N° 20, juillet 2007


  • Kamâl-e-Din Behzâd

    maître incontesté de la miniature persane

    Arefeh Hedjazi N° 20, juillet 2007

    Le maître Kamâl-e-Dîn Behzâd est sans doute le plus grand peintre et portraitiste du XVème siècle de l’hégire. Nous savons très peu de sa naissance et de sa généalogie. La seule certitude est qu’il devint orphelin très jeune et fut élevé par Mirak, probablement l’un de ses lointains parents.
    Mirak, armurier de métier, pratiquait la calligraphie et aujourd’hui encore, l’on peut voir de vieilles bâtisses à Herât qui furent décorées de sa main. Il avait un goût artistique très prononcé qu’il transmit au jeune (...)


  • Des paysages de Xvarnah au huitième climat de la géographie mystique

    Le sens philosophique et mystique de la miniature

    Amélie Neuve-Eglise N° 20, juillet 2007

    Née de la combinaison d’influences byzantines, bouddhiques, et asiatiques progressivement intégrées aux côtés de motifs de la Perse préislamique, la miniature persane connut un essor important à la fin du XIIIe siècle, notamment à la suite des invasions mongoles qui ouvrirent la voie à une diffusion croissante de l’art chinois en Iran. La miniature et l’esthétique qui lui est propre se sont ensuite développées au sein de plusieurs écoles dont les plus connues restent celles de Shirâz, d’Ispahan, d’Herat et (...)


  • Behzâd ou la figuration du sens spirituel (I)*

    Etude d’une œuvre mystique de Behzâd

    Rezâ Feiz, Samira Fakhâriyân N° 20, juillet 2007

    Un simple concours de circonstances et une discussion m’ont amené à rédiger cet article. Il y a quelques temps, le 28 mai 2003, j’ai reçu une lettre de l’éditeur Flammarion annonçant la publication d’un livre de Michael Barry intitulé La Peinture figurative en Islam médiéval. On avait joint à la lettre une image de la miniature Le combat des chameaux de Behzâd en me demandant de trouver une photo de cette œuvre.
    Après avoir un peu réfléchi au sujet du dessin et en particulier au calligramme que Behzâd y a (...)


  • L’enluminure Tazhîb

    Massoumeh Mehrâvarân, Samira Fakhâriyân N° 20, juillet 2007

    Le mot tazhîb vient du mot arabe "zhahab" qui signifie : "enduire d’or, dorer ou orner d’or des livres, calligraphies, marges des miniatures et en particulier, les marges des sourates et des versets Coraniques." On a également définit le tazhîb de la façon suivante : "lorsqu’un artiste orne d’or des livres et ouvrages constitués de pièces rapportées (moraqqa’t), on l’appelle l’art du tazhîb".
    Le tazhîb ou la peinture dorée fait partie des arts décoratifs que l’on trouve surtout dans les motifs de tapis et (...)


  • Les plus belles miniatures de Khamseh Nezâmi à la bibliothèque de Londres

    Maryam Devolder N° 20, juillet 2007

    Ces miniatures qui datent du Xe siècle de l’hégire ont été offertes en 1973 à la bibliothèque de Londres. Cinq pages de ce livre se trouvent à la galerie de Baltimore. La bibliothèque anglaise qui a l’une des plus grandes collections de manuscrits au monde dans sa partie asiatique, présente les œuvres les plus célèbres de Nezâmî. Elles furent commandées à Abd-ol-Rahîm en 1595 par le roi Akbar, empereur de l’Inde, à l’époque où Akbar Shâh avait transféré sa cour, son appareil gouvernemental, ses artistes et (...)


  • L’émaillage d’hier à aujourd’hui

    Helena Anguizi N° 20, juillet 2007

    Abandonnés aux oubliettes de l’histoire, il ne nous reste aujourd’hui que de simples mots pour désigner certains vestiges du passé de cette terre ancienne qu’est l’Iran et qui fut jadis le berceau de l’une des plus riches et importantes civilisations du monde.
    Malheureusement, nous sommes actuellement témoins de la disparition de nombreux savoir-faire et techniques artistiques et artisanaux du passé. L’émaillage fait partie des métiers artisanaux dont l’existence remonte à près de quatre mille ans et (...)


