N° 72, novembre 2011


  • Qu’est-ce que le chiisme ?

    Amélie Neuve-Eglise N° 72, novembre 2011

    Tantôt taxé de mouvement sectaire déviant remettant en cause l’unicité divine, tantôt d’un simple avatar des luttes de pouvoir ayant succédé à la mort du prophète Mohammad, le chiisme a fait l’objet de nombreuses controverses tout au long de son histoire. Dans un contexte de rivalités interethniques et politiques, il a également parfois été présenté comme une pure construction identitaire destinée à singulariser les Iraniens face aux Arabes.
    Le mot arabe shi’a évoque l’idée de suivre et d’accompagner un (...)


  • Le chiisme en Iran avant les Safavides

    Arefeh Hedjazi N° 72, novembre 2011

    L’Iran est aujourd’hui un pays musulman à forte majorité chiite (duodécimaine) avec plus de 80% de ses 75 millions d’habitants, chiites. Mais comment un pays qui s’est trouvé un jour "conquis" militairement par l’islam, est devenu un pays non seulement musulman, mais chiite ?
    De nombreux orientalistes ont tenté de trouver une trace irréfutable d’"iranité" dans le chiisme, pour tenter de montrer que le chiisme est plus que tout, la façade d’une "allergie" iranienne à l’islam qui, ne pouvant porter son (...)


  • Qom, la plus ancienne ville chiite de l’Iran

    Djamileh Zia N° 72, novembre 2011

    Qom fut conquise en l’an 23 de l’Hégire par une armée d’Arabes musulmans dirigée par Abou Moussa Ash’ari. Près de six mille membres du clan Ash’ari s’installèrent à Qom en l’an 93 de l’Hégire. Ils étaient chiites et firent de cette ville un lieu de refuge pour les musulmans qui soutenaient les descendants de l’Imâm ’Ali et s’opposaient aux califes omeyades et abbassides. Qom devint à partir du milieu du IIe siècle de l’Hégire un important centre de théologie chiite, et reste encore aujourd’hui l’un des centres (...)


  • Aux origines du chiisme

    Hoda Sadough N° 72, novembre 2011

    A l’aube du VIIe siècle, l’islam fut présenté comme l’accomplissement d’un système de valeurs divines venant mettre un terme au cycle des révélations. D’un point de vue social, l’islam a eu un rôle important dans l’unification autour de valeurs communes d’un peuple divisé en de multiples clans (qabâ’il) et connaissant des affrontements incessants. Sur le plan humanitaire, il suffit d’indiquer qu’avant l’apparition de l’islam, les Arabes avaient la réputation d’enterrer leurs filles vivantes. L’étude de (...)


  • Pourquoi a-t-on besoin d’un Imâm ?
    La philosophie de l’Imâmat selon les croyances chiites

    Amélie Neuve-Eglise N° 72, novembre 2011

    "Si vous comptiez les bienfaits de Dieu, vous ne sauriez les dénombrer" (Coran ; 16:18)
    Si le chiisme a fait l’objet d’attaques en tout genre au cours de son histoire, l’assaut le plus virulent qui lui fut adressé se situe sans doute au niveau du dogme : le rang qu’il accorde aux Imâms porterait atteinte à l’unicité et la seigneurie divines, tandis que le concept de wilâyat remettrait en cause le principe même de la fin de la prophétie scellée par Mohammad. Au sein des différentes écoles de l’islam, (...)


  • L’Imâm Rezâ et son rôle dans l’enracinement du chiisme en Iran

    Khadidjeh Nâderi Beni N° 72, novembre 2011

    Du second siècle de l’Hégire jusqu’à nos jours, le nom du huitième Imâm et celui de la ville de Mashhad, dans le Khorâssân résonnent d’une façon particulière en Iran et dans le cœur de tout chiite. L’Imâm Rezâ, forcé d’accepter le titre d’héritier du calife Ma’moun et de quitter Médine pour le rejoindre en Iran, eut une influence décisive dans les domaines religieux, politique et culturel en Iran. Cet article s’attache à étudier les modalités de la venue de l’Imâm Rezâ en Iran et l’influence qu’il a tout (...)


