N° 118, septembre 2015

Le degré du réel dans l’autobiographie moderne, étude de cas : Enfance de Sarraute et Les Souvenirs dispersés (Khâtereh-hâye parakandeh) de Goli Taraghi


Sara Ziaee Shirvan


Goli Taraghi est considérée comme l’un des écrivains iraniens contemporains les plus lus et les plus connus en Iran, et s’est notamment démarquée par son refus des règles régissant traditionnellement ce domaine. Elle a été directement influencée par la littérature française et a habité en France pendant plus de trente ans. Son style est simple et fluide, alors que le contenu de son œuvre se veut profond.

Nathalie Sarraute est de son côté l’un des écrivains contemporains marquants de la littérature française qui, en refusant les normes classiques et prédéfinies, a eu une influence certaine sur la littérature française de la seconde moitié du XXe siècle. Faisant partie des précurseurs du Nouveau Roman, elle essaie de créer une nouvelle voie dans la littérature, idée qu’elle détaille dans ses œuvres théoriques comme L’Ére du soupçon (1956) et dans ses romans dont Tropisme (1957). D’après elle, le principal but de l’écrivain doit être de révéler les mouvements intérieurs (les tropismes).

Sarraute et Taraghi ont chacune rédigé leur autobiographie. Dans Enfance, Sarraute décrit sa vie de l’âge de deux à douze ans. En tant que nouvelle romancière inventant des techniques, elle vise à atteindre un nouveau réalisme. Elle ne prétend jamais relater l’ensemble des détails de sa vie - on peut néanmoins se demander si son autobiographie serait plus réaliste pour autant.

L’œuvre de Taraghi, Les Souvenirs dispersés, est une autobiographie moderne. Au moment de la rédaction du livre, Taraghi, comme elle le précise elle-même, consultait constamment Enfance de Sarraute. Qu’en est-il de ses tentatives d’être authentique, à son tour, dans son expression littéraire ? Par conséquent, Enfance et Les Souvenirs dispersés sont deux œuvres qui parlent du réel et se prêtent à une étude comparative. Nous allons donc étudier le réel dans chacune de ces œuvres, en comparant sa place et son efficacité. Nous nous pencherons aussi sur la nature de ce que révèle l’écrivain, en se demandant s’il s’agit de La vérité ou Sa vérité, et si le réel ne serait finalement pas une illusion.

L’illusion est un état mental qui se différencie de l’erreur ; c’est un acte de l’esprit jugeant vrai ce qui, en réalité, est faux. Elle se distingue donc de l’erreur ou du mensonge. La littérature peut être considérée comme une représentation illusoire de la réalité ; ce qui n’est pas un mensonge, mais quelque chose qui est directement influencé par la vision et le mode d’expression de l’écrivain. La compréhension et l’interprétation de la vérité de l’écrivain sont donc ce qu’il observe subjectivement. Dans ce processus, l’écrivain peut se sentir tout à fait fidèle à la réalité, sans savoir réellement si ce qu’il raconte est la vérité ou sa vérité. L’autobiographie est un texte référentiel où l’auteur ne prétend y dire que la vérité. Néanmoins, et cela va de soi, il représente cette dernière selon sa propre perception du réel.

Les aspects réels de l’autobiographie

En général, dans une autobiographie, le narrateur ordonne ses souvenirs, dans un ordre chronologique. Mais Enfance et Les Souvenirs dispersés prennent une certaine distance vis-à-vis des autobiographies classiques de par leur refus de la chronologie et l’usage du présent pour narrer les événements du passé.

Enfance contient soixante-dix chapitres fragmentés qui ne respectent pas l’ordre chronologique. De même, Les Souvenirs dispersés ne suivent pas une linéarité temporelle. Taraghi voyage du présent au passé, du passé au présent, et les superpose parfois pour accentuer l’idée du temps qui passe : « Les années passent rapidement et je deviens une demoiselle respectueuse ; on met au garage les bus usés et les nouvelles voitures aux jeunes conducteurs prennent leur place ; mais malgré le passage du temps, je reste fidèle à mon ami âgé et à mon ancienne promesse. » (p. 21). Dans le processus de la narration, les personnages d’Enfance sont vus de l’extérieur à travers un procédé de focalisation externe. Ainsi, le regard enfantin de la narratrice l’aide à rester objective, car un enfant a des sensations brutes et immédiates dénuées d’analyse : « ...J’aime écouter quand on lit ce qui est écrit en face des images… mais attention on va arriver à celle-ci, elle me fait peur... et bien on va la cacher, cette image… on va coller les pages. Maintenant je ne la vois plus, mais je sais qu’elle est toujours là, enfermée… il faut feuilleter, très vite, il faut passer dessus avant que ça ait le temps de se poser en moi, de s’incruster... » (p. 47) Enfance a ici recours à la focalisation externe, qui est plus proche de la réalité, comparée à la focalisation utilisée par Taraghi, plutôt mélangée avec des idées personnelles qui confèrent parfois à son écriture une teinte poétique : « Chaque jour de la semaine a sa propre forme et son odeur particulière ; le samedi est déformé, amer et usé et ressemble à la vieille fille de Madame Tuba. » (p. 48) Dans Enfance, le discours est parfois subjectif à cause de la deuxième voie narratrice qui intègre les avis personnels de l’auteur dans le récit en interprétant et analysant les différents sujets racontés. Néanmoins, les descriptions objectives sont plus nombreuses dans l’œuvre de Sarraute que dans celle de Taraghi.

