N° 161, avril 2019

Zoroastre, des origines à l’Islam


Afsaneh Pourmazaheri


Il existe de nombreux points de vue sur l’origine et l’histoire de la vie de Zoroastre. Les sources grecques l’ont placé dès 6000 ans avant J.-C. La date zoroastrienne traditionnelle de la naissance de Zoroastre est environ 600 av. J.-C. Cela provient d’une source grecque qui le situe « 300 ans avant Alexandre ». D’autres auteurs qui retiennent la date de 600 avant J.-C. pour sa naissance, identifient le roi Vishtaspa, dans les Gathas du Zoroastrisme, au père du roi perse Darius 1er, qui vivait à cette époque. Selon l’Avesta, le Livre sacré du zoroastrisme, Zoroastre serait né en Azerbaïdjan, dans le nord de la Perse.

Lorsque les linguistes d’Europe et d’Inde travaillaient sur la langue des Gathas attribuée à Zoroastre, il s’avéra que les Gathas étaient bien plus anciens que la langue parlée en Iran à l’époque du père du roi Darius 1er. L’avestique était très proche du sanscrit des Rig-Vedas indiens, datés de la période 1500-1200 av. J.-C. Cela signifierait que Zoroastre vivait bien avant la date traditionnellement retenue. Certains érudits ont affirmé que la date de 600 av. J.-C. serait toujours plausible si l’avestique avait été en réalité une langue sacrée préservée artificiellement, un peu comme le latin, qui a continué de survivre dans la littérature et les rituels après avoir cessé d’être parlée. Les travaux récents de Martin Schwartz et d’Almut Hintze tendent à réfuter cette théorie, car les linguistes montrent que les Gathas ne sont pas le travail d’une écriture académique dans une langue morte ; ils montrent tous les signes de la poésie composée et récitée dans une tradition orale, semblable à la poésie héroïque d’Homère ou au Rig-Veda. Ces études confirmeraient la date antérieure de la vie de Zoroastre.

Personne ne sait comment Zoroastre est mort, apparemment à l’âge de 77 ans. De nombreuses légendes ainsi que la tradition zoroastrienne disent qu’il a été tué alors qu’il priait dans le sanctuaire, par un ennemi étranger du roi. Il n’y a pas de jour férié commémorant le martyre du prophète, comme il en existe dans d’autres religions.

 

L’inscription de Behistun décrivant les conquêtes de Darius Ier en trois langues, Kermânshâh

Ahura Mazda, Seigneur de la Sagesse

 

Ahura Mazda (également connu sous le nom d’Ohrmazd, « Seigneur de la Sagesse ») est le nom avestique de la divinité de l’ancienne religion iranienne proclamée Dieu par Zoroastre, fondateur du zoroastrisme. Ahura Mazda est décrit comme la plus haute divinité du culte du zoroastrisme, en plus d’être la première divinité invoquée le plus fréquemment dans la Yasna. Ahura Mazda est le créateur et le détenteur de l’asha (vérité). C’est un dieu omniscient, mais pas omnipotent qui finirait par détruire le mal. La contrepartie d’Ahura Mazda est Angra Mainyu, « l’esprit du mal » et créateur du mal qui sera détruit avant la frashokereti (événement qui indique la rénovation finale de l’univers après la destruction du mal).

Ahura Mazda est apparu pour la première fois à l’époque de Darius Ier dans une inscription à Behistun. Jusqu’à Artaxerxès II, Ahura Mazda était vénéré et invoqué seul. Avec Artaxerxès II, Ahura Mazda a été invoqué dans une triade, avec Mithra et Apam Napat. ہ l’époque achéménide, il n’y a aucune représentation d’Ahura Mazda autre que la coutume selon laquelle chaque empereur aurait un char vide tiré par des chevaux blancs, invitant Ahura Mazda à accompagner l’armée perse dans les combats. Zoroastre a parlé de la dualité et de la perte d’équilibre à la fin des temps. Il a également parlé d’un rival d’Ahura Mazda, le mauvais esprit, Angra Mainyu. L’un des objectifs d’Ahura Mazda est de détruire Angra Mainyu et de créer un univers totalement positif. Pour réaliser un tel univers, Ahura Mazda fit initialement une proposition de paix à Angra Mainyu qui refusa. Ahura Mazda entreprit alors de créer une armée spirituelle, en procédant tout d’abord à la création des sept Amesha Spentas, des esprits surveillant et protégeant les autres créations d’Ahura Mazda.

