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XVI suivi de Les noces
L’odalisque est venue
à la rencontre des époux
pour les mener vers leur chambre.
Elle ouvre les grilles de bronze
d’où les eunuques s’éloignent.
Flotte une odeur d’opium
qui se fait sentir fortement
derrière les rideaux d’ambre.
Sur les bas-reliefs des salles,
apparaissent diverses figurines
dont Asmodée, le rejeté,
qui s’envole par une fenêtre.
Des pendeloques cliquettent,
des chuchotements couvrent
de furtifs glissements.
Un déclic savamment caché
actionné par un (...)
XV Le pendentif ou Le pavillon des Roses
Sur ce, Omid vêtu de carmin,
est venu vers Rostam
et lui tend un parchemin.
– Tu es invité aux noces
et nous allons de suite
au « Pavillon des Roses ».
– Des noces ! Quelle surprise !
Quelles en sont les personnes ?
– Celles de Chirine et d’Iskander.
– Mais je viens de les voir passer !
– Ami, n’as-tu donc pas vu
qu’ici le temps n’existe plus !
Ils découvrent alors étonnés
les colonnes élancées
et les fines voûtes régulières
de ce pavillon (...)
XIV Les bordures ou Les enceintes
Toujours muni de sa plume,
le patient héros continue
de découvrir pas après pas,
toute la sublime création.
De la bordure,
il voit les portes ;
celles qui ouvrent
chaque quadrillage
et celles qui indiquent
chaque point cardinal.
La bordure est droite ;
elle trace sa route
sur le pourtour ;
elle est l’enceinte
du jardin clos,
la fenêtre étroite
sur le monde.
Elle donne l’équilibre
à toute la création
et permet de joindre
toutes les cours.
De (...)
XII Le médaillon ou La fontaine
Rostam, muni de sa plume
et non accompagné du passeur
arrive au cœur du jardin,
tout à coup libre et solitaire.
Au centre de la création millénaire
se trouve le médaillon.
Là où naît la vasque d’albâtre,
là où naît le jet de la source,
là où naît l’illumination.
La fontaine n’est gardée
par personne ;
car qui est passé
par les quatre carrés
est digne de s’abreuver
en toute liberté.
Alors le jardin féerique
devient tapis magique
et mandala de plantes
se changeant (...)
X Le quatrième carré ou Le jardin de l’ouest Simorgh
Rostam voit Omid
qui l’attend devant le portail.
Sûr de lui, il lui tend la plume
que Simorgh lui a offerte.
– Tu arrives justement
en la demeure du dieu,
dit le gardien du lieu.
– Puis-je le saluer ?
– Certainement, avance.
– Je savais bien
que je le retrouverais.
Au jardin de l’ouest,
se trouve la demeure
du fabuleux oiseau.
Il vit dans une volière ouverte,
au royaume souverain
des « anges-de-la-lumière ».
Il descend en volutes (...)
VIII Le troisième carré ou Le jardin du sud Nastaram
Voici que Nastaram
entre discrètement en jeu
dans la troisième case ;
elle se présente vêtue
d’une longue tunique ivoire
assortie d’une coiffe pointue
et d’une écharpe légère
couleur de l’arc-en-ciel.
Quand son corselet de fin velours
fut ajusté devant le miroir,
son regard se perdit au loin,
vers la chaîne enneigée d’Elbourz.
pour revenir au pavillon
de la prison dorée où vit la cour.
A toute heure du jour ou de la nuit,
elle explore le (...)
VI Carré médian ou Le dais du Vizir
Devant le portail,
Rostam est arrivé ;
il reste immobile
en compagnie d’Omid.
Devant le pavillon du Vizir,
il contemple l’étoile Polaire
qui est clouée au-dessus
du soyeux dais damasquiné.
Diverses tentures soyeuses
dessinent des courbes,
des plis, des vagues
qui s’envolent soudain,
emportées par les vents
gorgés de sable et de fleurs.
Et d’un seul coup le silence
est tombé comme glisserait
le sable d’un sac posé
sur un animal à l’arrêt ;
un (...)
V Le deuxième carré ou Le jardin de l’est Azâdeh
La porte du jardin de l’est
est gardée par un monstre ;
aussi, Omid le passeur
le connaît et conseille
tout digne visiteur.
– Là se trouve le dragon
qui vole et qui rampe ;
il a l’œil aux aguets
et sa queue gigantesque
est garnie de flèches.
Des iris dentelés
l’encerclent de façon serrée,
et l’on ne peut
que distances garder.
– Tu fais bien de me préparer ;
aussi, je vais lui parler.
Rostam s’adresse doucement
à la bête qui est dressée,
lui (...)
III
Le premier carré
ou
Le jardin du nord
La rencontre avec le Sage
Devant le jardin du nord,
l’attend le patient Omid,
le passeur de l’espoir,
dont le turban moiré
est savamment tressé.
– Quelle est la formule ?
Demande-t-il au voyageur.
– « La Vallée-qui-réjouit-le-cœur »
– Tu as bien répondu,
je te laisse entrer.
Dans la longue bande
apparaissent disposés
tous les carrés ;
il ne te restera plus
qu’à progresser.
Omid tient un plateau rond
sur lequel se dresse, altière,
une aiguière (...)
Exergue
« Le rossignol est venu au jardin, les corbeaux se sont enfuis ; Allons au jardin ensemble, ô flambeau de mes yeux. Comme le lys et la rose, épanouissons-nous dans l’extase ; Comme l’eau qui court, courons de jardin en jardin. »
« Aux jardins il y a mille belles aux visages lunaires, Il y a des roses, des violettes qui sentent le musc, Et cette eau qui tombe goutte à goutte dans le ruisseau, Tout est prétexte à méditation… il n’y a que Lui… que Lui. »
Rumi
Introduction
Sur le sable gris, (...)