N° 170, janvier 2020

La Dernière Tentation du Christ, une continuation infidèle des Évangiles ?


Zeinab Golestâni


a)Thriller Esotérique

« Les questions suscitées par l’authenticité et l’autorité des évangiles ont inspiré, en près de

 

soixante ans, de nombreux récits d’énigmes. En 1944, Jorge Luis Borges interroge, dans « Tres versiones de Judas », le rôle du douzième apôtre, selon cette technique de la nouvelle spéculative et savante dont il est l’inventeur. En 2003, Dan Brown illustre, avec son Da Vinci Code, la popularité d’un thriller ésotérique volumineux et sensationnaliste.

 

En associant les anciennes traditions apocryphes à l’idée moderne de renversement des valeurs, le thriller ésotérique prétend ainsi ramener au jour, en termes plus ou moins fidèles, les discours hétérodoxes ayant animé les premiers débats de l’ère chrétienne.

 

  • cet usage de la doctrine ancienne, le thriller ésotérique ajoute souvent le fait merveilleux, le miracle et la magie. Des thèmes devenus extrêmement communs, comme ceux de l’évangile perdu, de l’Arche d’Alliance, du Graal, de l’Apocalypse, de l’Antéchrist, des Templiers et des sectes satanistes, soutiennent ainsi différents récits de genre, de qualité variée, tels El club Dumas (1993) de l’Espagnol Arturo Pérez-Reverte et, plus récemment encore, Last templar (2005) du Britannique Raymond Khoury ou encore L’Évangile selon Satan (2007) du Français Patrick Graham. [1] »

 

L’un des premiers à s’être illustré dans une veine philosophique dans ce type d’écriture est le Grec Nikos Kazantzakis, auteur de La dernière tentation, publié en 1954 en Grèce : « En 1951, dans La dernière tentation du Christ, Nikos Kazantzakis compose, grâce aux ressources du roman moderne, une très ambitieuse réécriture des Évangiles dans laquelle il mêle sources canoniques et apocryphes. [2] » Dans les romans de cet auteur grec, écrivain de Ascèse (1922-1944) et de Saint-François (1957), à qui l’on doit la traduction grecque de la Divine Comédie de Dante et de la première partie du Faust de Goethe, « la référence à la tragédie antique… n’est d’ailleurs pas sans rapport avec la modernité reconnue par

Maeterlinck aux tragiques grecs. [3] »

La dernière tentation, qui fut mise à l’index lors de sa publication, explore dans une veine nietzschéenne 

l’idée de Jésus tenté par une vie familiale et normale, avant de faire le choix de monter sur la croix.

 

  1. b) Les Évangiles et la mort de Jésus

 

Voici ce que quatre des Évangiles relatent des derniers moments de Jésus-Christ :

 

    L’écriteau au-dessus de la tête de Jésus.

    L’ Évangile selon Matthieu, XXVII, versets 32-50

 

En sortant de la ville, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, 

qu’ils mirent en réquisition pour porter la croix de Jésus. Quand ils furent arrivés

 

  • la place appelée Golgotha, c’est-à-dire la place du Crâne, ils lui présentèrent du vin mêlé de fiel, et Jésus, l’ayant goûté, ne le voulut point boire. Après qu’ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort, puis ils s’assirent pour le garder. Ils placèrent au-dessus de sa tête cet écriteau indiquant le sujet de sa condamnation : « Jésus, roi des Juifs. »

 

On crucifia avec lui deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

 

Et les passants l’insultaient en branlant la tête, et en disant : « Toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es Fils de Dieu, descends de ta croix. » Les principaux sacrificateurs aussi le poursuivaient de leurs sarcasmes, ainsi que les scribes et les anciens, et disaient : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même ! Il est le roi d’Israël ! Qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ; car il a dit ; « Je suis Fils de Dieu. » Et les brigands qui étaient crucifiés avec lui, l’insultaient de la même manière.