Un autre élément qui influe sur la vérité de l’autobiographie est la tendance du narrateur à l’idéalisation. Nathalie Sarraute n’a pas l’intention de se présenter comme un être exceptionnel ou un grand écrivain. Elle évoque même parfois ses bêtises enfantines et son caractère espiègle : « Tu sais maman, j’ai mes idées… je pense que tu as la peau d’un singe. » (p. 135) De même, Taraghi évoque à la fois des souvenirs positifs ou négatifs qui renforcent l’aspect réel de son récit.

Si ces deux œuvres ont des points communs avec l’ensemble des autobiographies, elles contiennent également des caractéristiques particulières. Enfance ne s’éloigne pas du pacte autobiographique, néanmoins, la voix narratrice est doublée. Cette deuxième voix interroge, analyse, accorde ou refuse les souvenirs racontés ; cela en vue d’éclaircir le procès de la narration : « Je ne le crois pas... » (p. 256). En ayant recours à ce dialogue, Sarraute arrive aux sous-conversations qui expliquent sa théorie de Tropismes. De là, elle réussit à conférer un aspect spontané et plus réel à son œuvre. En ayant aussi recours à des techniques de généralisation, elle partage les tropismes de l’enfance avec son lecteur ; expérience singulière qu’elle essaie aussi de rendre impersonnelle en donnant une valeur collective à un « je » personnel.

Taraghi emploie également des techniques qui lui sont propres pour parler de sa vie. Son ouvrage se distingue notamment en ce qu’il est divisé en deux parties : la première partie parle directement de la vie de l’auteur, tandis que la seconde contient de courts récits au sujet de personnages qui vivent des expériences similaires à celles de l’écrivain : l’histoire d’Une Maison en ciel ressemble beaucoup à celle de l’écrivain lui-même. Une femme qui immigre, s’égare dans les pays étrangers, et qui sent qu’elle n’appartient à nulle part. Dans le dernier récit, Les Souvenirs étranges de Monsieur A. à l’étranger, ce procès reprend. Nous sommes encore témoins de la répétition des thèmes précédents : Monsieur A. a quitté sa patrie, en sachant qu’il n’a plus de place dans son propre pays ni en France. Il se réfugie donc dans le passé par la pensée. Loin du foyer familial et de ses relations amicales, il est baigné dans l’individualisme occidental qui y règne en maître. Malgré ses efforts pour faire renaître le sentiment de sécurité et de sérénité du passé, il ne parvient pas à retrouver son identité perdue. Il est loin du passé et ne connaît pas l’avenir. Dans un entretien avec la revue Adineh, Taraghi précise elle-même à ce sujet : "Monsieur A n’est autre que moi-même… Ce roman est le produit de dix ans de mon expérience à l’étranger, le fruit de ma connaissance des Iraniens fortunés comme je l’étais." [1]

Tableau graphique 1 : les aspects non-réels des deux autobiographies

Les éléments qui éloignent l’autobiographie de la réalité

Comme nous l’avons évoqué, dans une écriture de soi, même si l’écrivain s’efforce de rester fidèle au réel, plusieurs éléments viennent influencer la véracité du récit. Il faut également rappeler que la mémoire humaine joue un grand rôle dans la narration autobiographique, et cela lors même qu’une certaine fragilité lui est inhérente, avec une tendance à l’oubli des détails et à confondre les événements entre eux. Enfance est rédigée alors que son auteur a quatre-vingt-trois ans, et les récits renvoient à l’âge de deux à douze ans : il existe donc un décalage de soixante-douze ans entre les souvenirs et la date de la rédaction. L’oubli, donc, ouvre une brèche entre imaginaire et réel dans le récit. Le cas de Taraghi est similaire, avec un décalage de cinquante-trois ans. Dans Enfance, l’auteure-narratrice avoue à maintes reprises avoir oublié des événements : « Je ne me rappelle plus où ça s’est passé... » (p. 172). Parfois, les images se télescopent dans sa pensée : « Je les voyais sûrement, mais ils se confondent avec tant d’autres images semblables. » (p. 107) De façon similaire, la narratrice des Souvenirs dispersés raconte : « ...de ce grand-père paisible et gentil, je ne garde que des souvenirs pâles et dispersés. » (p. 56). Cependant, ce genre d’aveu est moins fréquent par rapport à Sarraute. En outre, le titre de l’ouvrage évoque par avance que les souvenirs racontés seront dispersés.

