N° 107, octobre 2014

Nouvelles sacrées (X)
La ville de Mehrân
(1ère partie)


Khadidjeh Nâderi Beni


Chars irakiens détruits à Mehrân

La ville de Mehrân est située à 100 km au sud-ouest d’Ilâm, le chef-lieu de la province d’Ilâm. Elle est également située le long de la rivière Kondjân Tcham, à la frontière de l’Irak. Anciennement nommée Mansour Abâd, la ville change de nom pour Mehrân en 1930. Elle se divise en plusieurs districts dont Farrokh Abâd, Hormoz Abâd, Rostam Abâd et Markazi (central). La région centrale de Mehrân abrite des réserves abondantes de pétrole et de gaz ; elle est également dotée d’une situation géographique sans égale et de ce fait, jouit d’une grande importance stratégique pour les deux pays voisins, l’Iran et l’Irak.

En 1980, à partir du mois d’avril et jusqu’au 22 septembre, date du déclenchement officiel de la guerre irano-irakienne, la ville de Mehrân est maintes fois bombardée par l’armée irakienne. Face à la première invasion aérienne au mois d’avril, les habitants de Mehrân quittent cette ville de presque 176 000 habitants, qui se vide de sa population un court temps. La brigade d’Eslâm Abâd y est expédiée afin de sécuriser la région. Quelques jours plus tard, les bombardements meurtriers de l’ennemi diminuent considérablement et la population revient en ville.

Le 10 septembre de cette même année, simultanément à l’occupation de Meimak [1] par les forces irakiennes, l’aviation de l’Irak lance de nouveaux bombardements sur la ville de Mehrân et ses districts. Le 22 décembre et avec la déclaration officielle de la guerre, les troupes ennemies franchissent les frontières et s’avancent le long des trois axes : Ghasr-e Shirin [2] au nord, Mehrân au centre et Khorramshahr [3] dans le sud de leur direction. Le 2 octobre, les Irakiens occupent la ville de Mehrân et s’installent sur les hauteurs limitrophes de cette région dont les monts de Gatch, Zâlou âb, zil, Ghal’eh âvizeh (Ghalâvizeh), etc. La présence militaire des Irakiens continue jusqu’en juin 1981. Durant cette période, les forces irakiennes prennent le contrôle non seulement de la ville de Mehrân, mais aussi de tous ses districts et villages. Suite aux victoires militaires des combattants iraniens lors de l’opération Beitol Moghaddas (en mai 1982) qui aboutit à la libération de la ville de Khorramshahr, l’armée irakienne est contrainte de se retirer de toutes les terres occupées dont la ville de Mehrân.

La troisième invasion irakienne contre Mehrân datant de la fin du mai 1986, aboutit à l’occupation de la ville et ses hauteurs limitrophes. L’opération victorieuse de Valfadjr 8 (Aube 8) et la conquête de Fâv [4] en 1986 nuisent au prestige politique et militaire de l’Etat irakien. L’armée de ce pays décide donc de modifier sa tactique militaire. La nouvelle stratégie irakienne se concentre surtout sur les attaques-surprises et donne la priorité aux luttes terrestres visant à conquérir un plus grand nombre de régions stratégiques iraniennes. Lors du déclenchement de nouvelles attaques irakiennes, les forces publiques et militaires iraniennes se regroupent de plus en plus pour neutraliser cette invasion surprise ; en fait, la mobilisation nationale contre l’envahisseur irakien y est bien visible.

La chute de la ville de Mehrân vers la fin de la guerre, 1988

A Mehrân, en tant que point stratégique d’importance, quelques unités de l’armée iranienne, composées de six bataillons d’infanterie et deux bataillons blindés, sont déjà installées pour défendre la région contre toute attaque éventuelle. Le 27 mai 1986 à 1 h du matin, l’Irak lance une attaque contre Mehrân lors de laquelle il parvient à prendre la ville et ses hauteurs et à y installer des bases militaires. Les troupes irakiennes, très bien équipées, pénètrent dans la ville et se positionnent sur une vaste étendue allant de la rivière Kondjân Tcham jusqu’aux monts du Miânkouh. Après avoir pris la ville, l’armée irakienne organise trois lignes défensives tout autour de la région. La première ligne, composée d’un vaste champ de mines et des fils barbelés, est située tout au long de la chaussée Ilâm-Mehrân ; la deuxième ligne est une région montagneuse et donc, difficile à passer ; la troisième ligne, installée dans les hauteurs de Ghalâvizân, est composée de quelques champs de mines et un remblai massif.

A suivre…

Source :
- Doroudiân, Mohammad, Seyri dar djang-e Iran-Arâgh (Un Regard sur l’Histoire de la guerre Iran-Iraq), vol. 2 : De Khorramshahr à Fâv (Khorramshahr tâ Fâv), Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.

Notes

[1La région iranienne située dans la zone frontalière irano-irakienne.

[2Ville située à l’ouest de la province de Kermânshâh.

[3Ville située à l’ouest de la province du Khuzestân.

[4Voir notre article « La Conquête de Fâv » publié in La Revue de Téhéran, n° 101, avril 2014, consultable sur :www.teheran.ir


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