N° 12, novembre 2006


  • Dans les tranchées du ciel
    Chronique de la guerre Iran-Irak

    Arefeh Hedjazi N° 12, novembre 2006

    Le 22 septembre 1980, quelques mois à peine après la proclamation de la République Islamique en Iran, les Téhéranais présents à l’aéroport international de Mehrabad voient soudain leur journée se transformer en cauchemar. A une heure et demie de l’après-midi, surgis de nulle part, des avions de chasse irakiens bombardent l’aéroport et tous les centres stratégiques du pays sous les yeux terrifiés de la population désorientée.
    Les racines d’un conflit
    A cette époque, il y avait déjà plusieurs mois que (...)


  • Les années d’après-guerre : de la nécessaire reconstruction aux enjeux de la mémoire

    Amélie Neuve-Eglise N° 12, novembre 2006

    De par sa longueur - huit ans, l’une des plus longues guerres contemporaines - et de par la dimension sacrée qu’elle a revêtue pour une partie de la société iranienne, la guerre Iran-Irak a laissé une empreinte profonde au sein de la population et du système politique de ce pays. Nous allons ainsi tenter de retracer les principales conséquences de ces années de conflit dont certaines, près de 16 ans après la fin des hostilités, demeurent l’objet de débats sociaux-politiques très vifs et d’une grande (...)


  • Lettre à la guerre

    Esfandiar Esfandi N° 12, novembre 2006

    Minuit, heure du loup. J’ai ouvert la fenêtre de ma chambre pour laisser entrer un peu de fraîcheur. Dehors il fait froid. Le sol est couvert d’une épaisse couche de neige. Quelques étoiles se disputent aimablement l’immensité du ciel. Hormis une petite lucarne éclairée dans le bâtiment d’en face, aucun scintillement inopportun d’ampoule électrique ne vient perturber le statisme ambiant. Aucune âme qui vive dans notre ruelle, ni dans les alentours. Pas la moindre trace de pas sur le manteau neigeux. (...)


  • Les trois grandes périodes de l’architecture iranienne moderne

    Kâmrân Rezâïânpour N° 12, novembre 2006

    Né à la fin du XIXe siècle à Téhéran, Mirza Mehdi Khan Chaghaghi fut l’un des premiers architectes iraniens à recevoir une formation supérieure occidentale en architecture. Ayant commencé ses études à l’Ecole "Sarkhaneh", puis à "Dar-ol-Fonoun", il quitta par la suite sa terre natale pour aller à Paris où il effectua ses études d’architecture. Parmi ses travaux les plus célèbres, on peut citer "Ghassre Firouze" (Palais de turquoises), la Mosquée "Sepahsalar", ou encore le bâtiment de "Bahârestan" (Anciens (...)


  • La photographie à l’époque du mouvement constitutionnel

    son rôle politique et social

    Maryam Devolder N° 12, novembre 2006

    La photographie naquit peu après la Révolution industrielle en Europe et fut à l’origine d’expériences multiples. Cette invention constitue d’ailleurs en elle-même une véritable révolution qui bouleversa les rapports politiques et sociaux en offrant la possibilité de reproduire une image à l’infini. A l’époque, le travail mécanisé effectué depuis des années par l’imprimerie ne parvenait plus à répondre aux nouveaux besoins de la société industrielle. Le réalisme qui caractérisait l’art occidental fut une des (...)


  • L’Exposition Internationale du Coran : l’art du verbe

    Arefeh Hedjazi N° 12, novembre 2006

    La 14ème Exposition Internationale du Coran s’est tenue du 27 septembre au 19 octobre 2006 dans le grand Mosalla de Téhéran.
    Chaque année, à Téhéran, le mois de ramadan donne l’occasion à ses milliers de personnes de tous âges et de toutes professions se sont rassemblées au grand Mosalla pour découvrir ou redécouvrir le Coran au travers des multiples genres qui l’illustrent, de la calligraphie au design industriel ; de la psalmodie musicale du Texte Divin à l’ébénisterie.
    Situé sur un vaste terrain, (...)


