N° 12, novembre 2006

Les trois grandes périodes de l’architecture iranienne moderne


Kâmrân Rezâïânpour


Né à la fin du XIXe siècle à Téhéran, Mirza Mehdi Khan Chaghaghi fut l’un des premiers architectes iraniens à recevoir une formation supérieure occidentale en architecture. Ayant commencé ses études à l’Ecole "Sarkhaneh", puis à "Dar-ol-Fonoun", il quitta par la suite sa terre natale pour aller à Paris où il effectua ses études d’architecture. Parmi ses travaux les plus célèbres, on peut citer "Ghassre Firouze" (Palais de turquoises), la Mosquée "Sepahsalar", ou encore le bâtiment de "Bahârestan" (Anciens locaux de l’assemblée générale). En 1888, l’Ecole supérieure d’architecture (qui deviendra par la suite la Faculté des Beaux Arts),faisant auparavant partie de l’Ecole supérieure des beaux arts et d’archéologie, prit son indépendance sous la direction d’Abolhassan Sedighi et compta parmi ses professeurs messieurs Foroughi, Roland Du Brel, Taherzadeh Behzad, ou encore les docteurs Bahrami et Rahimi. Cette école a ainsi contribué à former toute une nouvelle génération d’architectes iraniens.

L’édification de nouvelles institutions inspirées de l’Occident

Momtahé-ol-Molk Chaghaghi

La modernisation de la société iranienne a impliqué la nécessité d’édifier de nouveaux bâtiments tels que des hôpitaux, des banques ou encore une assemblée. Ceci entraîna la création de chantiers nouveaux pour l’époque. On commença d’abord par des travaux de restauration, car à l’époque, on modernisait de grands édifices privés en y effectuant les aménagements nécessaires afin qu’ils deviennent des lieux publics. La banque Shâhi, par exemple, a commencé ses travaux au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle dans une grande maison qu’elle a ensuite choisi comme nouveau local. En outre, l’assemblée générale s’installa à la fin du XIXe siècle au sein de la résidence secondaire d’un haut personnage de l’armée.

Voici quelques uns des bâtiments construits à la fin du XIXe et au début du XXe siècle selon un style et un design particuliers :

-L’Ecole "Dar-ol-Fonoun".
-"Chamssolemareh", dont les travaux furent dirigés par Moayerolmalek en adoptant un style résolument moderne.
-"Tekyé Dolat", construit sous la direction de Moayerolmalek, et dont le style est inspiré des amphithéâtres européens.
-Le portail du Jardin National.
-L’Hôpital "Hezar takhtékhabi" (1000 lits).
-Le Grand Cinéma
-L’Hôtel "Darband"

Le Nouvel ordre : Entre modernisation et historicisation

Mirza Mehdi Khan CHAGHAGHI

Durant cette période, on peut distinguer plusieurs tendances dont les plus frappantes sont les nouvelles constructions, essentiellement modernes, inspirées des modèles européens et parfois ornées de motifs iraniens datant des époques Achéménide, Safavide ou Sassanide. Si l’on exclut ces motifs, ces bâtiments, sont stylistiquement parlant, européens. Les architectes européens ont ainsi dirigé les travaux de la grande majorité d’entre eux.

Parmi les constructions réalisées en ce début de XXe siècle, on peut ainsi citer le Stade "Amjadieh", le bureau central de Poste, le musée "Iran Bastan", la bibliothèque nationale, la Banque Nationale, etc.…

Le musée de l’Iran préislamique

De l’occidentalisation à l’internationalisation

Au cours des années 1920, il semblerait que la frontière entre l’architecture ancienne et moderne se soit brisée. C’est en partie à partir de cette époque que les travaux d’architecture furent petit à petit confiés aux iraniens. Et c’est également durant cette période que la fièvre du modernisme atteint nos architectes iraniens, qui, en suivant le modèle occidental, s’éloignèrent quelque peu de leurs racines.

La gare de Téhéran

Une des figures les plus représentatives de ce mouvement est Foroughi qui construisit les locaux du Ministère des Finances en s’inspirant de modèles architecturaux parisiens. Quelques années plus tard, maître Seyhoun fit ériger une façade en béton et sans aucune décoration pour la Banque "Sepah". Toutefois, on reconnaît en Seyhoun un grand maître qui a habilement su insérer des couleurs ainsi que des motifs iraniens dans ses travaux. Cette influence iranienne est parfaitement perceptible dans certains de ses travaux tels que le tombeau du poète Khayâm, ou encore celui de Nader Chah.

L’ancienne banque Châhi

Les décennies ayant suivies la Seconde Guerre Mondiale ont également été le témoin de nouvelles constructions. Ainsi, durant cette période, Foroughi et Ghiaï construisirent les bâtiments du Sénat ainsi que ceux des locaux de la Société Nationale du Pétrole en suivant toujours des schémas architecturaux internationaux.

Le mausolée de Hâfez

Il ne faut cependant pas oublier que durant cette période de pénétration de styles architecturaux étrangers, nombreux furent les architectes qui ont embrassé le courant moderniste dont l’influence en Iran se fait ressentir au sein même des maisons iraniennes. En plein mouvement de mondialisation, nous avons vu se construire en Iran des bâtis fidèles au courant modernisme, dont par exemple la place "Shahyad" (aujourd’hui appelée Azadi), dont l’architecture du monument central est inspirée de la Grande Arche tout en étant orné de motifs islamiques.

Le Château Firouzeh
L’ancien Parlement
La tour Azadi
Chams-ol Emareh
Dar-ol-Fonoun

Visites: 3527

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.



1 Message

  • Les trois grandes périodes de l’architecture iranienne moderne 7 juillet 2015 07:44, par michèle BOUYSSOU

    Bonjour,
    Je souhaiterai savoir si en IRAN, on peut retrouver des traces de bâtiments dessinés par l’architecte français Fernand POUILLON ? c’est un architecte mal connu mais qui a travaillé à la reconstruction de la FRANCE après la 2ème guerre mondiale. Puis, après des déboires avec la justice, il a dû s’exiler et il a beaucoup travaillé en Algérie et aussi en Iran. Il y a un petit musée F. POUILLON à Belcastel dans l’Aveyron, dans le château qu’il a acheté à la fin de ses jours pour le restaurer. Il n’y a aucune trace de ce qu’il a fait en Iran, soit les gares de Tabriz, de Machad, et des villas privées à Téhéran, ainsi que des cités militaires. Merci pour tout renseignement ! Michèle BOUYSSOU TOURS FRANCE

    repondre message