|
L’unité de transplantation d’organes de la Faculté des sciences médicales de l’université Shahid Beheshti à l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari
L’unité de transplantation d’organes, qui dépend de la faculté des sciences médicales de l’université Shahid Beheshti, se trouve au sein de l’hôpital Masih Dâneshvari. Elle est l’une des treize unités iraniennes travaillant dans le domaine de la transplantation, les organes étant prélevés sur des patients en état de mort cérébrale après l’autorisation de leur famille. Actuellement, cette unité travaille dans le domaine de la transplantation d’organes au sens strict, mais également de la promotion du don d’organes, en émettant des cartes de donneur et en formant des ambassadeurs de don d’organes. Elle a également des activités dans le domaine de la recherche et de l’éducation.
La première étape du don d’organes est d’identifier le patient en état de mort cérébrale. Elle fait intervenir une personne appelée "Intermédiaire de transplantation", qui est souvent l’infirmier-chef ou l’un des membres du personnel de l’unité de soins intensifs. Cette personne est sélectionnée par le directeur de l’hôpital pour informer l’unité de transplantation d’organes lorsqu’une mort cérébrale survient. Cette coordination s’effectue également par des appels téléphoniques entre le coordinateur et les hôpitaux tous les deux jours.
Lorsque l’on informe de la mort cérébrale d’un patient, le coordinateur de l’unité se rend à l’hôpital d’origine, où une première visite est réalisée afin de déterminer si l’utilisation des organes est possible ou non. En outre, si la mort cérébrale du patient est confirmée à la suite de cette visite, on vérifiera son électro-encéphalogramme et des premières formalités seront réalisées par le coordinateur. L’étape suivante est le consentement du prélèvement d’organe qui dépend de l’autorisation de la famille du patient, si ce dernier n’a pas lui-même de carte de donneur.
Après cette étape, les bénéficiaires de ce don doivent être choisis. Pour cela, on prend d’abord contact avec le ministère de la Santé. Le bénéficiaire est choisi sur une liste d’attente en fonction de critères de compatibilités propres à chaque organe ou tissu et de l’urgence liée exclusivement à son état de santé.
Après avoir choisi le(s) receveur(s), rempli le formulaire de consentement, engagé les procédures de renvoi, et effectué les coordinations nécessaires, un transfert médicalisé du donneur en ambulance équipée, accompagné d’un anesthésiste et du coordinateur de l’unité de transplantation est réalisé à l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari. On amène alors la personne à l’unité de soins intensifs, on stabilise son état avec l’aide de l’anesthésiste, et un infirmier expérimenté contrôle incessamment l’état du patient.
Pour s’assurer de la mort cérébrale du patient, les spécialistes en chirurgie, en neurologie, en médecine interne, et en anesthésie visitent encore séparément le donneur pour confirmer, ou peut-être refuser, sa mort cérébrale. Ces spécialistes sont sélectionnés directement par le ministère, sans intervention de l’unité. Même lorsque les avis de ces quatre spécialistes se recoupent, le médecin légiste vient également voir le patient pour confirmer sa mort cérébrale. A la suite de sa confirmation, une réunion est organisée sur place à l’unité. Dans cette réunion où sont présents des agents responsables du don d’organes, des assistants, psychologues, agents de médecine légiste, coordinateurs, ainsi que la famille du donneur, on parle aux proches du patient pour les disposer à donner l’autorisation définitive pour le don d’organes. On coordonne ensuite différentes équipes dans tout le pays dont les responsables de salle d’opération pour définir le temps de l’opération et décider des étapes ultérieures.
Lors de la dernière étape, le donneur est emmené à la salle d’opération et le prélèvement est effectué par l’équipe de chirurgie. A la fin de l’opération, l’apparence externe du corps est reconstituée et il est transféré à la morgue, avant d’être amené au cimetière. Le coordinateur de l’unité participe également aux funérailles du défunt avec un bouquet de fleurs et en lui décernant à titre posthume un certificat de mérite. Si possible, il lit à voix haute le texte inscrit sur le certificat. A la fin, le responsable du don d’organes doit faire un rapport écrit sur la manière dont s’est passé le don ainsi que tout son processus en retranscrivant tous les détails.
Pour encourager les Iraniens et les informer au sujet du don d’organes, sur son site internet (www.ehda.ir), l’unité de transplantation d’organes de l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari donne la possibilité de s’inscrire gratuitement pour obtenir une carte de donneur. Sur le même site, on peut également s’inscrire pour devenir ambassadeur du don d’organes. Les ambassadeurs doivent répondre aux questions des Iraniens concernant le don d’organes, les encourager à le faire, les informer, et les aider à surmonter leurs appréhensions éventuelles. Ces ambassadeurs dont les activités sont bénévoles mettent en place des stands de don d’organes qu’ils tiennent eux-mêmes, aident à préparer les cartes de donneurs ainsi qu’à bien organiser les cérémonies et les conférences concernant les dons d’organes, font des travaux graphiques (dessin d’affiche, de brochure, etc.), organisent des ateliers éducatifs, réalisent des films documentaires sur le don d’organes, collaborent avec les divers organisations et organismes travaillant dans ce domaine, collaborent avec les écoles et les universités, préparent ou traduisent les sujets concernant le don d’organes, forment des groupes pour aider les familles des donneurs ou des bénéficiaires, etc. ; tout cela dans l’optique de promouvoir une culture générale du don d’organes en Iran.
