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Photographies : Mireille Ferreira
Textes :
À côté de l’image uniformément noire présentée par les médias étrangers, le peuple iranien montre une réalité beaucoup plus nuancée de cette population de 75 millions d’habitants. Cette diversité est de plusieurs natures. D’une part, l’Iran, bien que peuplé en majorité de Persans, est un état multiethnique héritier de l’empire perse qui a réuni, au fil de son histoire, une mosaïque de peuples, constituée à l’origine de tribus nomades qui ont, de tous temps, parcouru le plateau iranien. De ce fait, bien que le (...)
Il est difficile de reconstituer la biographie et de faire la part de légende dans la vie de Kamâl-ol-Molk (env. 1848-1940). Il a initié en Iran à la fin du XIXe siècle un important courant de peinture dite « académique » (akâdemik) dans le pays, mais que nous avons choisi de dénommer principalement ‘peinture du réel’ pour rendre compte de la spécificité de ce courant pictural aux multiples visages, oscillant entre le pittoresque orientaliste, l’émotion picturale romantique et la concision du reportage (...)
Le 23 mars 2012 à Asnières, Hafiz Pakzad m’a conté l’histoire de sa vie de dessinateur et d’artiste-peintre originaire de la province de Bamiyan en Afghanistan. Le parcours et l’œuvre, la démarche propre de Hafiz Pakzad - qui, aujourd’hui formé à l’aérographie et devenu maître dans l’art du trompe-l’œil, participe à la réalisation des créations murales internationales de Catherine Feff - sont riches en enseignements sur le contexte de formation d’un étudiant afghan qui avait tout le loisir dans les années 1970 (...)
Fin XIXème siècle : un mécénat royal qui s’institutionnalise
Dans la première moitié du XIXème siècle, Fath ‘Ali Shâh Qâdjâr (1797-1834) composa des poèmes sous le nom de plume Khâqân, réunis dans un Diwân illustré par le peintre de Cour Mirzâ Bâbâ. Dans la seconde moitié du siècle, Nâssereddin Shâh Qâdjâr (1848-1896), également artiste mais aussi important collectionneur, créa pour la première fois dans le pays des cadres institutionnels au mécénat royal. Au cours de l’été 1866, un Ministère de l’Instruction Publique (...)
Une exposition sur la miniature persane, organisée par le directeur alors en place au Musée d’art contemporain de Téhéran, Ali Rezâ Sâmi Azar, et qui eut lieu au printemps 2005 dans ce musée, a fait date à la fois en Iran et auprès de la communauté internationale. A l’époque intégralement reproduite sur le site web du Musée d’Art Contemporain de Téhéran, elle a été notamment commentée en détail par l’historien de l’art Souren Melikian dans le journal International Herald Tribune. Intitulée Chefs d’œuvre des (...)
position d’affiches contemporaines
Institut des Cultures d’Islam
19 - 23 rue Léon, Paris
Du 3 au 21 mars 2011
Remerciements à Ali Mafâkheri, Shamsi Tehrâni, Amélie Neuve-Eglise, Amin Moghadam, Assal Bâgheri, Marianne Dupin et Mohammad Ali Shafâhi.
Depuis 2004, à l’occasion d’un séjour de quatre ans à Téhéran puis d’autres visites, Mireille Ferreira, correspondante en France de La Revue de Téhéran, a été séduite par la dynamique artistique qui l’environnait, imprégnant même le quotidien, par le biais du (...)
Dans le monde actuel, la culture suscite un vif intérêt, tant en raison de sa capacité à améliorer la qualité de la vie que de son aptitude à participer au développement local. Les premiers travaux sur l’économie et la ville créative ont été conduits à partir des années 1960. Ce sont deux chercheurs de l’Université de Princeton, William Baumol et William Bowen, qui ont initié une véritable approche économique de la culture en publiant, en 1966, des travaux mettant en avant la « maladie des coûts » (cost (...)
