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Université de Téhéran
Au début des années 1970, l’écrivain anglais Norman Spinrad finissait de rédiger son fameux et quelque peu polémique Rêve de Fer, une uchronie dans laquelle l’auteur mettait en scène les fantasmes guerriers délirants et meurtriers d’un auteur de science-fiction nommé Adolphe Hitler. Le rêve que voici et qui vous est conté sans fioritures romanesques, n’a rien de polémique, n’est pas une uchronie, est bien loin des « fantasmes délirants et meurtriers » d’un fou imaginaire qui eut son homonyme dans le monde (...)
Pour se faire une idée claire des débuts de l’histoire des relations entre l’Iran et la Chine, il est bon de se référer aux premiers documents rédigés par les spécialistes, notamment les annuaires grâce auxquels on pourra constater l’ancienneté de ces relations datant du 23e siècle av. J.-C. : « La Chine est même nommée le paradis des historiens car depuis des centaines d’années, les historiens officiels du pays se sont efforcés à rédiger et à sauvegarder tous les menus détails des événements qui avaient (...)
Commençons, en guise de prélude à l’histoire de la province de Fârs, par en mentionner brièvement l’étymologie. On retrouve des traces de son actuelle appellation dans des manuscrits grecs qui désignaient le territoire par le nom de « Persis », que les Européens appliquèrent à l’ensemble du sol iranien. Hérodote évoque le récit de l’arrivée des Aryens en Perse et leur répartition en douze tribus dont celle des « Pârs » qui s’installèrent au sud du pays (de là l’arabisation actuelle - Fârs - du nom de la (...)
En persan, le mot "Imâmzâdeh" désigne les enfants ou petits-enfants des douze Imâms chiites et par corrélation, les mausolées construits en leur honneur. La majeure partie des Imâmzâdehs se trouvent en Iran et le reste en Irak et en Afghanistan, ou dans d’autres régions musulmanes chiites. Ils attirent chaque année de nombreux pèlerins venant effectuer les rituels de pèlerinage que l’on appelle ziyârat dans la culture chiite. L’ensemble des Imâmzâdehs est géré par l’Organisation des dotations pieuses ou (...)
L’avènement de la photographie en Perse revêt une grande importance aussi bien pour les professionnels du domaine que pour les chercheurs historiographes, notamment les spécialistes de la Perse qâdjâre. L’apparition de cette pratique en Iran coïncide en effet avec le règne de Nâssereddin Shâh, roi à partir de 1848 et jusqu’en 1896. C’est grâce à cette passion du roi iranien pour les arts visuels, en particulier la photographie, que les professionnels de tous bords possèdent aujourd’hui de nombreuses (...)
Les récits de voyages ont ouvert les lecteurs au monde. Initiation à de nouvelles cultures, description de paysages restés longtemps chimériques, ces récits invitent à se tourner vers d’autres horizons. Sous ses diverses formes, journal intime, carnet de route, discours épistolaires, etc., le récit de voyage reste, bien plus qu’un simple manuscrit, un véritable outil d’observation et idéalement, de compréhension du monde, grâce notamment à sa dimension expérientielle et au foisonnement de détails qu’il (...)
La dynastie safavide est la première dynastie iranienne musulmane qui réussit à établir, après 1000 ans, un empire irano-musulman entièrement indépendant par rapport au centre de gestion du pouvoir arabo-musulman qui dominait directement tous les pays conquis par l’Islam depuis le Vème siècle. Depuis la conquête musulmane de la Perse en 637, les dynasties arabes telles que les Samanides, turques comme les Ghaznavides et les Seldjoukides, ou encore mongoles comme les Timurides régnaient sur l’Iran. (...)
« Nul ne songerait plus à chanter l’Histoire universelle, drame unique de l’humanité, trame unitaire soumise à une loi ou à une raison » écrivait Michel Serres en 1980 dans Le Passage du Nord-Ouest. Soit. Plus d’épopées donc, qui viendraient contracter l’Histoire en la personnalisant sous la bannière d’un peuple-monde. Et de fresques non plus ? Modernes et analytiques, à la Toynbee, à la Spengler ; ni même une modeste grammaire des civilisations distraitement signée par le robuste Braudel, humblement (...)