Les points de suspension, les blancs, les parties fragmentées et les questions posées par la narratrice viennent également souligner les incertitudes dans Enfance : « Peut-être… et puis elle sentait auprès de moi la présence même lointaine, mais protectrice de mon père… Il me semble qu’à sa façon un peu sauvage, sans bien s’en rendre compte, elle le craignait… Oui, obscurément, elle voyait en lui son maître… » (p. 146) Un autre élément susceptible d’éloigner une autobiographie de la réalité est l’autocensure, les non-dits, qui peuvent avoir plusieurs causes. L’homme a naturellement tendance à cacher ses points faibles. Dans Enfance, ce souci n’est cependant pas réellement présent, peut-être parce que les fautes d’un enfant ne sont pas réellement réprouvées par le lecteur. Cependant, dans Les Souvenirs dispersés, on remarque une prudence de l’écrivain à évoquer certaines parties de sa vie : plusieurs sont "omises", et elle n’évoque que très peu des personnages importants de sa vie, comme par exemple son mari. Dans la deuxième partie, la narratrice porte le masque d’autres personnages. En outre, dans des scènes où des sujets politiques sont abordés, les personnages sont décrits de façon floue, et leur nom est parfois supprimé ou réduit à une initiale : « Monsieur ’K’ regarda Zeynab avec ennui, il fit un signe à mon oncle de l’empêcher d’écouter la radio d’Israël. » (p. 127) Il ne faut pas oublier que les écrivains iraniens ont tendance à dissimuler leur vie privée sous mille voiles. La prudence, mais aussi la pudeur caractéristique de la culture iranienne entraîne irrémédiablement des « suppressions » dans l’œuvre de Taraghi.

Tableau graphique 2 : les aspects réels des deux autobiographies

En résumé, au travers de nouvelles techniques romanesques, Nathalie Sarraute tente au travers de son autobiographie de se rapprocher autant que se peut de la vérité, la plus remarquable de ces techniques étant la dialoguisation. En revanche, Goli Taraghi ne prétend pas décrire le réel ; néanmoins, son écriture présente des caractéristiques suggérant la véracité de son récit, telles que la rétrospection et la généralisation, qui sont communes aux deux œuvres. Ces deux écrivains présentent donc des affinités sur certains aspects de leurs écritures, et des divergences dans d’autres. Dans Enfance, dire le vrai apparaît être une quête centrale, alors que cette question apparaît comme secondaire dans l’œuvre de Taraghi, donc la subjectivité reste la caractéristique la plus saillante : le but y est avant tout de faire entrer le lecteur dans un monde intérieur, un monde qui est le reflet des pensées de l’auteur et ne fait que suggérer le réel au travers de la sensibilité de l’écrivain. L’une des originalités du livre de Taraghi apparaît également dans ses deux derniers récits, qui mettent le lecteur en doute par rapport à la réalité de sa narration. Mais l’histoire se veut encore être celle de Taraghi, chaque personnage évoquant un aspect particulier de sa vie et de son passé. Cependant, la narratrice se raconte désormais à la troisième personne du singulier, ce qui, en créant une distance, crée du même fait un décalage entre la narratrice et la réalité. Ces décalages sont volontaires. Par ailleurs, d’autres éléments non volontaires peuvent contribuer à éloigner l’autobiographie du réel. La mémoire défaillante avec l’âge en est un : étant donné qu’au moment d’écrire ses souvenirs, Sarraute était plus âgée que Taraghi, l’oubli et l’imprécision sont sans doute plus marqués dans son œuvre, et sont inévitables dans l’écriture de soi. Par ailleurs, chez Taraghi, certains souvenirs sont volontairement "omis" de la trame ; de ce fait, l’auteur des Souvenirs dispersés, subit plus de contraintes culturelles que l’écrivain français car la société à laquelle elle s’adresse est marquée par certains tabous concernant la religion, la politique ou l’intimité. Pour ces raisons, Enfance nous semble plus "réel" que Les Souvenirs dispersés. D’autant plus que l’intention principale de Sarraute est de s’en rapprocher, intention qui n’a jamais été formulée par Goli Taraghi. Cette étude amène elle-même d’autres interrogations, notamment sur la nature même du réel : dans quelles mesures peut-on prétendre, dire ou écrire le réel de façon consciente ? Le réel existe-t-il dans le monde littéraire de la même façon que dans le quotidien ? La revendication de l’authenticité de l’écrivain suffit-elle à préserver

l’authenticité et le caractère véridique de l’œuvre ?

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- Vafâee, Abâssali, Safar-e âyeneh (Voyage du miroir), Adineh, Téhéran, 1387 (2008).

Notes

[1Ali Dehbâshi, Mehdi Karimi, Naghd va barrasie assare Goli Taraghi, Nashre Ghatre, Téhéran, 1382 (2004), p. 351.


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