N° 51, février 2010

Poème de Ahmad Shâmlou

Le corbeau


traduit du persan par

Sylvie M. Miller



Je pense encore
A ce corbeau
Qui,
Dans les vallées du Yoush,
En son bruissement jumelé,
Sur le jaune mûr
D’un champ de blé,
Coupa
De ses ciseaux noirs
Un arc brisé
Dans le papier
Mat du ciel
Et, face à la montagne proche,
Lui croassa,
De son cri
Sec et rauque, quelque chose
Que, dans l’ardeur du soleil,
Enervées et stupéfaites,
Les montagnes ressassèrent
Sous la pierre de leurs cranes
Jusque très tard
Dans le soir
Je me demande quelques fois
Ce, qu’aux prières de midi,
Un corbeau
Avec son poids
De tranchant,
De résistance,
Ses tons de deuil soutenus
Sur le jaune mûr
D’un champ de blé,
Aurait à dire
Aux vieilles montagnes,
En franchissant, à tire d’ailes,
Un petit groupe de peupliers,
Avec sa rage, ses hurlements,
Pour qu’accablées
Ensommeillées,
Dans le midi du plein été,
Ces dévotes
Se l’épellent
L’une à l’autre
Jusqu’à la nuit


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