diffusé par la radio à 14 heures. Pendant ce temps, les révolutionnaires continuaient à attaquer les garnisons et les entrepôts de l’armée. Les locaux de l’état-major furent encerclés. Le Général Badre’ï, chef de l’armée de terre, fut tué dans un attentat ce jour-là. Le 11 février au soir, l’armée pour laquelle le Shâh avait tant dépensé et dont il était si fier, n’existait pratiquement plus.
Dès le lendemain du 11 février, Mehdi Bâzargan (premier ministre du gouvernement provisoire) et l’Ayatollah Tâleghâni tentèrent de restaurer l’armée, en s’appuyant sur les militaires dont les opinions politiques étaient connues, et qui avaient été partisans de Mossadegh dans le passé. Ces militaires décidèrent de choisir le Général Gharani en tant que chef de l’état-major de « l’armée nationale », et entamèrent des discussions avec le Conseil de la Révolution (dont les membres avaient été choisis par l’Ayatollah Khomeiny) pour que l’armée soit réorganisée à l’aide de militaires qui avaient montré leur intégrité dans le passé.
Mais contrairement à ce qui avait été convenu entre ces militaires et les membres du Conseil de la Révolution, des militaires de haut rang furent exécutés les premières semaines qui suivirent la victoire de la Révolution ; il fut ensuite question de mettre tous les militaires de haut rang à la retraite. Cela provoqua une crise : les militaires plus âgés quittèrent l’état-major et furent remplacés par quelques officiers inexpérimentés, qui venaient en tenue civile au travail, tant la haine de la population envers les militaires était importante.
Quinze jours après la chute du régime du Shâh, l’armée de l’air irakienne attaqua les villages iraniens situés près de la frontière. Des soulèvements eurent lieu à cette même époque dans les provinces kurdes et turkmènes, et l’armée dût intervenir pour rétablir l’ordre dans ces régions.
Il semblait clair que l’Iran avait besoin d’avoir une armée forte pour faire face aux menaces extérieures, et il était important que les Iraniens soutiennent l’armée de leur pays pour garantir le moral des troupes.
L’Ayatollah Khomeiny, dans son discours à l’occasion du Nouvel An iranien (le 21 mars 1979), déclara : « Le peuple doit désormais soutenir l’armée et ne pas l’affaiblir. Nous avons besoin de l’armée. Le peuple a besoin de l’armée. »
La décision de nommer le 18 avril « jour de l’armée » allait aussi dans ce sens. Dans un communiqué publié le 17 avril 1979, l’Ayatollah Khomeiny demanda à l’armée de défiler dans toutes les grandes villes le lendemain pour montrer ouvertement qu’elle soutenait la révolution et le peuple iranien et qu’elle était prête à défendre l’indépendance et l’intégrité de l’Iran. Dans ce communiqué, l’Ayatollah Khomeiny demanda au peuple iranien d’avoir un accueil respectueux envers les militaires ce jour-là, et de reconnaître et soutenir l’armée, afin que le peuple et l’armée puissent, ensemble, préserver et garantir la sécurité du pays. L’Ayattollah Khomeiny ajouta dans ce communiqué que les militaires étaient tenus de respecter la hiérarchie au sein de l’armée.
Les évènements des années qui suivirent, en particulier l’invasion de la province du Khouzestân par l’Irak, montrèrent à quel point le fait de garder une armée forte avait été une décision juste et bénéfique pour l’Iran.
Bibliographie :
Abrahamian, Ervand, Iran between two revolutions, traduit en person par Ahmad Gol-Mohammadi et Mohammad-Ebrâhim Fattâhi, Ed. Nashr-e Ney, 1377 (1998).
Farbod, Nâsser, Naghsh-e artesh dar tahavollât-e târikhi-e Iran (Le rôle de l’armée dans les évènements historiques d’Iran), Ed. Koumesh, 1383 (2004).
[1] La SAVAK était la police politique du régime du Shah.
[2] Les dix premiers jours du mois de Moharram sont des jours de deuil pour les Iraniens, en souvenir de la mort du petit-fils du prophète, l’Imam Hossein, et de ses compagnons, tués à Karbala en l’an 61 de l’Hégire.