N° 24, novembre 2007


  • La paix et le retour aux origines au Tadjikistan : un bilan mitigé

    Arefeh Hedjazi N° 24, novembre 2007

    En septembre 1991, avec l’éclatement de l’URSS, le Tadjikistan, de République soviétique qu’il était, accéda à l’indépendance ; une indépendance inattendue et source de conflits, même si elle était inévitable. Laissé aux mains de politiciens formés à attendre des ordres du Comité central de Moscou dans quelque domaine que ce soit, ce pays appauvri et affaibli par plusieurs décennies de dictature "prolétarienne" sombra en 1992, malgré les efforts désespérés des plus conscients pour l’éviter, dans une guerre (...)


  • Les Hazâras : plus d’un siècle de guerres et de persécutions

    Amélie Neuve-Eglise N° 24, novembre 2007

    Pays multiculturel et fragmenté géographiquement, l’Afghanistan rassemble de nombreuses ethnies dont les Pachtounes, l’ethnie majoritaire du pays (de 40 à 55% de la population) suivie ensuite des Tadjiks (de 20 à 30%). Troisième communauté ethnique du pays en terme numérique, les Hazâras (dont le nom viendrait du persan hezâr, signifiant "mille") ont connu une histoire mouvementée où se sont alternées persécutions, guerres et migrations forcées.
    Estimée de 3 à 5 millions selon les sources, la plus grande (...)


  • La musique dans les poteries de Neyshâbour

    Ali Asghar Kalântari
    Traduit par

    Babak Ershadi N° 24, novembre 2007

    Après la conquête musulmane de la Perse et avant l’émergence des premières Etats iraniens de la période islamique, les arts figuratifs et leurs différentes expressions réalistes de l’époque des Arsacides et des Sassanides ont connu une période de récession de plusieurs siècles. Pendant cette longue période de silence, des maîtres potiers et des calligraphes de Neychâbour (Khorâssân) ainsi que les artistes d’autres régions iraniennes ont su résister aux bouleversements pour préparer progressivement le terrain (...)


  • La grotte Roud Afshân : obscure, immense et profonde

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 24, novembre 2007

    Ils la cherchaient dans les montagnes voisines. Elle devrait se cacher quelque part. Il semblait qu’elle les avait entraîné dans un jeu de cache-cache. Elle avait l’air de jouer. Le soleil ne cessait guère de brûler leur visage fatigué. Sur la pente des collines réchauffées, les yeux impatients cherchaient une ombre profonde. D’une colline à l’autre, la trace d’une rivière desséchée annonçait des vallées verdoyantes. Le fait de poursuivre leur chemin les rassurait. Elle semblait s’être évaporée, comme le (...)


  • La ville de Rey, le Temple de Bibi Shahrbânou ou le Sanctuaire d’Anâhide

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 24, novembre 2007

    La ruelle ne semble mener nulle part. Elle commence par un quartier aussi ancien que la ville elle-même. La quotidienneté d’une vie simple et naïve mais cultivée et généreuse n’a pas encore été dérangée par le passage des bus de couleurs variées. Le chemin passe par le quartier et mène vers le haut, en direction d’un mont gigantesque. Les passagers descendent l’un après l’autre du bus en respirant l’air frais de la montagne. A peine descendus, ils lèvent la tête quasi inconsciemment pour chercher le dôme (...)


  • L’occupation de l’Iran
    et l’élaboration du premier programme de développement

    Babak Ershadi N° 24, novembre 2007

    Ce fut l’occupation de l’Iran en septembre 1941 par les Alliés qui conduisit les hommes politiques iraniens à élaborer et appliquer, pour la première fois, un programme économique général pour l’ensemble du pays. Avant cette date, rares étaient les politiques économiques conçues sur la base de programmes déterminés à l’avance dans une perspective nationale. En effet, les activités économiques dépendaient, dans une large mesure, d’initiatives personnelles ou spontanées, souvent dépourvues de supports (...)


