N° 24, novembre 2007

Historique de la naissance de la nouvelle persane

Djamâlzâdeh, le pionnier de la nouvelle persane


Samira Fakhâriyân


Un mercredi soir de l’année 1300 de l’hégire lunaire (1921 de l’ère chrétienne) - Berlin.

Ils étaient six, tous iraniens et étrangers. Ils se réunissaient tous les mercredis soirs pour étudier les articles proposés par les uns et les autres. Tous les membres de l’équipe de rédaction de Kâveh lurent leurs articles et ce fut au tour de Djamâlzâdeh, le membre le plus jeune, de présenter son travail devant ses confrères.

Il hésita, son récit ne reproduisait pas les mêmes modèles que d’habitude ; sa langue populaire et familière et sa structure simple et narrative pourraient susciter de mauvaises réactions… Il se mit à lire : "Il est doux le persan" (Farsi shekar ast) …

La récitation de son histoire finie, il craignait par-dessus tout le jugement du très lettré Mohammad Qazvînî. Mais celui-ci l’accueillit très chaleureusement. Il compara sa prose au sucre "qand-e fârsî" et loua son talent.

Ainsi, la revue Kâveh, en publiant ce récit en 1921, annonça la mise au monde d’un nouveau genre littéraire dans le monde des lettres persanes : la nouvelle. A la fin de la même année parut le recueil des six premières nouvelles publiées par Djamâlzâdeh sous le titre Yekî bûd-o yekî nabûd (Il était une fois).

Tout en jetant les bases du récit moderne, ce livre marqua la fin d’une littérature compliquée, dite constitutionnaliste. "Avec Djamâlzâdeh, écrit Barâhenî, la prose constitutionnaliste entre dans le domaine du qesse (récit, conte)."

Seyyed Mohammad-Ali DJAMÂLZÂDEH

L’idée d’écrire dans une langue simple, proche de celle du peuple et dépourvue des expressions compliquées avait déjà été lancée bien avant la publication de Yekî bûd-o yekî nabûd. De ce fait, ce livre s’inscrit dans un courant dont l’origine se situe au XIXe siècle.

"Qâem Maqâm Farahânî était le premier à avoir eu l’idée de corriger la prose persane. Il raccourcit les phrases et diminua l’emploi des rimes, des phrases rythmées et quelques autres ornements pour arriver à présenter une nouvelle prose qui, tout en ayant la valeur artistique et littéraire, soit exempte d’artifice et des recherches de la prose des scribes de la Cour." [1]

Puis vinrent d’autres écrivains comme Mîrzâ Hassan Fassâ’î (l’écrivain de Fârsnâmeh nâserî), Madjed-ol Molk, ou encore Mohammad Tâqî Lessân (l’auteur de Nassekh-o Tavârîkh) qui, tout en conservant l’héritage des anciens, écrivaient dans une langue simple.

Par conséquent, un ensemble de transformations préparèrent la naissance de la prose moderne et de la nouvelle. Parmi les éléments qui jouèrent un rôle dans la naissance de la prose moderne, on peut parler des récits de voyage et des mémoires, de même que de la rédaction d’ouvrages tels que Siyâhat nâmeh d’Ibrâhîm Beigue et Ketâb-e Ahmad (le livre d’Ahmad) de Talboof.

La révolution constitutionnelle de 1906 pendant laquelle l’Iran connut des changements considérables accéléra la mise en place d’une nouvelle prose, notamment du fait qu’à cette époque, la presse se développa et les écrivains sentirent qu’il fallait écrire dans une langue plus proche de celle du peuple.

On peut remarquer également l’influence des traductions dans cette démarche. La traduction que Mîrzâ Habîb Esfahânî fit des Aventures de Hâdjî Bâbâ d’Ispahan de James Morier est toujours considérée comme un chef d’œuvre. Cette traduction influença énormément Djamâlzâdeh. "Le traducteur des hekâyats de Hâdjî Bâbâ est l’un des plus talentueux et des plus habiles écrivains de l’époque qui contribua à diffuser le modèle d’une écriture simple", affirme Barahânî. [2] "Mîrzâ Habîb savait très bien utiliser des mots familiers, ce qui fit de Hâdjî Bâbâ un véritable exemple à suivre pour Djamâlzâdeh." [3]