Deux regards sur l’exposition WONDERLAND (2500 YEARS OF CELEBRATION)*
Le travail artistique de Mamali Shafâhi présenté en 2010 lors de l’exposition Wonderland-2500 Years of Celebration fait écho, dans mon esprit, à la série de photos, intitulée Wanderlust, de l’artiste japonaise Kanako Sasaki. Si les sonorités voisines de Wonderland (« pays des merveilles ») et Wanderlust (néologisme que l’on pourrait traduire par « désir d’errance ») m’ont tout d’abord interpellée, c’est en percevant l’écart des imaginaires entretenus par les deux artistes avec leur pays respectif, l’Iran et le Japon, que j’ai ensuite été captivée.
Entretien avec M. Vakiliân,
Directeur de la revue Farhang-e Mardom (“Culture Populaire”) à Téhéran
M. Vakiliân a pris la succession des travaux de Seyyed Abolqâssem Enjavi Shirâzi sur la culture populaire et nous transmet ici sa passion de collecteur d’histoires.
Savez-vous ce qu’est un zarbolmasal ? Cela veut dire « proverbe ».
Par exemple, voici un proverbe qui existe en Iran : âstin-e now bokhor polo (littéralement : « manches neuves, mangez du riz »).
Chaque proverbe a une histoire. L’histoire de ce proverbe concerne Bohloul, à l’époque de Hâroun al-Rashid. Un jour, Bohloul va à une réunion. (...)
Ulrich Marzolph
Traduit de l’anglais* par
Ulrich Marzolph, étudiant le persan à Mashhad en 1977-78, a quitté l’Iran avant la Révolution. Déterminé à poursuivre ses études sur l’Iran, il a entrepris en Allemagne un doctorat sur le folklore narratif iranien en s’appuyant sur la totalité des sources connues, y compris les sources non publiées. Ulrich Marzolph a alors pris contact avec Laurence Paul Elwell-Sutton, collecteur des récits de Mashdi Galin Khânom, et l’a rencontré à Edinburg. Celui-ci lui a légué, peu avant sa mort, toutes ses notes et (...)
Rencontre avec Hâdi Afarideh, réalisateur d’un court-métrage sur l’art de la narration populaire iranienne : L’histoire de Gordâfarid
Quel a été votre parcours ? Vous avez d’abord étudié le théâtre puis le cinéma ; comment êtes-vous passé de l’un à l’autre ?
Ma famille a un goût pour les arts. Mon petit frère est par exemple musicien. Mon grand-père aimait beaucoup le théâtre. Avant la Révolution, il allait régulièrement à Lâleh-Zâr, le Broadway iranien, voir des pièces de théâtre avec ma mère et moi-même. (...)
Marcher, bouder la voiture, a certains avantages, notamment à Téhéran avant le Nouvel-An (Norouz, le 21 mars). Pourquoi ? Parce qu’on évite les embouteillages, la cohue des derniers achats, parce qu’on oublie le surmenage de fin d’année, parce qu’on fait des rencontres.
Alors que je me baladais, un vendredi, une semaine avant Norouz, j’ai rencontré trois Hâdji Firouz, chantant et dansant au milieu des voitures. Tels des cigales à la belle saison, ils égayaient de leurs chants, les longues files de (...)
"Un paysage magnifique et immuable qui se fout de la guerre". C’est en ces termes que le photographe Didier Lefèvre a mieux fait connaître l’Afghanistan en France, par le biais d’une série de trois bandes dessinées (BD), composées aux côtés du dessinateur Guilbert et du scénariste Lemercier et publiées entre 2003 et 2006. De même que la BD Persépolis rédigée et dessinée par Marjane Satrapi avait familiarisé un large public français et européen à ce pays voisin qu’est l’Iran, la bande dessinée Le (...)
Entretien réalisé par*
, N° 39, février 2009Zalmaï Haquâni a étudié en France entre 1966 et 1978, avant de devenir Professeur de droit économique international à l’Université de Caen. Il est l’auteur de plusieurs livres, notamment d’un manuel de Droit international de l’économie (avec Philippe Saunier, Ellipses, 2007). Conseiller en relations internationales du Commandant Massoud, il est nommé Ambassadeur en France en 2002. Sa vie, son oeuvre, ses expériences ont été réunies en 2006 dans Une vie d’Afghanistan. Entretiens avec Sébastien Brabant, Marc Hecker et Paul Presset. Aujourd’hui, Zalmaï Haquâni a également accepté de s’entretenir avec nous.
