N° 10, septembre 2006


  • La Révolution Constitutionnelle de 1906

    Arefeh Hedjazi N° 10, septembre 2006

    Nous fêtons cette année le centenaire de la Révolution Constitutionnelle iranienne.
    Comme tant d’autres, cette Révolution commença sous le signe d’une simple prise de position contre l’absolutisme royal mais se termina par l’entrée en vigueur pour la première fois d’une assemblée représentative du peuple et de ses droits. Elle marqua un tournant profond et radical en faisant comprendre à la nation qu’elle peut toujours exiger le respect de ses droits.
    Le14 mordad 1285 (1906), l’Iran se réveillait à un (...)


  • La Révolution Constitutionnelle iranienne : dans le sillage des idéaux de 1789 ?

    Amélie Neuve-Eglise N° 10, septembre 2006

    Au-delà des pressions de la rue et des événements de l’Histoire immédiate, une révolution est aussi le fruit d’un processus de maturation de certaines idées sur une période plus longue qui, bien que leur effet soit moins visible et observable, n’en ont pas moins une influence décisive lors de tout changement politique et social. Elle ne naît pas uniquement non plus de causes internes, qu’elles soient politiques, économiques, ou sociales, mais demeure souvent étroitement liée à des facteurs externes, (...)


  • Treize siècles d’art islamique au Louvre

    Maryam Jalâli Farâhâni N° 10, septembre 2006

    Du 30 mars au 26 juin 2006, le Musée du Louvre a présenté les chef-d’oeuvres de l’art islamique des collections nationales du Qatar, qui embrassent le monde musulman de Cordoue à Samarkand. Les pièces sélectionnées sont parmi les plus représentatives de cette collection. Elles témoignent d’une civilisation variée et très riche, couvrant trois continents et treize siècles, du VIIe au XIXe. Ces objets, qui appellent à juste titre à la contemplation, manifestent le langage plastique par excellence de l’art (...)


  • A l’occasion du 250e anniversaire de Mozart

    Samira Fakhâriyân N° 10, septembre 2006

    " -… Et puis je vais te faire un cadeau…
    Il rit encore.
    Ah !petit bonhomme, petit bonhomme, j’aime entendre ce rire !
    Justement ce sera mon cadeau."
    Wolfgang Amadeus Mozart fit un grand cadeau à l’humanité en partageant la souffrance de son âme et de ses sentiments purs avec tous ceux qui savent écouter. Ses compositions dépassant à n’en pas douter toutes les frontières, volent et nous font voler, jusqu’à la planète où le petit prince vivait avec sa rose. Elles donnent naissance à des images (...)


  • Bahâr
    poète de la liberté

    Homa Farivar N° 10, septembre 2006

    Mohammad Taghi Bahâr est né dans la province du Khorassan, au nord-est de l’Iran, balayée par un vent de liberté après l’établissement du mouvement constitutionnel. Ce contexte politique le conduit à Téhéran où il devient l’un des défenseurs de ce mouvement.
    Né en 1265 (1886) à Mashad, il passe son enfance et sa jeunesse à l’ombre de son père, Mohammad Kazem Sabouri, "Prince des Poètes " (titre honorifique octroyé à la personne responsable des affaires culturelles) auprès de la Fondation du Mausolée de l’Imam (...)


  • Regards sur l’ouvrage L’islam et sa civilisation d’André Miquel

    Tahmouress Sadjedi N° 10, septembre 2006

    Avant d’enseigner au Collège de France où il a occupé, sur l’avis de Raymond Aron, la place de l’orientaliste Henri Laoust à la chaire de littérature arabe, André Miquel, qui aime être qualifié d’islamisant, était directeur de recherche à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.
    C’est en 1968 qu’il publie, dans la collection "Destins du Monde" dirigée par Lucien Febvre et Fernand Braudel, la première édition de sa grande synthèse intitulée L’Islam et sa civilisation. Cette édition a été suivie par d’autres dont (...)


  • Lettre au démineur

    Esfandiar Esfandi N° 10, septembre 2006

    Ad memoriam
    Camarade, ami, frère, continuation de ma main fraternellement tendue, objet de tant d’autres vocables et de phrases ficelées qu’il ne sert à rien de dénouer, de dérouler, tellement tu es parti, tellement tu n’es plus là. Perdu dans le vague de l’éternel quotidien qui n’en finit pas de s’éterniser, j’ai guetté le moment propice où, libéré des contingences du calcul et des évitements, j’allais être libre de t’écrire à découvert. Qu’elle te convienne ou non, cette entorse à la logique naturelle de (...)