  • La conversion de l’Iran au chiisme sous les Safavides
    Un tournant décisif pour l’identité géopolitico-religieuse de l’Iran

    Afsaneh Pourmazaheri N° 72, novembre 2011

    La fondation de la dynastie safavide en 1501 par Shâh Esmâ’il 1er (1487-1524), succédant aux Timourides, constitue l’un des événements les plus marquants de l’histoire iranienne. Avec l’avènement de cette dynastie, l’Iran recouvra, après des siècles, une identité politique propre ainsi que son hégémonie nationale. Néanmoins, en adoptant le chiisme duodécimain comme religion officielle de la cour, et donc celle du pays, Shâh Esmâ’il 1er se retrouva face à deux adversaires voisins, partisans fervents du (...)


  • Les évolutions historiques du chiisme
    à l’époque de la dynastie des Qâdjârs

    Rezâ Niyâzmand
    Traduction :

    Babak Ershadi N° 72, novembre 2011

    L’effondrement de la dynastie des Safavides fut le prélude d’une période difficile pour les savants religieux chiites. Après le renversement de la dynastie chiite par l’armée assaillante des Afghans, les savants religieux chiites perdirent leur influence au niveau de la vie politique pendant une période qui dura près de cinquante ans. La ville d’Ispahan, capitale prestigieuse des Safavides, perdit son importance en tant que centre religieux chiite, et la quasi-totalité des grands savants religieux (...)


  • Hossein Ibn Ali
    Martyr des larmes*

    Mohammad-Javad Mohammadi N° 72, novembre 2011

    Martyr, héros, révolutionnaire ou simple opposant des Omeyyades ? « Qui est ce Hossein dont le monde entier est fou amoureux ? » Le nom, bien que retentissant dans plusieurs pages de l’histoire de l’islam, est surtout intimement lié à la Bataille de Karbalâ. Or, cette dernière clôt la tumultueuse et fructueuse vie d’un homme qui aurait bientôt été sexagénaire.
    Dès sa prime enfance, Hossein, objet d’une grande affection de la part de son grand-père, attira l’attention des musulmans qui trouvaient (...)


  • Les rituels de ’Ashourâ à Téhéran
    vus par une Occidentale

    Mireille Ferreira N° 72, novembre 2011

    A la mort de l’Imâm Hassan, empoisonné par les Omeyyades à Damas, son frère Hossein, devenu Imâm à son tour, petit-fils préféré de Mohammad, quitte La Mecque pour prendre la tête de la rébellion contre Yazid Ibn Muâ’wiya, le calife de Bagdad, fils du premier calife Mu’âwiya. En chemin, il se fait encercler dans le désert de Karbalâ (devenue la ville actuelle de Karbalâ en Irak), ainsi que ses 72 compagnons et sa famille - qui, selon la tradition, était composée d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants (...)


  • Les Imâms comme herméneutes du Coran
    Significations ésotériques d’un verset coranique selon les Imâms Bâqer et Sâdeq

    Amélie Neuve-Eglise N° 72, novembre 2011

    L’un des aspects centraux de la mission des Imâms est de dévoiler le sens profond et ésotérique (bâteni) des versets coraniques. Loin d’aboutir à une remise en cause de son sens apparent (zâheri), il en constitue l’approfondissement et en révèle l’esprit. Nous allons ici donner un exemple de ce processus d’interprétation qui permettra de mettre en relief la figure de l’Imâm comme "herméneute des sens ésotériques (bâteni) du Coran".
    Cet article se base sur une étude de Henry Corbin intitulée "Face de Dieu, (...)


  • L’influence du chiisme sur l’art iranien

    Mahdi Hodjat
    Traduction :

    Babak Ershadi N° 72, novembre 2011

    Sagesse et esthétique : deux ailes de l’artiste chiite
    Comment l’art peut s’enrichir de l’influence du chiisme ? Pour répondre à cette question, il faut rappeler les deux éléments constituants de l’art : le concept que l’œuvre d’art veut « montrer », et la manière dont ce concept est représenté. Autrement dit, il y a d’abord le sujet d’une activité artistique, ensuite sa représentation en tant qu’objet d’art. Je qualifie le premier de « sagesse » (hekmat) et le second d’« esthétique ». Pour moi, ce sont les (...)