  • La médecine de la Perse antique, un souffle de salut

    " Le Musée National de l’Histoire des Sciences Médicales"

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 20, juillet 2007

    " Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux... "
    Serment d’Hippocrate le grand
    460-356 avant J.C.
    Père de la médecine grecque
    La médecine et les médecins, les hôpitaux et l’évolution des méthodes chirurgicales en Perse antique constituent le centre d’intérêt de nombreux (...)


  • Le golfe Persique

    Mortéza Johari
    Traduit par

    Maryam Devolder N° 20, juillet 2007

    De l’antiquité jusqu’à nos jours, les textes historiques et géographiques ont toujours parlé du Golfe Persique pour désigner la partie maritime du sud de l’Iran du débouché de l’Arvandrud au détroit d’Hormuz. Certains historiens, géographes ou archéologues l’ont nommé aussi "la mer Perse", "le Golfe Al-’ajam" ou "le golfe Persique". Des écrivains grecs comme Strabo furent les premiers à nommer cette mer "la mer Perse" et la région de l’Iran, la Perse. Ce qu’ils appelèrent Persépolis signifiait "la ville ou la (...)


  • L’Espéranto et les Français

    Mohammad-Javâd Kamâli N° 20, juillet 2007

    La diversité des langues est l’un des plus grands fléaux de la vie. (Voltaire)
    L’espéranto est une langue à postériori destinée à faciliter la communication entre des personnes de différentes cultures. Son créateur, le Docteur Louis-Lazar Zamenhof (1859-1917) publia sa Lingvo Internacia en 1887 sous le pseudonyme de "Docteur Esperanto". Cette langue construite était notamment destinée à faciliter les échanges internationaux et interculturels, afin que ceux qui l’utilisent puissent (...)


  • " Les pèlerins de la lumière "

    Hossein Kohandani N° 20, juillet 2007

    Un groupe de 80 athlètes iraniens représentant différentes disciplines sportives (judo - karaté - taekwondo - athlétisme, etc.) sous la direction de l’organisation Bassidj (volontaires) du sport de l’Iran, a fait récemment un voyage de trois jours sur le front de la guerre Iran-Iraq (appelé en persan Râhiyân-e nour ou "les pèlerins de la lumière") qui eut lieu de 1980 à 1988.
    Pendant ces trois jours, les athlètes ont pu constater le courage et les sacrifices des combattants iraniens pendant ces huit (...)


  • Lettre à Ferdowsi

    Esfandiar Esfandi N° 20, juillet 2007

    Très cher et très respecté Maître,
    Tu connais mieux que quiconque, toi qui marias la plus mûre des plumes à la plus fine des écritures, la valeur d’une lettre. Impersonnelle, elle reste un bon liant, une alternative de mots dits, un échange de paroles données. Je dis : saine sueur et force mots choisis en sont les deux mamelles, pour peu qu’elle veuille cibler l’ennemi ou s’adresser à l’ami. Je dis encore des deux mamelles : la première, je la garde au chaud pour mes vieux jours et mes pamphlets brûlants (...)


  • Mohammad Ghâzi

    Mahnâz Rezaï N° 20, juillet 2007

    "Le but de mon travail de traducteur est de défendre la liberté et la démocratie, de lutter contre le conservatisme et la superstition."
    En Iran, la traduction d’ouvrages rédigés en langues européennes, et plus particulièrement en français, commença avec la fondation de l’école Dâr-ol-Fonoun. Les maîtres européens ou européanisés de cette école y amenaient des manuels scolaires étrangers que les élèves traduisaient en persan. Les relations étroites existant à l’époque entre l’Iran et l’Europe, la (...)


  • La vie tumultueuse de Sylvia Plath

    Shekufeh Owlia N° 20, juillet 2007

    Née le 27 Octobre 1932 dans le Massachusetts aux États-Unis, Sylvia Plath commença très jeune à écrire. Très tôt, elle s’intéressa à la poésie et composa ses premiers vers à l’âge de cinq ans. Trois ans plus tard, elle publia son premier poème dans la rubrique pour enfants du Boston Traveller. Enfant prodige, elle se découvrit très tôt le don de l’écriture et se mit à jongler admirablement avec les mots. Plusieurs années plus tard, elle avoua que faire des vers était aussi simple que de chanter des comptines. (...)