L’actuel Ilâm, situé entre le plateau iranien et l’Irak, a toujours bénéficié au cours de son histoire, d’un statut stratégique particulier. De là les nombreuses excavations archéologiques dont il fit l’objet, notamment au XIXe siècle.
Riche histoire que celle des métamorphoses patronymiques successives de la province de l’Ilâm. Elle tient son nom d’une appellation babylonienne qui signifiait originellement "région haute et montagneuse", d’un lieu que les autochtones situaient à l’ouest de leur territoire (...)
L’Iran est géologiquement situé sur l’une des plus importantes ceintures minérales au monde. Son sol est à ce titre particulièrement riche en métaux précieux, ce qui n’a pas été sans influencer son histoire plurimillénaire. Cette richesse explique ses progrès rapides, depuis le sixième millénaire av. J.-C., dans le domaine de l’industrie du métal et dans l’art de la joaillerie à base de métaux précieux. La technique iranienne hors pair du traitement artisanal de la pierre faisait à l’époque envie aux plus (...)
"L’architecture, c’est les traces de pas du temps sur l’espace." Seyyed Hâdi Mirmirân, architecte iranien (1945 Qazvin-2006 Berlin)
A l’époque de la dynastie qâdjâre qui a duré de 1781 à 1925, l’Iran connut un fort développement des arts et entra dans une période de stabilité politique relative, en comparaison aux périodes précédentes, notamment sous le règne de Fath-’Ali Shâh (1772-1834) et de Nâssereddin Shâh (1831-1896). L’art qâdjâr se caractérisa par une forte teinte européenne accompagnée d’une présence (...)
La rencontre Orient-Occident a toujours suscité la curiosité internationale. C’est en effet découvrir le monde inconnu et « mystérieux » de l’Orient qui a poussé les Occidentaux vers les terres lointaines tout au long de l’histoire. Quant aux Orientaux, s’ils s’intéressèrent à l’Occident, ce fut pour sa technologie et son potentiel militaire. Au cours de ces contacts, des liens forts furent parfois tissés entre des nations, qui n’ont jamais été rompus bien que parfois affaiblis par des problèmes (...)
Le ciel est vide. N’en déplaise à Brian Aldiss (qu’il est toujours bon de citer, même en le déformant) rien de bien "vespéral" n’est jusqu’alors venu le traverser. Aucunes traces de Doryphores, de Rosks, de Raméens ou autres exo-organismes non identifiés. Les « ailleurs » de l’humanité sont encore bien de chez nous et continuent de partager avec les bonnes vieilles légendes telluriques le privilège d’enchanter notre très saine et très sainte béatitude. Le ciel est vide donc, pour l’heure, de nos pareils ou (...)
Leningrad, arrêt sur image. Une vieille histoire pour ceux qui n’aiment pas les vieux. 872 jours de siège et des images bien mouvantes, sur pellicules, pour qui a tristement vibré à la vue du film « grand public » de Jean Jacques Annaud. On y voit des Russes, tous plus ou moins soviétiques résister face aux émules nationales-socialistes (et pareillement conquérantes) de Bismarck. Le film est bon et gentiment, il se déroule et déroule des scènes de feu et de poussière loin de nos visages de spectateur. (...)
A propos d’Omar Khayyâm et de Khaghâni
Faut-il le rappeler ? Le poète anglais Edward Fitzgerald est à l’origine de l’introduction en Occident de la fameuse strophe de quatre vers - le quatrain - grâce à sa traduction en 1859 du non moins fameux recueil des Robâiyât d’Omar Khayyâm. Avant cette date, cette forme poétique courte était inconnue du public de l’ancien monde. La seule forme brève repérée jusqu’alors était le haïku japonais créé à l’initiative de Bashô au XVIIe siècle, et qui fut popularisé au cours du XXe siècle par l’entremise du poète (...)
Roger Caillois et Jean-Clarence Lambert ont composé jadis une imposante anthologie, le Trésor de la poésie universelle, qui regroupe et présente en un seul et même épais volume ocre de plusieurs centaines de pages, un florilège de poèmes, de textes traditionnels, tous plus ou moins sacrés. On y retrouve des vers du monde entier, et de toutes les époques ; on y rencontre l’amour, la peur, le feu, le sang, le cortège des grands de la légende et de l’histoire (on peut même y croiser, sous les traits des prophètes de jadis, des hommes du futur).
