N° 53, avril 2010


  • Vie et œuvres de ’Attâr Neyshâbouri : un subtil mariage entre mysticisme et littérature

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 53, avril 2010

    Parmi les grandes figures de la littérature persane, celle de Fereydoun Abou Hâmed Mohammad ’Attâr Neyshâbouri est l’une des plus mystérieuses. Les rares données concernant sa vie et son parcours spirituel et littéraire le laissent encore plus inconnu que Sanâï (poète persan qui vécut un siècle avant lui). Ses parents, sa famille, ses contemporains, ses maîtres et ses voyages font tous partie du côté secret de sa biographie. A ce sujet, tout ce qui a été dit sur lui est entaché de légendes et de probabilités.


  • Asrâr nâmeh

    Djamileh Zia N° 53, avril 2010

    Asrâr nâmeh, que l’on pourrait traduire par « Livre des secrets », est l’un des quatre mathnavis mystiques composés par ’Attâr, les trois autres étant Mantiq at-Tayr, Elâhi nâmeh et Mossibat nâmeh. L’œuvre complète de ’Attâr corrigée et commentée par Mohammad-Rezâ Shafi’i Kadkani - qui a consacré plus de trente ans de sa vie à ce grand poète mystique iranien – est progressivement publiée depuis six ans aux éditions Sokhan, chaque volume étant consacré à un livre de ’Attâr.


  • Mantiq at-Tayr (Le Langage des Oiseaux) d’Attâr Neyshâbouri : de la poésie mystique par excellence

    Arefeh Hedjazi N° 53, avril 2010

    Le Mantiq at-Tayr (Le Langage des Oiseaux), masnavi symbolique et mystique de 4458 vers, est sans doute le plus beau et le plus poétique des ouvrages gnostiques de Sheikh ’Attâr Neyshâbouri, poète mystique iranien des XIIe et XIIIe siècles. Ce livre a également été nommé Maghâmât-e Toyour (Rangs des oiseaux), en référence à sa dimension pédagogique d’enseignement des étapes et des rangs du cheminement soufi. Il met en scène des oiseaux, symbolisant l’homme, qui se mettent à la recherche de leur Roi, le mythique Simorgh.


  • Histoire du Sheikh San’ân et conscience mystique chez ’Attâr

    Amélie Neuve-Eglise N° 53, avril 2010

    L’histoire de Sheikh San’ân et de la jeune fille tarsâ fait partie des récits-paraboles figurant dans Mantiq at-Tayr (Le langage des oiseaux), récit initiatique et mystique de Farid ad-Din ’Attâr (v. 1142-1220) racontant le parcours d’oiseaux se mettant en quête de leur roi, le Simorgh, guidés par la Huppe (hodhod). Malgré leur désir de connaître leur roi, les oiseaux hésitent à prendre leur envol, inquiets de la difficulté du voyage et peu enclins à abandonner la tranquillité de leur existence terrestre.


  • Le Mémorial des Saints (Tadhkirat al-Owliâ’)
    Le Soufisme : de l’Ivresse à la Sobriété

    Hoda Sadough N° 53, avril 2010

    Pendant des siècles, Le Mémorial des Saints (تذکرة الاولیاء) de Farid ad-Din ’Attâr (1142-1230) a joui d’une réputation sans précédent parmi les Perses. Cette légende dorée musulmane du XIIIe siècle retrace les paroles et les prodiges de célèbres soufis. Le contenu de cet ouvrage ne se limite guère à la littérature mystique perse mais inclut également certains aspects de la littérature mystique turque. Cet œuvre offre un aperçu exhaustif du développement intellectuel et spirituel de la mystique musulmane mais ne peut pour autant être considéré comme une source historique fiable des faits concernant le développement du soufisme dans le monde islamique oriental.


  • ’Attâr, vu de l’Occident

    Elodie Bernard N° 53, avril 2010

    Différentes traductions des œuvres de Farid ad-Din ’Attâr ont fait date en Occident, propageant notamment parmi les adeptes du romantisme, les idées du poète. Le Pand-Namêh (ou Recueil de Conseils) est traduit en Occident dès le début du XIXe siècle par Sylvestre de Sacy. Sous le Second Empire, plus exactement en 1863, paraît en France la première traduction de Mantiq at-Tayr (La Conférence des Oiseaux), par l’orientaliste Garcin de Tassy et, à la fin du siècle, celle du Tadhkirat al-Owliâ (ou Le Mémorial des Saints), rédigée en deux volumes par Pavet de Courteille.