Une autre œuvre éminente qui joua un rôle important dans l’apparition de la prose narrative de Djamâlzâdeh est Carand Parand de Dehkhodâ. Des Carand Parand paraissaient dans le journal Sûr-e Esrâfîl au lendemain de la révolution constitutionnelle. "Carand parand reste à la croisée des chemins, entre la littérature traditionnelle et la littérature empruntée à l’Occident. Selon Barahânî, Carand Parand est un pont vers une littérature qui cherche encore à se connaître et qui plus tard atteignit sa perfection d’abord vers 1920 avec Djamâlzâdeh, puis dans les années 1930 avec Hedâyat." [4]

Repères biographiques [5]

Seyyed Mohammad-Ali Djamâlzâdeh est né le 12 janvier 1892 à Ispahan. Son père, Seyyed Jamâloddîn Vâéz-e Esfahânî, un des orateurs constitutionnalistes les plus brillants, appartenait à la grande famille religieuse des Sadr, d’origine libanaise.

Seyyed Mohammad-Ali DJAMÂLZÂDEH

De son enfance, Djamâlzâdeh retiendra toute sa vie deux aspects principaux : d’abord, le cadre de vie familial et quotidien dans une Perse encore peu touchée par le mode de vie occidental, les ruelles d’Ispahan, son bazar, ses petits métiers, le hammam du quartier… Autant de souvenirs qui fourniront le décor et inspireront les personnages de la plupart de ses récits. L’autre aspect qui nourrira les thèmes principaux du futur écrivain - en particulier dans sa première œuvre-sont les événements politiques et sociaux au milieu desquels il grandit.

Ayant été menacé de mort, Jamâloddîn Vâez, qui dirigeait l’opposition, quitta précipitamment Ispahan avec les siens pour s’installer à Téhéran. Ses prédications et discours attiraient des foules nombreuses. Seyyed Hassan Tâqî-Zâdeh, rédacteur en chef du journal Sûr-e Esrâfîl et ami intime de Jamâloddîn Vâez, insista sur le fait que ce dernier n’utilisait pas le langage ampoulé habituellement employé par les prédicateurs de mosquée, mais s’exprimait au contraire dans une langue populaire. Or, en évoquant Djamâlzâdeh, Tâqî-Zâdeh souligne que celui-ci a hérité de la majorité des qualités de son père, "notamment de l’art de s’exprimer de manière compréhensible pour le peuple". Ce souci, Jamâloddîn Vâez le partageait d’ailleurs avec ses amis du journal Sûr-e Esrâfîl, notamment Jahângîr Khân-e Shîrâzî et Dehkhodâ.

Des liens étroits existaient entre Djamâlzâdeh et son père. On ne s’étonnera donc pas trop de retrouver dans l’œuvre de Djamâlzâdeh, outre des traces de la langue de son père, un grand souci d’éduquer le peuple à la démocratie ; et quant à la forme de ses récits, parfois une hésitation entre la poétique du narrateur et la rhétorique de l’orateur.

En avril 1908, Djamâlzâdeh fut envoyé par son père au Liban afin d’y poursuivre ses études secondaires au collège lazariste d’Antoura. Au mois de juillet de la même année, il apprit la mort de son père, tué sur ordre de Mohammad-Ali Shâh.

En 1910, il partit en Europe pour suivre des études de droit à Lausanne, études qu’il fut contraint de terminer à Dijon. En 1915 (après la déclaration de la Première guerre mondiale), il se rendit à Berlin pour adhérer au Comité des nationalistes iraniens fondé par Tâqî-Zâdeh, dans l’intention de lutter "à la fois contre l’absolutisme des Qâdjârs et contre le condominium anglo-russe". Ce groupe chargea Djamâlzâdeh d’une mission de confiance à Bagdad et dans le Kurdistan iranien. A Bagdad, il fonda le journal Rastâkhîz (Renaissance). Cette mission dura presque deux ans.

De retour à Berlin, Djamâlzâdeh se consacra avec Tâqî-Zâdeh à l’édition de la revue politico-culturelle Kâveh. Les deux hommes en rédigeaient la plupart des articles, de haute qualité, qui abordaient les sujets les plus variés : politique, histoire, économie, littérature, iranologie, etc.