 

Origine et famille

 

Le nom Zoroastre (Zarathoustra) est un composé de bahuvrihi en langue avestique, de zarata – « faible, vieux » et usatra « chameau », qui se traduit par « ayant de vieux chameaux, celui qui possède de vieux chameaux ». Les zoroastriens des périodes plus récentes ont déclaré que le nom voulait dire « Lumière dorée », tirant leur signification du mot lumière ou aurore. Zoroastre est né dans la famille sacerdotale des Spitamids et son ancêtre Spitama est mentionné à plusieurs reprises dans les Gathas. Son père s’appelait Pourusaspa et sa mère Dughdova. De son épouse Huvovi, Zoroastre a eu trois fils, Isat Vastar, Uruvat-Nara et Hvare Cira et trois filles, Freni, Pourucista et Triti. Sa femme, ses enfants et un cousin nommé Maidhyoimangha se sont convertis les premiers après son illumination par Ahura Mazda à l’âge de 30 ans. Selon les Yasnas 5 et 105, Zoroastre a prié Anahita pour la conversion du roi Vistaspa.

Les Gathas contiennent des allusions à des événements personnels, tels que le triomphe de Zoroastre sur les obstacles imposés par les prêtres concurrents et la classe dirigeante. Ils indiquent également qu’il avait de la difficulté à diffuser ses enseignements et qu’il avait même été accusé de mauvaise foi dans la ville natale de sa mère. Dans les textes du Nouvel Avesta (composé plusieurs siècles après les Gathas), Zoroastre est représenté en lutte avec les daevas (esprits maléfiques) et est tenté par Angra Mainyu de renoncer à sa foi (Yasht 17.19 ; Vendidad 19). « Spend Nask », la 13e section de l’Avesta, contiendrait une description de la vie du prophète. Cependant, ce texte a été perdu au fil des siècles et il ne subsiste que sous forme de résumé dans le septième livre du 9e siècle, le Denkard. D’autres histoires de Zoroastre du IXe au XIIe siècle, comme dans le Shâhnâmeh, sont également supposées être basées sur des textes antérieurs, mais doivent être considérées principalement comme une collection de légendes. Le Zoroastre historique échappe toutefois à la catégorisation en tant que personnage légendaire.

 

Aspect iconographique

 

Bien que quelques représentations récentes de Zoroastre montrent le prophète en train d’accomplir un acte de légende, en général, elles ne le présentent qu’avec des vêtements blancs (qui sont également portés par les mages zoroastriens d’aujourd’hui). On le voit souvent avec un homme généralement considéré comme un autre symbole de la prêtrise, ou avec un livre à la main, interprété comme étant l’Avesta.

Alternativement, il apparaît avec une massue, le varza - généralement stylisée comme une tige d’acier couronnée par une tête de taureau - que les mages portent lors de leur cérémonie d’initiation. Dans d’autres représentations, il apparaît avec une main levée et un doigt levé pensivement, comme pour désigner et montrer un point. Mais les recherches ont montré que ce geste serait un geste symbolique et signifierait plutôt « l’unicité de Dieu ». Zoroastre est rarement décrit comme regardant directement ses disciples ; au lieu de cela, il semble regarder légèrement vers le haut, comme s’il implorait Dieu. Il y a une nette similarité avec les représentations chrétiennes : les yeux levés au ciel, la barbe, les cheveux longs et le soleil ou une lumière jaune derrière lui comme une auréole… Zoroastre est presque toujours représenté avec une barbe, ce qui, avec d’autres facteurs, présente des similitudes avec les portraits de Jésus du XIXe siècle.