« Le jour où la grande bouche parlera, Modenko, j’espère qu’elle te dira m… »
Ce qui mordait le ciel… (p.152)
Le texte ci-dessous relate l’extraordinaire histoire d’une « bourde » interplanétaire imaginée et mise en récit par le prolifique et inventif Serge Brussolo. Cette fable prospective part en réalité d’une « erreur » à forte fonctionnalité narrative qui conduit au déroulement d’une improbable aventure au cœur d’un avenir alternatif, sur une planète à la géographie tourmentée. A ce titre, l’ouvrage du (...)
« Rangez-moi ce ballon ! »
Enoncé récurrent dans les écoles, collèges ou lycées iraniens.
L’Iran du XXe siècle fut, à n’en pas douter, témoin de deux événements majeurs : la création de la fédération iranienne de football en 1920, et le premier match officiel de l’équipe iranienne de football en 1941. La success story de notre équipe nationale a commencé à cette époque avec notre « victoire » par « match nul » sur l’équipe afghane, et s’est prolongée avec l’arrivée de l’équipe au 1er tour de la coupe du monde (...)
Il est un principe qui a la dent dure, désespérément dure. J’ai nommé : la sempiternelle « sagesse des anciens ». Certains s’y accrochent ; des nostalgiques de l’ « âge d’or », des chercheurs de certitudes à la petite semaine, des artistes aussi, amoureux de l’inflexion mythique d’un grand nom. Pourtant, un autre principe, vérifié et encore vérifiable à l’intérieur et en dehors des cercles avertis du savoir est heureusement venu arrondir les angles du stéréotype : ce qui nous vient d’avant, non, n’a plus « force (...)
« Le déficit hydrique me donne soif ! »
Propos d’un anonyme
Festival International de Géographie
Saint-Dié des Vosges
2/5/2003
Le 18 août 2009, sur la sixième chaîne iranienne, l’information le cède, le temps d’une pause touristique également informative, à l’apologie d’une région ensablée et buissonneuse. Le journaliste est au premier plan, armé d’un microphone, d’un gilet à poches et d’une chemise saharienne assortie. En bras de chemise, il serre son microphone contre ses lèvres. Faussement convaincu, il est (...)
« Pharda toujours invoqué.
Pharda gonflé de promesses.
Pharda, la vie sera meilleure… »
L’usage du monde, N. Bouvier, 1963
Le 17 février 1998 marqua la disparition à l’âge de 67 ans, d’un insatiable voyageur par le corps et par l’esprit ; voyageur des grands chemins et des minuscules sentiers, droit dans ses « pompes » quand il s’est agi de marcher, calé dans le fauteuil de sa Fiat Topolino quand il a fallu (ce fut le plus souvent) rouler par monts et par vaux, des plaines de Laponie jusqu’au Japon, de (...)
Aujourd’hui, dans le nord-ouest de Téhéran, on voit une grande, grise, mais majestueuse tour qui pointe le bout de son antenne de télécommunication vers le ciel, vers l’au-delà du smog, à la recherche de quelques atomes blancs d’oxygène. La tour Milâd est depuis peu opérationnelle. On peut s’y rendre, se promener dans ses alentours (l’Hôpital Milâd et l’Université de médecine d’Iran), et les chanceux qui auront pris soin de s’inscrire sur la longue liste d’attente peuvent même espérer visiter la partie (...)
Afshin Nasimi
Traduit par
Comme toujours, dans les débats sociétaux, tout commence par un constat. S’il n’est pas chiffré, minutieusement analysé à coup de graphiques et de courbes en tous genres, ce constat peut néanmoins constituer la première étape d’une systématisation ultérieure.
Dans la société iranienne et plus particulièrement dans l’enseignement supérieur, il est un épineux sujet qui déborde de beaucoup le strict cadre académique. Ce sujet concerne la relation de l’étudiant au savoir, et partant, à l’illustre intermédiaire (...)
(3ème et dernière partie)
N° 30, mai 20083ème et dernière partie
(...). J’étais assis dans mon coin, et silencieusement, je le regardais dans ses œuvres. De temps en temps, je tournais mon regard vers les patients. A l’entrée, la file s’était allongée de quelques bons mètres encore. Grands et petits attendaient patiemment leur tour. L’avant dernière personne était entrée dans le jardin avec son âne. Je crois même que s’était l’âne qui attendait d’être ausculté par le Shaman khorasanais. Le pauvre. A peine allaient-ils avancer dans l’allée, l’homme (...)
