N° 135, février 2017

À la recherche du rôle perdu de l’Antiquité perse dans le cinéma historique d’Iran


Saeid Khânâbâdi


Le 12 mai 2016, en marge de la 29ème foire internationale du livre de Téhéran, Massoud Jozâni s’exprime devant la presse à l’occasion de la publication du scénario de son film qu’il cherche à réaliser depuis bon nombre d’années. Ce réalisateur iranien, formé à l’Université d’Etat de San Francisco, a déjà dans sa carrière cinématographique des films comme Nâssereddin Shâh, actor-e cinéma (Nâssereddin Shâh, actor-e cinamâ) et Irân Burger. La conférence se déroule dans une ambiance gaie, au milieu des applaudissements ininterrompus d’une foule passionnée. Le livre-scenario, dont la couverture est ornée par une image du célèbre Cylindre de Cyrus, rencontre un succès commercial et dès les premières semaines de sa sortie, la moitié des exemplaires est déjà vendue.

Massoud Jozâni

Mais derrière les applaudissements continuels et les émotions chaleureuses de la cérémonie d’ouverture, et au-delà de la réussite financière de la publication du livre, l’amertume d’une vérité douloureuse assombrit la scène. Malgré les démentis journalistiques et les expressions optimistes du réalisateur, et malgré les sourires charmants de sa fille actrice qui l’accompagnait dans la salle, le message est transmis à tous les participants. Désormais nul n’en doute. Le film ne sera jamais réalisé. Le projet du tournage de ce film, tellement attendu, a finalement échoué. Mais de quoi parle ce scénario si médiatique ? Et pourquoi le sujet de l’échec d’un projet cinématographique peut-il importer à ce niveau ?

Ce scénario traite de la vie de Cyrus le Grand, le premier monarque de la dynastie achéménide, le roi-symbole de l’antiquité Perse. Dans ses interviews réalisées dans des journaux et sites d’actualité du cinéma iranien, Massoud Jozâni évoque certaines difficultés financières, politiques et culturelles qu’il a rencontrées pour réaliser un film sur la période préislamique de l’histoire du pays. Mais Jozâni n’est qu’un exemple de la longue liste des cinéastes iraniens qui ont connu le même sort dans les années précédentes. Ce texte envisage d’analyser, autant que possible, le pourquoi de l’impasse rencontrée par les projets de films historiques consacrés à l’antiquité iranienne.

Scène du film Nâssereddin Shâh, actor-e cinéma (Nâssereddin Shâh, acteur de cinéma)

En 2007, la polémique éclate. Le film 300 provoque d’importantes controverses au sein des élites, des intellectuels et de la société iranienne en général. Plusieurs séminaires académiques sont organisés. Une plainte est déposée à l’UNESCO par la représentation iranienne. Des centres d’études et les ONG lancent de multiples communiqués contre ce film qui est désigné, même par les critiques européens, comme un manifeste exemple de l’art fasciste. Le film, réalisé par l’américain Zack Snyder, narre de façon exagérée la bataille des Thermopyles et la résistance de l’armée de Sparte commandée par Leonidas contre Xerxès, le grand roi achéménide (le fils de Darius et le petit-fils de Cyrus). La figure du roi perse, tant admirée dans les sources historiques, dans les textes bibliques et même dans les œuvres rédigées par les historiens grecs, est représentée, dans ce film, comme l’incarnation de la sauvagerie, de la tyrannie, de la bisexualité, des maux diaboliques et des désirs sadiques. Comme il était bien prévu, après quelques semaines de chaos médiatique et de fièvre patriotique dans les milieux artistiques et dans les réseaux sociaux, le sujet tombe dans l’oubli.

Scène du film Irân Burger

En 2014, La naissance d’un empire, le deuxième épisode du film 300, a provoqué encore moins de réaction. Cette fois-ci, Noam Murro, le réalisateur israélien du film, attaque Xerxès à l’occasion des insuccès de la marine iranienne lors des batailles Artémision et Salamine. Du point de vue de la falsification historique, ce deuxième épisode dépasse même le premier. Dans ce film, Darius meurt suite à une blessure faite par Thémistocle à Marathon ! Tandis que selon les sources historiques, il est avéré que le roi Darius n’a jamais assisté à la bataille de Marathon, et qu’après avoir puni les Grecs égéens menaçant les territoires iraniens d’Anatolie, il est rentré en Asie. D’ailleurs, l’affrontement de Marathon n’était, en fait, qu’une tactique militaire de la flotte perse qui voulait détourner l’attention de l’armée grecque sur la plaine de Marathon en vue de les surprendre en attaquant Athènes par le bord ouest de la péninsule Attique. En plus, le film met en relief le rôle de la commandante Artémis, une des alliés grecs de Xerxès, en estompant l’image des généraux perses comme le grand Mardonios.