Une variante commune des images de Zoroastre dérive d’un bas-relief de l’époque sassanide. Dans cette représentation de Taq-e Bostân, une figure préside au couronnement d’Ardeshir Ier ou II. La figure est debout sur un lotus, un homme tenant sa barbe dans sa main et une auréole autour de la tête. Jusque dans les années 1920, ce personnage était généralement censé être une représentation de Zoroastre, mais ces dernières années, il est plus communément interprété comme une représentation de Mithra. Parmi les représentations les plus célèbres de Zoroastre en Europe figurent celle de 1509, qui est l’école d’Athènes de Raphaël où Zoroastre, tenant un globe étoilé, discute avec Ptolémée.

 

Faravahar est l’un des symboles les plus connus du zoroastrisme, Persépolis

Philosophie et enseignements de Zoroastre

 

Dans les Gathas, Zoroastre voit dans la condition humaine la lutte mentale entre asa (vérité) et druj (mensonge). Le concept principal d’asa est à la base de toute la doctrine zoroastrienne, y compris celle d’Ahura Mazda, de la création, de l’existence et la condition du libre arbitre, qui est sans doute la plus grande contribution de Zoroastre à la philosophie religieuse. D’après lui, le but de l’humanité, comme de celui de toute autre création, est de soutenir l’asa. Pour l’humanité, cela se fait par une participation active à la vie et par l’exercice de pensées, de paroles et d’actes constructifs. Des éléments de la philosophie zoroastrienne sont entrés en Occident par leur influence sur le judaïsme et le platonisme moyen et ont été identifiés comme l’un des premiers événements clés dans le développement de la philosophie. Parmi les philosophes grecs classiques, Héraclite est souvent cité comme inspiré par la pensée de Zoroastre.

Zoroastre était apparemment empêché dans ses enseignements par les autorités civiles et religieuses de la région dans laquelle il prêchait. On ignore si ces autorités étaient originaires de sa région natale ou de Chorasmia avant la conversion de Vishtaspa. Confiant dans la vérité révélée par Ahura Mazda, Zoroastre n’a apparemment pas tenté de renverser la croyance en la religion iranienne polythéiste ; il a cependant placé Ahura Mazda au centre d’un royaume de justice qui promettait l’immortalité et le bonheur. Bien qu’il ait tenté de réformer l’ancienne religion iranienne sur la base des valeurs sociales et économiques existantes, les enseignements de Zoroastre ont d’abord suscité l’opposition de ceux qu’il appelait les disciples du mensonge.

 

Ahura Mazda et les immortels bienfaisants

 

Comme indiqué ci-dessus, les enseignements de Zoroastre sont centrés sur Ahura Mazda, qui est le dieu le plus élevé et seul digne d’être adoré. Il est, selon les Gathas, le créateur du ciel et de la terre ; c’est-à-dire du monde matériel et du monde spirituel. Il est la source de l’alternance de la Lumière et des Ténèbres, le législateur souverain et le centre même de la nature, ainsi que l’initiateur de l’ordre moral et le juge universel. Le type de polythéisme visible dans les Vedas indiens - ةcritures hindoues ayant le même fond religieux que les Gathas - y est totalement absent. Les Gathas, par exemple, ne mentionnent aucune divinité féminine partageant le règne d’Ahura Mazda. Il est entouré de six ou sept êtres, ou entités, dont le dernier est appelé « Ameretât » ou « immortel bienfaisant ». Les noms des amesha sont fréquents dans les Gathas et peuvent caractériser la pensée de Zoroastre et son concept de dieu. Selon les Gathas, Ahura Mazda est le père de Spenta Mainyu (Saint-Esprit), d’Asha Vahishta (Justice, Vérité), de Vohu Manah (Pensée vertueuse) et d’Armaiti (Spenta Armaiti, Dévotion).

On dit que les trois autres êtres de ce groupe personnifient les qualités attribuées à Ahura Mazda : ce sont Khshathra Vairya (Pouvoir désirable), Haurvatat (Intégrité) et Ameretat (Immortalité). Cela n’exclut pas la possibilité qu’eux aussi soient des créatures d’Ahura Mazda. Les bonnes qualités représentées par ces êtres doivent également être acquises et possédées par les adeptes d’Ahura Mazda. Cela signifie que les dieux et les hommes sont tenus de respecter les mêmes principes éthiques. Si l’amesha montre bien le fonctionnement de la divinité, tout en constituant l’ordre liant les adhérents du Seigneur, le monde d’Ahura Mazda et celui de ses disciples (l’ashavan) se rapprochent. L’aspect eschatologique très important du zoroastrisme est bien démontré par le concept de Khshathra (Destination), qui est accompagné à plusieurs reprises de l’adjectif désirable : un royaume à venir.