  • L’art de la coutellerie :

    Cristallisation de l’intelligence humaine dans le métal ouvragé

    Mahnâz Rezaï N° 24, novembre 2007

    Les couteaux, les ciseaux, les petits marteaux à couper le sucre fabriqués à la main, vous en avez quelques-uns dans votre maison. Vous les utilisez peut-être sans avoir réfléchi comment et pourquoi ont-ils été fabriqués. Il est probable que vous ne saviez pas avec quelle peine et quel amour les maîtres les fabriquent dans leurs petits ateliers dotés de four. Si vous visitez ces ateliers, fascinés, vous vous y attarderez des heures à contempler l’épopée qu’est leur travail : les étapes, depuis (...)


  • Djamâlzâdeh, le pionnier de la nouvelle persane

    Historique de la naissance de la nouvelle persane

    Samira Fakhâriyân N° 24, novembre 2007

    Un mercredi soir de l’année 1300 de l’hégire lunaire (1921 de l’ère chrétienne) - Berlin.
    Ils étaient six, tous iraniens et étrangers. Ils se réunissaient tous les mercredis soirs pour étudier les articles proposés par les uns et les autres. Tous les membres de l’équipe de rédaction de Kâveh lurent leurs articles et ce fut au tour de Djamâlzâdeh, le membre le plus jeune, de présenter son travail devant ses confrères.
    Il hésita, son récit ne reproduisait pas les mêmes modèles que d’habitude ; sa langue (...)


  • L’infanticide dans la littérature iranienne et irlandaise

    Arefeh Hedjazi N° 24, novembre 2007

    Le Shâhnâmeh (Livre des Rois) de Ferdowsî, monument de la littérature persane dont chaque chapitre est un monde en soi, une scène de théâtre où la vie entière défile. Parmi les plus beaux passages - et les plus tristes - de ce chef d’œuvre, on peut notamment évoquer la mort de Sohrâb, ce jeune prince et héros légendaire, fier, jeune, beau et sage, qui meurt de la main de son père, le grand Rostam. Dans ce chapitre, l’un des plus tristes et des plus beaux du Shâhnâmeh, Ferdowsî traite d’un thème universel de (...)


  • L’étude de l’engagement selon Jean-Paul Sartre

    Amir Karimi Saeidabâdi N° 24, novembre 2007

    Le temps des engagements (Avec un survol sur la biographie de J. P. Sartre)
    Si, du point de vue littéraire, le XVIIIe siècle fut celui de Voltaire et le XIXe siècle celui de Hugo, on peut dire que Sartre, dans le XXe siècle, est présenté comme un symbole dans la littérature et surtout dans la littérature engagée ; il décide de transcrire l’histoire de son époque. Sartre parle de ce sujet dans sa biographie intitulée Les Mots. L’époque pleine de mouvements, d’incertitudes, de désillusions, de mutations, (...)


  • Les styles poétiques persans

    Ali Hashtroudi & Golâmréza Arjang
    Traduit par

    Mahnâz Rezaï N° 24, novembre 2007

    Littéralement, sabk, mot proposé comme l’équivalent persan du style, signifie "verser de l’argent fondu dans des moules". Il est à noter que le style poétique diffère de la forme poétique. Celle-ci constitue une catégorie dans laquelle un poème peut être classé et ce classement peut être effectué selon différents critères.
    Dans la littérature persane, les oeuvres littéraires sont classées par genres parmi lesquels on trouve l’épopée, la tragédie, la comédie, le roman, la poésie... En classant les poèmes selon (...)


  • Les nouvelles identités des banlieues de Téhéran

    Conférence de Monsieur Bernard Hourcade
    du 26 septembre 2007, Téhéran, IFRI

    Mireille Ferreira N° 24, novembre 2007

    Bernard Hourcade est un géographe spécialiste de l’Iran né en 1946. Docteur en géographie de l’Université de Paris-Sorbonne (1974), il a enseigné la géographie humaine à l’université de Pau, puis dirigé l’Institut Français de Recherche en Iran de 1978 à 1993. Il est directeur de recherche au CNRS depuis 1990 et a dirigé de 1993 à 2004 l’équipe de recherche "Monde iranien", à Paris.
    Spécialiste de géographie et d’anthropologie urbaine, il a consacré l’essentiel de sa vie scientifique à l’Iran, en particulier à (...)


