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CAHIER DU MOIS |
La culture populaire iranienne :
Spectacles et traditions,
un patrimoine menacé
La narration populaire iranienne (naqqâli) à un tournant de son histoire
Gordâfarid, une femme naqqâl
Hâdji Firouz
Le Siâh Bâzi, théâtre comique populaire d’Iran
A la recherche de la peinture de café (Naghâshi ghahveh-khâneh)
La Javânmardî : cœur du shî’isme iranien
CULTURE
Repères
Ferdowsi et Sohrawardi
Une histoire de la modernité (I)
Importance de la philosophie comparée pour l’ensemble de la pensée philosophique
La gestion de l’énergie en Iran à l’aube de la nouvelle année : Etat des lieux et perspectives
Arts
Ali Rafi’i, de retour sur scène
Le salon du dessin contemporain
Litérature
L’histoire de la littérature persane
Du début du XIe siècle à la moitié du XIIe siècle (II)
Maupassant et la déception féminine
Entretien
Entretien réalisé avec le Dr. Nojoumian sur le postmodernisme et la déconstruction
PATRIMOINE
Itinéraire
Le luth fou
Vers la source
FENÊTRES
Au Journal de Téhéran
La linguistique indo-européenne et les langues iraniennes
Boîte à textes
Pas
Rencontre avec Hâdi Afarideh, réalisateur d’un court-métrage sur l’art de la narration populaire iranienne : L’histoire de Gordâfarid
Quel a été votre parcours ? Vous avez d’abord étudié le théâtre puis le cinéma ; comment êtes-vous passé de l’un à l’autre ?
Ma famille a un goût pour les arts. Mon petit frère est par exemple musicien. Mon grand-père aimait beaucoup le théâtre. Avant la Révolution, il allait régulièrement à Lâleh-Zâr, le Broadway iranien, voir des pièces de théâtre avec ma mère et moi-même. (...)
Fâtemeh Habibizâd, dont le nom de scène est Gordâfarid, fait du naqqâli depuis quelques années. Le naqqâli est la forme de narration typiquement iranienne d’histoires épiques. L’histoire racontée peut être en poésie ou en prose. Le naqqâl utilise le ton de sa voix et les mouvements de son corps pour susciter l’émotion des spectateurs et leur faire imaginer les scènes qu’il raconte. Le naqqâli est donc considéré comme une performance théâtrale où un seul acteur joue tous les rôles de la pièce. [1] Gordâfarid (...)
Marcher, bouder la voiture, a certains avantages, notamment à Téhéran avant le Nouvel-An (Norouz, le 21 mars). Pourquoi ? Parce qu’on évite les embouteillages, la cohue des derniers achats, parce qu’on oublie le surmenage de fin d’année, parce qu’on fait des rencontres.
Alors que je me baladais, un vendredi, une semaine avant Norouz, j’ai rencontré trois Hâdji Firouz, chantant et dansant au milieu des voitures. Tels des cigales à la belle saison, ils égayaient de leurs chants, les longues files de (...)
Mohammad Hossein Nâsserbakht est professeur d’art dramatique à la Faculté de Cinéma et de Théâtre de Téhéran et président du Festival International des Spectacles Rituels et Traditionnels. Mahmoud Rezâ Rahimi enseigne l’art dramatique dans plusieurs universités iraniennes, dont l’Université d’Art et d’Architecture, l’Université de Shiraz et l’Université de Tonékâbon. Ces deux professeurs de théâtre, fins connaisseurs du Siâh Bâzi – littéralement le Jeu du Noir – ont aimablement accepté de nous parler de ce (...)
Monsieur Javâd Aghili a réuni, dès sa jeunesse et tout au long de sa vie, une importante collection de tableaux de style salle de café (Naghâshi ghahveh-khâneh). Il possède environ 300 toiles, dont une partie est exposée dans sa galerie de Téhéran. Lui-même peintre de talent, il nous a montré, lors de notre visite, quelques-uns des nombreux portraits qu’il a exécutés dans ce même style ghahveh-khâneh.
Il possède en outre quatre peintures de café sur toile vernie après peinture, appelées pardeh, ou (...)
