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Préface à l’amour
Il me reste du musc de Russie dont le litre
Excède la valeur du poids de l’or ;
Cette liqueur, dans sa fiole comme un trésor
Y coule comme l’astre sur la vitre.
Les marées qui glissent sur tes grands pieds divins,
Les refroidissent-elles sur les plages,
L’hiver venu, quand l’astre brûle par étage
Les flots glaciaux percés des rais nervins.
Le gel renouveau, l’astre brûle la Baltique ;
L’aube polaire, la plus belle de toutes,
Glisse doucement au Nord et l’Aurore, écoute, (...)
Les dernières vapeurs de l’aube vermillon
Montent dans le bois roux, les rousses brumes.
Notre amour est vaste et d’un si vaste brouillon
Il jette à ma mémoire son écume.
L’hiver bleu du matin jette son aube brune
Auprès de la rivière, au clair rivage
Dont buvant seul toute son eau d’amère prune
J’en sens jusqu’à l’aigreur l’âcre abordage.
L’épine raide et livide, la fleur du sapin
Pèse la glace d’Occident, miroir
Du ciel, des étangs clairs et des soleils éteints,
Du métal, du vent, de l’eau de la (...)
Berceau
Etoile du Pôle, qui sur d’âpres glaces chuintes, Comme tu t’éclabousses sous mes yeux plissés, J’aperçois le secret d’une origine ceinte Dans le crépitement de ta lave hérissée, De ta mousse glacée et de tes métaux bleus. Ta vieille énergie éclaire un réseau de bourses Qui rayonnent dans le firmament globuleux, Et d’étoile en étoile relie la Grande Ourse Aux bois du Nord ! Le bois des comètes scintille, Firmament profond, sur ta large voile brune, Entre les Pluton dont ta coupole est sertie, Entre les (...)
Sous Fragonard
Sous mon tableau clair, tu regardes, l’œil irisé,
Se prélasser le cours d’un siècle auprès d’un orme
Dont la branche généreuse, cachant le baiser
Du Ciel avec le sein de bergères qui dorment.
Un pas à la gauche, tiré vers le chocolat
Et la pourpre draperie d’un vieux Fragonard
Fatiguent, près d’un boudoir où s’oublie un prélat,
Les chimères profondes, l’illusion d’un regard,
Pareilles aux douceurs de ton bras délicat.
La peinture et le café, le pas d’un bleu russe
Dont l’ombre sur un (...)
Sous Fragonard
Sous mon tableau clair, tu regardes, l’œil irisé,
Se prélasser le cours d’un siècle auprès d’un orme
Dont la branche généreuse, cachant le baiser
Du Ciel avec le sein de bergères qui dorment.
Un pas à la gauche, tiré vers le chocolat
Et la pourpre draperie d’un vieux Fragonard
Fatiguent, près d’un boudoir où s’oublie un prélat,
Les chimères profondes, l’illusion d’un regard,
Pareilles aux douceurs de ton bras délicat.
La peinture et le café, le pas d’un bleu russe
Dont l’ombre sur un (...)
Au café d’un musée de Paris.
Un jardin frais surplombe le bruit de la ville,
C’est un café imitant d’antiques terrasses
De Babylone, de la Grèce, de Rome la ville,
Pour ses las visiteurs, calme et colonnes grasses ;
Puisons-y notre repos, lecteur lourd et riche,
Car il faut des richesses et du temps gratuit
Pour tirer du somptueux et tiède postiche
L’agrément qui frémit dans son pierreux étui.
Imagine-toi : une large et longue allée
Remplie de femmes et de maroquins garnis,
De serveurs (...)
Pour une grand-mère
Au milieu des plants lourds de tabac pur vacillent
Des reflets d’Astre que les feuilles énumèrent,
Ton brun œil près du bleu dont les clins font le trille
Comme les fronts dorés du reflux de la mer.
Le principe de l’âme, inconnaissable aux hommes,
Chante à ta surface sa clarté tel ouvert,
L’œil qui se pénètre à l’horizon qui se pomme
Du peu d’Astre demeuré au creux du ciel clair.
Nous t’entendons réciter dans le long tumulte
D’un sièclebarbare d’un poète les vers,
Comme une (...)
En allant ce matin depuis Téhéran
Comme quittant le monde qui s’approfondit
Par son seul mouvement de nos âmes raidies,
Je me crois le quittant pour de plus clairs courants.
Large ville, bâtisse d’un empire assourdi
Dont il reste les bassins pour tout souvenir,
Je te fuis pour une autre où j’entends hennir
Un cheval fin et brun acheté dans Cadix.
Une maison m’attend dans le bord d’un jardin
Que les eaux de pluie qui remplissent les vases
Insufflent en fragrances aux vents de Chiraz,
Où l’on (...)