Jean-Luc Godard

En 2004, et juste après l’intervention militaire des États-Unis en Irak, Oliver Stone réalise le film Alexandre, qui raconte la conquête de la Mésopotamie et de toute la Perse par l’armée macédonienne, en présentant une figure pitoyable et maladroite de Darius III dont le rôle est interprété par un acteur israélien, et en montrant l’envahisseur occidental comme le héros libérateur des peuples du Moyen-Orient, les peuples qui, dans ce film, se réjouissent apparemment d’être vaincus par leurs ennemis éternels ! L’exemple le plus choquant est la séquence de l’entrée triomphale de l’armée d’Alexandre à Babylone, chaleureusement accueillie par les habitants, libérés probablement du despotisme oriental ! Le film reste totalement muet à l’égard des résistances héroïques de Batis, Aryobarzan et des autres commandants patriotes de l’armée transnationale des Achéménides, à Gaza, Tyr, Zagros, Gorgân ou dans l’Indus.

Ahmad Rezâ Darvish

Cette propagande anti-iranienne ne se résume pas aux écrans de cinéma. Au nom d’Athènes est une série (du moins ce qui y ressemble) documentaire diffusée en 2012 par la chaîne franco-allemande Arte. Cette mini-série télévisée, réalisée par le Français Fabrice Hourlier, présente encore une version exagérée de la victoire à la Pyrrhus des Grecs au cours des guerres Médiques. Ce téléfilm, qui souffre de graves faiblesses référentielles, techniques et graphiques, n’est qu’une apologie de la sagesse et de la bravoure des citoyens libres d’Athènes contre le bellicisme et la violence des Perses. Le rôle des rois achéménides (encore Darius et Xerxès) est interprété par les acteurs persanophones qui parlent dans un accent afghan, loin d’être même imaginé, historiquement ni géographiquement, pour les grands rois de Persépolis. D’ailleurs, les rois achéménides sont présentés comme des zoroastriens zélés, fait qui est aujourd’hui rejeté voire par les historiens et les archéologues occidentaux.

Les exemples de ce type, dans les divers domaines du cinéma, de la télévision et des jeux vidéo (par exemple Le Prince de la Perse – en trois épisodes), sont tellement nombreux qu’ils dépassent le cadre de ce bref article. Ces films sont présentés dans les grands cinémas des cinq continents et vus par des millions de spectateurs qui seront certainement perturbés par cette vision monstrueuse de l’antiquité iranienne. Un enchaînement de faux clichés défilent dans ces films de propagande : un royaume de barbares, un cour corrompue, un peuple esclave et sans caractère, un monarque tyran et pervers, une armée nombreuse mais indisciplinée et dépourvue d’une volonté de combattre, des femmes mal traitées, des droits de l’homme violés ; en bref, la Perse, terre des diables incarnés et pays prêt à être conquis par les braves soldats venus de l’Ouest !

Scène du film Rastâkhiz (Résurrection) d’Ahmad Rezâ Darvish

Si on croit Jean-Luc Godard qui disait "Le cinéma, c’est la vérité (ou le mensonge !) 24 fois par seconde", il nous faudrait nous demander : "Qu’avons-nous fait, exactement, face à cette agression culturelle et cinématographique qui cible la vérité historique de notre nation ?" La réponse est évidente : "Rien de concret !" Quelques prises de position non sérieuses, quelques communiqués sans issue et quelques insultes sur des pages Facebook constituent les seules réactions du côté iranien. Ce cycle infini apparaît depuis quelques décennies dans le secteur cinématographique. D’une part, l’agression culturelle propageant l’iranophobie dans la région et dans le monde entier et d’autre part, la passivité et le mutisme du cinéma iranien. Depuis la multiplication de ces films anti-iraniens, aucun film du genre historique au sujet de l’antiquité perse n’a été réalisé en Iran pour répliquer à la propagande occidentale. D’où vient cet étrange silence ?

Concernant les autorités étatiques du cinéma iranien, deux raisons sont toujours évoquées comme étant les causes principales de ce phénomène. Les deux premiers prétextes, pour les dirigeants étatiques du cinéma iranien, sont toujours les lacunes techniques et budgétaires. Nous allons vérifier si ces raisonnements sont crédibles ou non.

