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CAHIER DU MOIS |
La gastronomie iranienne :
un art de vivre millénaire et méconnu
Les incontournables de la table iranienne
Regard sur l’émergence des premiers restaurants iraniens : les ghahveh-khâneh
Promenade culinaire dans Les Mille et une Nuits
Quelques recettes et spécialités locales iraniennes
Souvenirs d’un boulanger
Une ambassadrice de l’art culinaire iranien : Najmieh Batmanglij
La cuisine iranienne au centre de la Route de la Soie
Chelow Kabâb et fâloudeh made in France
L’alimentation et son évolution logique dans le mythe iranien du premier homme
Le vin dans la poésie gnostique à travers l’exemple de Hâfez : de l’ivresse terrestre à l’extase spirituelle
CULTURE
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Arts
L’Iran dévoilé par ses artistes, au Centre National Georges Pompidou à Paris
L’art iranien contemporain tel qu’en lui-même, une présence croissante sur la scène française
Repères
Les thèmes et les images concernant l’Iran dans L’Usage du monde de Nicolas Bouvier*
Une lecture de Lire Lolita à Téhéran et de Persepolis effectuée à Téhéran (I)*
Littérature
Comparaison de deux personnages de la littérature enfantine persane et française : "Madjid" et "Nicolas"
Reportage
La Maison de la Poésie à Paris
Entretien
Debout sur la terre,
Entretien avec Nahal Tajadod
LECTURE
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Poésie
Poésie
Récit
Une femme est assise sur la pelouse
L’art culinaire iranien est l’un des éléments culturels qui rend particulièrement bien compte de la subtilité de la culture proprement dite iranienne. La table colorée est en elle-même assez parlante. Elle offre une grande diversité d’aliments, de plats, de desserts, de condiments et d’accompagnements. Différents genres de soupes, de ragoûts, de riz, de pains, de sirops, etc. sont là pour rendre compte des pratiques culinaires des Iraniens des siècles passés, et de leurs techniques pour enrichir, toujours plus, leurs recettes.
D’une manière générale, les principaux mets de la cuisine iranienne peuvent être divisés en plusieurs catégories :
Généralement, chaque ville iranienne a ses propres spécialités. Leurs ingrédients témoignent de la géographie, tandis que leurs saveurs et couleurs soulignent les goûts culinaires et esthétiques des Iraniens. Les différentes recettes sont associées aux événements comme les naissances, mariages, funérailles, et de nombreuses autres cérémonies et rituels. Les traditions culinaires sont aussi étroitement liées avec l’histoire iranienne et sa religion. La cuisine iranienne est un aspect essentiel de la vie et de la culture iranienne. Elle est réputée pour ses plats à base de riz, de soupes épaisses et de ragoûts (khoresht) copieux.
Habib Râsi Tehrâni
Traduit et adapté par
Au vu de sa longue et riche histoire et de la diversité de ses climats et de ses productions agricoles, l’Iran a une gastronomie unique au monde. Des produits comme la pomme de terre et la tomate ont été importés en Iran il y a 200 ans. Ils ont ainsi été offerts par l’ambassadeur britannique de l’époque, Sir Gore Ouseley (1770-1844) à Fath Ali Shâh (1771-1834), deuxième souverain de la dynastie qâdjâre, afin de combattre la famine qui affectait le pays à l’époque. Ces deux produits acquirent par la suite une place importante dans la gastronomie iranienne.