En vue de promouvoir la culture du don d’organes, l’unité de transplantation d’organes de l’université Shahid Beheshti est souvent présente dans les foires, les fêtes et les cérémonies organisées au niveau national, dont la foire internationale du livre de Téhéran, des foires de presse, la fête de la fin du ramadan, etc. Souvent, après des cérémonies ou événements publics importants, de nombreux formulaires de demande de carte de donneur sont remplis. Ici, les ambassadeurs peuvent jouer un rôle important pour préparer les cartes et les envoyer aux demandeurs.
Aujourd’hui, et notamment grâce aux activités de cette unité, le nombre de greffes a considérablement augmenté en Iran. Les organes greffés de 2004 à 2011 sont les reins (54%), le foie (27%), le cœur (14%) et les poumons (3%). Concernant la greffe des tissus et os à la même période, nous avons principalement des greffes de cornée (62%), de valvule cardiaque (32%), et d’os (6%). Au mois d’avril, la seconde greffe simultanée du cœur et du rein a été réalisée avec succès à l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari.
Nous avons réalisé un court entretien avec le responsable de l’unité de chirurgie cardiaque de l’hôpital du docteur Masih Dâneshvari, le docteur Zarghâm Hossein Ahmadi qui s’occupe notamment de greffes cardiaques.
Depuis quand l’unité de greffe cardiaque a-t-elle commencé son travail dans l’hôpital du docteur Masih Dâneshvari, et quels succès a-t-elle obtenus jusqu’à présent dans ce domaine ?
L’unité de greffe cardiaque a commencé son travail en 1384 (2005), et nous avons effectué jusqu’à présent plus de cent greffes cardiaques.
Quelle proportion de greffes cardiaques a été réalisée avec succès dans cet hôpital, et dans quelle mesure les patients peuvent-ils avoir l’espoir de reprendre une vie normale après la greffe cardiaque ?
Plus de 70% des greffes cardiaques ont été réalisées avec succès. C’est très peu, par rapport aux pays occidentaux dont l’espérance de vie après la greffe pendant cinq ans est de 85%. Mais il faut prendre en compte le fait qu’en Iran, nous devons faire face à des problèmes tels que les possibilités limitées du centre, des pénuries de médicaments, le manque de couverture de l’assurance santé pour certains médicaments, etc., et ce alors que dans les pays occidentaux et même dans certains pays voisins, ces problèmes n’existent souvent pas.
Pourriez-vous nous expliquer les activités principales de cet hôpital dans le domaine de la chirurgie cardiaque ?
Le département de chirurgie cardiaque de l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari a commencé son travail en 2003 et a essayé de réaliser des opérations qui ne s’effectuent pas souvent dans les autres centres cardiaques du pays. Certaines de ces activités sont la transplantation cardiaque, la chirurgie liée à l’endocardite infectieuse, la chirurgie de la valve mitrale et de l’aorte thoracique…
Pourriez-vous revenir sur la greffe simultanée du cœur et du rein effectuée à l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari au mois d’avril ? Quel était l’état de santé du patient avant l’opération ? Dans quel état est-il actuellement ?
C’était la seconde greffe simultanée du cœur et du rein réalisée à l’hôpital Docteur Dâneshvari. Avant l’opération, le patient était dans un mauvais état de santé lié à sa dyspnée, et étroitement dépendant de la dialyse. La plupart du temps, avant l’opération, les patients ne sont pas en contact avec nous mais il était dans un tel état de santé qu’il nous contactait régulièrement dans l’espoir de bénéficier d’une greffe le plus tôt possible. Il est actuellement dans un bon état de santé, n’est plus astreint à la dialyse et prend seulement un immunosuppresseur. Il reste cependant sous la surveillance de l’unité d’insuffisance cardiaque et celle de néphrologie de l’hôpital.
Quelles dispositions ont été prises par l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari pour aider les patients pendant et après l’opération ?
Malheureusement, l’Iran vit depuis ces dernières années dans un contexte particulier (l’embargo américain et autre sur le matériel médical et les médicaments) ; dans de telles conditions, les hôpitaux ont dû également faire face à de nombreux problèmes. Depuis quelques années, du point de vue des équipements et des possibilités, la situation de l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari ne s’est pas améliorée, et on peut dire même qu’elle s’est aggravée. Mais nous avons réussi à affronter en partie les problèmes et les insuffisances grâce à l’équipe compétente qui y travaille. Il faut également dire que les fonctionnaires de l’hôpital nous ont bien soutenus pour y parvenir.
Outre cette greffe simultanée du cœur et du rein, une autre greffe simultanée a-t-elle été réalisée au sein de l’hôpital Docteur Masih Dâneshvari ?
Oui, nous avons également effectué une greffe simultanée du cœur et du poumon. Mais malheureusement, le patient est mort subitement 21 jours après l’opération. A la suite de cela, le projet de la greffe simultanée du cœur et du poumon a été arrêté. Mais aujourd’hui, à la suite de recherches, l’équipe est disposée à effectuer une autre greffe simultanée du cœur et du poumon, et nous espérons qu’elle sera un succès cette fois-ci.