 

Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, des ténèbres se répandirent sur tout le pays. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabactani, c’est-à-dire « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Quelques-uns des assistants, l’ayant entendu, dirent : « Voilà qu’il appelle Eli » ; et aussitôt, l’un deux courut prendre une éponge, qu’il trempa dans du vinaigre, et, l’ayant ajustée à une tige, il lui donna

 

  • Mais les autres disaient : « Laisse, voyons si Eli viendra le sauver. » Mais Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l’esprit. [4]
  • L’ Évangile selon Marc, XV, versets 29-37

 

Les passants l’insultaient en branlant la tête, et en disant : « Hé ! toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de ta croix. » Les principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, les raillaient entre eux, et disaient : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même ! Que le Messie, le roi d’Israël descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions. » Les brigands qui étaient crucifiés avec lui, l’insultaient également.

 

A la sixième heure, des ténèbres se répandirent sur tout le pays jusqu’à la neuvième.

 

A la neuvième heure Jésus cria d’une voix forte : « Eloï, Eloï, lema sabachtani », ce qui signifie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Quelques-uns des assistants l’ayant entendu, dirent : « Tenez, il appelle Elie. » Il y en eut un qui courut tremper l’éponge dans du vinaigre, et l’ayant ajustée à une tige, il lui donna à boire, disant : « Laissez, voyons si Eli viendra l’ôter de la croix. » Mais Jésus, ayant poussé un grand cri,expira.

 [5]

 

    L’ Évangile selon Marc, XXIII, versets 35-46

 

Le peuple était là, qui regardait. Les sénateurs se moquaient et disaient : « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie, l’élu de Dieu. » Les soldats aussi, s’approchant pour lui présenter du vinaigre, le raillaient, et disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. » Il y avait même une inscription au-dessus de sa tête, portant : « Le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs pendus à la croix, l’injuriait, disant : 

« N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec toi. » Mais l’autre le reprenait : « N’as-tu point de crainte de Dieu, toi qui subis le même jugement ? Pour nous, c’est justice, car nous recevons la peine que nos crimes ont méritée ; mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il a dit à Jésus : « Souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton règne. » Et Jésus répondit : « Je te dis en vérité, qu’aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. »

Il était déjà environ la sixième heure, quand des ténèbres se répandirent sur tout le pays jusqu’à la neuvième heure. Le soleil pâlit ; le voile du temple se déchira par le milieu, et Jésus s’écria d’une voix forte : « Père, je remets mon esprit entre Tes mains. » En prononçant ces mots, il expira. [6]

 

Ange gardien (fillette au pied de la croix), qui en vérité, n’est que Satan

    L’ Évangile selon Saint Jean, XIX, versets 23-30

 

Après avoir crucifié Jésus, les soldats prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique, et, comme elle était sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas, ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui l’aura. » Ainsi firent les soldats ; afin que s’accomplit l’Écriture, qui dit : Ils se sont partagé mes habits, et ils ont tiré au sort mon vêtement.

 

Près de la croix, se tenaient la mère de Jésus et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine. Jésus, ayant vu sa mère, et à côté d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voilà ton fils » ; puis il dit au 

disciple : « Voilà ta mère » ; et dès ce moment, ce disciple la prit chez lui.

 

Après cela, Jésus, sachant que tout était déjà consommé, dit, afin que l’Écriture fût accomplie : J’ai soif. Or il y avait là un vase plein de vinaigre, et les soldats ayant mis au bout d’une tige d’hysope une éponge imbibée de vinaigre, l’approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris ce vinaigre, il dit : « Tout est consommé » ; et, ayant penché la tête, il rendit l’esprit.

 

Malgré les différences entre les quatre Évangiles, nous voyons Jésus rendre l’esprit en appelant Eloï d’une voix forte. Dans son roman, l’auteur grec décide d’interpréter ces récits.

 

La narration de Nikos Kazantzakis

 

La double substance du Christ, Le souhait, tellement humain, Tellement surhumain

 

De l’homme pour atteindre Dieu… Cela m’était toujours un mystère Profond et impénétrable

 

Mon angoisse principale, et la source

 

De tous mes joies et chagrins

 

Depuis ma jeunesse,

 

C’était la bataille

 

Incessante, [et] impitoyable, entre L’esprit et le corps…

 

Et mon âme, c’est l’arène Où ces deux armées

 

Se sont heurtées et rencontrées [7].

