Delphine Durand

4 articles

  • Nul ne connaît la mer

    Delphine Durand N° 141, août 2017

    « Quand tu soustrais le alef du lam,
    tu obtiens quatre-vingt-dix-neuf, mon chiffre exact »
    Nezâmi
    Tu es grâce
    Tu es jouissance
    Tu es l’Essence
    Je suis Majnûn
    Je suis Ibn’Zeidoûn
    Je suis Wallâda
    La terre grandit sur le corps
    La terre meurt sous le vent
    Chant de pêcheurs nocturnes
    Chant de poisson aveugle
    Feu de fraîcheur des seins
    Dans l’herbe
    Le grain d’amour nous abrite
    La goutte de soleil
    Au fond de la mer déchaînée
    Mon désir ressemble à une plainte
    Qui remplit le matin
    J’ai passé (...)


  • Apulée au miroir de la Mystique ensorcelée iranienne

    Delphine Durand N° 140, juillet 2017

    « Grand ouvert mon cœur est prêt / à suivre la première ombre qui passe »
    Holappa
    « Sois immatériel en présence de l’immatériel »
    Saint Nil, De Oratione
    Dans la tradition chinoise, l’arbre taoïste du Kien-Mou, le « Bois dressé », en lequel se marient l’ombre et la lumière, est le point d’équilibre parfait : « On dit qu’à midi rien de ce qui, auprès de lui, se tient parfaitement droit, ne peut donner d’ombre ». Sans ombre. On pense aux vers célèbres de Pindare : « Qu’est chacun de nous, que n’est-il pas ? (...)


  • Nezâmi, Rûzbehân, Dante, Gustave Moreau :
    chantres de l’éros sublime

    Delphine Durand N° 114, mai 2015

    Qui est capable de déchiffrer les hiéroglyphes de ce monde hormis les hommes de désir ?
    (Rûzbehân, Le Jasmin des fidèles d’amour)
    Je Te veux, je ne Te veux pas en raison de la récompense
    Mais je Te veux en raison de la punition
    Car j’ai tout obtenu de ce que je désire
    Sauf les délices de ma passion dans la souffrance
    (Hâllaj) ***
    Si, par-delà leur mort, on disait aux amants : « Morts, avez-vous trouvé repos à vos tourments ? » Ils répondraient, à se vouloir sincères : « C’est vrai, notre corps (...)


  • La mystique de l’absence :
    de l’infini des mythes chez Sâdeq Hedâyat

    Delphine Durand N° 110, janvier 2015

    "Je sens voler en moi les oiseaux de génie /Mais j’ai si mal tendu mon piège qu’ils ont pris/Dans l’azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris/Et que mon cœur brisé râle son agonie." (Emile Nelligan)
    Seul l’insuffisant est fécond (Goethe)
    Sâdeq Hedâyat est l’un des auteurs les plus déconcertants, les plus étonnants pour qui ne veut voir en lui que le conteur d’une société éphémère et d’un pessimisme "qui lui était, de toute évidence, personnel." Ce serait méconnaître l’essence de son art que de ne pas (...)