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Traduits et adaptés du persan par
N° 115, juin 2015Né en 1977 en hiver, Rezâ Baghdâdi est à la fois poète, musicien et calligraphe. Il a réalisé des œuvres de peinture-calligraphie qui ont été exposées dans plusieurs galeries iraniennes. Son premier recueil de poèmes, Zemestân (Hiver), se compose de trois parties : poèmes lyriques, poésie moderne et chansons. Il a notamment été influencé par les poètes Fereydoun Moshiri et Hamid Mosaddegh.
Flâner par les ruelles vers la mémoire de toi
Et la nuit qui revient me rappelle tes baisers
Abrégeant le chemin qui va (...)
adapté du persan par
N° 103, juin 2014Derrière
la terre aux cyprès
la neige
la neige
une virée de corbeaux
le sentier parle
d’errance,
de vent, de chant, de voyageur,
et d’une envie de sommeiller
les branches du lierre, l’arrivée,
la cour
moi
ma nostalgie
et ce carreau trempé de pluie
j’écris - ces deux murs
l’espace
ce moineau
un tel a du chagrin
l’autre tricote
un autre chante
un autre compte
la vie
c’est un étourneau
qui s’envole
qu’est-ce qui t’a fait de la peine ?
les bonheurs ne manquent pas
prends ce soleil (...)
Sohrâb Sepehri
adapté du persan par
Le vieux figuier étale l’apogée de ses jours,
la terre appelle la pluie
le poisson, dans sa ronde, fait un sillon dans l’eau,
l’hirondelle des courbes,
le vent passe, j’atténue mon regard
le poisson est prisonnier de l’onde
moi, de la douleur
tes yeux s’estompent
ton sourire se flétrit
pour faire de toi mon effigie,
j’ai dirigé l’ombre sur toi
venir à toi sent le désert :
t’aborder, la solitude
ton voisinage, l’esseulement
ma vie s’étend d’un bord de toi jusqu’à tes cimes ;
tu te propages, (...)
Adaptés du persan par
N° 96, novembre 2013Sois calme
Sois calme, mon amour, sois calme
La vie est pareille à la mer
Scintillante parfois
De soleil, de lumière et de l’odeur du sel,
Elle ruisselle de joie
Il arrive qu’on se noie, qu’on ferme les paupières,
Partout
L’obscurité
Sois calme, mon amour,
Sois calme, nous ferons
Surface, nous verrons
À nouveau le soleil
Scintiller sur la neige d’une terre en friche, mais
cette fois,
Où tu voudras
Sois calme, mon amour,
Sois calme.
Extrait du livre Mallâh Khiâbân-hâ
(Les capitaines (...)
Adapté du persan par
N° 94, septembre 2013C’est moi, oui moi qui pleure…
En cet instant morose, où les ombres s’allongent
Et la nuit, vient, rapide, envahir la vallée
C’est moi, oui, moi qui pleure
Sur cette joue amère, de naître dans ta jupe,
Après une douleur de quarante ans d’attente
Jusqu’à cette pénombre irradiant le feu
Dans ta jupe qui est
Refuge, tendresse, pardon
Alors que le soleil répand l’éternité
Pour éteindre le jour ... et qu’il n’en finit pas
Dès lors, un paysage voué à la mémoire,
La passion,
La détresse.
Si seulement (...)
Sohrâb Sepehri
Adapté du persan par
Quels vastes prés, quelles montagnes,
Quelle odeur d’herbe !
Dans ce paradis, j’étais en quête d’un rêve,
D’un sourire, d’une lumière, d’un destin
Intacte, derrière les peupliers, une insouciance m’appelait
Je m’arrêtai à des roseaux
Le vent soufflait,
J’écoutai : Quelqu’un me parle ?
Un lézard fit un mouvement
Je repris la route, un champ
De luzerne tout au bout,
Puis un carré de concombres,
Des terres incultes aux tons fleuris
Puis la poussière et l’oubli
Près d’un point d’eau,
Je retirai mes (...)
Le silence
Le silence est un ruisseau dessous la neige au pied des saules
Le silence est ce bruit mat que fait en tombant,
La nuit,
Un fruit sur la terre gelée
Le silence est le tapage circulaire des étourneaux,
Cette virée de corbeaux sur le jardin qui s’endormait,
Le chant menu du samovar,
Le ciel sur le carreau glacé,
Mais le silence, c’est aussi
L’échelle moisie et sans âge
Contre l’issue condamnée,
Le silence, c’est aussi
Une vie entière
À hurler Aube
Le merle sur l’ardoise des (...)
Louve
Des chevriers sont là
Qui ont porté leurs bêtes nouveau-nées.
Des sources naissent à fleur de pierre où le sabot résonne
Et la palmeraie brille sur l’écaille des sables.
C’est l’heure incandescente et rose des prières.
Dans la claire-voie des cours
Un vol de tourterelles fond sur la boutonnière
Des fontaines
Et l’eau perle aux aiguières verseuses d’ablutions.