 

Une figure préside au couronnement d’Ardeshir Ier ou II à Taq-e Bostân

Monothéisme et dualisme

 

Le monothéisme remarquable de l’enseignement de Zoroastre est apparemment perturbé par un dualisme prononcé : le Seigneur a un adversaire, Ahriman, qui incarne le principe du mal et dont les disciples, l’ayant librement choisi, sont aussi du côté du mal. Ce dualisme éthique est enraciné dans la cosmologie zoroastrienne. Il a enseigné qu’au début il y avait une réunion des deux esprits, qui étaient libres de choisir - selon les mots des Gathas « la vie ou pas la mort ». Ce choix original a donné naissance à un principe bon et un principe maléfique. Le premier est un royaume de justice et de vérité ; le dernier, le royaume du mensonge (Druj), peuplé par les daevas, les mauvais esprits. Le monothéisme prévaut toutefois sur le dualisme cosmogonique et éthique, car Ahura Mazda est le père des deux esprits, divisés en deux principes opposés uniquement par leur choix et leur décision. Le Seigneur, ainsi que l’amesha, vaincra enfin l’esprit du mal : ce message, qui met fin au dualisme cosmique et éthique, semble constituer la principale réforme religieuse de Zoroastre. Sa solution monothéiste résout le vieux dualisme strict. Le principe dualiste, cependant, réapparaît sous une forme aiguë dans une période ultérieure, après Zoroastre. Cela ne se fait qu’aux dépens d’Ahura Mazda, alors appelé Ohrmazd, qui est ramené au niveau de son adversaire, Ahriman.

Au début des temps, le monde était divisé en une domination du bien et du mal. Entre ceux-ci, chaque homme est tenu de décider. Il est libre et doit choisir soit le Seigneur, le bien, soit Ahriman, le mensonge. Il en va de même pour les êtres spirituels, bons ou mauvais en fonction de leurs choix. De la liberté de décision de l’homme, il s’ensuit qu’il est finalement responsable de son destin. Par ses bonnes actions, le juste (ashavan) gagne une récompense éternelle, à savoir l’intégrité et l’immortalité. Celui qui opte pour le mensonge est condamné par sa propre conscience ainsi que par le jugement du Seigneur et doit s’attendre à continuer dans la forme d’existence la plus misérable, correspondant plus ou moins au concept chrétien d’enfer. Selon la croyance avestique, il n’y a pas de renversement ni de déviation possible une fois qu’un homme a pris sa décision. Ainsi, le monde est divisé en deux blocs hostiles, dont les membres représentent deux destinations en guerre. Du côté du Seigneur se trouvent des bergers ou des paysans, qui s’occupent de leur bétail et vivent dans un ordre social défini. Le disciple du mensonge (Druj) est un nomade voleur, un ennemi de l’agriculture et de l’élevage.

 

Enseignements eschatologiques et réformes cultuelles

 

Les Gathas, les premiers hymnes, dont beaucoup pourraient avoir été écrits par Zoroastre, sont imprégnés par la pensée eschatologique. Presque chaque passage contient une référence au destin qui attend les hommes dans l’au-delà. Chaque acte, chaque discours et chaque pensée sont considérés comme liés à une existence après la mort. L’état terrestre est lié à un état au-delà, dans lequel le Seigneur récompensera le bon acte, le bon langage et la bonne pensée. Ce motif de bien faire semble être le plus puissant dont dispose Zoroastre dans son message. Après la mort, l’âme de l’homme doit passer par le Pont du Requérant (Cinvat), que tout le monde regarde avec crainte et anxiété. Une fois le jugement rendu par Ahura Mazda, les bons entrent dans le royaume de la joie et de la lumière éternelles, et les mauvais sont destinés aux régions de l’horreur et de la noirceur. Zoroastre, cependant, va au-delà, annonçant une phase finale pour le monde visible, « le dernier tournant de la création ». Dans cette dernière phase, Ahriman sera détruit et le monde sera merveilleusement rénové et habité par les bons, qui vivront dans une joie paradisiaque. Les formes ultérieures du zoroastrisme enseignent la résurrection des morts, enseignement pour lequel une base peut être trouvée dans les Gathas. ہ travers la résurrection des morts, le renouveau du monde confère un dernier accomplissement aux disciples du Seigneur.