  • De l’Orient du cœur à l’Occident de la raison

    Rouhollah Hosseini N° 53, avril 2010

    Le monde du dernier ouvrage (le seul en prose) de Farid ad-Din ’Attâr, Le Mémorial des Saints, écrit en 617 de l’Hégire lunaire, est celui des merveilles et des impossibles, le monde imaginaire des hommes d’élite, ces « Amis de Dieu » qui ne cessent de faire des miracles, de faire parler les morts, les arbres, les murs et les cimetières, tous afin d’extirper des cœurs humains l’amour du monde terrestre. Ce dernier ne mérite pas d’être l’habitation de l’homme ; il est « la boutique de Satan », à laquelle il ne faut rien voler, sinon « il te suivra et le reprendra ».


  • La Conférence des oiseaux (Mantiq at-Tayr)

    Entretien avec Jean-Claude Carrière

    Elodie Bernard, Mireille Ferreira N° 53, avril 2010

    Scénariste, dramaturge et écrivain français, Jean-Claude Carrière a tiré de La Conférence des Oiseaux, conte soufi de Farid ad-Din ’Attâr, une œuvre théâtrale dont la mise en scène de Peter Brook, homme de théâtre britannique installé en France depuis de nombreuses années, connut un très grand succès lors du festival d’Avignon de 1979. Cette œuvre reste, dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance de la voir, un grand moment de théâtre.


  • Sheikh ’Attâr et Victor Hugo : confrontation du symbolisme mystique chez Fozeil Ayâz et Jean Valjean

    Majid Yousefi Behzâdi N° 53, avril 2010

    L’un des traits caractéristiques de la littérature mystique iranienne est qu’elle s’inscrit dans une lutte morale à travers laquelle le portrait de l’homme social paraît à la fois plus réel et plus modeste. Celui-ci incarne généralement différentes voies de conduite, devenant ainsi le pivot de toute démarche existentielle. La littérature mystique iranienne et des auteurs comme ’Attâr, Hâfez, Ferdowsi et Saadi ont inspiré une certaine dimension morale dans les œuvres d’auteurs français.


  • La masse d’arme à tête de taureau : une combinaison de puissance et de prestige

    Dr. Manouchehr Moshtagh Khorasani
    Traduit par

    Arun Singh N° 53, avril 2010

    La masse d’arme à tête de taureau compte parmi les armes les plus prestigieuses dans les traditions littéraires et religieuses de l’Iran. La vache / le taureau est un élément très important dans la mythologie persane et ce motif est représenté sur de nombreux objets d’art et outils. Étant donnée l’importance symbolique des bovins, il n’est pas étonnant que le symbole du taureau apparaisse également dans l’arsenal persan, dont la masse d’arme à tête de taureau constitue l’un des exemples les plus significatifs.


  • Les tata somba : châteaux fortifiés du nord-ouest du Bénin

    Odile Puren N° 53, avril 2010

    Des châteaux se dessinent au milieu du plateau du nord-ouest du Bénin : vous êtes dans l’Atacora. Ce département porte le même nom que la chaîne de montagnes qui le traverse. Celle-ci s’étend jusqu’au nord du Togo.

    Les tata que l’on ne rencontre nulle part ailleurs que le long de la chaîne de l’Atacora sont construits par des peuples nommés : Batammariba (ce qui signifie « les bons maçons » dans leur langue : le ditammari). Ils sont originaires de la Haute Volta, l’actuel Burkina Faso.


  • Turner et ses peintres
    un paysagiste abstrait, fou de lumière

    Exposition au Grand Palais, Paris. 24 février au 24 mai 2010

    Jean-Pierre Brigaudiot N° 53, avril 2010

    Fin 2008 il y avait eu, au même Grand Palais à Paris, l’exposition Picasso et les maîtres. Le propos des commissaires visait à montrer les emprunts, le plus souvent explicites, faits par Picasso au corpus des œuvres picturales majeures de l’histoire de l’art, et à montrer comment le peintre s’appropriait et actualisait ces œuvres en les interprétant et en les intégrant à sa manière de peindre, cubiste ou expressive, pour leur donner un surcroît de vitalité.


