Sylvie M. Miller

18 articles

  • Deux poèmes de Rezâ Baghdâdi

    Traduits et adaptés du persan par

    Sylvie M. Miller N° 115, juin 2015

    Né en 1977 en hiver, Rezâ Baghdâdi est à la fois poète, musicien et calligraphe. Il a réalisé des œuvres de peinture-calligraphie qui ont été exposées dans plusieurs galeries iraniennes. Son premier recueil de poèmes, Zemestân (Hiver), se compose de trois parties : poèmes lyriques, poésie moderne et chansons. Il a notamment été influencé par les poètes Fereydoun Moshiri et Hamid Mosaddegh.
    Flâner par les ruelles vers la mémoire de toi
    Et la nuit qui revient me rappelle tes baisers
    Abrégeant le chemin qui va (...)


  • Poème de Sohrâb Sepehri

    adapté du persan par

    Sylvie M. Miller N° 103, juin 2014

    Derrière
    la terre aux cyprès
    la neige
    la neige
    une virée de corbeaux
    le sentier parle
    d’errance,
    de vent, de chant, de voyageur,
    et d’une envie de sommeiller
    les branches du lierre, l’arrivée,
    la cour
    moi
    ma nostalgie
    et ce carreau trempé de pluie
    j’écris - ces deux murs
    l’espace
    ce moineau
    un tel a du chagrin
    l’autre tricote
    un autre chante
    un autre compte
    la vie
    c’est un étourneau
    qui s’envole
    qu’est-ce qui t’a fait de la peine ?
    les bonheurs ne manquent pas
    prends ce soleil (...)


  • La Ronde des Ombres (Gardesh-e sâyeh-hâ)

    Sohrâb Sepehri
    adapté du persan par

    Sylvie M. Miller N° 97, décembre 2013

    Le vieux figuier étale l’apogée de ses jours,
    la terre appelle la pluie
    le poisson, dans sa ronde, fait un sillon dans l’eau,
    l’hirondelle des courbes,
    le vent passe, j’atténue mon regard
    le poisson est prisonnier de l’onde
    moi, de la douleur
    tes yeux s’estompent
    ton sourire se flétrit
    pour faire de toi mon effigie,
    j’ai dirigé l’ombre sur toi
    venir à toi sent le désert :
    t’aborder, la solitude
    ton voisinage, l’esseulement
    ma vie s’étend d’un bord de toi jusqu’à tes cimes ;
    tu te propages, (...)


  • Deux poèmes de Shams Langueroudi*

    Adaptés du persan par

    Sylvie M. Miller N° 96, novembre 2013

    Sois calme
    Sois calme, mon amour, sois calme
    La vie est pareille à la mer
    Scintillante parfois
    De soleil, de lumière et de l’odeur du sel,
    Elle ruisselle de joie
    Il arrive qu’on se noie, qu’on ferme les paupières,
    Partout
    L’obscurité
    Sois calme, mon amour,
    Sois calme, nous ferons
    Surface, nous verrons
    À nouveau le soleil
    Scintiller sur la neige d’une terre en friche, mais
    cette fois,
    Où tu voudras
    Sois calme, mon amour,
    Sois calme.
    Extrait du livre Mallâh Khiâbân-hâ
    (Les capitaines (...)


  • Poèmes de Ahmad Shâmlou

    Adapté du persan par

    Sylvie M. Miller N° 94, septembre 2013

    C’est moi, oui moi qui pleure…
    En cet instant morose, où les ombres s’allongent
    Et la nuit, vient, rapide, envahir la vallée
    C’est moi, oui, moi qui pleure
    Sur cette joue amère, de naître dans ta jupe,
    Après une douleur de quarante ans d’attente
    Jusqu’à cette pénombre irradiant le feu
    Dans ta jupe qui est
    Refuge, tendresse, pardon
    Alors que le soleil répand l’éternité
    Pour éteindre le jour ... et qu’il n’en finit pas
    Dès lors, un paysage voué à la mémoire,
    La passion,
    La détresse.
    Si seulement (...)