  • En ton Nom !

    Véronique Dousti N° 10, septembre 2006

    Tes Larmes sont tes armes !
    Pourquoi pleures-tu Libanais ?
    Pourquoi pleures-tu Palestinien ?
    As-tu peur ?
    Non, parce que mes larmes arrosent cette terre.
    Pourvu qu’il pleuve un air de clémence
    Sur la terre qui sent la mort,
    Le sang, l’odeur de la guerre.
    Pour que mes pleurs adoucissent le cœur des hommes !
    Oui, la terre a si soif !
    Les larmes coulent, elles arrosent
    Une terre qui a si soif de Paix !
    Nassima Chérif
    ô Palestine ! Que de massacres et de destructions commises en ton nom (...)


  • Le cinquième art, l’art qui sonne

    Entretien avec Shahin Farhat

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 10, septembre 2006

    Dans les couloirs de la faculté de Beaux Arts de l’Université de Téhéran, des mélodies harmonieuses s’élèvent dans chaque recoin et les étudiants déferlent, instrument à la main. C’est au sein du département de la musique que l’on a rencontré le professeur Shahin Farhat, grand musicien et compositeur iranien. La composition de ses grandes symphonies lui a permis de renforcer l’amour de sa patrie. Il est également devenu une figure non négligeable de la musique en Iran.
    Farzaneh Pourmazaheri : Comment et (...)


  • La musique des couleurs

    Entretien avec Kioumars Ghourchian

    Massoud Ghârdâshpour N° 10, septembre 2006

    Q : Commençons par le commencement. Nous aimerions connaître les circonstances dans lesquelles vous avez fait connaissance avec la peinture.
    R : L’art est quelque chose d’inné et de naturel chez les hommes et, à mon avis, la peinture est le moyen d’expression artistique le plus essentiel, avec lequel nous sommes en contact dès le départ. Certains commencent la peinture dès leur plus jeune âge, et, si cela leur plaît, ils suivent un parcours académique et vont même parfois au-delà. Je suis à peu près (...)


  • Le personnage dans le roman

    Intervention de Pierrette Fleutieux à l’Université Shahid Beheshti

    Massoud Ghârdâshpour N° 10, septembre 2006

    Je suis tellement heureuse de vous voir. C’est étrange. Car j’ai longtemps été professeur d’anglais. Maintenant, c’est fini, je ne fais qu’écrire. Mais je retrouve ici les salles de classe, les élèves, les regards des élèves. J’ai beaucoup aimé enseigner.
    Nous avons pris comme sujet " le personnage dans le roman ". Peut-être que je vais parler de cela, et peut-être d’autre chose. D’abord, il faut que je vous dise que j’aime le roman. Je trouve que c’est une forme artistique. Il permet de parler de la vie (...)


  • La Salle Vahdat, où les arts parlent

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 10, septembre 2006

    A chaque nation, sa propre identité. La connaissance de cette identité ne se réalise que par la découverte de soi. Il y a quelque chose qui fait que nous nous connaissions, quelque chose qui nous ouvre la fenêtre vers un nouveau monde, quelque chose qui jaillit de nous-mêmes et nous fait expérimenter le plaisir d’être ensemble. Cette chose n’est que le pont invisible de la culture. C’est le chemin par lequel arrive le vieux chevalier du temps glanant les trésors de l’histoire humaine. Celle-ci est le (...)


  • Rashid al-Din Watwât

    Mohammad-Javad Mohammadi N° 10, septembre 2006

    L’Imam Rachid Al-Din Watwât, né à Balkh au Vème siècle de l’hégire, est aujourd’hui considéré comme l’un des premiers rhétoriciens de la littérature persane et arabe. Il est en effet l’auteur de plusieurs essais et traités dans le domaine de la prose et de la poésie. En outre, par les liens établis au travers de ses correspondances avec un bon nombre de littéraires et savants au quatre coins de la Perse, il a connu, de son vivant et très rapidement, une grande notoriété au sein de la haute société de (...)


  • La vie tribale en Iran

    Niloufar Bakhshâyi N° 10, septembre 2006

    L’Iran est un pays dans lequel vivent de nombreuses " tribus ", c’est-à-dire des groupes humains et sociaux fondé sur un lien de parenté ethnique. Ils ne s’établissent jamais à un endroit de façon permanente. Nous allons présenter la vie et le mode d’existence de certaines d’entre elles.
    La tribu Ghashghaie
    La tribu " Ghashghaie " est l’une des plus célèbres tribus de la province de Fars. Son nom provient de celui de l’un des gouverneurs de la province, Jani Agha Ghashghaie. Cette tribu a joué un rôle (...)