 

Dans La dernière tentation, « tandis qu’il agonise sur la croix, Jésus est victime d’une dernière tentation et imagine vivre une vieillesse paisible auprès de Marthe et de Marie. Le souvenir de Judas et de son intégrité morale le ramène alors à la réalité et lui permet de mourir en retrouvant la conscience de sa mission. [8] »

 

Afin d’étudier cette continuation de 

la Passion du Christ, nous nous référerons

 

  • l’adaptation cinématographique de ce roman réalisée par Martin Scorsese (1942-). La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese est une fidèle adaptation du roman de l’auteur grec. On considère ce film comme un hybride, entre film noir et réflexion religieuse. La dernière tentation se présente ainsi :

 

Jésus, sur la croix appelle Dieu, il murmure : Père ! Pardonne-moi ! Et après quelques instants, il crie d’une voix forte : Eloï… Père ! Pourquoi m’as-Tu abandonné ?

 

Cependant, baissant la tête, il découvre une fillette au pied de la croix :

 

  • Qui es-tu ?

 

  • Je suis l’ange qui veille sur toi… ton père est un Dieu de Miséricorde, pas de châtiment, Il t’a vu et a dit : N’es-tu pas son ange gardien ? Descends pour le sauver, il a assez souffert, tu te souviens qu’Il a dit à Abraham de Lui sacrifier son fils ? Abraham venait de lever son couteau pour tuer l’enfant lorsque Dieu arrêta son bras, s’Il a pu sauver le fils d’Abraham, ne crois-tu pas qu’Il veuille sauver le Sien ? Il t’a mis à l’épreuve et tu l’as bien supporté, Il ne veut pas ta mort. Il a dit : Laisse-le mourir en rêve, mais laisse-le vivre sa vie normale
Le Corrège, Noli me Tangere, v. 1525. Huile sur toile, 130 × 103 cm. Musée du Prado, Madrid.

 

  • Toutes ces souffrances, elles étaient réelles ?
  • Oui, mais elles ne reviendront plus, tu en as assez fait… [9]

 

C’est ainsi que cet ange gardien sauve le Christ et le descend de la croix.

 

Ainsi la croix demeure vide, et Jésus se voit vivre une vie normale, accompagné de son ange gardien qui reste auprès de lui jusqu’à sa mort et l’emmène chez Marie-Madeleine qu’il épouse.

 

 

 

De fait, nous ne pouvons nier, dans la tradition chrétienne, la relation de tendresse entre Marie-Madeleine et Jésus. Marie-Madeleine qui est d’ailleurs considérée par les gnostiques comme celle qui reçut un enseignement privilégié de la part du Christ :

 

Alors qu’elle est restée seule, pleurant près du tombeau vide du Christ, Marie Madeleine aperçoit un homme qu’elle pense être le gardien du jardin. Lorsqu’elle lui demande où est le corps du Christ, ce dernier se révèle à elle tout en lui enjoignant Noli me Tangere (Ne me touche pas). La toile du Corrège traitant de l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine représente une femme partagée entre l’effroi et la soumission, tandis que le Christ annonce, par le mouvement de sa main gauche, son Ascension imminente.

 

Dans le film, Marie meurt. Jésus, en colère contre Dieu, prend sa hache pour se venger de Lui. Mais son ange gardien le calme et l’emmène auprès de Mathilde, avec qui il aura des enfants. Ainsi, sa vie terrestre continue paisiblement jusqu’à la vieillesse et la maladie. La maladie s’accompagne d’un incendie dans Jérusalem. Ses apôtres viennent lui rendre visite à ce moment. Et Jésus réalise que la créature qui s’est présentée comme son ange gardien et envoyé de Dieu est 

en réalité Satan.

 

Après l’entrée de tous les compagnons, c’est au tour de Judas, qui sous la plume de l’écrivain grec, se dessine « comme le plus constant, le plus cohérent et le plus courageux de tous les apôtres. [10] »

 

Après être entré dans la maison de

 

Jésus, Judas crie :

 

  • Traître ! Ta place était sur la croix, là où Dieu t’avait mis. Quand la mort s’est approchée, tu as eu peur et tu as fui. Tu t’es caché dans la vie d’un homme. Nous avons fait ce que nous étions censé faire, pas toi ! Tu es un lâche.