Comme nous l’avons déjà mentionné, dans la deuxième moitié du XIXe et au début du XXe siècle, les journaux ont été un facteur capital dans l’évolution de la prose persane vers une langue simple et compréhensible pour le plus large auditoire possible. Djamâlzâdeh, qui se fera le défenseur vigoureux de l’usage d’une telle langue en littérature (sans toujours y être fidèle !), s’y exerça d’abord dans le domaine du journalisme, mais aussi au travers de la rédaction d’œuvres scientifiques : début 1918, il publia son premier livre, Ganj-e shâyegân ya owza-e eqtesâdî-e irân (Un trésor appréciable, ou la situation économique de l’Iran).

Ce livre constitue de fait une véritable première dans le domaine scientifique iranien. Il faut remarquer que Djamâlzâdeh n’a pas fait qu’introduire en Iran la nouvelle européenne, mais qu’il a aussi été le premier à composer, en persan, un livre scientifique moderne à la manière occidentale, avec toute la rigueur que l’on pouvait souhaiter à l’époque. Clarté de la langue, logique de la composition, exactitude et concision de l’exposé, appareil critique ; tout contribue de faire de cet ouvrage un modèle du genre.

L’événement qui décida de la carrière littéraire du futur écrivain ne fut toutefois ni ses articles de revue, ni son livre d’économie, mais un petit récit, "écrit pour se divertir… et pour donner des exemples de persan quotidien" publié dans Kâveh (nouvelle série n° 1, janvier 1921) et intitulé Il est doux le persan. A la fin de la même année, il publia son premier recueil de nouvelles, Yekî bûd-o yekî nabûd. Le livre suscita l’enthousiasme des uns et l’indignation des autres : à Téhéran, les autorités conservatrices le firent brûler publiquement.

Seyyed Mohammad-Ali DJAMÂLZÂDEH

Après la fermeture de la revue Kâveh, Djamâlzâdeh travailla un temps à l’ambassade d’Iran à Berlin. Durant cette période, sa production littéraire se limita à quelques rares nouvelles et articles, publiés dans une revue qu’il dirigeait lui-même, Elm-o honar (Science et Art), puis dans la revue Farangestân (L’Occident), toutes deux issues des milieux estudiantins berlinois.

En novembre 1931, il s’établit à Genève où, durant vingt-sept ans, tout en dispensant des cours de langue et de littérature persanes à la faculté de lettres de l’université de cette ville, il représenta l’Iran au Bureau International du Travail (BIT). Sa vie de déroulera désormais de façon calme et régulière, marquée avant tout par ses publications littéraires qu’il reprit en 1941.

Djamâlzâdeh passa ses dernières années dans une résidence pour personnes âgées et décéda, après avoir vécu plus d’un siècle, le 9 novembre 1997 à l’âge de 106 ans. [6]

Le style de Djamâlzâdeh

Dans la préface de Yekî bûd-o yekî nabûd, qui est reconnue par les historiens de la littérature iranienne comme un manifeste capital de la prose persane moderne, Djamâlzâdeh annonce le but qui le motive à écrire ses histoires. Il y fait allusion à la situation de la littérature contemporaine d’Iran qui "demeure très en retard par rapport à la plupart des pays du monde" [7], et cela parce que "dans notre Iran" les écrivains s’obligent à ne point s’éloigner "du style des anciens", ce qui rend leur écriture inaccessible au peuple. "Lorsqu’un écrivain prend la plume pour écrire, il n’a en effet pour souci que le cercle des savants et des lettrés ; il ne prête pas la moindre attention aux autres… Bref, ils ne se soucient nullement de "démocratie littéraire". [8] Selon Djamâlzâdeh, la littérature européenne a atteint son plus haut niveau et ce succès "se traduit principalement par la composition de romans et de récits (hekâyât)." [9]

