N° 102, mai 2014

Nouvelles sacrées (V)
L’Opération Kheybar


Khadidjeh Nâderi Beni


A l’ouest du Khouzestân, près de la frontière irano-irakienne, se trouve une vaste région appelée Hour-al Azim ou Hour-al Howeizeh. « Hour » est un mot arabe signifiant « le marais ». Le marais Al-Azim est formé par l’excès d’eau des grandes rivières de cette région dont le Tigre irakien et le Karkheh iranien. S’étalant sur une superficie de 175 km2, cette région est divisée en terres agricoles et marécageuses et comprend également les deux îles de Majnoun sud et Majnoun nord. La flore y est très variée. Du côté iranien, Hour al-Azim avoisine les villes de Bostân au nord et de Soussanguerd à l’est. Du côté irakien, il est situé entre les deux villes stratégiques de Bassora et Al-Amâreh. Cette région pétrolifère est quadrillée par des installations radioélectriques et télématiques ainsi que des oléoducs.

Le 22 février 1984 (3 esfand 1362), la région Hour-al Azim est le théâtre d’une vaste opération amorcée par l’Iran. Il s’agit de l’opération Kheybar, planifiée et menée conjointement par l’armée et le sepâh [1] iraniens avec pour but de prendre la ville stratégique de Bassora et les deux îles Majnoun. Cette opération suit l’opération Valfajr 6 (Aube 6) durant laquelle l’Iran n’a pas réussi à atteindre ses objectifs : s’emparer d’une partie de l’autoroute reliant Bagdad à Bassora et couper la liaison entre ces deux grandes villes irakiennes pour menacer les lignes de communication ravitaillant l’armée irakienne. Les militaires iraniens planifient donc l’opération Kheybar visant à s’emparer directement de Bassora suite à la prise des îles Majnoun.

Opération Kheybar

L’opération débute à 21 h 30 ; la première étape est menée immédiatement durant la nuit et les forces iraniennes arrivent à atteindre les cibles prévues. Durant la deuxième étape, les unités opérationnelles tentent de prendre le contrôle total des îles Majnoun et de la région Talâ’yeh, où l’armée irakienne est positionnée en défense, ainsi que de pénétrer dans la ville de Neshveh. Une partie des objectifs de cette seconde étape est atteinte, mais les Iraniens ne peuvent finalement entrer dans la ville.

Les Irakiens considèrent que la présence des militaires iraniens dans cette région constitue une menace pour la sécurité de l’Irak tout entier, ils se hâtent donc de les repousser hors de cette région. L’Irak ravitaille son armée et expédie plusieurs divisions blindées et d’infanterie pour reprendre et sécuriser le tronçon de route menant à Bassora et à Talâ’yeh. Les deux camps s’engagent dans un combat acharné se prolongeant sur quelques jours. Finalement, les Iraniens prennent le contrôle des îles Majnoun, situées à 64 km de Bassora, qui recèlent le sixième des réserves pétrolières irakiennes. Mais les fortes défenses irakiennes les empêchent de continuer. Le 14 mars, suite à la retraite irakienne, les forces iraniennes mettent fin à l’opération Kheybar, se contentant de la prise des deux Majnoun.

Il est à préciser que c’est durant cette opération que, pour la première fois, l’Irak de Saddam Hussein fait usage d’armes chimiques non-conventionnelles de fabrication européenne contre l’Iran. Après une enquête des experts de l’ONU à Téhéran, l’Irak est accusé d’avoir utilisé des armes interdites par la Convention de Genève contre l’Iran. Une résolution condamnant l’Irak est donc adoptée le 30 mars par le Conseil de Sécurité.

Pendant cette bataille, de nombreux commandants du Sepâh tombent en martyrs. Voici une courte liste de leurs noms :

- Mohammad-Ebrâhim Hemmat : né en 1956 à Shahrezâ en Ispahan, commandant en chef de la Troupe 27 Mohammad Rassoul Allâh. Ce héros martyr avait auparavant dirigé plusieurs grandes opérations victorieuses dont Beit al-Moghaddas, Ramadân et Fath al-Mobin.

Debout, deuxième personne à gauche : le commandant Hemmat

- Hamid Bâkeri : né en 1956 à Tabriz, commandant en second de la Troupe 33 Ashourâ.

- Hamid-Rezâ Golkâr : né en 1960 à Téhéran, responsable de la brigade Habib Ibn Mazâher.

- Gholâm-Ali Bazrafkan : né en 1962 à Birjand

- Safar Ahmadi : né en 1960 à Masdjed Soleymân dans le Khouzestân, commandant de la base Dânial.

- Mostafâ Halvâï : né en 1962 à Khomeiny-Shahr à Ispahan, commandant de la base Sus.

Source :
- Amiriân, Mohammad, Seyri dar târikh-e djang-e Iran-Arâgh (Regard sur l’Histoire de la guerre Iran-Iraq), en 5 volumes, Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.

Notes

[1Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran.


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