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Le pèlerinage des mystiques à La Mecque selon la littérature persane
Mohammad Sedghi Âlânogh
Traduit et adapté par
ignifiant littéralement "désir", le "hadj" (pèlerinage à La Mecque) désigne le désir des musulmans pour la visite de la Demeure de Dieu en vue d’accomplir les cérémonies du pèlerinage de La Mecque. C’est la raison pour laquelle les traditions appellent les pèlerins de La Mecque, "des invités de Dieu". D’ailleurs, la pensée mystique considère ce pèlerinage comme un effort pour se rapprocher du Bien-Aimé et Le rencontrer. La visite de la Maison de Dieu est un prétexte pour rencontrer le Seigneur de cette Maison. Sans cela, le pèlerin n’aura fait que visiter un bâtiment de terre et de pierre.
Ce pèlerinage entame dans la vie du mystique lucide une nouvelle saison, un printemps décisif qui lui permet de se rapprocher de son Bien-Aimé. Cette rencontre permise par le pèlerinage sacré, destination finale du soufi, est chantée avec nostalgie par la poésie persane. Les poètes préconisent au contemplatif d’aller au-delà des apparences des pratiques mystiques et religieuses pour atteindre leur aspect caché et invisible, afin et dans l’unique but, de rencontrer le Seigneur de la Maison.
Le pèlerin part pour la Ka’ba, mais moi, je souhaite une rencontre
Il est en quête de la demeure, mais moi, j’en cherche le Propriétaire
(Khiyâli Bokhârâyi [1])
Nous retrouvons la Ka’ba dans la poussière de Ton quartier
Les contemplatifs cherchent leur qibla [2] dans l’arc de Ton sourcil
(Ibn Nasouh Shirâzi [3])
Nous nous proposons dans ce court propos de survoler la façon dont ce thème a été traité dans la poésie persane, en prenant en compte ses aspects mystiques dans la tradition poétique persane, en particulier parmi les poètes soufis.
Marqués d’une importance particulière dans la poésie persane, le pèlerinage à La Mecque, la Ka’ba et autres lieux saints situés à La Mecque et à Médine, apparaissent sous la plume des poètes comme des espaces hétérotopiques auxquels le poète accorde une signification si grande qu’il les prend parfois comme gages de serments. Ces serments composent une forme particulière, insérée dans l’ensemble du poème ou formant des poèmes indépendants. Ils sont nommés Sowgand-nâmeh (Livre de Serments ou Serment d’épigraphe) :
Je jure par la colline d’Arafât et le mont d’Arafât
Et par l’éternité, la Résurrection, la Réunion, les Houris (…)
Je jure par Jérusalem, Ka’ba, Médine et les monts Djoudi et ’Arafât
Vérité, puits de Zamzam, Pilier de Yamâni, Place et Mosquée du Prophète et Mont de la Lumière
(Rashid al-Din Muhammad Umar-e Vatvât [4])
Je jure par le Sanctuaire sacré et les rites de la ’oumra et de la sacralisation
Station, Vallée de Minâ, Ka’ba et puits de Zamzam (Adib Sâber [5])
Je jure par l’Essence divine, croyance au Dieu Unique et prohibition religieuse
Et puits de Zamzam, colline d’’Arafât, Hatim [6], Pilier de Yamâni, Place du Prophète
Je jure par le Dieu de la Ka’ba et celui qui la fit
’Oumra, Enceinte d’Ismaël, Marwa, Safâ [7]7, Minâ (Adib Sâber)
Je jure par le cri d’obéissance des pèlerins à la Demeure Sacrée
Et ce béni enseveli à Médine (Saadi)
Je jure par la Ka’ba de faire, de mes sanglots, un rubis des ergs de Batha
Si tu te dérobes à mes regards (Djâmi)
Regard mystique sur le pèlerinage de La Mecque
Soufi perse du XIe siècle, Al-Hujwiri écrit dans son livre Kashf-al-Mahjub (La Découverte de l’Invisible) :
Le pèlerinage à La Mecque se divise en deux types : soit en présence, soit en absence. Celui s’absentant de Dieu, est à La Mecque [tellement loin de Lui] qu’on dirait qu’il se trouve dans sa propre maison. Et celui qui est fidèle de Dieu habite sa maison comme s’il était à la Ka’ba. L’intention de faire le pèlerinage à La Mecque ne consiste pas à rencontrer la Maison de Dieu, mais le Dieu de la Maison.
La Mecque et la Ka’ba sont appelées par les mystiques "le quartier de l’Ami", car il s’agit des lieux où ils peuvent rencontrer leur Ami. Mais il y a une différence essentielle entre le "quartier de l’Ami" et le "Visage de l’Ami", comme le souligne Mollâ Hossein Vâez Kâshefi, auteur mystique des XVe et XVIe siècles :
Il existe deux types de pèlerinage à La Mecque : le premier est d’avoir l’intention de partir pour le quartier de l’Ami ; il s’agit du pèlerinage des non-initiés. Mais dans le deuxième, on cherche à retrouver l’Ami Lui-même, c’est cela le vrai pèlerinage des créatures.