  • En souvenir de Hâfez, l’un des plus grands poètes iraniens

    Amir Borjkhânzâdeh N° 12, novembre 2006

    Le 20 mehr, (12 octobre) est le jour commémoratif de Hâfez.
    Khadjeh Shams-e-Din Mohammad Hâfez-e-Shirâzi naquit en l’an 727 de l’hégire lunaire (1320), à Chirâz. Son père Baha-o-Din était un marchand et sa mère originaire de Kazeroun, une ville voisine.
    Plus connu sous le pseudonyme de Hâfez (celui qui connaît par cœur le Coran), il a pour nom de plume celui de " Lessân-ol-Gheyb " (Langue de l’Invisible).
    Hâfez est avec Saadi, Ferdowsi, Nezâmi et Molâwi, l’un des monstres sacrés de la très riche (...)


  • Le Musée du Cinéma
    Un palais d’autrefois

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 12, novembre 2006

    Le petit dialogue ci-dessus appartient à "La fille Lore ", premier film parlant de l’histoire du cinéma iranien. Réalisé par Ardechir Irani en 1933, ce film est considéré par les cinéastes, comme la première grande mutation du cinéma iranien. Une copie de ce chef-d’œuvre reste heureusement à disposition dans un musée dédié aux artistes ainsi qu’aux cinéphiles. Parmi les musées de la capitale, " Le Musée du Cinéma " occupe une place à part, en particulier grâce à l’architecture même du bâtiment. (...)


  • L’entrée de l’Iran à l’OMC
    Enjeux présents et défis futurs

    Amélie Neuve-Eglise N° 12, novembre 2006

    Institution à vocation universelle, l’Organisation Mondiale du Commerce vise à définir des règles permettant d’organiser la libéralisation des échanges commerciaux entre les différents pays du monde. Sujette à divers embargos et handicapée par le poids important du secteur public, l’économie iranienne semble avoir beaucoup à gagner - mais aussi à prouver - lors du processus qui permettra son adhésion future à l’OMC. (...)


  • Table ronde sur le Liban

    N° 12, novembre 2006

    Lors d’une table ronde tenue le mercredi 27 septembre à la demande de l’Institut de Recherches Euro-américaines de l’Université de Téhéran, Adnan Mansour, ambassadeur du Liban en Iran, a tenu un discours ayant pour thème l’attaque d’Israël contre le Liban dont nous publions quelques extraits.
    Durant cette table ronde, l’ambassadeur du Liban a évoqué les attaques perpétrées le 12 juillet dernier par l’armée israélienne contre le Liban et qui se sont soldées par la destruction totale de près de 15 000 (...)


  • La grenade, ce fruit du paradis

    Maaike Bleeker, Shâhin Ashkân N° 12, novembre 2006

    J’ai ouvert une grenade et suis en train de détacher ses amas de graines juteuses
    Ce serait une bonne chose, me dis-je
    Si les graines étaient visibles aussi dans le cœur des gens.
    Ces beaux vers de Sohrâb Sepehri traduits par Alain Lance illustrent les photos du dernier ouvrage de Jacqueline Mirsâdeghi intitulé " Nârestân ", et qui célèbre la grenade dans tous ses états. En admirant les premières grenades sur les étals des marchés, nous n’avons pu nous empêcher de penser à cette photographe suisse (...)


  • Leyla et Majnûn l’amour fou à l’orientale

    Amélie Neuve-Eglise N° 12, novembre 2006

    L’histoire de Leyla et Majnûn, (en persan, Leili-o Majnûn) compte parmi les plus célèbres du Proche et du Moyen Orient, de l’Asie centrale au Maroc et en passant par le Pakistan. Elle proviendrait de la Perse de Babylone et aurait été transmise oralement par les Bédouins au cours de leurs déplacements et de leurs différentes conquêtes, jusqu’à sa versification en langue persane par Nezâmi au XIIe siècle. Cette première version devint l’un des monuments de la littérature persane : l’histoire qu’elle raconte (...)