  • Gâvkhouni (Le Marais), Roman de Ja’far Modarres Sâdeghi,

    Sara Saïdi Boroudjeni N° 20, juillet 2007

    Vingt-trois ans après sa première parution en 1983, Gâvkhouni reste encore aujourd’hui l’œuvre la plus populaire de Ja’far Modarres Sâdeghi, écrivain contemporain iranien. La particularité de ce roman d’une centaine de pages réside non seulement dans sa forme mais aussi dans son écriture savamment peaufinée. Considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature de fiction, ce roman de Sâdeghi a été traduit en anglais par Dick Davis, poète, écrivain et professeur de littérature persane à Ohio State University. Il a (...)


  • La calligraphie persane
    A travers l’entretien avec M. Heidari, éminent maître calligraphe à l’Association des calligraphes d’Iran

    Samira Fakhâriyân N° 20, juillet 2007

    Mohammad Heidari est né en 1959 à Abarkooh. Il s’intéresse à la calligraphie dès le primaire et participe aux activités artistiques de l’école. Mais c’est en 1977 qu’il commence méthodiquement à travailler sa calligraphie en s’inscrivant aux cours de l’association des calligraphes de l’Iran. Il profite à l’époque des cours du défunt maître Seyyed Hossein Mirkhâni. Après le décès de ce dernier, il continue l’apprentissage du style Nasta’liq avec le maître Keykhosrow Khoroosh. Il débute l’apprentissage du style (...)


  • Mohtasham Kâshâni

    Zahra Boveyri
    Traduit par

    Helena Anguizi N° 20, juillet 2007

    Shams-ol-shoarâ Kamâleddin Mohtasham Kâshâni, descendant direct de Khâjeh Mir Ahmad, est né dans une famille aisée de Kâshân. Tout comme son contemporain, le célèbre Khâjeh Sanâï, Mohtasham était un fils de commerçant qui, durant son jeune âge, exerça le métier de son père qu’il quitta par la suite pour se consacrer essentiellement à sa grande passion : la poésie.
    Il est surtout connu pour ses odes. Longtemps, à travers ses vers, il fit l’éloge de grands monarques tels que le roi Safavide Tahmâssb et sa (...)


  • Lalla Gaïa à Qom (2)

    Le luth fou (Épisode n° 3)

    Vincent Bensaali N° 20, juillet 2007

    Lalla Gaïa marche le long du lit de la rivière de Qom. L’eau y coule depuis ce matin. C’est un événement dans cette ville du désert. Des milliers de gens sont là, comme elle, le visage éclairé, goûtant ce don si rare. Tous sont comme des enfants, beaucoup ont même ôté leurs chaussures et font quelques pas dans l’eau vive, au pied du sanctuaire de Ma’sûma, là où ne se trouvent habituellement que des autobus par dizaines, et des étalages de souvenirs. Bien qu’elle soit ici une étrangère, Lalla Gaïa ressent (...)


  • Tchâhâr Mahâl va Bakhtiyâri

    Khadidjeh Nâderi Beni N° 20, juillet 2007

    Située parmi les montagnes Zâgros et la plaine d’Ispahan, la région de Tchahâr Mahâl va Bakhtiâri se compose de deux parties : Tchahâr Mahâl, entourée de quatre districts, et Bakhtiâri, située dans une région montagneuse. Chacune des deux rassemble des peuplades distinctes dotées de leur propre culture et manière de vivre. Ce territoire est situé à une haute altitude et a de ce fait été surnommé "le toit de l’Iran".
    Du point de vue ethnologique, au moins deux tiers des villageois de ladite province sont des (...)