Ainsi, le voyage du mystique à La Mecque et la visite de la Ka’ba auront pour but la rencontre du Dieu de la Ka’ba. Le mystique cherche ces lieux, car il les considère comme les Demeures de son Ami. Selon les poètes mystiques, c’est en ce sens que la Ka’ba a été choisie comme la qibla des musulmans, car elle est située sur un territoire qui est le Quartier de l’Ami.
La Ka’ba devint la qibla des Saints et des Élus
Car elle fut fondée dans Ton quartier
Le rossignol est épris de la fleur, et nous, nous sommes amoureux du jardin
Notre Ka’ba est Son quartier, et celle des rossignols, le gazon
(Amir Hassan Dehlavi [8])
C’est en s’appuyant sur cette opinion que Jalâleddin Rûmi rejette la Ka’ba où il n’y a pas de trace de l’Ami, soulignant que celle-ci est un simple édifice construit en terre et pierre. Prenant l’exemple du pèlerin qui, s’étant rendu à La Mecque, a visité seulement la Maison sans en avoir vu le Seigneur, il écrit :
Ô vous qui êtes allés en pèlerinage à La Mecque, où donc êtes-vous ?
Venez, venez : c’est ici que se trouve le Bien-Aimé.
Ton Bien-Aimé est ton voisin le plus proche, seul un mur vous sépare :
Quelle idée avez-vous d’errer dans le désert ?
Si vous voyez la forme sans forme du Bien-Aimé,
Vous êtes à la fois le Seigneur, la Maison et la Ka’ba.
Dix fois par ce chemin vous êtes entrés dans cette maison :
Une seule fois sortez de cette maison, montez sur la terrasse.
La maison de Dieu est belle, vous l’avez décrite dans tous ses détails.
Montrez-nous donc un signe du Seigneur de cette maison.
Où est le bouquet que vous avez cueilli, si vous avez visité ce jardin ?
Où est la perle de l’âme, si vous sortez de l’océan de Dieu ?
Puissent tant de peines subies être transformées en trésor !
Hélas ! C’est vous-mêmes qui dissimulez votre propre trésor [9].
C’est pour cela que les mystiques réprouvent ceux qui ne cherchent qu’un édifice et ne réussissent donc guère à en rencontrer le Maître. Ceux-ci ne passeront jamais du visible à l’invisible. Hâfez dit à ce propos :
Ô pèlerin à la Maison de Dieu, ne t’enorgueillis pas
Car tu vois la Maison, alors que moi j’en vois le Seigneur
Rûmi écrit aussi :
Il est facile de faire le pèlerinage à la maison d’Abraham. Pourtant, le pèlerinage au Parvis de la Sainte Grandeur Divine, exige un cœur de lion. Et chacun son métier.
Ailleurs, il souligne :
Ô seigneur de la patience et clef du soulagement
Conduit par bonheur cette caravane au pèlerinage à La Mecque
Ce pèlerinage consiste à visiter la Maison
Mais pour retrouver le Seigneur de la Maison, il faudra un réel effort
Si la Ka’ba est dotée d’une gloire éternelle,
Elle la doit à la sincérité du cœur d’Abraham
La vertu de cette mosquée ne dépend guère de ses matériaux
Mais à son maçon sans cupidité ni voracité
Pourquoi alors y commettre des indélicatesses ?
Si vous savez qui est dedans
Les ignorants se prosternent devant la mosquée
Et s’efforcent d’opprimer les gnostiques
Ô bêtes, celle-là est virtuelle, alors que l’autre est réelle
La mosquée ne se trouve que dans le cœur des Saints
Celle qui est fondée au cœur des Amis de Dieu,
Se veut le lieu de prière du monde entier, c’est là que se situe Dieu
La Ka’ba des Saints n’est guère construite de terre
Cherche donc le cœur qui est lui-même la Maison de Dieu
La Ka’ba a été fondée par le fils de Terah
Mais le cœur est le privilégié du Tout-Puissant
Poète du XIIIe siècle, Attâr de Neyshâbour écrit dans son œuvre Mosibat-nâmeh :
"Ô jeune homme, quelle est la direction de la qibla ?",
Demanda un homme à Mejnoun,
"Si tu es inculte comme un caillou,
"regarde maintenant une pierre qui est ta Ka’ba,
"la Ka’ba des amoureux est leur Seigneur
"celle de Mejnoun est apparue dans le visage de Leila
"puisque toi, incorrigible et incurable, n’es ni l’un ni l’autre,
"ta qibla est une pierre", répondit-il.