Il énumère ensuite les avantages du roman : "le roman fournit une connaissance mutuelle et rapproche les couches d’une société". [10] Dans un sens plus large, "on peut dire que le roman est le meilleur miroir pour refléter les mœurs et les qualités particulières des nations et des peuples." [11] "Mais un des avantages les plus importants du roman et de sa composition est lié à la langue d’un peuple. L’écriture romanesque est en vérité l’écrin des différents langages des classes et des groupes d’un peuple… et la composition d’histoires (hekâyat) est le meilleur moyen pour utiliser du vocabulaire." [12]

Djamâlzâdeh achève enfin sa préface par ces phrases : "…l’auteur a décidé d’imprimer et de publier quelques histoires (hekâyat) et récits (qesas) qu’au fil des jours, il a écrit pour se distraire. Puisse sa faible voix être propice à la manière du chant matinal du coq réveillant la caravane endormie et, qu’en attirant l’attention de nos hommes de lettres et de nos savants sur la nécessité du temps, elle ne laisse pas plus longtemps leurs idées originales rester cachées tel un soleil derrière le nuage de la médiocrité ou comme une perle précieuse dans une huître stérile." [13]

Tous les historiens de la littérature persane s’accordent sur ce point que Yekî bûd-o yekî nabûd représente une œuvre charnière type. Par ce livre, Djamâlzâdeh annonce la naissance en Iran d’un nouveau genre littéraire venu d’Occident. Mais il faut remarquer que ses nouvelles ne sont pas tout à fait rédigées selon les modèles occidentaux ; on peut ainsi y repérer la double présence d’éléments occidentaux et orientaux.

"Sous des formes reprises directement ou indirectement au XIXe siècle occidental, se distinguent le plus souvent des structures narratives héritées, consciemment ou non, d’un vieux fond oriental : celles de la hekâyat morale et de la maqâme" [14].

"Les histoires de Djamâlzâdeh ressemblent aux Maqâmât de par leur sens", affirme Mîrsâdeghî. Comme les auteurs de maqâme (dont le Golestân de Sa’adî est le plus représentatif), il essaie d’apprendre quelque chose à son lecteur tout en le divertissant, et dès le début, il présente son histoire de manière à pouvoir suggérer la présence à la fin d’une leçon morale.

Outre la hekâyat présente dans les nouvelles de Djamâlzâdeh, il faut également évoquer l’inspiration occidentale de ses histoires. "Djamâlzâdeh témoigne d’une très juste compréhension de la nouvelle occidentale. Au choc dialectique de deux situations contraires, si typique de l’anecdote, il sait substituer le mouvement progressif de la nouvelle". [15]

Dans l’une de ses préfaces, Djamâlzâdeh prône des récits réalistes et simples, retirés des menus faits de la vie quotidienne. "Comme écrivain, il semble avoir entendu l’invitation de Gogol à ne traiter, dans la nouvelle que des réalités les plus humbles dans un cadre familier." [16]

Six ans après la publication de Yekî bûd-o yekî nabûd, Tschaikin, orientaliste russe, écrit : "C’est avec Yekî bûd-o yekî nabûd que commence en Iran l’école et le style réalistes ; et c’est justement ce style qui fonde la nouvelle littérature narrative en Iran". [17]

Parallèlement au réalisme apparaît aussi l’humour. Les situations décrites n’ont souvent rien de gai, mais elles sont considérées avec une pointe d’ironie que Djamâlzâdeh cultiva toute sa vie.

On voit bien que dans sa préface, Djamâlzâdeh prétend utiliser la langue du peuple pour s’adresser au peuple, il entend bien aussi apprendre au lecteur persan toutes les richesses de sa langue. Cette intention didactique apparaît rapidement et, d’instrument au service du récit, la langue devient un but en soi. Djamâlzâdeh porte plus d’attention à la prose et à la langue de ses histoires qu’à leur propre contenu. Il semble que "Djamâlzâdeh a surtout pensé le perfectionnement de sa technique comme un enrichissement de vocabulaire. De fait, ses structures narratives évolueront peu". [18]

On reproche à Djamâlzâdeh d’avoir quelquefois trop chargé son récit d’expressions, de proverbes familiers et de mots superflus, voire même d’indications linguistiques techniques qui détournent l’attention du lecteur. Hâyedeh Dragâhî remarque justement que "sa prétention comme quoi la fiction peut servir de réservoir de termes familiers et de mots d’argot, a transformé certaines de ses histoires en petits glossaires d’expressions familières. Non sans ironie, cela aboutit à rendre ses écrits aussi orné que les œuvres de ceux qu’il critique dans la préface. Ces ornements, certes sont d’un autre type…, mais ce sont également des ornements, et, à ce titre, demeurant aussi non-fonctionnels que les obscurs mots arabes et turcs utilisés dans le Târîkh-e Vasf qu’il semble avoir eu à l’esprit en critiquant les modèles de la prose contemporaine".