  • Le juchoir d’Alamout

    Elodie Bernard N° 10, septembre 2006

    Haut lieu de la pensée ismaélienne, la forteresse d’Alamut a fait trembler plus d’un dirigeant politique entre le XIème et le XIVème siècles. La légende d’Alamut débute exactement en 1090 lorsque la citadelle fut capturée par le grand chef des Ismaéliens d’obédience ismaélite, Hassan Ibn Sabah. En effet, le " Vieux Sage de la Montagne ", comme l’avaient surnommé les Croisés, en fit un véritable camp retranché où discipline du corps et rigueur d’esprit étaient mis en exergue. Servant de base arrière à la (...)


  • In the rain *

    Rouhollah Hosseini N° 10, septembre 2006

    * A Léonard Cohen
    Je désirais te voir. Te voir. Tu me manquais beaucoup. L’envie me démangeait de te voir partout, mais je ne te trouvais nulle part : ni dans la rue, ni dans les vitrines, ni derrière les rideaux, ni derrière les murs, ni dans le parc, ni même sous la pluie ; nulle part dans la ville. Tu avais envahi le pays de mon cœur ; tu étais introuvable dans le pays de mon corps. Que pouvais-je faire donc, dis-moi ?
    " Vous venez patiner avec moi ? " me dit-elle. Elle arrive ; elle me (...)


  • Ahmad Shâmlou
    Au passage du vent

    Rouhollah Hosseini N° 10, septembre 2006

    Le mont naît des premières pierres
    Et l’homme des premières douleurs
    Il y avait en moi un prisonnier rebelle
    Qui ne pouvait s’accommoder de ses chaînes
    Je suis né de ton premier regard.
    L’homme dont la jeune pousse des mains évoquait l’amour de Dieu. L’homme dont la hauteur de révolte éclipsait celle de l’Enfer. L’homme qui mourait d’un seul "oui", non de la plaie de cent poignards, et dont la mort donnait naissance aux milles princes : une grande citadelle dont la clé était le simple mot amour. (...)


  • La conférence du Très Révérend Père Messina
    sur les bases de la grandeur de l’ancien Iran (I)

    N° 10, septembre 2006

    15 Mehr 1315,
    7 Octobre 1936
    Je voudrais, dans une vue d’ensemble, vous rappeler quelques épisodes caractéristiques de votre histoire pour en dégager ensuite les éléments les plus importants de votre tradition, ces éléments qui ont été la base de votre influence et de votre grandeur au cours des siècles.
    Si je me permets de vous parler, pour la première fois dans ma vie, en iranien, c’est pour aller tout droit à votre intelligence et à votre cœur ; et si vous entendez un accent étranger, vous (...)


  • Le soleil noir loin d’une chambre de verre

    Fatemeh Hassanzâdeh, Selda Ghannâdân N° 10, septembre 2006

    "Plutôt que de chercher le sens du désespoir (il est évident ou métaphysique), avouons qu’il n’y a de sens que désespoir"
    Julia Kristeva
    Un nom, un adjectif ou un mélange des deux, apparaissent aux yeux du magicien comme des matières médiocres, incarnation du moment magique de l’affleurement de la pierre philosophale, épiphénomène de centaines de pages. Il en va ainsi de la naissance des titres qui portent toute la pesanteur de l’œuvre comme un enfant chargé d’un prénom auquel sa mère pensait depuis (...)


  • L’oiseau n’était qu’un oiseau

    Forough Farokhzad
    Traduit par

    Amir Borjkhânzâdeh N° 10, septembre 2006

    L’oiseau s’exclama : Quels parfums ! Quel soleil !
    Le printemps est arrivé
    Et moi, j’irai chercher mon compagnon
    L’oiseau s’élança du bord du balcon
    Il s’élança et pris son envol tel un message.
    Petit oiseau
    L’oiseau ne pensait pas
    L’oiseau ne lisait pas le journal
    L’oiseau ne devait rien à personne
    L’oiseau ne connaissait pas les hommes.
    L’oiseau planait dans le ciel
    Au-dessus des feux de position
    Il volait dans une altitude imprévisible
    Et il éprouvait les moments bleus
    Avec une passion (...)