N° 51, février 2010


  • L’art en Iran à l’époque seldjoukide*

    Rouhollah Hosseini N° 51, février 2010

    L’art à l’époque des Seldjoukides est lié à un contexte géographique très large, celui du monde musulman, allant de l’Anatolie jusqu’en Egypte, en passant par l’Iran où cette famille de Turcs installe son centre de pouvoir et prend l’attribut de Grands Seldjoukides. L’empire de ces derniers eut une importance majeure du fait qu’il confirma la place dominante de l’Iran dans le domaine artistique ; c’était presque la même position que possédait l’Italie, à la même époque, dans le contexte de l’art européen. (...)


  • L’irrésistible ascension de la dynastie des Seldjoukides

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 51, février 2010

    Les Seldjoukides étaient une dynastie turco-musulmane issue des turcs « Oghuzs ». A partir de la fin du Xe siècle et au cours des deux siècles qui suivirent, ils parvinrent à asseoir et à affermir leur royaume de l’Hindou-Kouch jusqu’en Anatolie de l’est, et de l’Asie centrale jusqu’aux eaux du golfe Persique. Ils avancèrent ainsi, en partant de leur terre natale et de la mer d’Aral, vers la province du Khorâssân, aboutissant à la conquête de la Perse.
    Fortement persanisés, les Seldjoukides ont joué un (...)


  • Les Seldjoukides de Kermân*

    Djamileh Zia N° 51, février 2010

    Une branche des Seldjoukides, connue sous le nom des Seldjoukides de Kermân, régna sur une grande partie du sud est de l’Iran de 1041 à 1187. Les Seldjoukides s’adaptèrent progressivement à la vie et aux coutumes des habitants de Kermân et y entreprirent des constructions. Kermân fut un pôle de commerce pendant leur règne. La population vécut, par alternance, des périodes difficiles et des périodes de paix et de prospérité. A la fin de l’époque seldjoukide, les guerres incessantes des trois fils de (...)


  • Trois monuments en pierre de la période seldjoukide

    Ahad Parsâ Qods
    Traduit par

    Babak Ershadi N° 51, février 2010

    Les trois monuments présentés dans cet article se singularisent par le fait que, contrairement à la majorité des ouvrages architecturaux de la période seldjoukide, généralement en brique, ces trois monuments sont en pierre : Gonbad [1] ’آli à Abarkouh datant du milieu du XIe siècle (figure n° 1), Gonbad Sheikh Djonayd à Tourân Posht construit au milieu du XIIe siècle (figure n° 2) et Djabal Sang à Kermân (figure n° 3). Les deux premiers monuments se situent au centre de l’Iran et sont relativement proches (...)


  • Khâdjeh Nezâm-ol-Molk

    Sirous Ghaffâriân
    Traduit par

    Babak Ershadi N° 51, février 2010

    Les chercheurs et les historiens de la pensée politique considèrent souvent la pensée grecque (Platon, Aristote) comme source théorique principale des systèmes politiques. Mais l’œuvre de Khâdjeh Nezâm-ol-Molk Toussi semble échapper à cette règle, car elle est se situe hors du système de pensée gréco-romain. Le bilan de trente ans d’activités politiques de Nezâm-ol-Molk à la tête de l’administration civile de l’Empire seldjoukide nous montre l’attachement qu’accordait le grand vizir au développement de la (...)


  • Le développement de la langue persane à l’époque seldjoukide

    Mahnâz Rezaï N° 51, février 2010

    La langue persane se développa considérablement à l’époque seldjoukide durant laquelle les rois seldjoukides, les aristocrates et les riches commerçants encouragèrent et aidèrent considérablement les écrivains et poètes. La présence d’hommes de lettres et de savants courtisans était considérée alors comme l’une des marques de la supériorité d’une cour. Suite aux conquêtes des Seldjoukides et des Ghaznévides, le persan se propagea depuis la Transoxiane jusqu’à la Méditerranée, la Mésopotamie, le subcontinent (...)


  • Jean-Paul Roux, spécialiste de la Turquie et des arts de l’islam

    Mireille Ferreira N° 51, février 2010

    Ce cahier spécial sur l’histoire et l’architecture seldjoukide nous donne l’occasion de rendre hommage à l’historien français Jean-Paul Roux, spécialiste de l’histoire turco-mongole, qui a quitté ce monde le 29 juin 2009, à l’âge de 84 ans. Au-delà de l’immensité de ses connaissances historiques, l’aspect le plus attachant de cette personnalité nous semble être le respect que ce chrétien a toujours manifesté pour la culture de l’autre, soulignant, en particulier, « le rayonnement de la foi et de la mystique (...)