Traduction française d’Antoine Galland*
Texte présenté par
« Sire, dit Schéhérazade, en adressant la parole au sultan, sous le règne du calife Haroun Al-Rachid, il y avait à Bagdad, où il avait sa résidence, un porteur qui, malgré sa profession basse et pénible, ne laissait pas d’être homme d’esprit et de bonne humeur. Un matin qu’il était, à son ordinaire, avec un grand panier à jour près de lui, dans une place où il attendait que quelqu’un eût besoin de son ministère, une jeune dame de belle taille, couverte d’un grand voile de mousseline, l’aborda, et lui dit d’un air gracieux : « Écoutez, porteur, prenez votre panier, et suivez-moi. »
Le mot sangak signifie « petite pierre » en persan. Le sangak est un pain plat, long et quelque peu triangulaire, cuit sur des cailloux chauffés. Il mesure 5 à 10 millimètres d’épaisseur, 70 à 75 centimètres de longueur et près de 30 centimètres dans sa partie la plus large. Ce pain au levain, fabriqué avec de la farine de blé complète, n’existe apparemment qu’en Iran. On ne connaît pas la date exacte de son invention. Selon une version, c’est Sheikh Bahâi – savant, nommé « le plus grand religieux d’Ispahan » par le roi Shâh Abbâs Ier (1587-1628) - qui aurait eu l’idée de faire cuir du pain sur des cailloux.
Mme Najmieh Batmanglij est née en 1947 à Téhéran. Son premier livre de cuisine a été publié à Paris en 1984 et est intitulé Ma cuisine d’Iran. Ce livre s’organise en deux grands chapitres : la cuisine nationale (riz, méthodes de faire cuire le riz, pain, fruits et légumes, boissons et dessert, accompagnements essentiels) et la cuisine régionale (Iran du nord, Khouzestân, Ispahan, Azerbaïdjan, Iran méridional, Iran central, Kurdistan).
Après s’être installée aux Etats-Unis, elle a cofondé avec son mari une maison d’édition à Washington D.C.
Najmieh Batmanglij
Traduit par
Dans son livre intitulé « La cuisine de la route de la Soie : Un voyage végétarien » [Silk Road Cooking : A Vegetarian Journey] (2002), Mme Najmieh Batmanglij a regroupé plus de 150 recettes de la cuisine végétarienne des pays de la route de la Soie. La route de la Soie n’était pas seulement une voie du transit des marchandises, mais aussi celle des pensées, des croyances, des us et coutumes, des modes de vie, des ingrédients de cuisine, des recettes, et des goûts.
L’importante opération d’urbanisme du Front de Seine à Paris, lancée à partir des années 1970 sur la rive gauche de la Seine en aval de la Tour Eiffel, a longtemps attiré une clientèle étrangère aisée venue s’y installer plus ou moins durablement, parmi laquelle on comptait de nombreux Iraniens. C’est donc logiquement que quelques épiciers et restaurateurs, venus eux-mêmes d’Iran, se sont installés dans ce secteur, à la grande satisfaction d’une clientèle restée fidèle à ses traditions culinaires et à celle d’une clientèle parisienne curieuse de saveurs nouvelles venues du Moyen-Orient.
Bahâr Mokhtâriân
Traduit par
Cet article étudie le mythe iranien du premier couple, Mashi et Mashyâneh, explique le rôle de l’alimentation dans la formation de la culture et le processus de la valorisation de l’alimentation dans celle-ci. La comparaison des différents genres de nourritures montre que l’alimentation idéale dans la culture iranienne préislamique était l’alimentation végétarienne, et que manger de la viande était déprécié et même réprouvé. L’alimentation médiatrice dans ce schéma est celle basée sur des aliments tels que le lait ou les œufs, ni végétaux, ni animaux.
Bien que révélée progressivement, l’interdiction du vin est clairement exprimée dans le Coran et a été rattachée à plusieurs causes : individuelle, en ce qu’il altère la raison alors que la religion se veut un éveil conscient de l’homme à lui-même, ou encore sociale de par les désordres et dangers qu’il peut générer au sein de la société. Dans le Coran, les boissons enivrantes sont évoquées dans deux contextes : terrestre, où elles sont l’objet d’une progressive interdiction, et dans l’Au-delà, comme l’une des récompenses des croyants au Paradis.