 

  • Tu n’as donc aucun respect, dit Matthieu.
  • Pour lui ?

 

  • Tu ne comprends pas, dit Jésus.

 

  • Je ne comprends pas ? Réveille-toi ! Tu m’as brisé le cœur… Souviens-toi de ce que tu as dit ! Tu m’as serré dans tes bras… tu te souviens ? Tu m’as supplié : « Trahis-moi, trahis-moi, car je dois mourir crucifié et ensuite ressusciter afin de sauver le monde ; je suis l’agneau, tu as dit, la mort c’est la porte, Judas ! Mon frère ! N’aie pas peur ! Aide-moi à franchir le seuil. » Je t’aimais tellement ; je ne savais trahir ; et toi ! Toi, qu’est-ce que tu fais ici ? qu’est-ce que tu es venu faire ici avec des femmes, avec des enfants ? Ce qui vaut pour un homme ne vaut pas pour Dieu. Pourquoi es-tu descendu de la Croix ?

 

A ce moment-là, les blessures de Jésus, déjà traitées par Marie-Madeleine, se remettent à saigner.

 

  • Regarde ses blessures Judas ! dit Mathieu. Il saigne. Tu lui fais du mal, ça suffit.

 

  • Il devait, dit Judas, représenter la nouvelle alliance. Maintenant il n’y a plus d’Israël.
  • Non ! Non !, dit Jésus d’une voix basse, essaye de comprendre…l’ange gardien, Dieu a envoyé un ange gardien me sauver…

 

  • Un ange ? Quel ange ? Regarde-le ! - Judas le montre avec sa canne et la

 

fillette devient une clarté puis disparaît - Satan…

 

Le Christ comprend en un instant ce qui s’est passé. Entendant la voix du Diable, il sort et appelle Dieu.

 

  • Père ! Est-ce que Tu vas m’écouter ? Tu es encore là ? Je Te supplie d’écouter, écouter un fils égoïste… je T’ai combattu (…), j’ai résisté, je croyais en savoir plus que Toi, je ne voulais pas être Ton fils. Est-ce que Tu peux me pardonner ? Je n’ai pas lutté assez fort ! Père ! Donne-moi la main ! Je veux apporter le salut, Père ! Reprends-moi ! Fais une fête ! Ouvre-moi Tes bras ! Je veux être Ton fils ! Je veux mourir crucifié et ressuscité...Je veux être le Messie…

 

Et il revient sur la Croix. Et s’écriant alors « Tout est accompli », il rend l’esprit.

 

    Le Messie appelle Dieu…

    Comment regarder cette dernière Tentation du Christ ?

 

Tout au long du récit de l’auteur grec, et par la suite, du film, c’est une voix intradiégétique qui s’exprime et revient sur les Souffrances peu abordées dans les Évangiles.

 

Cette voix narrative qui nous met au plus près de la psyché du personnage permet un rappel des souvenirs et le développement de la pensée du narrateur, mais aussi permet d’« offrir un délire, [de] libérer une fureur, [de] donner à entendre une exaltation [11] ». Elle est en quelque sorte une vision intime de la perspective de Jésus, nous parvenant comme à l’insu de lui et se transformant en une sorte de « secret intime » [12] que l’on sera peut-être même gêné d’entendre.

Cette représentation d’un dilemme pour Jésus a déclenché l’ire des milieux intégristes catholiques et beaucoup de catholiques ont protesté contre le livre, mis à l’index à sa parution et contre le film. Ainsi de l’archevêque de Paris qui dit : « Le christianisme ne fait pas partie de l’imaginaire disponible qu’on pourrait traiter comme la mythologie grecque [13] ». On pourrait peut-être ainsi placer cette œuvre parmi celles que Gérard Genette appelle les « continuations infidèles voire meurtrières [14] » qui effacent même parfois les traces de leur hypotexte.