Shahryâr Bahrâni

En ce qui concerne tout d’abord les manques technologiques et techniques, depuis quelques années, nous sommes témoins de la réalisation de projets cinématographiques iraniens qui ont recours à des grandes figures internationales, individuels ou commerciaux, de la technologie cinématographique. Le film Résurrection ou Hossein, celui qui a dit non d’Ahmad Rezâ Darvish, le film Le royaume de Salomon de Shahryâr Bahrâni (le réalisateur de Sainte-Marie), le film Mohammad, le messager de Dieu de Madjid Madjidi sont quelques exemples ayant dans leur générique quelques noms internationalement connus et même oscarisés dans le domaine des processus techniques de production et de post-production, des effets spéciaux numériques, des décors, de la direction photographique, de la musique et du montage virtuel et auditif.

Scène du film Molk-e Soleymân (Le royaume de Salomon) de Shahryâr Bahrâni

Cela ne nous permet certainement pas de négliger les potentialités locales des sociétés privées et publiques du pays qui ont fait des progrès remarquables dans le domaine de l’utilisation des technologies du cinéma, des effets spéciaux, des techniques informatiques et de la conception graphique. Quant au genre historique, l’exemple le plus récent et le plus brillant est le film d’animation Holly Cast de Mohammad Amin Hamedâni. Contre-attaque filmique face au thème de l’Holocauste, ce film d’animation raconte l’histoire coranique de chrétiens brulés vifs par un roi juif de l’Arabie au Vème siècle. Le film a contribué à construire la réputation, en Iran aussi bien qu’à l’étranger, du Studio iranien SkyFrame (qui a également produit des œuvres d’animation techniquement avancées comme Le Guardian Turquoise et Le Sang d’Eden). Le film techniquement satisfaisant de Holly Cast (nous n’évoquerons pas ici les lacunes de son intrigue et de sa structure) peut être abordé dans le cadre du genre historique, mais il ne traite pas de l’histoire antique de l’Iran, et son récit se déroule au sud de l’Arabie et au Yémen.

Scènes du film d’animation Fehrest-e moghaddas (Holly Cast) de Mohammad Amin Hamedâni

L’autre film réussi dans le domaine des dessins animés historiques est le film irano-libanais La princesse de Rome de Hâdi Mohammadian, sorti en 2015, qui a pu s’imposer comme le film d’animation le plus vendu dans l’histoire du cinéma iranien. Ce film 3D réalisé dans des studios locaux (Pouya art group) raconte la vie de la mère de l’Imâm Mahdi, le douzième Imâm chiite, en la considérant, sur la base de récits religieux, comme étant la petite-fille d’un empereur Byzantin et une descendante de Siméon (Saint-Pierre), l’apôtre de Jésus Christ. Les séquences de ce film se passent à Byzance et dans l’Irak de l’époque abbasside, sans rien évoquer par exemple des rapports étroits entre les communautés chiites d’Iran et le père et le grand-père de l’Imâm. Un exemple de film d’animation sorti en 2016 dans le genre historique est Nâssour de Kiânoush Dâlvand, le réalisateur du film d’animation épique Rostam et Sohrab en 2012. Le film religieux-historique Nâssour (dont le titre signifie "plaie incurable") bénéficie d’un graphisme novateur et d’un récit très touchant qui met en scène le martyre tragique de l’Imâm Hossein en octobre 680 en Irak, sous le règne des califes omeyyades. En bref, tous ces exemples, inspirés des récits coraniques et religieux, confirment bien que dans le cas où il existe une ferme volonté et une bonne trésorerie, les problèmes techniques peuvent trouver des solutions.

Mohammad Amin Hamedâni

Le deuxième obstacle toujours cité dans les annonces médiatiques du gouvernement iranien réside dans les questions financières. Ce problème est considéré comme l’obstacle le plus sérieux dans la réalisation des films historiques. Par exemple, les deux épisodes du film 300 ont coûté 65 et 110 millions dollars, pour des recettes de 456 et 337 millions dollars. Le film Alexandre est réalisé avec un budget de 155 millions dollars pour rapporter 168 millions dollars.