Nous retrouvons également cette thématique dans les vers récités par les poètes persans du XIVe siècle :
Parti afin de retrouver Ta Ka’ba et Ton Visage,
J’ai quitté mes fidèles pour m’introduire dans ma solitude (Shams Maghrebi Tabrizi)
Ô Toi dont la Maison est la Ka’ba des gens heureux (dans cette vie et dans la vie future)
Ma qibla, dans toutes les directions, est Ton Visage
Ne s’étant jamais arrêtés à Ton quartier,
Pourquoi ces pèlerins s’arrêtent à la colline ’Arafât ?
(Abderrahmân Djâmi)
Si le pèlerinage de La Mecque est un moyen pour la visite du Seigneur de la Ka’ba, la circumambulation autour de cet édifice ne sera pas une simple ronde autour d’une pierre, mais aura une signification profonde. Selon Rûmi, il s’agit de tourner autour de l’Ami, et non des murs :
Tu es la Ka’ba des esprits, le motivateur de mes circumambulations autour de Toi
Je ne suis pas un hibou qui, passant sa vie dans les ruines, ne fait jamais de ronde
N’ayant d’autre travail ni métier que cela,
Je ressemble au firmament qui jour et nuit circumambule.
Qui est meilleur que Cet Ami ? Qu’est-ce qui me satisfait plus que ce travail ?
Tournant autour de mon Bien-Aimé, je me prosterne devant mon Idole
J’ai mis mon habit de pèlerin pour pouvoir atteindre la béatitude là-bas,
Un Arabe me l’a enlevé, mais mes circumambulations continuent.
De quoi rêve l’assoiffé ? De la source, du bassin, et du pichet
J’ai soif de te rejoindre, quand puis-je faire la circumambulation ?
Dès que je me prosterne, je me libère de mon existence
Mais quand je circumambule, la Ka’ba intercède auprès de Dieu en ma faveur
Le fait de Sortir de soi est un signe montrant la rencontre du pèlerin avec le Seigneur. Autrement dit, essayant de retrouver le Dieu de la Maison, le mystique doit se passer de son existence et de son être pour découvrir enfin, dans les profondeurs de toute chose, des traces de Dieu. Cette retrouvaille du Bien-Aimé et le désir de Le rejoindre le chagrine et l’affaiblit de plus en plus :
Qu’est-ce que le pèlerinage à La Mecque ? C’est sortir de soi
Trouver la Ka’ba du cœur, et mourir en sanglotant (Attâr de Neyshâbour)
C’est dans son œuvre Elâhinâmeh qu’Attâr raconte une histoire à ce propos :
Comme une bougie allumée, Shebli [10] s’acheminait un jour dans le désert lorsqu’il aperçut un très admirable jeune homme qui avait à la main quelques narcisses.
S’étant rendu un jour au Noble Sanctuaire, Shibli s’aperçut d’un homme ivre tombé à terre qui, pâle, amaigri et affaibli, était à l’article de la mort.
Shebli raconta cette histoire à ses amis :
"Remarquant ma présence, il m’appela doucement, alors qu’il était proche de la Ka’ba [et me dit] :
"Ô Abu Bakr ! Me reconnais-tu ? Je suis ce jeune homme beau et élégant que tu rencontras un jour. J’ai été chaleureusement invité ici. [Il] m’a désiré et m’a offert à chaque instant un trésor différent. Plus je cherchais, plus Il m’offrait des choses. Me déchirant le cœur, Il a allumé chez moi le feu de l’amour et me sortant des jardins fleuris, Il m’a jeté dans une étuve. Il m’a fait souffrir de la maladie et de la pauvreté, et m’a séparé du monde en un battement de cil. Perdant alors et le cœur et le monde et la foi, je suis devenu celui que tu vois maintenant."
C’est la raison pour laquelle, selon Attâr, le vrai pèlerin finira par sa perte, son anéantissement et sa disparition :
L’un des maîtres [spirituel] expérimentés souligne :
Ô toi qui veux être un pèlerin de La Mecque, tu devras
te passer de ta famille et de ta demeure,
perdre le souvenir de ta fortune et de ton jardin.
Puis, il te faudra parcourir jour et nuit le chemin
Pour devenir le confident de la Maison sacrée
Une fois arrivé auprès de Ka’ba, que dois-tu faire ?
Il faudra que tu ne t’apaises point un seul instant.
Il faudra que tu circumambules incessamment,
Sans te reposer.
Ainsi comprendras-tu qu’à la fin
Personne ne réussit, sauf l’épris.
À la fin, il te faudra mourir en sanglotant
Renversé à l’instar du firmament
Tu n’acquiers guère ce dont tu es en quête
Alors, ne relâche pas tes efforts.