Cette miniature tirée d’un fâl-nâmeh [1] de l’époque safavide illustre à elle seule le propos des pages qui vont suivre. Elle est organisée en deux plans d’oppositions. Le premier, vertical, oppose un paysage paradisiaque de Xvarnah [2], si caractéristique de l’art de l’époque, à l’océan sombre de nos vies dans lequel les êtres humains luttent pour leur survie. Le second plan, horizontal, oppose l’Imam Rezâ, le huitième Imam de la tradition shî’ite, à un daeva, un démon de la tradition mazdéenne. L’Imam est (...)
Au premier abord, il ne semble pas facile de rapprocher les noms d’un grand poète épique tel que Ferdowsi et d’un grand mystique tel que Sohrawardi, ce qui en effet apparait peu conforme aux consignes courantes utilisées dans nos manuels généraux de littérature persane. Mais le fait est là et Sohrawardi s’est profondément intéressé à l’épopée du Livre des Rois (Shâhnâmeh) de Ferdowsi et en a donné des commentaires à propos des gestes de certains des héros qui s’y trouvent. Ces commentaires, tout en restant (...)
La modernité est une notion complexe qui ne se laisse pas aisément cerner. Concept dynamique et transversal, il apparaît difficile, voire impossible d’en établir la genèse et de dater le moment de son apparition.
Outre l’évolution des idées, qui constitue l’axe principale de notre étude et qui se manifeste par une transformation de la représentation du monde, l’idée de modernité évoque de profonds bouleversements sociaux, politiques, économiques et technologiques. Elle peut désigner, soit une époque, soit (...)
Nayereh Djoshaghani
Traduction et adaptation par
A l’époque de la pénétration de l’islam en Iran en 634, l’Iran comptait plus de 600 bibliothèques qui attiraient un grand nombre de savants et de philosophes de nombreux pays et régions reculées, dont l’Andalousie de l’époque, venus en Iran pour bénéficier des bibliothèques et des centres culturels du pays.
La Bibliothèque d’Abol-vafâ Ibn Salmeh dans la province de Hamadân comptait parmi les bibliothèques les plus anciennes de l’Iran après l’islam. Elle conservait d’importants ouvrages évoquant les problèmes (...)
La philosophie comparée est non seulement possible, mais elle est également essentielle à l’enrichissement de l’ensemble de la pensée philosophique dans son insatiable quête de l’être : ainsi pourrait-on résumer le message central de l’ouvrage du Docteur Ghaffâri. En analysant de manière critique et philosophique l’un des problèmes principaux de la philosophie kantienne, il souligne que quelques siècles auparavant, des philosophes iraniens comme Avicenne ou Khâdjeh Nassiroddin Toussi ont formulé la même question en y trouvant alliant à la fois originalité et haute précision philosophique. (...)
"Mangez et buvez, et ne commettez pas d’excès". (Coran, 7:31)
La nouvelle année iranienne a été dédiée à la gestion juste et intelligente des ressources de ce pays. Les économies d’énergies ne sont pas forcément, et contrairement à une analyse superficielle, synonymes d’inconfort et de restrictions ; bien au contraire, une vision juste et une meilleure gestion des ressources de l’Iran peut largement contribuer à améliorer le quotidien de ses habitants et renforcer le poids international de ce pays, étant (...)
Texte et photos :
N° 42, mai 2009Traduit du persan par Arefeh HEDJAZI
Ali Rafi’i est l’un des rares metteurs en scène qui savent créer une vraie pièce d’art. Cette virtuosité est le fruit d’une grande maîtrise des secrets de l’écriture, mais aussi de la mise en scène, du choix des costumes et d’une musique portant la pièce. Rafi’i glorifie la vie et l’art du spectacle à travers toutes ses œuvres. Il aime et crée amoureusement et le résultat de cet amour est une œuvre belle et digne d’admiration.
Ce grand metteur en scène est non seulement (...)