 

Au cours de cette continuation des Évangiles, le Messie connaît une vie humaine et terrestre et la vit, et c’est cette humanisation du Christ qui 

mécontente le plus l’archevêque de Paris. Dans une interview avec Le Figaro, le 31 Octobre 1991, il déclare : « Ils prennent pour objet de dérision le récit de la vie du Christ et ses épisodes que l’iconographie a le plus popularisés. Cet irrespect d’autrui est une atteinte plus grave qu’il n’y paraît au pacte social de notre démocratie. De telles pratiques pourraient être passibles des tribunaux. Elles ont surtout comme résultat de blesser sans raison des hommes et des femmes qui ont droit au respect de leurs concitoyens comme ils ont le devoir de respecter autrui. [15] »

 

Pourtant Jésus revient sur la croix. Sa tentation, les péripéties qu’il connaît tout au long de son imagination nous font 

penser à un héros cornélien, en conflit entre « l’amour » et « l’honneur », qui ne sacrifiera jamais son honneur pour l’amour, et c’est ainsi qu’interprète Nikos Kazantzakis le dernier propos du Christ : « Tout est accompli ».

 

D’ailleurs, cette réécriture ne nous révèle-t-elle pas, dans certains aspects, la Philosophie Indienne, quand nous lisons le mythe de Nârada, qui accompagnant Vishnu, est en quête de Maya ? [16]

  • Le débat sur la nature divine ou humaine de Jésus est spécifique au christianisme et nous n’avons trouvé aucune occurrence en la matière dans la pensée musulmane.

Bibliographie :

 

  • Gérard Genette, Palimpseste, La littérature au second degré, Paris, Le Seuil, 1982.

 

  • Les Quatre Évangiles, Edition présentée et annotée par d’Olivier Clément, Trad. D’Hugues Oltramare, Paris, Gallimard, coll. Folio,
  • José García-Romeu, « Réécritures et sources du thriller ésotérique : El Evangelio según Van Hutten (1999) de Abelardo Castillo », Cahiers d’études romanes [En ligne], 25 | 2012, mis en ligne le 15 septembre 2013, consulté le 18 mai 2014. URL : http://etudesromanes.revues.org/3706
  • Jean-Marc Limoges, « De l’écrit à l’écran », Cahiers de Narratologie [En ligne], 25 | 2013, mis en ligne le 20 décembre 2013, consulté le 19 mai 2014. URL : http://narratologie.revues.org/6795
  • Jacques Cheyronnaud, « « Rire de la religion » ? Humour bon enfant et réprobation* », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 134 | avril - juin 2006, mis en ligne le 01 mai 2009, consulté le 19 mai 2014. URL : http://assr.revues.org/3425 ; DOI : 10.4000/assr.3425
  • Pierre Laroche, « Mésaventures de la religion-fiction : Roma senza papa de Guido Morselli », Cahiers d’études italiennes [En ligne],

 

9 | 2009, mis en ligne le 15 janvier 2011, consulté le 19 mai 2014. URL : http://cei.revues.org/224

 

  • Maria Tsoutsoura, « Les Grecs et « le plus fascinant des Barbares » : de la parodie à la modernité », Textyles [En ligne], 41 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 19 mai 2014. URL : http://textyles.revues.org/1505

  • - 

  • The last Temptation of Christ, film réalisé par Martin Scorsese, Etats-Unis, 1988, La Dernière Tentation du Christ. doublage en français chez Nc.

  • - 

  • Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

 


    - 
  • Collection Henri Mitterrand, Littérature, textes et document, XXe, Paris, Nathan, 1989.

 

Notes

[1José García-Romeu, « Réécritures et sources du thriller ésotérique : El Evangelio según Van Hutten (1999) de Abelardo Castillo », Cahiers d’études romanes [En ligne], 25 | 2012, mis en ligne le 15 septembre 2013, consulté le 18 mai 2014. URL : http://etudesromanes.revues.org/3706

[2Maria Tsoutsoura, « Les Grecs et « le plus fascinant des Barbares » : de la parodie à la modernité », Textyles [En ligne], 41 | 2012,
mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 19 mai 2014. URL : http://textyles.revues.org/1505

[3Maria Tsoutsoura, « Les Grecs et « le plus fascinant des Barbares » : de la parodie à la modernité », Textyles [En ligne], 41 | 2012,
mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 19 mai 2014. URL : http://textyles.revues.org/1505

[4Les Quatre Évangiles, Edition présentée et annotée par d’Olivier Clément, Trad. D’Hugues Oltramare, Paris, Gallimard, coll. Folio, 2005. P.127, 128.