(2ème partie)
N° 27, février 2008(…)
En l’occurrence, le cadeau se présentait à moi sous les traits d’un gigantesque père noël, sans sa défroque de lutin en rouge et blanc, et sans sa barbe de carnaval. Il enchaîna alors sur quelques phrases bien pesées, à la manière du pédagogue altruiste et consciencieux, ou du médecin de famille qui prépare délicatement sa terrible médication par injection. Il parla de tout et de rien. De tout, si l’on considère que pour l’enfant que j’étais à cette époque, l’univers se limitait à mes souvenirs de (...)
(1ère partie)
N° 26, janvier 2008Monsieur, je souhaite par la présente, évoquer sans vous et pour vous, le souvenir de votre père…
J’imagine votre surprise, voire votre dédain, cher Monsieur, face à l’"évocation" de l’image, pour vous imprécise, pour moi souveraine, de votre géniteur. Je sais Monsieur, que pour votre personne, il fut une sorte d’égaré, une ombre qui plus est évanescente, dont la carrure ne couvrit pas même les plus tendres de vos années. Ces dernières sont bel et bien derrière vous. Je devine que les aléas de votre (...)
Voyage au Lorestân (2)
(La salamandre…suite et fin)
N° 23, octobre 2007De l’eau, en quantité. Voilà ce que j’ai vu. Il me restait en guise de bouche, un désert miniature de Gobi. J’avais le regard gercé, presque autant que mes lèvres. En lieu et place d’une belle composition naturaliste, je ne voyais devant moi qu’un amas compact de molécules d’eau. C’est dire à quel point j’étais indifférent au décor paradisiaque dans lequel nous venions d’entrer. J’eus l’étrange sentiment de parcourir à reculons les quelques mètres qui me séparaient encore de la source d’eau vive. Les yeux (...)
Voyage au Lorestan (1)
Un beau jour, nous décidâmes avec quelques amis, de prouver l’existence de la salamandre dans les hauteurs du Lorestan, entre Tange Haft et Tange Panj. Plus exactement, il s’agissait de démontrer qu’il existait bien des salamandres, en été, dans ce joli coin, retiré, peu propice à la villégiature tout confort. En vérité, je n’avais rien décidé, moi. Pour toute salamandre, je ne connaissais jusqu’alors que le personnage du même nom créé par Comes dans les années 1970 (dans une bande dessinée en noir et blanc (...)
Très cher et très respecté Maître,
Tu connais mieux que quiconque, toi qui marias la plus mûre des plumes à la plus fine des écritures, la valeur d’une lettre. Impersonnelle, elle reste un bon liant, une alternative de mots dits, un échange de paroles données. Je dis : saine sueur et force mots choisis en sont les deux mamelles, pour peu qu’elle veuille cibler l’ennemi ou s’adresser à l’ami. Je dis encore des deux mamelles : la première, je la garde au chaud pour mes vieux jours et mes pamphlets brûlants (...)
"A vous les improductifs, qui faites si mal semblant de peiner…je dis :
Au charbon, au charbon, au charbon…"
Anonyme
Oui Monsieur Aymard. Je réponds oui à votre question. Cette lettre vous concerne, malgré le nom curieux de son destinataire, malgré sa provenance que vous devinez lointaine. Je suis un inconnu, pour ce qui vous concerne. En revanche, j’ai le plaisir, moi, de vous connaître ! Je viens tout juste de m’entretenir au téléphone avec votre fils Mathieu, qui vient tout juste d’éclairer ma… (...)
"Je te hais…" Paroles de Zeus à Arès Homère, l’Iliade, V. 872-873
"Y a d’la joie Bonjour bonjour les hirondelles…" Charles Trenet
Mars, Arès, Thor, Huitzilopochtli, Dieu de la guerre, de la violence et du carnage, "fléau des humains", "souillé de sang" ; Dieu de la jeunesse, de la fertilité ; Dieu des beaux jours qui reviennent, Dieu du printemps… tant de noms, d’attributs, de grands mots consacrés à votre Déité. Une fois de plus notre terre a tourné. Notre hiver en partant, vers nous vous a mené, (...)