"Djamâlzâdeh n’est pas aujourd’hui connu pour avoir créé de grandes histoires éternelles mais plutôt pour le rôle qu’il a joué dans l’histoire de la littérature persane", a déclaré Brahânî. La nouvelle iranienne lui doit beaucoup et ce genre s’est depuis tellement perfectionné qu’on peut comparer certaines de ces œuvres avec de grands ouvrages de la littérature mondiale.

Les œuvres de Djamâlzâdeh

Djamâlzâdeh est un écrivain actif qui a rédigé de nombreuses œuvres. Outre ses œuvres romanesques, il a également effectué plusieurs recherches, traductions, critiques…

- Les œuvres romanesques

Yekî bûd-o yekî nabûd ("Il était une fois") est la première production littéraire de Djamâlzâdeh. Ce livre comprend six nouvelles (hekâyat) dont la première s’intitule Il est doux le persan (fârsî shekar ast). Djamâlzâdeh a écrit ces histoires dans l’intention de "donner des exemples de persan quotidien" et illustrer les idées exposées dans sa célèbre préface.

"La plupart des critiques de littérature iranienne considèrent ce livre comme la meilleure œuvre littéraire de Djamâlzâdeh. Ils croient que dans ses œuvres suivantes, il n’a fait que se répéter et que dans cette répétition il a échoué à reproduire quelque chose du même niveau". [19]

Les histoires de Djamâlzâdeh ont été traduites en différentes langues. Ainsi, quelques unes de ses histoires ont été traduites par Stella Corbin et Hassan Lotfî en français, et publiées sous le titre de Choix des Nouvelles en 1959. La traduction française de cette histoire fut publiée en 1962 dans le Journal de Genève.

La dernière de ses œuvres littéraires (1978) se présente aussi comme un adieu : "Notre histoire est arrivée au bout" (Qesse-ye mâ be sar resîd), dont l’absence de portée littéraire est affirmée par Djamâlzâdeh lui-même : "Peut-être que l’on peut considérer cette histoire comme les propos d’un exilé à ses compatriotes, étant entendu qu’il est exempt de tout attrait littéraire ou de portée historique".21 Il y effectue la description d’un village idéal, c’est-à-dire d’une sorte d’utopie avec toutes ses qualités et ses beautés.

Parmi les autres œuvres littéraires de Djamâlzâdeh, on peut citer : Asile d’aliénés (dar-ol majânîn, 1942), Sahra-ye Mahchar (1944), Le Costaud des démons (qoltashân-e dîvân), L’Histoire de la canalisation d’eau (Rahab nâmeh,1947), Ma’soumeh Shîrâzî (1954), Ils sont tous de la même espèce (sar-o tah yek karbas ou esfahân nâmeh, 1955), Chef-d’œuvre (shâhkâr, 1958), L’Ancien et le nouveau (kohneh va no,1959), Il n’y avait que Dieu (qeir az khodâ hichkas nabûd, 1961) et Petites histoires pour enfants barbus (qessehâ-ye kûtâh barâye bachehâ-ye rishdâr, 1974).

- Traductions

Djamâlzâdeh présenta sa première traduction d’une œuvre de Saint Pierre durant sa jeunesse et n’en effectua plus pendant de longues années, pour ensuite traduire Wilhem tel de Schiller (1955), Don Carlos et L’Avare de Molière (1956, 1957), L’Ennemi du peuple d’Ibson (1961), Qanbar Ali et La Guerre turkmène du Conte Gobineau (1963, 1978).

Les traductions de Djamâlzâdeh furent réalisées de deux façons différentes : en traduisant certaines œuvres comme celles de Schiller ou de Molière, Djamâlzâdeh suivit scrupuleusement le texte original, mais en en traduisant d’autres comme Qanbar Ali de Gobineau, il prit ses distances par rapport au texte original pour parfois le remanier et ainsi l’adapter au goût du lecteur iranien.

