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Pendant douze siècles, l’Afghanistan et les pays d’Asie centrale ont connu une remarquable période d’échange, de dialogue interculturel et de tolérance religieuse. Tout cela a permis le développement de la langue, de la culture et des arts. L’Afghanistan a toujours été considéré comme la clef de l’Asie centrale et le point de la rencontre entre l’Est et l’Ouest. Après les grandes conversions religieuses, cette région a connu les mêmes grandes tourmentes de l’Asie centrale, la pression altaïque, la (...)
L’autoportrait est l’une des formes les plus proches de l’autobiographie. Ce genre d’écriture de soi est un jeu de miroitement à travers lequel l’auteur se déshabille de sa peau pour laisser apparaître une vérité de son être. L’autoportrait pictural est cette tentative de se décrire et s’écrire dans l’objectif de rendre signifiant l’instance du « moi ». Sans doute est-ce ce miroitement « symbolique » qui fait de l’écriture rahimienne la toile privilégiée de l’autoportrait. Il cherche à travers son écriture le (...)
Atiq Rahimi met en prose une écriture globale, voire plurielle. Il suffit de lire son œuvre pour prêter attention au mélange des genres et à la multiplicité de son écriture vacillant entre prose et poésie, comédie et tragédie, peinture et calligraphie. Cette pluralité des genres définit le « je » qui l’assume, le monde symbolique dans lequel le discours littéraire prend son essor. L’écrivain se montre comme un passionné de l’art dans ses diverses formes d’expression. Ces genres multiples nous donnent une (...)
La littérature afghane contemporaine est le produit de l’exil. Les écrivains afghans éprouvent le besoin et la nécessité d’exprimer leur profond attachement à leur terre natale. Cette jeune littérature présente en réalité plusieurs formes d’exil et le prend comme un motif omniprésent de la quête de l’identité. Pour l’écrivain afghan, l’exil est cet élément déclencheur d’une recherche perpétuelle des origines. L’exil engendre le dépaysement et la distance, ce qui rend plus vifs et plus actuels les liens entre (...)
La narration à la première et deuxième personne qu’utilisent les romanciers afghans dans leurs romans pose une problématique intéressante quant aux implications de ce « je » et de ce « tu » dans la subjectivité du langage. Les définitions proposées par Émile Benveniste, dans son ouvrage Problèmes de linguistique générale, nous permettent de lier cette subjectivité de la narration à la mémoire personnelle du romancier.
L’emploi du « je » par le narrateur, dans la narration du roman, détermine la mise en scène (...)
L’écriture est considérée comme une tentative d’ouverture en vue de dépasser un « moi » en crise. Il s’agit d’une prise de position qui ouvre un débat autour des questions comme la quête de soi par le regard croisé et le dialogue, l’identité dans toutes ses dimensions, le regard de l’autre, et l’influence qu’il exerce sur le « je ». Ce sont des questions qui poussent l’esprit afghan à agir, à se placer dans le monde et à remettre en cause l’essence et l’utilité de ses actes artistiques dont l’écriture est l’une (...)
Aujourd’hui, la littérature afghane se distingue non seulement par les multiples formes de la création littéraire, mais aussi par sa richesse et sa diversité. Si en Afghanistan les écrits autobiographiques constituent tout un champ depuis plus de trois décennies, c’est que le sentiment existentiel et identitaire prend de l’importance et devient l’essence même de l’écriture. La littérature afghane est née de la nécessité de partager la douleur dans toutes ses formes, et de remettre en question la condition (...)