  • Le monde imaginaire de Marguerite Duras

    Seyyed Behdâd Ostowân N° 53, avril 2010

    Les œuvres de Duras sont pleines de signes visuels. L’ensemble de son œuvre comporte une richesse d’images ; images plutôt symboliques comme celles de la mer ou même images maternelles. Car elle parle du monde imaginaire dans son œuvre. Ses ouvrages, malgré leurs apparences autobiographiques, sont un mélange de souvenirs et de fictions. Un barrage contre le Pacifique et L’Amant sont deux ouvrages autobiographiques, mais le personnage de son frère dans Un barrage contre le Pacifique est différent de celui du frère aîné dans L’Amant.


  • L’éducation des masses dans Le Retour au pays natal* de Thomas Hardy

    Shekufeh Owlia N° 53, avril 2010

    Dans les pages initiales du roman, un compte rendu détaillé de la lande nous est donné. Elle est décrite comme étant « inchangée depuis les temps préhistoriques comme les étoiles du firmament. » On peut noter également que « l’antiquité de ce lieu inviolé » contraste fortement avec « l’esprit harcelé par les changements engendrés par le monde contemporain. » Selon Wainwright, c’est ce qui explique pourquoi « ce monde primitif plaît » autant à l’homme contemporain.

    Ceci explique aussi pourquoi Clym, l’intellectuel, chérit autant cette lande.


  • Entretien avec Rémi Brague

    Massoud Djalâli-Farahâni N° 53, avril 2010

    Le professeur Rémi Brague, spécialiste de la philosophie médiévale et enseignant à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne ainsi qu’à la Ludwig-Maximilian Universitنt de Munich, a publié plusieurs ouvrages et essais sur la religion chrétienne ainsi que des essais comparatifs entre judaïsme, christianisme et islam. M. Brague a également publié plusieurs travaux sur la philosophie grecque notamment Aristote et la question du monde (1988) et Introduction au monde grec (2005), ainsi qu’un ouvrage sur les diverses représentations de la notion de monde intitulé La sagesse du monde (1999).


  • Norouz, ou la renaissance

    Mahnâz Rezaï N° 53, avril 2010

    C’est bientôt Norouz. Norouz est une histoire simple faite de trois mots : les hommes, la sensibilité et la nature. Bien que vieille de plus de 3000 ans, cette tradition iranienne n’a pas pris une ride, et a même pris une nouvelle importance à une époque où l’on tend de plus en plus à vivre loin de la nature. Norouz peut ainsi été considéré comme une invitation à établir de nouveau un lien avec la nature renaissante : outre le traditionnel nettoyage de la maison,


  • Amour irradiant

    Poème d’Ahmad Shâmlou, traduit par

    Sylvie M. Miller N° 53, avril 2010

    Le sourire est un secret
    L’amour est un secret
    La larme versée cette nuit-là
    C’est mon amour qui souriait
    Pour toi, je ne suis pas
    Une fable à conter
    Ni un air à chanter
    Ni une voix à entendre
    Ou bien une chose à voir
    Ni même à imaginer
    Je suis le mal commun
    Hurle-moi
    L’arbre parle à la forêt
    L’herbe à la plaine
    L’étoile à la voie lactée
    Et moi, c’est à toi que je parle
    Dis-moi ton nom
    Donne-moi ta main
    Parle-moi
    Donne-moi ton cœur
    J’ai enlacé tes racines
    De tes lèvres, j’ai parlé
    A toutes (...)


  • Le soir de Norouz

    Leylâ Ghafouri Gharavi N° 53, avril 2010

    Tannâz tourne la clé dans la serrure. Elle entre en poussant la porte de la pointe du pied. Elle fait attention à ce que les paquets qu’elle porte dans ses bras ne tombent pas. Elle les met prudemment par terre, puis tout en laissant la porte grande ouverte, elle se précipite encore une fois vers les marches de l’escalier et les descend à toute vitesse. En bas, elle prend le bocal du poisson rouge dans une main et le paquet des fruits dans l’autre et monte les escaliers à la hâte.