Cher Philippe, par la présente, et de manière très solennelle, je souhaite me rappeler à ton bon souvenir. Je dis souvenir pour ne pas dire oubli ; je dis solennelle car c’est l’usage, chez nous autres amateurs passionnés du neuvième art, de faire nos révérences face aux grands précurseurs. Et si je dis oubli, c’est qu’il est loin derrière, le temps de ma jeunesse, de ma première lettre à ton intention… il est loin ce jour "béni" où, subjugué par une couverture aux couleurs flamboyantes, j’ai sorti d’un (...)
Salut poète. Salut petit homme au regard noir strié de vert. Mes respects, petit être périphérique. Petit monsieur sans envergure ; le plus minuscule des mal nés ; parmi les dispensateurs de sens, assurément le plus insensé. Pour toi, j’ai de la peine, c’est pourquoi je t’écris. Permets-moi mon ami, de te rendre à ton néant, d’anéantir tes illusions, de rire à la somme des approximations que tu déposes avec l’air de composer, à tes minuscules idées dont la somme n’excèdera jamais la densité d’une larme bien (...)
On dit la peste à Venise : gardez-vous bien !..."
Lettre de Mantoue (an 1510)
Monsieur,
C’est avec émoi que je vous écris les lignes suivantes. Je dis émoi, car ce pas franchi, véritable gageure pour qui laissa mûrir trop longtemps son projet, risque de tourner en pas perdu. En effet, à peine avais-je lu la dernière phrase de votre Lettre de Mantoue, que l’idée de vous adresser à mon tour un court billet d’hommage ne m’a plus quitté. Je me demande si, à force d’avoir reconduit le moment de (...)
Minuit, heure du loup. J’ai ouvert la fenêtre de ma chambre pour laisser entrer un peu de fraîcheur. Dehors il fait froid. Le sol est couvert d’une épaisse couche de neige. Quelques étoiles se disputent aimablement l’immensité du ciel. Hormis une petite lucarne éclairée dans le bâtiment d’en face, aucun scintillement inopportun d’ampoule électrique ne vient perturber le statisme ambiant. Aucune âme qui vive dans notre ruelle, ni dans les alentours. Pas la moindre trace de pas sur le manteau neigeux. (...)
A toi l’Homme, le réflexif, à toi qui "sévis" depuis l’aube de la raison. A toi l’intense, à toi qui penses quand moi je vis. Dispensateur de sens. A toi sur tes hauteurs. Piédestal du verbe, de mots filés. Charrieur d’idéaux, d’illusions. Briseur de rêves. Miroir pour l’humain. "Force qui va", qui meurt à peine déployée. Habitant du cube. Victorieux Icare. Proue, coque de Drakkar en calle sèche. Océanique, puissant, pathétique, serein, colérique, illuminé… A l’aube de la raison tu as posé ta pierre d’angle. (...)
Ad memoriam
Camarade, ami, frère, continuation de ma main fraternellement tendue, objet de tant d’autres vocables et de phrases ficelées qu’il ne sert à rien de dénouer, de dérouler, tellement tu es parti, tellement tu n’es plus là. Perdu dans le vague de l’éternel quotidien qui n’en finit pas de s’éterniser, j’ai guetté le moment propice où, libéré des contingences du calcul et des évitements, j’allais être libre de t’écrire à découvert. Qu’elle te convienne ou non, cette entorse à la logique naturelle de (...)
à Gabriel
Ouverture
Aux innombrables "Qui suis-je", "Que fais-je", "Où vais-je", nos religions ont pris soin d’apporter, à l’attention des collectivités humaines, leurs lots respectifs de réponses. Créatures nous sommes, vouées à l’effort terrestre, pour le salut de notre âme. Différemment conçues, inégalement perçues, les réponses théophaniques divinement univoques, apportées aux quis, cur, ubi et autres quod et quomodo, continuent d’informer le quotidien de milliards d’individus autour et en vertu de la (...)
Nous-y voilà. La grande guerre. Le grand conflit (dés)armé des nations. Après quatre interminables années de cessez-le-feu, les canonniers des quatre coins du monde se retrouvent enfin face-à-face. Pendant ce temps, les conflits régionaux ont fait rage, au cours desquels les foules en délires n’ont eu de cesse d’haranguer les robustes belligérants aux jambes d’acier. La dernière mêlée régionale s’est soldée par la défaite non méritée de l’Arsenal anglais face aux arquebusiers espagnols de Barcelone. Un choc (...)