  • Co-présence des arts dans la poésie symboliste

    Maryam Jalâli Farâhâni N° 12, novembre 2006

    "La musique est un art d’allégorie ; elle décrit un paysage par des sons, elle ne l’évoque jamais directement ; elle ne nomme rien, elle transpose toujours. Elle est le symbole parfait, Hegel dirait qu’elle serait le langage métaphysique par excellence, si nous pouvions arriver à penser en sons aussi aisément qu’en mots."
    Camille Mauclair, L’Art en silence 1901
    Dans la poésie symboliste, on peut bien saisir le rapprochement de deux pratiques artistiques qui se sont mêlées d’une manière hautement (...)


  • Hazin Lâhidji, le poète soufi de l’école d’Ispahan

    Arefeh Hedjazi N° 12, novembre 2006

    Cheikh Mohammad Ali ibn Aboutâleb Zâhedi Gilâni Esfahâni, surnommé Cheikh Ali Hazin, est né en l’an 1692.
    Ses origines remontent à Cheikh Safi, grand père du premier roi de la dynastie safavide. Il vivait à Ispahan quand en 1734 eu lieu l’attaque afghane qui se solda par l’effondrement de cette dynastie.
    Quelques années plus tard, avec la prise du pouvoir par Nâder Châh Afshâr et lassé de la brutalité de ce roi-soldat, il quitte la Perse pour prendre le chemin des Indes où il choisit finalement la ville de (...)


  • La transhumance des nomades iraniens, une richesse culturelle mondiale

    Maryam Devolder N° 12, novembre 2006

    La transhumance peut être définie comme étant une migration saisonnière de population ou de bétail des plaines vers la montagne. Affectant l’ensemble des régions du monde, ce phénomène fut et demeure l’occasion de fêtes diverses célébrées par les communautés nomades et paysannes.
    L’Iran est un pays qui se caractérise par la présence de nombreuses tribus nomades vivant, pour la majorité, dans les montagnes (la population nomade compte à elle seule plusieurs millions d’individus), et ayant un rôle économique (...)


  • Les fêtes anciennes de l’automne

    Nassine Khalili
    Traduit par

    Babak Ershadi N° 12, novembre 2006

    Dans les traditions de l’Iran antique, chaque saison de l’année était ponctuée par une série de fêtes chargées en éléments mythiques et étroitement liées aux saisons, à la nature, ainsi qu’aux croyances religieuses. Nous évoquons ainsi les origines de ces activités festives et les trois grandes fêtes de l’automne : Mehrgan, Abangan et Azargan. (...)


  • À l’ombre des platanes de Téhéran

    Elodie Bernard N° 12, novembre 2006

    Téhéran est un passage presque obligé pour découvrir l’Iran. A son égard, j’ai le plus souvent entendu des critiques : une ville mal aménagée, toujours encombrée et polluée. L’hiver y est rude et l’été, impitoyable, transforme la ville en une mer de poussière. L’air sec émane alors dans les ruelles étroites et les rues neuves dépourvues d’ombre, sans qu’un souffle d’air extérieur ne puisse laisser s’infiltrer un peu la fraîcheur de la nuit. Tracées au couteau, les larges avenues ne semblent pas garder un cachet (...)


  • Tabriz vu par Owlia Chelebi

    Mohammad-Javad Mashkour N° 12, novembre 2006

    Cet article a été écrit par le regretté Mohammad Javad MASHKOUR, ancien professeur à l’Université de Téhéran ; il est publié pour la première fois dans ce numéro en sa mémoire.
    Ewliya Chelebi, ou comme il s’est surnommé à plusieurs reprises, Ewliya ibn Derviche Mehmed Zilli, grand voyageur turc, est né le 10 moharam 1020 (mars 1611) à Istanbul, dans le quartier d’Unkapan. Il décéda sans doute dans le dernier tiers de l’année 1095/1684. Même son vrai nom demeure inconnu ; Ewliya est ainsi le pseudonyme qu’il (...)