  • Siyâsat Nâmeh (Le traité de gouvernement) de Nezâm-ol-Molk

    Elhâm Mass’oudiân N° 51, février 2010

    Siyâsat Nâmeh (Le traité de gouvernement), également connu sous le titre de Siyar-ol-Molouk est l’œuvre la plus célèbre de Nezâm-ol-Molk, grand politicien et vizir des sultans seldjoukides Alp Arslân et Malek Shâh Ier. Pendant 30 ans, Nezâm-ol-Molk posséda un « immense pouvoir » et mit en place un type de gouvernement et d’administration qui perdura plusieurs siècles après lui. Ecrit en persan au XIe siècle, le Siyâsat Nâmeh fut rédigé suite à la demande de Malek Shâh, qui souhaitait que ses ministres (...)


  • Quelques réflexions sur le problème de l’homme et de ses droits

    Karim Modjtahedi N° 51, février 2010

    On pourrait penser qu’en ce qui concerne le problème de l’homme et de ses droits au niveau des intentions, nous resterons toujours d’accord, presque d’une manière a priori. Peut-on citer le nom d’un seul peuple qui ne prétendrait pas dès le début à la paix, à la liberté, au bien-être de tous, à l’humanité en général et en même temps et surtout à ses propres directives pour atteindre ces buts ? En justifiant les moyens par les fins, ne risquons-nous pas de demeurer machiavéliques, en Occident de même qu’en (...)


  • Exposition Pierre Soulages au Musée National d’Art Moderne,
    Centre Georges Pompidou, Paris

    14 octobre 2009-8 mars 2010

    Jean-Pierre Brigaudiot N° 51, février 2010

    Une peinture bien faite
    Soulages (né en 1919) dont la carrière artistique démarre après 1945 est l’un des peintres notoires de la seconde Ecole de Paris ; il est toujours à l’œuvre et jouit d’une grande estime de la part des institutions de l’art en France dont il est l’un des peintres officiels. Cependant, sa notoriété s’étend, par exemple, jusqu’aux les Etats-Unis et en Allemagne où il a été fort présent en tant que représentant d’une abstraction à caractère expressionniste, mais d’un expressionnisme (...)


  • Dix regards persans sur l’homme contemporain

    Djamileh Zia N° 51, février 2010

    La Galerie Spéos, fondée par l’école de photo Spéos, expose à Paris depuis le 17 novembre 2009 les œuvres de dix photographes iraniens. Le succès de cette exposition, qui devait durer jusqu’au 18 décembre 2009, a été tel que la Galerie Spéos l’a prolongée jusqu’au 10 janvier 2010. J’ai eu un entretien à Téhéran avec trois des photographes de cette exposition : Mehrvâ Arvin, qui tient la Galerie Mehrvâ à Téhéran et a collaboré de ce fait à l’organisation de l’exposition de Paris, Naghmeh Ghâssemlou et Jâvid (...)


  • Poésie orientalisante

    Dr. Nastaran Yasrebi Nejâd
    Université Azâd d’Arâk

    N° 51, février 2010

    Le romantisme français avait fait de l’Orient enturbanné du XVIIe siècle, de l’Orient des janissaires et du sérail, un grand motif politico-fantasmatique (sang, sexe, violence), et plus profondément le lieu d’une quête, celle d’un état limite de l’ancien. De la Perse archaïque avec l’Avesta à l’ةgypte ou l’Assyrie en passant par l’Inde védique, il fallait retrouver l’origine au-delà du primitif d’abord entrevu. En ce sens, les véritables enjeux de la poésie orientalisante du XIXe siècle se situent ailleurs que (...)


  • Origines et évolution de l’art du conteur en Iran

    Origines du conte en Iran (1)

    Shadi Oliaei N° 51, février 2010

    Pour parler des origines du conte en Iran, il est nécessaire de revenir à la source de la transmission des légendes par le peuple iranien à travers les siècles. L’Iran a connu de nombreux événements remarquables pendant sa très longue histoire et les populations et civilisations qui se sont succédées ont contribué à bâtir et enrichir un matériau légendaire qui a représenté une source fabuleuse pour les conteurs, poètes et écrivains. Les légendes relatives aux rois et héros d’Iran dans l’antiquité sont à (...)


  • Baudelaire et la dualité dans Les Fleurs du Mal

    Sahar Karimimehr N° 51, février 2010

    La dualité, thème essentiel et central de l’œuvre baudelairienne, a aussi une place de choix dans sa vie privée. Dans Les Fleurs du Mal, il chante :
    « Tout enfant, j’ai senti dans mon cœur deux sentiments
    Contradictoires l’horreur de la vie et l’extase de la vie
    C’est bien le fait d’un paresseux nerveux. » Que signifie la dualité ?
    La dualité peut être définie comme la coexistence de deux choses de différente nature mais impossible à séparer du fait de leur relation étroite. L’un des exemples les plus (...)