A l’occasion de la foire internationale du livre
N° 7, juin 2006Quelle est, me suis-je demandé un jour béatement, tandis que je feuilletais un sublime volume broché dont le cuir évoquait la juvénile carapace d’un bébé rhinocéros, quelle est, disais-je, l’ultime finalité du livre ? Peut-être d’aller grossir les rayons de nos bibliothèques, qui jour après jour, à mesure que les volumes viennent à s’accumuler, ressemble de plus en plus à la carapace adulte d’un unicorne octogénaire désabusé et bougon à l’intérieur duquel on ne cesse de flâner, tout à la recherche d’une (...)
Mars 2006. Le printemps est venu, avec son lot de lumière, de fraîcheur tempérée, de vacances en perspectives ; avec, dans certains pays attractifs, les premiers "arrivages" de touristes, les premiers promeneurs, un peu disséminés, qui n’ont pas hésité à engager leurs premières promenades, prometteuses, dès l’apparition des premiers rayons de soleil. Et les premiers sourires printaniers venus annoncer la fin, pour certains, du cycle hivernal de leurs humeurs gelées ; la démultiplication des naissances, (...)
Je suis enfin arrivé Fabrice. J’ai attendu trois jours avant de me décider à t’écrire. Non pas par paresse. Plutôt en raison de circonstances exceptionnelles. Je devrais normalement, comme tout nouvel arrivant qui peine à contenir le flot d’images qui le submerge, enchaîner tableau sur tableau, anecdote sur anecdote. Peut-être devrais-je également te parler de l’accueil que l’on m’a réservé ; ma famille au grand complet, et tous les autres que je ne reconnaissais plus, que je n’avais jamais vu, ceux que je (...)
Il est impossible, on en conviendra, de faire abstraction dans le débat concernant la littérature contemporaine, de certains des concepts et de certaines idées générales induites par les débats philosophiques relatifs à l’histoire de la pensée. Ainsi en va-t-il, à l’aube des années quatre-vingt, de la formule ambivalente de " retours du récit " qui définit, entre autres selon J.F. Lyotard, l’un des aspects de la culture " postmoderne ".
En quoi a pu consister ce fameux retour du récit qui sous entend une (...)
Que représente pour un non spécialiste, outre l’espoir de localiser l’emplacement exact, au millimètre près, d’un point sur une feuille également millimétrée, l’indication d’une coordonnée espace-temps. Rien, pour ceux d’entre nous qui ont cessé de pratiquer le haut langage des chiffres. Rien, sinon un lointain souvenir de cliquetis de calculette et de froissement fâché de feuilles destinées à la corbeille à papier. Cette image incontournable de nos passés d’écolier est cependant revenue me visiter dans un (...)
Parlons de l’écriture épistolaire dont la pratique est une vertu peu répandue. Définie idéalement en termes de partage, elle fait intervenir deux interlocuteurs exacts et scrupuleux installés dans la permanence d’un échange jamais différé. Arbitrairement, il pourra s’agir d’un duo imaginaire et exemplaire composé d’un téhéranais et d’un cairote dont les aires culturelles respectives témoignent, pour l’un, de la naissance des tchapars persans, galopants courriers des plaines ; pour l’autre, de l’invention du (...)
Les 14 et 15 novembre s’est déroulé à Téhéran, sous l’égide de l’Académie des Arts, de l’Université de l’Art, et de l’Institut de philosophie, le second volet du colloque intitulé" l’imagination artistique". Michel Cazenave, chercheur et responsable de programme à France Culture, et Antoine Faivre, directeur d’étude émérite à l’Ecole pratique des Hautes Etudes (chaire d’Histoire des courants ésotériques dans l’Europe moderne et contemporaine) ont participé à ce rassemblement qui accueillait également de nombreux (...)
Le village de Niyasar est situé à trente cinq kilomètres à l’ouest de la très vieille ville de Kashan, à la périphérie de l’immense plaine du Kévir.
Avec ses vingt mille habitants, Niyasar occupe le centre d’une vaste vallée, cernée par des montagnes irrégulièrement disposées et des espaces vacants. A l’éventuel visiteur en manque de sensations visuelles, il suffira de rallier une éminence quelconque pour prendre de la hauteur et profiter ainsi à loisir de la richesse du paysage. Un seul parmi les sommets (...)