Du côté iranien, le film le plus coûteux de l’histoire du cinéma iranien est Mohammad, le messager de Dieu de Madjid Madjidi qui a coûté 40 millions dollars pour ne rapporter que 5 millions de dollars. Mais ce problème a aussi quelques solutions. Le film d’Ahmad Rezâ Darvish Résurrection ou Hossein, celui qui a dit non, traitant de la vie du troisième Imâm chiite, s’est appuyé sur des investissements étrangers et non-gouvernementaux, dont des fonds koweitiens, irakiens et britanniques. Pour des projets non-religieux comme c’est le cas du film de Jozâni sur la vie de Cyrus, en tenant compte de l’immense honorabilité de cette figure légendaire, les producteurs peuvent facilement compter sur les contributions des Iraniens résidants à l’étranger et des ONG pro-iraniennes en Iran aussi bien qu’à l’étranger. Au niveau des systèmes de marketing, de la projection et de la distribution, les cinéastes peuvent suivre, après le processus de production, la même démarche menée par quelques films iraniens (par exemple les nouveaux films d’Asghar Farhâdi) en coopérant avec les services de distribution des grandes compagnies internationales, ce qui garantira une meilleure réception étrangère et un respect plus sérieux du copyright, souvent négligé dans le marché iranien du septième art.

Hâdi Mohammadiân

Donc, tenant compte des questions abordées, il faut examiner les raisons profondes de la philosophie du mutisme du cinéma historique d’Iran par rapport au sujet de l’antiquité perse, en dehors des questions financières ou techniques. Apparemment, le tabou de la réalisation des films sur l’antiquité perse se justifie seulement par les lignes rouges imaginaires fixées par quelques malentendus historiques. Mais d’où viennent exactement ces malentendus ?

Dès le couronnement de Rezâ Khân en 1926, la famille Pahlavi, dépourvue d’une identité clanique et d’un soutien ethnique, contrairement à presque toutes les dynasties précédentes, met en place un processus d’instrumentalisation de l’identité antique de l’empire perse pour justifier son existence impopulaire. Même par le choix du nom Pahlavi pour sa famille, Rezâ Shâh, inspiré largement des théories des intellectuels comme Pirniâ, fait allusion aux grands récits de l’époque sassanide. Le lexème pahlavi correspond à une langue aryenne ainsi qu’aux thèmes de l’héroïsme et de l’épopée. Dans la même veine, des reformes inappropriées sont entamées en vue de renforcer l’identité nationale du pays, comme l’officialisation du nom "Iran", dérivé encore de la notion sassanide d’Irân-shahr pour dénommé l’ancienne "Perse", la sédentarisation des nomades et le déplacement de certaines ethnies afin de cimenter l’homogénéité de la mosaïque de la société iranienne, la révision du contenu des livres scolaires, et la propagande des medias pour diffuser l’idée de l’existence d’un nationalisme pan-iranien. L’autre utilité que les Pahlavis trouvent à ces idées "nationalistes" est de leur permettre de dissimuler leur stratégie de laïcisation du pays sous couverture d’idées "préislamiques". Mais Rezâ Pahlavi, bien loin de faire preuve du même esprit que celui des empereurs sassanides, est contraint à abdiquer en 1939 par les troupes britanniques et russes qui envahissent l’Iran et choisissent Mohammad Rezâ, le fils aîné de Rezâ, comme son successeur.

Scène du dessin animé Shâhzâdeh-ye Rome (La princesse de Rome) de Hâdi Mohammadiân

Contemporain du mouvement pan-arabiste de l’égyptien Nasser, Mohammad Rezâ aussi, comme son père, tente d’instrumentaliser les vertus nationales et les thèmes préislamiques de l’identité perse en vue de réhabiliter son pouvoir monarchique et despotique, très contesté. En 1971, il organise une série de festins pharaoniques et onéreux intitulés "Les fêtes du 2500ème anniversaire de la fondation de l’empire Perse" dont le logo même est une reproduction du Cylindre de Cyrus. Son allocution célèbre devant le tombeau de Cyrus à Pasargades a marqué la mémoire historique du peuple iranien. Dans son discours, alors qu’il demande à Cyrus de dormir aisément car lui est réveillé, Mohammad Rezâ ignore qu’à l’époque, il est l’homme le plus ensommeillé du pays puisque moins de 8 ans après, son royaume sera renversé par la Révolution islamique. Une autre décision problématique des Pahlavis consiste en le remplacement du calendrier irano-islamique commençant par la date de l’Hégire (Migration) du prophète Mohammad, par un nouveau calendrier célébrant la date chronologiquement incertaine du couronnement du roi Cyrus !