  • Univers philosophique et esthétique de Denis Diderot

    Nastaran Yasrebi Nejâd
    Université Azâd d’Arak
    Zahrâ Shamsi

    N° 51, février 2010

    En 1750, Denis Diderot fait figure d’homme de lettres besogneux, qui vit de traductions, ou de romancier libertin, et qui a eu affaire avec la justice pour quelques essais audacieux. Quand il meurt en 1784, il est devenu « le philosophe » par excellence, célèbre pour son rôle dans l’Encyclopédie et ses relations avec Catherine II de Russie. Pourtant, ses œuvres les plus expressives à nos yeux sont alors ignorées, ou ne sont connues que de rares privilégiés. Aujourd’hui encore, l’unité de sa vie et de (...)


  • Réflexion sur le Homây-Nâmeh

    Shahrâm Aryân N° 51, février 2010

    Le Homây-Nâmeh est un recueil de poèmes épiques dont la composition date probablement du XIIe siècle. Cet ouvrage est une biographie épique du roi Homây, qui quitta l’Egypte à vingt ans et traversa les territoires de Roum [1], de l’Iran, du Tourân [2] et de l’Inde pour y trouver une épouse, qu’il trouva finalement en la personne de Gol-e Kâmkâr à Damas.
    Le manuscrit de ce recueil se distingue par sa qualité, unique en son genre. Assemblé en 126 pages épaisses de 31,6 x 23,8 cm et appartenant à la (...)


  • Le café traditionnel iranien

    Shadi Oliaei N° 51, février 2010

    Pendant des siècles, les Iraniens ont bu du café et ne connaissaient pas le thé. C’est pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, les salons de thé ont conservé le nom de qahveh-khâneh, c’est à dire « maison de café ». Avec la domination des Ottomans sur les territoires de l’ouest et les tensions qu’elle occasionna au niveau des approvisionnements, il y eut une pénurie de café en Iran. A cette même époque, l’Iran et l’Inde entretenaient de bonnes relations commerciales et les marchands des deux pays commencèrent à (...)


  • La brèche vers le jardin

    Poème de Forough Farrokhzâd
    tiré du receuil Tavallodi Digar (Autre Naissance)

    traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 51, février 2010

    Ce corbeau
    Qui, sur nos têtes,
    S’est échappé du ciel froid
    Pour s’enfoncer dans le chaos d’un songe de nuages errants,
    Et survola l’horizon,
    Du glaive court de son cri,
    Ira, parler de nous, en ville
    Les gens savent
    Les gens savent
    Que nous avons, toi et moi,
    Vu le jardin, au-delà
    De sa brèche sombre et froide,
    Cueilli sa pomme à cette branche
    Espiègle et haut perchée
    Les gens ont peur
    Le monde a peur
    Sauf toi et moi
    Qui agrippés
    A l’eau,
    A la lampe,
    Au miroir
    N’eûmes pas peur
    Il (...)


  • Le corbeau

    Poème de Ahmad Shâmlou

    traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 51, février 2010

    Je pense encore
    A ce corbeau
    Qui,
    Dans les vallées du Yoush,
    En son bruissement jumelé,
    Sur le jaune mûr
    D’un champ de blé,
    Coupa
    De ses ciseaux noirs
    Un arc brisé
    Dans le papier
    Mat du ciel
    Et, face à la montagne proche,
    Lui croassa,
    De son cri
    Sec et rauque, quelque chose
    Que, dans l’ardeur du soleil,
    Enervées et stupéfaites,
    Les montagnes ressassèrent
    Sous la pierre de leurs cranes
    Jusque très tard
    Dans le soir
    Je me demande quelques fois
    Ce, qu’aux prières de midi,
    Un corbeau
    Avec son poids (...)


  • Ses tendres mains

    Soghrâ Aghâ-Ahmadi
    Traduit par

    Shahrzâd Mâkoui N° 51, février 2010

    La mer était calme. Pareilles aux amples jupes longues des fillettes du village, les vagues s’étiraient et ondulaient, embrassant les pieds brûlants de la plage. Par endroits, la brise matinale propageait des senteurs d’algue et d’eau.
    Penchée, la femme ramassait des huîtres qu’elle jetait dans un panier. De loin, elle ressemblait à une huître énorme. Le tas multiforme grossissait dans le panier.
    Quand le panier fut plein, elle le prit sur son dos et se mit en marche. Comme toujours, les mouettes la (...)


  • D’Istanbul à Paris à bicyclette

    Carnet de voyage

    Goudarz Nâteq N° 51, février 2010

    Si un jour, quelqu’un nous avait dit que nous allions voyager à travers les villes les plus belles du monde et être aussi proche des gens, de la culture, des modes de vie, nous ne l’aurions pas cru. C’est durant l’été 2008 que nous avons pris la décision d’effectuer un voyage entièrement à bicyclette et je vous le dis, à partir de cette date jusqu’à notre départ été 2009, ce défi a accaparé nos pensées.
    Nous sommes partis d’Istanbul. Nous avions réfléchi des heures durant à notre itinéraire, qui devait nous (...)