Ce point de vue mystique s’enracine dans certaines traditions prophétiques selon lesquelles ces états sont pris pour des signes de la certitude. L’une de ces traditions raconte :
Un jour, le Prophète Mohammad faisait la prière du matin en assemblée quand il aperçut un jeune homme à la tête baissée, pâle, maigre et affaibli, qui faisait une sieste.
- Comment as-tu passé la nuit ?, lui demanda le Prophète.
- Avec de la certitude !, répondit-il
Étonné de cette réponse, Mohammad demanda encore :
-Mais à toute certitude, correspond une réalité. Quelle est alors la réalité de ta certitude ?
-C’est ma certitude qui, me chagrinant, m’empêche de m’endormir pendant la nuit et de boire ou manger pendant le jour (c’est-à-dire qu’il observait le jeûne). Je suis tellement fatigué de ce monde et de tout ce qui y existe qu’il me semble apercevoir le Trône divin préparé pour le Jugement dernier, le monde entier réuni, et moi parmi eux, comme si je regardais les Élus du Paradis ayant reçu la faveur divine…, dit-il.
Pour finir, il nous faut souligner que sous la plume des mystiques persans, le cœur étant comparé à la Ka’ba, il est mis en parallèle avec la Ka’ba, au point même de la dépasser en importance. L’auteur du dictionnaire historique Anandrâj définit ainsi ce mot :
Centre subtil du Seigneur et de l’Esprit et réalité de l’homme, le cœur est à la fois percevant, savant, omniscient, amoureux, interlocuteur et punisseur. Celui qui reconnaît le cœur, reconnaîtra Dieu ; et celui parvenant au cœur, parviendra à Dieu. Sais-tu ce qu’est le cœur et où il se trouve ? Manifestation de la Majesté et Beauté divine, et favori du Seigneur, le cœur attend Dieu. Et une fois que le corps aura pris la couleur du cœur, il deviendra lui-même le favori de Seigneur.
Et Rûmi récite :
La Ka’ba des Saints n’est pas sur terre
Désire donc le cœur qui est la Maison de Dieu
À propos de la ressemblance du cœur avec la Ka’ba, on a dit :
De même que la Ka’ba concrète, construite à partir d’eau et de terre, est la qibla des hommes, il existe dans l’abstrait une Ka’ba qui regarde Le Réel et qui est le cœur du contemplatif.
Si la Ka’ba terrestre est le lieu de la circumambulation des créatures, la Ka’ba du cœur est celui des grâces du Créateur ; le premier est la destination des pèlerins, alors que le second est le lieu illuminé par des Lumières divines ; le premier est la Maison alors que le deuxième en est le Seigneur. (Hossein Vâez Kâshefi)
Dans son œuvre intitulée Monâjât-nâmeh (Livre des Méditations spirituelles), Khâjeh Abdallâh Ansâri, exégète et orateur du XIe siècle, écrit à propos de la comparaison du cœur et de la Ka’ba par les mystiques :
Ô mon cher ! Essaie de respecter des cœurs, de cacher les défauts des gens et de ne pas vendre ton cœur pour ce bas-monde ! Sache que Dieu le Grand bâtit physiquement une Ka’ba qui est en terre et pierre ; mais Il en bâtit une autre qui réside dans le cœur et l’esprit. La première est construite par l’Ami de Dieu, Abraham, et la seconde est la favorite du Miséricordieux. La première est virtuelle et la seconde est mystère. Il y a là-bas le puits sacré de Zamzam, il y a ici des soupirs sans fin. Il existe là-bas les collines Marwa et ’Arafât, alors qu’ici se trouve le foyer de la Lumière de L’Essence. Mohammad brisa les idoles de cette Ka’ba-là ; et toi, vide celle de ton cœur des idoles de la frivolité !
[1] Poète persan du XVe siècle.
[2] « Direction de La Mecque, vers laquelle les musulmans se tournent pour accomplir leurs prières rituelles. » (Shakourzâdeh, Ebrâhim, Dictionnaire des termes techniques islamiques, 1e éd. Téhéran, Samt, Été 1996)
[3] Poète persan du XIVe siècle.
[4] Panégyriste et épistolographe sunnite du XIIe siècle.
[5] Poète persan du XIIe siècle.
[6] Hijr-Ismaël (Pierre d’Ismail) également connue sous le nom de Hatim, est un mur bas qui faisait initialement partie de la Ka’ba. Il s’agit d’un mur semi-circulaire en face, mais non relié au mur nord-ouest de la Ka’ba, connu sous le nom de hat•m. (Wikipedia, Hijr-Ismaël)
[7] Marwa et Safâ sont des collines à La Mecque.
[8] Poète persan du XIIIe et XIVe
[9] http://rumi-blog.com/locean-de-dieu/, page consultée le 30 juillet 2019
[10] Abû Bakr al-Shiblî est né en 861 à Samarra, selon certains, à Bagdad, selon d’autres. Il mourut en 946.