C’est l’heure-empreinte, l’heure volée
L’heure-envergure envolée
La tente est bleue dans l’âtre pétrifié du jour
La chaleur en-allée (...)
Fereshteh Molavi
Traduit par
Il ne fait ni soleil ni pluie.
Sur un banc du jardin public, ma tortue et moi faisons face au bassin et regardons la lumière des jets d’eau.
Je sais qu’au dessus de moi l’orme vert étend ses bras et que plus haut, le ciel est bleu.
Des enfants passent en criant à tue-tête leur chanson et, surprise, ma tortue les suit des yeux ; mais moi je ne veux qu’écouter ce que murmurent les jets d’eau.
« J’ai toujours craint pour mes yeux. Maintenant toi… »
Dès que maman me disait ça, il se mettait à pleuvoir (...)
C’est l’heure incandescente et rose des prières.
Dans la clair-voie des cours
Un vol de tourterelles fond sur la boutonnière
Des fontaines
Et l’eau perle aux aiguières verseuses d’ablutions.
D’où vient que tout s’envole où jaillissent les saules,
Tout,
Parvin E’tesâmi (1907 – 1941)
Traduit du persan
Un vent se mit à souffler
Abîmant un petit nid
Un auvent se détacha, s’effondra sur une tête
Une forme tressaillit, une occasion se gâcha
Un oisillon tomba du nid
Une plume rougit de sang
Forough Farrokhzâd
Traduit du persan par
Amour
Ô Amour unique entre tous,
qu’ils sont sombres ces nuages
conviés par le soleil
pour regarder monter
le jour
Comme si cet oiseau là ne se voyait qu’au tracé
Sohrâb Sepehri
traduit du persan par
Si vous venez me chercher :
J’habite
Plus loin que Nulle part
Plus loin que Nulle part est un lieu
On y voit
des courants d’airs porteurs d’akènes de pissenlits
messagers de la nouvelle fleur
Nimâ Youshidj (1896-1960)
Traduit du persan par
Le canari dit que la sphère
de la lune est similaire
à celle des cages à barreaux d’or
et à mangeoires de faïence
le poisson rouge transcrivit
son plateau du Nouvel An
Fereshteh Molavi
Traduit du persan par
Fereshteh Molavi est née en 1953 à Téhéran. Elle a publié un roman intitulé Khâneh-ye abr o bâd (La maison des nuages et du vent) ainsi que plusieurs œuvres dont "Bâgh-e irâni" (Le jardin persan), "Nârendj o Torandj" (L’orange et le citron), "Pari aftâbi va dâstânhâ-ye digar" (La fée soleil et autres histoires). Lorsqu’elle vivait en Iran, elle a également traduit plusieurs nouvelles et œuvres littéraires.
Poème d’Ahmad Shâmlou, traduit par
N° 53, avril 2010Le sourire est un secret
L’amour est un secret
La larme versée cette nuit-là
C’est mon amour qui souriait
Pour toi, je ne suis pas
Une fable à conter
Ni un air à chanter
Ni une voix à entendre
Ou bien une chose à voir
Ni même à imaginer
Je suis le mal commun
Hurle-moi
L’arbre parle à la forêt
L’herbe à la plaine
L’étoile à la voie lactée
Et moi, c’est à toi que je parle
Dis-moi ton nom
Donne-moi ta main
Parle-moi
Donne-moi ton cœur
J’ai enlacé tes racines
De tes lèvres, j’ai parlé
A toutes (...)
Poème de Forough Farrokhzâd
tiré du receuil Tavallodi Digar (Autre Naissance)
traduit du persan par
N° 51, février 2010Ce corbeau
Qui, sur nos têtes,
S’est échappé du ciel froid
Pour s’enfoncer dans le chaos d’un songe de nuages errants,
Et survola l’horizon,
Du glaive court de son cri,
Ira, parler de nous, en ville
Les gens savent
Les gens savent
Que nous avons, toi et moi,
Vu le jardin, au-delà
De sa brèche sombre et froide,
Cueilli sa pomme à cette branche
Espiègle et haut perchée
Les gens ont peur
Le monde a peur
Sauf toi et moi
Qui agrippés
A l’eau,
A la lampe,
Au miroir
N’eûmes pas peur
Il (...)
Poème de Ahmad Shâmlou
traduit du persan par
N° 51, février 2010Je pense encore
A ce corbeau
Qui,
Dans les vallées du Yoush,
En son bruissement jumelé,
Sur le jaune mûr
D’un champ de blé,
Coupa
De ses ciseaux noirs
Un arc brisé
Dans le papier
Mat du ciel
Et, face à la montagne proche,
Lui croassa,
De son cri
Sec et rauque, quelque chose
Que, dans l’ardeur du soleil,
Enervées et stupéfaites,
Les montagnes ressassèrent
Sous la pierre de leurs cranes
Jusque très tard
Dans le soir
Je me demande quelques fois
Ce, qu’aux prières de midi,
Un corbeau
Avec son poids (...)