A l’occasion de la sortie d’un numéro spécial du magazine Art Press intitulé L’Iran dévoilé par ses artistes, le centre Georges Pompidou et Musée National d’Art Moderne à Paris ont organisé, le 7 mai dernier (17 Ordibehesht), une soirée en présence de Catherine Millet, directrice de la rédaction de cette revue, d’artistes, d’acteurs du monde de l’art, et d’intellectuels iraniens qui ont collaboré à la rédaction de ce numéro consacré exclusivement à l’art contemporain iranien.
ertes des artistes iraniens ont été vus, ont résidé, ont étudié ou se sont installés en France (et ailleurs) depuis des décennies. Je ne citerai par exemple que Hossein Zenderoudi dont les peintures issues de la calligraphie eurent une certaine notoriété dans les années 70 à Paris ; mais il s’agit avec cet artiste et ses contemporains d’une autre génération que celle dont il est question aujourd’hui.
Voyageur, écrivain, poète, essayiste, iconographe, professeur, guide touristique en Chine, Nicolas Bouvier naît le 6 mars 1929 à Grand-Lancy, près de Genève. Petit dernier d’une famille de trois enfants, il grandit dans « un milieu huguenot, à la fois rigoriste et éclairé, très ouvert intellectuellement, mais où tout l’aspect émotif de l’existence était sévèrement géré ». Dans son enfance (1933-1937) il dévore Jules Vernes, James Oliver Curwood, Robert Louis Stevenson, Jack London et Fenimore Cooper.
Seyed Mohammad Marandi
N° 57, août 2010Dans ses nombreux articles, Edward Saïd tente d’indiquer les méthodes dont dispose l’Occident afin de représenter l’Orient comme étant un Autre barbare, despotique ou, en d’autres mots, un alter ego inférieur. "C’est une version clandestine de l’Ouest et du moi" (Macfie 2002,8). Ce qui est encore plus curieux est le fait que de par sa domination, l’Occident se voit même en position de dire la « vérité » aux membres des cultures non occidentales à propos de leurs conditions passées et présentes car,
Cet article vise à établir une comparaison entre deux personnages de la littérature enfantine, l’un iranien et l’autre français, bien connus dans leurs pays respectifs. « Madjid » est le protagoniste d’un ouvrage intitulé Les aventures de Madjid écrit par Houshang Morâdi-Kermâni, écrivain très célèbre en Iran. « Nicolas » est quant à lui le personnage principal d’une série d’ouvrages ayant pour titre Le petit Nicolas et est né de deux pères : René Goscinny, écrivain et Jean Jacques Sempé, illustrateur.
Une marmite où se concoctent toutes sortes de mets
N° 57, août 2010Il m’est particulièrement agréable d’écrire cet article sur la Maison de la Poésie de Paris pour La Revue de Téhéran, cela venant à la suite du numéro spécial consacré à la poésie persane auquel j’ai contribué en tant que poète, faisant écho à quelques poètes iraniens contemporains, Akhâvan Sâles, Fourough Farrokhzâd et Ahmad Shâmlou. Mais il y a aussi, je crois, cette particularité enchanteresse propre à la culture persane où la poésie, peut-être davantage qu’ailleurs au monde et depuis toujours,
Nahal Tajadod, née à Téhéran, vit en France depuis 1977. Cette double culture, enrichie d’une troisième, acquise au cours de ses études couronnées par un doctorat de chinois ancien, fait de son œuvre littéraire, écrite en Français, un pont d’une grande force jeté entre Orient et Occident. Une rencontre à son domicile parisien m’a permis de comprendre que sa plume se nourrit du grand attachement qu’elle éprouve pour son pays d’origine, l’Iran.
Imperceptiblement je tourne les interstices
Sur le vide qui dicte les masques de la présence.
J’interroge la présence sur la volupté du silence
Les astres ne me disent rien sur l’eau étale de la transparence.
Amir Hassan Tchehel Tan
Traduit par
Fâti avait penché son buste au dehors et regardait quelque chose. Elle tenait un sac de pain à la main.
- L’eau est en train de bouillir, dit Rezâ.
Elle se retira et dit :
- La pauvre !
Et elle mit le sac de pain sur la table. Fâti fit du thé et demanda :
- Et pour toi ? ça sera du café ?