Sous Rezâ Shâh Pahlavi (1925-1941), l’art contemporain iranien, - c’est-à-dire ces pratiques artistiques inspirées des arts européens (la photographie, le cinéma, la peinture académique de Kamâl ol Molk…) et introduites en Iran fin XIXème-début XXème siècle - représentait essentiellement un moyen de rapprochement avec l’Europe et d’accession à la modernité. C’était un simple instrument au service du développement du pays, dont la valeur propre était minime. Or aujourd’hui, il est frappant de constater combien (...)
Les Beaux-arts sont à l’honneur sous le règne de Rezâ Shâh. Le Journal de Téhéran en témoigne car les articles culturels ou artistiques y sont nombreux. Ce journal francophone, qui constitue le premier quotidien en langue étrangère publié en Iran, paraît pour la première fois le 15 mars 1935 (24 Esfand 1313). Cette étude, portant sur le statut de l’art en Iran au début du XXème siècle, notamment au travers de la peinture, est basée sur certains articles du Journal de Téhéran, datant de 1935, 1936 et 1940. (...)
En 2004, Djamshid Aminifar a pris le parti, malgré les critiques acerbes de son entourage, de devenir peintre de rue. Il est le seul peintre de rue qui semble exister à Téhéran. Installé au croisement des rues Enghelâb et Felestine, il ramasse des débris épars, des planches, des cartons, des carcasses de roue, des bouts de ventilateurs… et les transforme en objets singuliers, animés par un univers pictural particulier, foisonnant. Innovant par son style naïf et personnel, il peint en pleine rue puis (...)
"10 lits de philosophes" par Gloria Zein, artiste allemande, à la Maison des Artistes, Téhéran, 9-13 mars 2008.
N° 31, juin 2008L’art occidental a longtemps été écarté, entre 1979 et la fin des années 1990, de la vie artistique iranienne. Mais des artistes étrangers sont à nouveau invités, depuis l’an 2000 environ, à exposer dans le pays. Le fait que, pendant vingt-cinq ans, les Iraniens n’aient été que très peu confrontés directement aux créations occidentales, donne aujourd’hui une aura particulière aux expositions artistiques étrangères organisées dans le pays. Les jeunes artistes iraniens sont alors avides d’explications et (...)
L’Art contemporain de Téhéran à Athènes, de mai à juillet 2008
N° 31, juin 2008Du 22 mai à la mi-juillet 2008, l’art contemporain iranien est à l’honneur en Grèce. Une vingtaine d’artistes téhéranais seront exposés en plein centre d’Athènes. Organisée parallèlement à la Foire de l’Art Contemporain d’Athènes (22-25 mai), cette exposition retentissante nous donne un bel aperçu de l’effervescence artistique qui exalte l’Iran aujourd’hui.
Après avoir vécu plusieurs années à New York, Alexandros Georgiou, peintre et photographe grec, s’est lancé en 2005 dans un nouveau projet artistique aux (...)
Les premiers contacts entre l’Iran et la France remontent à plusieurs siècles. Le Père Raphaël du Mans a, bien avant les Lettres Persanes (1721) de Montesquieu, écrit un livre sur L’Etat de la Perse en 1660.
Au travers des époques, des échanges diplomatiques suivis ont eu lieu entre la France et la Perse. Napoléon Ier a reçu à son quartier général de Finckenstein, en Prusse Orientale, une délégation persane, événement dont les répercussions furent notoires. L’alliance conclue à ce moment-là est à (...)
oilà une dizaine d’années que les activités culturelles et artistiques prennent de plus en plus d’ampleur au sein de la République Islamique d’Iran. La réouverture des galeries d’exposition au début des années 1990, l’organisation de Biennales de la peinture et de la sculpture autour de 1995, l’attrait croissant des filières artistiques dans les universités, etc… sont des exemples parmi bien d’autres des dynamiques impressionnantes, toujours plus marquées, que connaît la scène artistique iranienne. Dans un (...)