  • Roseraie

    Sohrâb Sepehri
    Adapté du persan par

    Sylvie M. Miller N° 89, avril 2013

    Quels vastes prés, quelles montagnes,
    Quelle odeur d’herbe !
    Dans ce paradis, j’étais en quête d’un rêve,
    D’un sourire, d’une lumière, d’un destin
    Intacte, derrière les peupliers, une insouciance m’appelait
    Je m’arrêtai à des roseaux
    Le vent soufflait,
    J’écoutai : Quelqu’un me parle ?
    Un lézard fit un mouvement
    Je repris la route, un champ
    De luzerne tout au bout,
    Puis un carré de concombres,
    Des terres incultes aux tons fleuris
    Puis la poussière et l’oubli
    Près d’un point d’eau,
    Je retirai mes (...)


  • Poèmes

    Sylvie M. Miller N° 87, février 2013

    Le silence
    Le silence est un ruisseau dessous la neige au pied des saules
    Le silence est ce bruit mat que fait en tombant,
    La nuit,
    Un fruit sur la terre gelée
    Le silence est le tapage circulaire des étourneaux,
    Cette virée de corbeaux sur le jardin qui s’endormait,
    Le chant menu du samovar,
    Le ciel sur le carreau glacé,
    Mais le silence, c’est aussi
    L’échelle moisie et sans âge
    Contre l’issue condamnée,
    Le silence, c’est aussi
    Une vie entière
    À hurler Aube
    Le merle sur l’ardoise des (...)


  • Poèmes

    Sylvie M. Miller N° 59, octobre 2010

    Louve
    Des chevriers sont là
    Qui ont porté leurs bêtes nouveau-nées.
    Des sources naissent à fleur de pierre où le sabot résonne
    Et la palmeraie brille sur l’écaille des sables.
    C’est l’heure incandescente et rose des prières.
    Dans la claire-voie des cours
    Un vol de tourterelles fond sur la boutonnière
    Des fontaines
    Et l’eau perle aux aiguières verseuses d’ablutions.
    C’est l’heure-empreinte, l’heure volée
    L’heure-envergure envolée
    La tente est bleue dans l’âtre pétrifié du jour
    La chaleur en-allée (...)


  • L’Orange et le Citron

    Fereshteh Molavi
    Traduit par

    Sylvie M. Miller N° 59, octobre 2010

    Il ne fait ni soleil ni pluie.
    Sur un banc du jardin public, ma tortue et moi faisons face au bassin et regardons la lumière des jets d’eau.
    Je sais qu’au dessus de moi l’orme vert étend ses bras et que plus haut, le ciel est bleu.
    Des enfants passent en criant à tue-tête leur chanson et, surprise, ma tortue les suit des yeux ; mais moi je ne veux qu’écouter ce que murmurent les jets d’eau.
    « J’ai toujours craint pour mes yeux. Maintenant toi… »
    Dès que maman me disait ça, il se mettait à pleuvoir (...)


  • Poésie

    Sylvie M. Miller N° 56, juillet 2010

    C’est l’heure incandescente et rose des prières.
    Dans la clair-voie des cours
    Un vol de tourterelles fond sur la boutonnière
    Des fontaines
    Et l’eau perle aux aiguières verseuses d’ablutions.
    D’où vient que tout s’envole où jaillissent les saules,
    Tout,


  • L’aube détruite

    Parvin E’tesâmi (1907 – 1941)
    Traduit du persan

    Sylvie M. Miller N° 55, juin 2010

    Un vent se mit à souffler
    Abîmant un petit nid
    Un auvent se détacha, s’effondra sur une tête
    Une forme tressaillit, une occasion se gâcha
    Un oisillon tomba du nid
    Une plume rougit de sang


  • Saison froide (extraits)

    Forough Farrokhzâd
    Traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 55, juin 2010

