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C’est moi, oui moi qui pleure…
En cet instant morose, où les ombres s’allongent
Et la nuit, vient, rapide, envahir la vallée
C’est moi, oui, moi qui pleure
Sur cette joue amère, de naître dans ta jupe,
Après une douleur de quarante ans d’attente
Jusqu’à cette pénombre irradiant le feu
Dans ta jupe qui est
Refuge, tendresse, pardon
Alors que le soleil répand l’éternité
Pour éteindre le jour ... et qu’il n’en finit pas
- Dès lors, un paysage voué à la mémoire,
La passion,
La détresse.
Si seulement ta main n’était pas la tendresse,
Le refuge, le pardon !
… tout ce qui est triomphe sur la convoitise
… tout ce qui est l’inverse des âmes clairvoyantes
Car il y a dans cette cage un animal sauvage
Né de la bonté de tes mains
Et qui dans la lenteur de ce pèlerin en noir
Hurle comme une bête furieuse
***
Séparation
C’est
consciemment que je te veux
Oh ton absence : l’évidence
amère
de ce qu’est la mort
Consciemment, que je te réclame,
lancé derrière un poulain,
prématuré, dirait-on
et qu’il est vain d’éprouver
par l’espace qu’il dévore
l’odeur de ta robe, ici
à cet instant
les montagnes
froides au loin
ma main
qui cherche la présence familière de ta main
au lit comme dans les rues
et
qui aligne ma détresse
à la mesure de mes tourments
Seul le mutisme de tes doigts
et
la terre perd toute compassion
***
C’était un souffle minuscule,
La fine soie d’un clair de lune
Un jet d’eau dans un jardin…
Je vins au monde avec des yeux pareils à deux feuilles d’orme,
Mes veines : des tiges de nénuphars,
Mes mains : les feuilles d’un érable
Et une âme qui ricochait comme le vent sur le bassin
À la manière de la pluie
Et moi,
Ô nature ardue,
Ô père, j’étais
Ton enfant.