Dans sa réforme, Zoroastre n’a pas, comme le disent certains érudits, aboli tout sacrifice animal, mais simplement les rites enivrants qui l’accompagnaient. Le sacrifice de haoma (boisson sacrée) devait également être considéré comme une offrande symbolique ; il peut s’agir d’une boisson non fermentée ou d’une boisson ou plante enivrante. Zoroastre a conservé l’ancien culte du feu. Ce culte et ses divers rites ont ensuite été étendus et ont donné à la classe sacerdotale des mages un ordre précis. Son centre, la flamme éternelle dans le Temple de Feu, était constamment lié au service sacerdotal et au sacrifice de haoma.

Dans l’Antiquité Classique

 

D’après les Grecs (Plutarque, Isis et Osiris, Diogène, Laertius et Agathias), Zoroastre était le « prophète et fondateur de la religion des peuples iraniens ». Ils définissaient Zoroastre en tant que sorcier-astrologue, et même en tant qu’« inventeur » de la magie et de l’astrologie. Dérivant de cette image et la renforçant, se trouve une large littérature lui étant attribuée et circulant dans le monde méditerranéen à partir du 3e siècle avant notre ère jusqu’à la fin de l’Antiquité. Les Grecs considéraient que la meilleure sagesse était une sagesse exotique et quelle meilleure autorité et plus commode qu’un Zoroastre lointain, temporellement et géographiquement ? La langue de cette littérature était principalement grecque, même si, à un moment ou à un autre, différentes parties de cette littérature sont passées par l’araméen, le syriaque, le copte ou le latin. Son éthique et sa matrice culturelle étaient également hellénistiques. Les attributions à des noms exotiques (non limités à des mages) conféraient l’autorité d’une sagesse lointaine et révélatrice.

Une fois que les mages étaient associés à la magie dans l’imaginaire grec, Zoroastre était également appelé à se métamorphoser en magicien. Au 1er siècle, Pline nomme Zoroastre « inventeur de la magie ». Cependant, un principe de la division du travail semble avoir épargné à Zoroastre l’essentiel de la responsabilité d’introduire les arts sombres dans les mondes grec et romain. Bien que Pline l’appelle l’inventeur de la magie, le Romain ne lui fournit pas une personnalité de magicien. L’enseignement magique est attribué à Zoroastre à une date très tardive, vers le XIVe siècle.

La quasi-totalité du pseudépigraphe zoroastrien est maintenant perdue et, à une exception près, des textes attestés, seuls des fragments ont survécu. L’attribution de « deux millions de lignes » par Pline à Zoroastre suggère qu’un formidable corpus pseudépigraphique existait jadis à la bibliothèque d’Alexandrie. Ce corpus peut sans aucun doute être considéré comme un pseudépigraphe car personne avant Pline ne se réfère à la littérature de Zoroastre et ce avant le IIe siècle. Parmi les œuvres attribuées à Zoroastre, se trouve un traité sur la nature, un Peri physeos qui semble être constitué à l’origine de quatre volumes. Une autre œuvre qui circulait sous le nom de Zoroastre était l’Asteroskopita ou Apotelesmatika et comportait cinq volumes. Le titre et les fragments suggèrent qu’il s’agissait d’un manuel astrologique, existant en versions multiples, permettant de faire des prédictions. Un troisième texte attribué à Zoroastre se penche sur la vertu des pierres (Peri lithon timion).

 

Portrait imaginaire de Zarathushtra (à gauche). Peinture de Raphaël, école d’Athènes,
vers 1510.