Madjid Madjidi

Face à cette propagande du régime Pahlavi, les activistes religieux d’opposition établissent, logiquement, une doctrine culturo-religieuse qui met l’accent sur les valeurs islamiques et chiites contre les valeurs préislamiques instrumentalisées par le régime et par quelques partis politiques réformistes. Une stratégie efficace à l’époque, mais seulement à l’époque. Après la chute du régime despotique et occidentaliste des Pahlavis en 1979, leur héritage empoisonné de la fausse opposition islamité-iranité demeure encore et empêche l’établissement d’une relation harmonieuse entre ces deux riches héritages de la société iranienne. La continuité de cette tradition réactionnelle des prorévolutionnaires, qui visait un jour les politiques culturelles des Pahlavis, apparaît encore, même aujourd’hui, dans certaines prises de position des autorités cinématographiques du pays. Cette tradition dont le grain a été semé par l’ancien régime constitue le premier obstacle à la mise en place d’une représentation filmique de la Perse antique par les cinéastes iraniens. En plus, cette tendance irradie également les autres sphères culturelles et économiques de l’Iran post-révolutionnaire comme le tourisme, l’entretien des vestiges historiques, les recherches archéologiques, activités muséales, et même les études académiques. Ce type de prise de position contredit catégoriquement les idées basiques de la foi chiite et de la Révolution islamique. Aucun élément justificatif ni dans les textes religieux ni dans la Constitution de la République Islamique ne peut légitimer les tendances de certaines autorités étatiques du cinéma iranien à boycotter une partie brillante de l’histoire iranienne sous prétexte d’argumentaires radicales et irréfléchies.

Scène du film Mohammad Rassoulallâh (Mohammad, le messager de Dieu) de Madjid Madjidi

Au cours des années précédentes, on a pu regarder des films et séries télévisées à dimension religieuse et historique dont le sujet se déroule dans les zones géographiques de l’Arabie, l’Irak, la Palestine et même en Égypte. Mais les écrans des cinémas iraniens demeurent privés des films historiques en rapport avec l’antiquité perse. Il n’est pas question de se glorifier de la supposée "supériorité" d’une histoire ou d’une nation, mais de mieux connaître ou redécouvrir les trésors de l’histoire préislamique, et répondre aux propagandes iranophobes du cinéma hollywoodien. Dans la situation actuelle où les pays voisins ont souvent tendance à vouloir confisquer les héritages culturels du patrimoine iranien et à construire une histoire imaginaire pour leur nation, est-il logique que les Iraniens mettent de côté l’une des périodes les plus brillantes de leur histoire, où les Perses antiques ont su créer un empire multiculturel pluriconfessionnel, pacifique et tolérant et qui, malgré tant de propagande cinématographique mal intentionnée et l’indifférence de certains compatriotes ignorants, restera le premier exemple concret d’une coexistence unique entre différents territoires et populations à grande échelle, et une prise en compte des droits individuels ?

Kiânoush Dâlvand
Scène du film d’animation Nâssour de Kiânoush Dâlvand

Sources :


- Devictor, Agnès, Politique du cinéma iranien, CNRS Éditions, Paris, 2004.


- Haghighat, Mohammad, Histoire du cinéma iranien 1900-1999, Centre Georges Pompidou, Paris, 1999.


- Zeiny, Javad, Le cinéma iranien, Un cinéma national sous influences, de 1900 à 1979 (avant la révolution), préfacé par Jean-Luc Godard, Harmattan, Paris, 2016.


- Huyse, Philip, La Perse Antique, Société d’Edition Les Belles Lettres, Paris, 2005.


- Ringgenberg, Patrick, Guide culturel de l’Iran, Rowzaneh Publication, Téhéran, 2009.


- Ghardashpour, Massoud, "L’aventure du cinéma iranien depuis la Révolution jusqu’à nos jours", http://www.teheran.ir/spip.php?article581#gsc.tab=0, N° 6, mai 2006.


- http://animation.ir/, Maison du film d’animation d’Iran, Site persanophone.


- http://www.cinemasdiran.fr, Association Cinéma(s) d’Iran, dirigée par les anciens élèves iraniens de l’INALCO, site francophone.


- http://www.owjmedia.org/, Organisation artistique et médiatique OWJ, site persanophone.


- http://www.fcf.ir/en/, Farabi Cinema Foundation, site bilingue en anglais et en persan.


- http://www.film-magazine.com/, Mensuel iranien "Film" publié depuis 35 ans, site persanophone.


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