  • Ali

    Seyed Djafar Hakim N° 12, novembre 2006

    Je voudrais vous parler d’un changement qui s’est opéré, depuis quelques d’années, dans notre société. Il a été et est encore discuté dans presque toutes les familles, dans la mesure où chacune est touchée par ce problème. Certes, l’apport de la technologie dépasse l’imagination. La machine a ainsi beaucoup changé la vie de l’homme et celui-ci, pris au piège de celle-là, n’a plus pris le temps de "vivre" réellement. Mais l’homme, pour peu qu’il soit pris dans le tourbillon de la vie et du progrès, pourra-t-il (...)


  • Shafiee Kadkani
    le chant d’être

    Rouhollah Hosseini N° 12, novembre 2006

    Je préfère être un arbre

    Sous les coups de fouet d’ouragan et d’éclair

    Palpitant d’éclore et de dire

    Plutôt que d’être

    Une calme roche

    Confiée aux tendres caresses de la pluie

    Ou d’être oreille corps et âme

    Emporté par le silence.

    Ces nuits-ci

    Dans lesquelles

    La fleur a peur de la feuille

    La feuille a peur du vent

    Et le vent du nuage ; Le temps n’est apparemment plus favorable à l’apparition des grands poètes persans, et il faut souvent regarder en arrière, en direction d’un passé (...)


  • Sur un tapis iranien
    Une œuvre d’art iranien

    N° 12, novembre 2006

    15 Janvier 1937
    25 Dey 1315
    Objets inanimés,
    Avez-vous donc une âme ?"
    C’est le soir, je vous attends... Le soleil est descendu à l’horizon et toute la plaine est couverte des dernières lueurs du couchant. Dans la cheminée, les bûches de bois crépitent et se tordent sous la caresse de la flamme. A travers les croisées frangées de tulle, quelques rayons d’or viennent mourir au pied d’un grand vase de marbre vert et sous mes pas, avec le jeu de l’ombre et des clartés, le tapis semble vivre (...)


  • Activité touristique

    Au Journal de Téhéran

    N° 12, novembre 2006

    13 Janvier 1937
    23 Dey 1315
    Nous extrayons aujourd’hui de la remarquable étude MM. Andrieu et Muracciole déjà citée hier, le très intéressant passage suivant ayant trait au site où naquit Téhéran : " Dans cette vaste Plaine de la Médie, longeant l’Elbourz les grandes caravanes. C’était là le passage de la célèbre route de la soie, une des plus vieilles et des plus importantes du monde. Les Babyloniens la connurent, les armées innombrables des grands Achéménides la suivirent, elle fut le chemin (...)


  • La grande salle du miroir, reflet de la culture et de l’art iraniens

    Charareh Châkeri N° 12, novembre 2006

    Il y a, au nord de Bojnourd, une magnifique haute bâtisse dont l’architecture attire l’attention de tout visiteur. Fascinée par sa beauté, je me suis rendue sur ce lieu de rêve.
    Désireuse d’en savoir plus, je me posais à chaque pas une nouvelle question : de quelle époque date cet édifice ? Par qui fut-il fondé ? Comment l’appelle-t-on ?
    Je me retrouvais peu après en ce lieu tant rêvé, devant sa monumentale entrée. Ebahie par sa taille, je pus distinguer le nom de son fondateur gravé en haut du porche (...)


  • Shirâz... la ville des poètes

    Fatemeh Mehrânfar N° 12, novembre 2006

    L’Iran est un pays d’art et de littérature ayant abrité de nombreux poètes. L’Iran est aussi le pays des mystères : sa visite est une expérience unique car elle nous plonge dans le berceau d’une civilisation qui eut ses hauts et ses bas, mais qui enrichit les pages d’une histoire trois fois millénaire de l’âge du Feu à l’Epoque contemporaine. L’histoire de l’Iran remonte au IVème millénaire avant Jésus-Christ. Pendant des siècles, ce pays fut le lieu de passage de différentes cultures, ainsi qu’en témoigne la (...)