  • Ahmad-Rezâ Ahmadi
    Du thé chaud le soir du vendredi

    Rouhollah Hosseini N° 20, juillet 2007

    Appelez-moi par mon prénom
    Ahmad-Rézâ !
    Au soleil mes yeux brillent tellement
    Que j’oublie un instant
    La vieillesse et la maladie
    Les pins de mon voisinage
    Ont séché par manque d’eau
    Réveillez-moi s’il vous plaît !
    Pour les arroser
    Et donner du grain aux vieux pigeons
    Assis sur les branches vieilles
    Du pin de chez moi !
    A l’âge de 66 ans, Ahmad-Rézâ Ahmadi représente encore la génération des poètes ayant contribué, il y a presque quarante ans, à enrichir la poésie d’une dimension prosaïque. Sa (...)


  • Mon sang se figea

    Crystal Arbogast
    Traduit par

    Shekufeh Owlia N° 20, juillet 2007

    Fannie Poteet s’assit en tailleur sous le porche, agrippée à sa poupée de chiffon qui lui était si chère. Les rayons du soleil couchant perçaient l’épais feuillage d’un chêne géant, projetant sa lumière vacillante sur une petite cabane. Ces rayons de lumière dansante enivraient la fillette ; le bonheur qu’elle éprouvait se lisait sur son visage extasié. Elle était assise, le visage levé vers le ciel, comme hypnotisée par toutes ces merveilles. Elle tendit l’oreille vers la hutte, d’où s’élevait un vague (...)


  • Ce que je dois aux maîtres de l’Iran (III)

    Au Journal de Téhéran

    Henry de Montherlant N° 20, juillet 2007

    23 Avril 1937 3 Ordibehecht 1316
    Dans sa conférence sur "l’Ecrivain et la chose publique", Henry de Montherlant parle de la part essentielle que chaque écrivain doit exprimer.
    Cette part essentielle c’est la vérité : "L’écrivain ne doit pas souffrir que les événements ni les hommes le distraient d’exprimer cette part essentielle, ou il ne doit le souffrir que dans une mesure très courte".
    "Les trois années de "Voyageurs traqués", ça a été mon temps d’adaptation à l’art de dominer la vie. Maintenant (...)


  • Les Arméniens de l’Iran

    Nejdeh Moutafiân N° 20, juillet 2007

    Les Arméniens de l’Iran ne sont pas seulement des "anciens voisins" venant d’Arménie mais ils ont peuplé le territoire iranien depuis plusieurs siècles.
    Au début du XVIIe siècle, Shâh Abbâs, roi iranien de l’époque, lança une opération militaire contre les Ottomans et occupa l’ensemble du plateau arménien. Les combats contre ces derniers eurent lieu près de la rivière d’Aras. L’armée iranienne fut cependant contrainte de battre en retraite et durant ces opérations, elle mit feu à de nombreuses terres se (...)


  • Le phare

    Fatemeh Assadi N° 20, juillet 2007

    La nuit dernière, je rêvais que j’étais un oiseau de mer
    Qui, malgré le vent,
    Volait au-dessus de la mer
    Pensant à ses petits,
    Plongeait dans le cœur de la mer
    Je rêvais que je devenais un poisson
    Qui, malgré la tempête,
    Nageait au-dessous de la mer
    Pensant à l’aimée,
    Fuyait devant un oiseau de mer
    Je rêvais que je devenais un pêcheur
    Qui, malgré le typhon,
    Ramait sur la mer
    Pensant à sa fillette fiévreuse,
    Ramassait le filet de pêche
    Je rêvais que j’étais une fillette fiévreuse
    Qui, malgré (...)


  • Le tamaris & le hibou grand-duc

    Faune et flore iraniennes

    Mortéza Johari N° 20, juillet 2007

    Le tamaris
    Nom scientifique : Tamarix kotschyi
    Nom persan : Gâz
    Plante vivace, ligneuse et glabre, le tamaris mesure de 2 à 2,5 m de hauteur. Ses tiges sont nombreuses et les nombreux rameaux de son écorce brunâtre sont dressés et étalés. Les jeunes rameaux et ramilles sont quant à eux plus ou moins étalés et penchés. Ses feuilles en forme d’écaille sont très petites, embrassantes, largement ovales et à bords cartilagineux. De couleur rosâtre ou crème, ses fleurs de petite taille poussent en grappes (...)