En islam

 

Au VIIIe siècle, l’historien al-Tabari, rapporte que Zaradusht bin Isfiman (une adaptation en arabe de Zarathustra Spitama) était un habitant de la Palestine et un des disciples du prophète Jérémie. Selon ce récit, Zaradusht aurait fraudé son maître. Ce dernier l’aurait maudit, en le faisant devenir lépreux. L’apostat Zaradusht se serait ensuite finalement rendu à Balkh où il aurait converti Bishtasb (c’est-à-dire Vishtaspa), qui à son tour aurait contraint ses sujets à adopter la religion des mages. Rappelant une autre tradition, al-Tabari raconte que Zaradusht a accompagné un prophète juif qui allait voir Bishtasb. ہ leur arrivée, Zaradusht traduisit les enseignements hébreux du sage pour le roi et le persuada ainsi de se convertir à la religion des mages. Le hérésiographe al-Shahrastani au XIe siècle décrit la Majusiya en trois sectes : les Kayumarthiya, les Zurwaniya et les Zaradushtiya, parmi lesquelles Al-Shahrastani affirme que seuls les derniers étaient des disciples convenables de Zoroastre. En ce qui concerne la reconnaissance du prophète, Zoroastre a déclaré : « Ils vous demandent comment reconnaître un prophète et le croire fidèle dans ce qu’il dit ; dites-leur ce qu’il sait que les autres ne savent pas, et il vous dira ce qui se cache dans votre nature. Il sera capable de vous dire tout ce que vous lui demandez et il effectuera des choses que les autres ne peuvent pas effectuer ». Peu de temps avant l’avènement du prophète de l’Islam, la Perse était sous la souveraineté des Sassanides. Lorsque les compagnons du prophète, envahissant la Perse, entrèrent en contact avec le peuple zoroastrien et apprirent ces enseignements, ils arrivèrent aussitôt à la conclusion que Zoroastre était vraiment un prophète inspiré par la divinité. Ainsi, ils accordèrent au peuple zoroastrien le même traitement qu’à d’autres « peuples du Livre ». Les musulmans traitent le fondateur du zoroastrisme comme un véritable prophète et croient en sa religion comme ils le font avec d’autres croyances monothéistes.

 

Dans d’autres systèmes religieux

 

Mirza Tahir Ahmad, quatrième calife de la communauté musulmane ahmadiyya, dans son livre Révélation, rationalité, connaissance et vérité, considère Zoroastre comme un prophète de Dieu et décrit les expressions d’Ahura Mazda, le dieu du bien et d’Ahraman, le dieu du mal se référant à la coexistence de forces du bien et du mal permettant aux humains d’exercer leur libre arbitre, un concept similaire à ceux existant dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Le manichéisme considérait Zoroastre comme une figure (avec Jésus et Bouddha) dans une lignée de prophètes dont Mani était l’aboutissement. Le dualisme éthique de Zoroastre est, dans une certaine mesure, incorporé à la doctrine de Mani, qui considérait le monde comme enfermé dans une bataille épique entre des forces opposées du bien et du mal. Le manichéisme incorporait également d’autres éléments de la tradition zoroastrienne, en particulier les noms d’êtres surnaturels. Cependant, beaucoup d’autres éléments zoroastriens ne font pas partie des propres enseignements de Zoroastre ou sont utilisés de manière très différente de la façon dont ils sont utilisés dans le zoroastrisme.

Bibliographie :


- AMOUZGAR, Jâleh, TAFAZZOLI Ahmad, Ostûre-ye zendegi-e Zardosht (La mythologie de la vie de Zoroastre), Téhéran, éd. Babel, 1990.


- DU BREUIL Paul, Histoire de la religion et de la philosophie zoroastriennes, Monaco, éd. Du Rocher, 1985.


- OCHIDRI Jahângir, Dâneshnâmeh-ye Mazdisnâ. Vâjenâmeh-ye towzihi âyîn-e zardosht (Encyclopédie du Mazdéisme. Lexicologie détaillée du Zoroastrisme), Téhéran, éd. Markaz, 1996.


- RAZI Hâchem, Darâmadi bar din-e zartoshti (Introduction à la religion zoroastrienne), Téhéran, éd. Forouhar, 1973.


- TERAPIANO Georges, La Perse secrète, Aux sources du Mazdéisme, éd. Le Courrier du Livre, 1978.


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