    Amour

    Ô Amour unique entre tous,
    qu’ils sont sombres ces nuages
    conviés par le soleil
    pour regarder monter
    le jour
    Comme si cet oiseau là ne se voyait qu’au tracé


  • Une halte dans l’instant

    Sohrâb Sepehri
    traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 55, juin 2010

    Si vous venez me chercher :
    J’habite
    Plus loin que Nulle part

    Plus loin que Nulle part est un lieu

    On y voit
    des courants d’airs porteurs d’akènes de pissenlits
    messagers de la nouvelle fleur


  • Le canari dit

    Nimâ Youshidj (1896-1960)
    Traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 55, juin 2010

    Le canari dit que la sphère
    de la lune est similaire
    à celle des cages à barreaux d’or
    et à mangeoires de faïence

    le poisson rouge transcrivit
    son plateau du Nouvel An


  • Jardin persan

    Fereshteh Molavi
    Traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 55, juin 2010

    Fereshteh Molavi est née en 1953 à Téhéran. Elle a publié un roman intitulé Khâneh-ye abr o bâd (La maison des nuages et du vent) ainsi que plusieurs œuvres dont "Bâgh-e irâni" (Le jardin persan), "Nârendj o Torandj" (L’orange et le citron), "Pari aftâbi va dâstânhâ-ye digar" (La fée soleil et autres histoires). Lorsqu’elle vivait en Iran, elle a également traduit plusieurs nouvelles et œuvres littéraires.


  • Amour irradiant

    Poème d’Ahmad Shâmlou, traduit par

    Sylvie M. Miller N° 53, avril 2010

    Le sourire est un secret
    L’amour est un secret
    La larme versée cette nuit-là
    C’est mon amour qui souriait
    Pour toi, je ne suis pas
    Une fable à conter
    Ni un air à chanter
    Ni une voix à entendre
    Ou bien une chose à voir
    Ni même à imaginer
    Je suis le mal commun
    Hurle-moi
    L’arbre parle à la forêt
    L’herbe à la plaine
    L’étoile à la voie lactée
    Et moi, c’est à toi que je parle
    Dis-moi ton nom
    Donne-moi ta main
    Parle-moi
    Donne-moi ton cœur
    J’ai enlacé tes racines
    De tes lèvres, j’ai parlé
    A toutes (...)


  • Poème de Forough Farrokhzâd
    tiré du receuil Tavallodi Digar (Autre Naissance)

    La brèche vers le jardin

    traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 51, février 2010

    Ce corbeau
    Qui, sur nos têtes,
    S’est échappé du ciel froid
    Pour s’enfoncer dans le chaos d’un songe de nuages errants,
    Et survola l’horizon,
    Du glaive court de son cri,
    Ira, parler de nous, en ville
    Les gens savent
    Les gens savent
    Que nous avons, toi et moi,
    Vu le jardin, au-delà
    De sa brèche sombre et froide,
    Cueilli sa pomme à cette branche
    Espiègle et haut perchée
    Les gens ont peur
    Le monde a peur
    Sauf toi et moi
    Qui agrippés
    A l’eau,
    A la lampe,
    Au miroir
    N’eûmes pas peur
    Il (...)


  • Poème de Ahmad Shâmlou

    Le corbeau

    traduit du persan par

    Sylvie M. Miller N° 51, février 2010

    Je pense encore
    A ce corbeau
    Qui,
    Dans les vallées du Yoush,
    En son bruissement jumelé,
    Sur le jaune mûr
    D’un champ de blé,
    Coupa
    De ses ciseaux noirs
    Un arc brisé
    Dans le papier
    Mat du ciel
    Et, face à la montagne proche,
    Lui croassa,
    De son cri
    Sec et rauque, quelque chose
    Que, dans l’ardeur du soleil,
    Enervées et stupéfaites,
    Les montagnes ressassèrent
    Sous la pierre de leurs cranes
    Jusque très tard
    Dans le soir
    Je me demande quelques fois
    Ce, qu’aux prières de midi,
    Un corbeau
    Avec son poids (...)