  • Entretien avec Bernard Hourcade, géographe spécialiste de l’Iran (I)

    La géographie, science des frontières, du dialogue et de la cohabitation

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 24, novembre 2007

    A l’occasion de sa dernière conférence sur son nouveau projet de recherche intitulé "Nouvelles identités des banlieues de Téhéran " à l’IFRI, Bernard Hourcade a accordé un entretien à la Revue de Téhéran qui sera publié dans deux numéros successifs.
    Afsaneh POURMAZAHERI : Pouvez-vous nous présenter votre nouveau projet de recherche sur les "Nouvelles Identités des Banlieues de Téhéran" et ses premiers résultats ?
    Bernard HOURCADE : Nous venons juste de commencer nos recherches à ce sujet, il est donc encore (...)


  • Banâï ou l’humour exilé

    Monireh Sadat Borhani N° 24, novembre 2007

    Banâ’ï, de son vrai nom Kamâl-e-Dîn Shîr-’Alî, est un célèbre poète de la fin du IXe siècle de l’hégire (XVe siècle). C’est en raison du métier de son père (Mohammad Sabz Mé’mâr, qui était architecte) qu’il choisit l’un de ses pseudonymes, Banâ’î, signifiant "constructeur".
    Dans son œuvre poétique, il utilise deux pseudonymes. L’un, Banâ’î, paraphe son recueil d’odes, de poèmes lyriques et de refrains qui forment un Divân de six mille vers. L’autre, Hâlî, clôt un autre de ses Divans, de trois mille vers, dans lequel il (...)


  • Les Bâdgirs

    Hoda Sadough N° 24, novembre 2007

    Les Iraniens furent sans doute les premiers créateurs du Bâd-gîr, signifiant capteur de vent en persan. Cet élément traditionnel de l’architecture fut très utilisé pendant des siècles afin de supporter l’étouffante chaleur estivale des régions les plus désertiques du pays. Etant donné son efficacité pour rafraîchir les maisons, les Iraniens l’intégrèrent dans leur habitat, ce qui induit le développement rapide d’un mode d’architecture propre aux provinces méridionales et centrales de l’Iran. Au fur et à mesure (...)


  • Le parc national du lac d’Oroumieh : un panorama d’exception

    Helena Anguizi N° 24, novembre 2007

    Le parc national du lac d’Oroumieh, vaste territoire dont la richesse biologique, la beauté, et la dimension historico-culturelle valent le détour, est situé au Nord-Ouest du pays et plus précisément au centre du plateau de l’Azerbaïdjan.
    Le lac d’Oroumieh est un lac salé qui se trouve donc dans l’Azerbaïdjan iranien. C’est le plus grand lac d’Iran, avec une surface d’environ 5200 km² et le deuxième plus grand lac du monde après la mer morte. Il mesure environ 140 km de long et 55 km de large. Sa (...)


  • Lalla Gaïa à Qom (5)

    Le luth fou (Épisode n° 6)

    Vincent Bensaali N° 24, novembre 2007

    Lalla Gaïa ignore depuis combien de temps elle jouit de l’hospitalité de Sayyed ’Alî Mabda’. Au fil des jours, elle en a appris davantage au sujet de son hôte enseveli, auquel elle ne manque pas de rendre visite, chaque matin et chaque soir. La nuit de vendredi, beaucoup de visiteurs traversent le jardin ; des hommes, des femmes, quelques enfants, des Iraniens, des Indiens, on y croise même parfois un membre du clergé. Au sous-sol, la ferveur est profonde, on alterne la récitation du Coran et la (...)


  • Mâhân, la joyeuse campagne de Kermân

    Helena Anguizi N° 24, novembre 2007

    Le climat varié de Kermân et la beauté de ses paysages attire en été de nombreux visiteurs. L’un des endroits les plus magiques de cette province est la campagne de Mâhân, située à 35 kilomètres au sud-est de la ville de Kermân. Parmi les attraits touristiques de cette région où se retrouvent durant la saison chaude les amoureux de la nature et de l’air pur, on peut citer les nombreuses sources d’eau situées dans les hauteurs de la vallée de Tiregân, qui à elle seule est une merveille pour les randonnées. (...)