- Travaux de recherche

Un trésor appréciable ou la situation économique de l’Iran est son œuvre la plus importante dans ce domaine. Parmi ses autres travaux de recherche, on peut également évoquer L’Histoire des relations irano-russes, basée sur les sources les plus fiables de l’époque ainsi que sur les recherches faites par les européens jusqu’en 1925.

Dictionnaire des mots populaires est un travail dont on trouve l’esquisse dans Yekî bûd-o yekî nabûd. L’intérêt que Djamâlzâdeh porte à la langue populaire l’incita à ajouter en annexe de ses six premières nouvelles un lexique de quelques mots et expressions de cette langue, premier pas d’un effort considérable qui donna jour, quarante ans plus tard, à la rédaction d’un dictionnaire contenant près de sept mille mots et expressions.

Djamâlzâdeh a également publié de nombreux articles dans les domaines de la littérature, de l’histoire, de la sociologie politique, etc. Ceux qui furent publiés dans la revue Kaveh sont en général plus denses et recherchés.

Ses recherches les plus importantes dans le domaine de la littérature sont Bang-e nây (l’appel du roseau) dans lequel Djamâlzâdeh présente les histoires du Masnavî de Rûmî (Téhéran 1958) et d’un petit livre intitulé Quelques éléments sur Hâfez (Andak Ashenâ’î bâ Hâfez, Genève, 1987).

Lettres et mémoires

Djamâlzâdeh écrivait souvent ses souvenirs et en parlait beaucoup. Ses mémoires se divisent en deux parties : l’une comprend l’histoire de ses amis et de ses compagnons, l’autre comprend l’histoire de la vie de son père et de sa vie personnelle. Certains de ces écrits furent publiés dans des revues telles que Rahnâma-ye ketâb, Yaqma, Vahîd, Ayandeh…

Djamâlzâdeh était toujours en correspondance avec des amis, des écrivains… et lorsqu’il recevait une lettre il répondait toujours de façon prolixe à son expéditeur, et notamment à chaque auteur lui faisant parvenir son ouvrage pour lui communiquer ses impressions et critiques. Une grande partie de ses lettres sont aujourd’hui publiées parallèlement à la réédition de ses œuvres.

Notes

[1Seyyed Mohammad Dashtî, Az Qâem Maqâm ta Djamâlzâdeh, Revue culturelle de Keîhân, Mehr 1377 (1996), No.146, p.29.

[2Mohammad Tâqî Bahâr, Sabk shenâsî, Tome 3, 7e édition, Téhéran, Amîr Kabîr, 1373 (1994).

[3Seyyed Mohammad Dashtî, op.cit., p.30.

[4Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, Sarcheshmehây-e dastân-e koutâh-e fârsî, Traduit par Ahmad Hakak, 1ère édition, Téhéran, Papirous, 1366 (1987), p.180.

[5Tiré pour une grande partie de l’ouvrage Aux sources de la nouvelle persane, Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, Edition Recherche sur les Civilisations, Paris, 1983, Mémoire No.23.

[6Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, revu et corrigé par Alî Dehbâshî, Yekî bûd-o yekî nabûd, Téhéran, Sokhân, 2000, p.13.

[7Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.14.

[8Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.16.

[9Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.17.

[10Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.18.

[11Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.19 et 21.

[12Mohammad-Ali Djamâlzâdeh, Ibid, p.28.

[13Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, Edition Recherche sur les Civilisations, Paris, 1983, Mémoire n° 23, p.207.

[14Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, Ibid, p.121.

[15Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, Ibid, p.120.

[16Arîan Poor Yahya, Az Sabâ ta Nîmâ, Zavar, 4e édition, 1372, p.283

[17Christophe Balaÿ et Michel Cuypers, op. cit., p.115.

[18Bigdelî, Amîr Rezâ, Qorbat gozideî Shîrîn sokhan, magazine Irân Javân, n°96, p.28.

[19Dr. Zolfaqarî, Hassan, Seyyed M. A. Djamâlzâdeh, magazine âmouzesh-e zabân va adabiât-e fârsî, p.20.


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