Du 26 au 30 mars 2009, le Salon du dessin contemporain s’est tenu à Paris. Cette manifestation, qui connut en mars sa troisième édition, souhaite faire connaître le dessin dans son actualité. C’est pourquoi elle est l’occasion d’un grand rassemblement d’artistes venus des quatre coins du monde présenter l’art du dessin tel qu’il est aujourd’hui. Jean-Pierre Brigaudiot, professeur d’arts plastiques et plasticien, revient sur cette exposition.
Paris, Carreau du temple, 26 au 30 mars 2009.
En fait de (...)
La période s’étendant du XIe à la première moitié du XIIe siècle est intéressante à étudier à plusieurs égards, notamment en ce qu’elle marque l’âge d’or de l’islam en Iran. Le XIe siècle, premier siècle après un intermède de quatre siècles qui vit un souverain persan régner, fut un âge brillant pour le développement de la littérature et des sciences. La première moitié de ce siècle fut marquée par le règne de la dynastie des Samanides, qui régna principalement sur la Transoxiane, le grand Khorâssan, le Sistân, Rey (...)
Dr. Nastaran Yasrebi-Nejâd*
N° 42, mai 2009Le réalisme est l’observation du réel au travers de la recherche de faits véridiques qui forment la base du travail du romancier réaliste. À partir de 1850, ces idées, revendiquées haut et fort par un groupe d’écrivains et d’artistes, vont constituer le programme d’une école. Le chef de file est Champfleury qui demande au romancier de peindre « l’homme d’aujourd’hui dans la civilisation moderne. » La représentation du monde contemporain doit être à la fois impartiale et complète, comme si l’écrivain se (...)
Entretien réalisé par*
, N° 42, mai 2009Né en 1964, le Dr. Amir Ali Nojoumian fit ses études universitaires à l’Université de Leicester en Angleterre. Il est maître de conférences de littérature anglaise à l’université Shahid Beheshti. Depuis 2003, il est membre de l’équipe de sémiotique culturelle du Farhangestân d’art. Spécialiste en matière de déconstruction et de postmodernisme, il a rédigé des livres sur le modernisme et le postmoderne en littérature. Il dirige actuellement un travail de recherche intitulé Jacques Derrida : de la philosophie à (...)
Le luth fou (Épisode n° 15)
N° 42, mai 2009orsque le petit réveil émet sa sonnerie, Lalla Gaïa ne dort pas vraiment. Depuis longtemps déjà, elle écoute le sanctuaire… Elle avait laissé ouverte la fenêtre de sa chambre donnant par bonheur directement sur le Haram de l’Imâm Rezâ, et écouté, alors qu’il faisait encore nuit, le chant d’un homme qui du haut de l’un des minarets d’or, faisait s’écouler une mélodie s’accordant à merveille à ce moment précédant l’aube. Au ciel profondément noir répondaient le jaillissement des lumières des cours aux corniches (...)
Au Journal de Téhéran
Docteur R. Abrahimiân
N° 42, mai 200926 Ordibehesht 1318
17 Mai 1939
Dès l’Antiquité, les Grecs et surtout les Indous ont fait d’importantes recherches dans le domaine de la linguistique. Les premiers philosophes grecs s’intéressaient aux rapports entre la phonétique et la sémantique, c’est-à-dire la signification des mots.
Aristote, qui avait déterminé les parties du discours, niait le lien entre ces deux sciences. Les stoïciens s’occupaient du genre des mots et cherchaient à établir quel était le rapport existant entre le genre (...)
Je te regarde,
Mais je ne te vois pas.
Je t’écoute,
Mais je ne t’entends pas.
Je te cherche,
Mais je ne te trouve pas
Tu es ici et tu n’y es pas
Je te sens, mais toi,
Tu ne me sens pas.
Mon cœur bat,
Et le tien ne bat pas.
Je t’aime et je sais
Que tu ne m’aimes pas.
C’est vrai ? Je ne le crois pas.
Tu m’aimes ou
Tu ne m’aimes pas ?
Tu me regardes ou
Tu ne me regardes pas ?
Tu me sens ou
Tu ne me sens pas ?
Et je suis épuisée de tant de "pas" !
Que dois-je faire ?
Que ne dois-je pas faire ? (...)