  • La cloison froide

    Hossein Mortezâïân Âbkâr
    Traduit par

    Shahrzâd Mâkoui N° 24, novembre 2007

    Surtout, ne t’inquiète pas. Tu vois bien qu’en quinze ans, je n’ai pas eu de problème, moi. Je suis sain et sauf. Leurs mains ne peuvent pas t’atteindre. Ni même leur voix. Elles ne sont jamais arrivées jusqu’à moi. Cette cloison est toujours devant toi. Elle était devant moi aussi pendant tout ce temps. Mets ta main dessus ! Elle est froide, non ? Il faut répéter ce geste tous les jours : il suffit de mettre ta main dessus pour voir si elle est toujours froide ou non. Quand tu seras sûr qu’elle est (...)


  • Le parfum du ruisseau des Mouliânes

    Mohammad Bahman Beigui
    Traduit par

    Khadidjeh Nâderi Beni N° 24, novembre 2007

    J’ai commencé ma vie sous une tente, par un coup de fusil et par le hennissement du cheval. A quatre ans, je me mis en selle. Peu de temps après, on me donna une carabine. Jusqu’à l’âge de dix ans, je n’ai jamais passé une seule nuit en ville ni dans une maison en ville.
    Notre tribu passait du côté de Shirâz deux fois par an. Les colporteurs et les marchands des quatre saisons de la ville étalaient, sur la route, leurs marchandises, le gâteau et le Halvâ. A l’époque, l’argent liquide était rare. Je (...)


  • Le fruit d’une existence

    N° 24, novembre 2007

    Saïd NAFICYde l’Académie Iranienne
    Journal de Téhéran17 Aban 13168 Novembre 1937
    Avez-vous jamais, mesuré la production d’une existence bien remplie ? Certes, il y a du papier et des caractères d’imprimerie. Mais comment en faire usage ?
    II y a des gens qui écrivent pour vivre et il y en a d’autres qui vivent pour écrire. Je présume que la différence doit être sensible.
    De tous temps, il y a eu des personnes qui ont cherché à se rendre utiles. Mais au fond, la plupart de ces buts utilitaires n’ont-ils (...)


  • Le signe

    Zaynab Sadaghiân N° 24, novembre 2007

    Les joueurs des planches du clocher portent une couleur neutre,
    Comme s’ils se fuyaient l’un l’autre !
    Ils jouent le drame de la vie,
    Pour que l’on comprenne la nostalgie.
    Ils se déplacent sans défense,
    Leur cri hurle le silence,
    Silence d’une vie pleine de malchances !


  • La pluie

    A mon ami "Exupéry" qui devint orphelin à l’âge de quatorze ans

    Houshang Morâdi Kermâni
    Traduit par

    Tahmineh Sheybani N° 24, novembre 2007

    Le père du petit prince qui était mort la nuit dernière, apparut en rêve à son fils et lui dit : "Donne-moi mes comprimés". Le petit prince se réveilla et vit la boîte de comprimés sur la table. Il en mit un dans le creux de sa main, courut vers le cimetière, et vit son père endormi sous terre. Il effleura la terre et dit : "J’ai apporté tes comprimés. Ouvre la bouche." Le père se leva et s’assit dans la tombe, posa sa main sur son cœur et sa respiration s’accéléra. Ses lèvres avaient bleui. Il ouvrit la (...)


  • L’hêtre oriental & le poisson aveugle de la grotte

    Faune et flore iraniennes

    Mortéza Johari N° 24, novembre 2007

    L’hêtre oriental
    Nome scientifique : Fagus orientalis
    Nom persan : Râsh
    L’hêtre oriental est un arbre grand, pouvant atteindre jusqu’à 30 m de hauteur. Son écorce est lisse et gris pâle et ses feuilles de forme ovale, d’environ 13 à 17 cm de longueur. Ses fleurs sont monoïques. L’hêtre oriental peut se développer sur la plupart des types de sols, notamment les sols calcaires. Cet arbre est originaire d’Europe orientale et d’Asie mineure, et pousse entre 500 et 2000 m d’altitude. Autrefois, l’hêtre (...)