[5Ibid. p.185, 186.

[6Ibid. p.272, 273.

[7C’est une citation de Kazantzakis qui ouvre le film The Last Temptation of Christ, gardant le même titre que son hypotexte. La
traduction en français est faite par nous-mêmes. En voici la traduction anglaise : « The dual substance of Christ-/The yearning, so human, /So superhuman, /Of man to attain God…/Has always been a deep/ Inscrutable mystery to me, /My principle anguish and source/Of all my joys and sorrows/From my youth onward/ Has been the incessant, /Merciless battle between/The spirit and the flesh…/And my soul is the arena/Where these two armies/Have clashed and met. »

[8José García-Romeu, « Réécritures et sources du thriller ésotérique : El Evangelio según Van Hutten (1999) de Abelardo Castillo », Cahiers d’études romanes [En ligne], 25 | 2012, mis en ligne le 15 septembre 2013, consulté le 18 mai 2014. URL : http://etudesromanes.revues.org/3706

[9Minutes 1 : 59-2 :2 :41 de The last Temptation of Christ, film réalisé par Martin Scorsese, Etats-Unis, 1988, La Dernière Tentation du Christ, doublage en français chez Nc. Dans le doublage en français, la voix de Jésus est interprétée par Dominique Collignon-Maurin et celle de cet ange gardien, qui en vérité, n’est que Satan, par Henri Virlogeux

[10José García-Romeu, « Réécritures et sources du thriller ésotérique : El Evangelio según Van Hutten (1999) de Abelardo Castillo », Cahiers d’études romanes [En ligne], 25 | 2012, mis en ligne le 15 septembre 2013, consulté le 18 mai 2014. URL : http://etudesromanes.revues.org/3706

[11Jean-Marc Limoges, « De l’écrit à l’écran », Cahiers de Narratologie [En ligne], 25 | 2013, mis en ligne le 20 décembre 2013, consulté le 19 mai 2014. URL : http://narratologie.revues.org/6795

[12Ibid.

[13Jacques Cheyronnaud, « « Rire de la religion » ? Humour bon enfant et réprobation* », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 134 | avril - juin 2006, mis en ligne le 01 mai 2009, consulté le 19 mai 2014. URL : http://assr.revues.org/3425 ; DOI : 10.4000/assr.3425

[14Gérard Genette, Palimpseste, La littérature au second degré, Paris, Le Seuil, 1982, p.269.

[15Jacques Cheyronnaud, « « Rire de la religion » ? Humour bon enfant et réprobation* », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 134 | avril - juin 2006, mis en ligne le 01 mai 2009, consulté le 19 mai 2014. URL : http://assr.revues.org/3425 ; DOI:10.4000/assr.3425

[16Le mythe nous raconte qu’un jour, Nârada accompagna Vishnu dans un désert, et lui demanda de lui montrer Maya… Quelque temps après Vishnu lui demande d’aller chercher de l’eau. Il s’en occupe, mais arrivant au village, quand il frappe à une porte pour demander de l’eau, il rencontre une jeune fille dont il tombe amoureux, et oublie ainsi Vishnu. Il l’épouse. Après douze ans, ils ont trois enfants et une vie heureuse. Puis, sa femme et ses enfants meurent dans un torrent. C’est seulement à ce moment qu’il se réveille et se trouve à côté de Vishnu qui lui dit : « Cela fait un quart d’heure que je t’attends pour m’apporter de l’eau. » Nârada, confus, répond : « Mais ma femme…mais enfants… ». Vishnu lui dit « Tout ce que tu as vu, c’était Maya. » (D’après la conférence de M. Hassan Bolkhâri, le11mais 2014, Colloque de Littérature comparée, Université Shahid Beheshti.)


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