N° 167, octobre 2019

Ardebil, une présentation géographique de la province


Shahâb Vahdati


Hauts plateaux de Sabalân

Couvrant une superficie de 18 011 kilomètres carrés, la province d’Ardebil est d’une splendide beauté naturelle et abrite de nombreux sites touristiques. Elle se délimite au nord par la République d’Azerbaïdjan, à l’est par la province du Guilân, au sud par celle de Zanjân et à l’ouest par celle de l’Azerbaïdjan oriental. Elle jouit d’un climat généralement froid sur les hauts plateaux de Sabalân, doux vers la ville d’Ardebil, et chaud dans la plaine de Môghân (Dasht-e-Môghân). Cependant, le climat qui caractérise presque toutes les régions de la province est réputé pour sa fraîcheur estivale qui attire un grand nombre de personnes. La province d’Ardebil faisait partie de l’Azerbaïdjan oriental jusqu’en 1994, date à laquelle elle est devenue une province indépendante.

Située à proximité de la République d’Azerbaïdjan, elle jouit d’une grande importance politique et économique. Les routes ne sont pas toujours bien entretenues, mais elles donnent sur des vues pittoresques qui attirent annuellement 5 500 000 touristes. On y trouve des vues splendides qui se succèdent lorsqu’on se déplace entre différents endroits.

Lac Chûrâbîl

Abritant plusieurs sources thermales, la région est une zone sismique. Un séisme y eut lieu notamment en 1997, faisant des centaines de morts.

Selon les dernières divisions administratives du pays, la province est composée de 9 communes : Ardebil, Bilesavâr, Parsâbâd, Khalkhâl, Meshkinshahr, Môghân, Namîn, Ne’or et Kosar.

Ses pics les plus célèbres sont Sabalân, Bâghrô (Talesh), Salavâtdâgh et Khûrûslû.

La chaîne des montagnes Tâlesh, qui s’étend du nord vers le sud, sépare Ardebil de la région de la mer Caspienne. Cette chaîne se dirige vers le nord pour rejoindre les monts Salavat-Daghî et Khorûslû, situés au sud du plateau de Môghân. Le mont Sabalân et le pic volcanique de Soltan-e-Savalân (4 811 mètres) font partie d’une autre chaîne, celle de l’Azerbaïdjan. Au sommet de ce volcan (Soltan-e-Savalân) depuis longtemps inactif, il existe un magnifique lac entouré de neige toute l’année. Le pâturage est luxuriant et les sources minérales sont abondantes sur les pentes. Au nord-ouest de la province, s’étendant jusqu’à la Caspienne, le fertile plateau de Môghân est l’une des plus importantes régions agricoles d’Iran.

Lac Ghâlghânlou

Les nombreux lacs comme Ne’or, Shûrabil, Shûr-Guêl, Nou-Shahr et Alûcheh abritent plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques. Le lac Ne’or, situé dans une région montagneuse à 48 km au sud-est de la ville d’Ardebil, présente une splendide beauté naturelle. Ce lac dont les eaux jaillissent de sources diverses, couvre une superficie de 210 ha et a une profondeur moyenne de 3 mètres. Le lac Chûrâbîl, situé dans une zone de collines au sud de la ville d’Ardebil, couvre une superficie de 64 ha. La surface du lac est recouverte d’une fine couche blanche de minéraux, utile pour soigner les maladies de la peau et les rhumatismes. Près du lac se trouve le complexe de loisirs de Chûrâbîl.

L’Arax est le plus grand fleuve de la province. Il prend sa source dans les montagnes orientales de la Turquie. Il trace la frontière iranienne avec les républiques d’Azerbaïdjan et d’Arménie et se jette dans la Caspienne, après avoir irrigué le vaste plateau de Môghân. Les autres fleuves importants de la province sont le Darreroud, le Qarasû, le Khiyavchâï et le Naminchâï.

La création de « Kesht-o-San’at-e-Môghân », la région de Pârsâbâd

Les zones forestières de Khalkhâl et d’Ardebil sont couvertes de chênes, de hêtres et d’érables. Dans la région montagneuse de Sabalân et de Tâlesh, il existe de vastes pâturages où les villageois et les pasteurs nomades viennent faire brouter leurs troupeaux depuis des temps immémoriaux. La faune sauvage comprend des loups, des ours, des léopards, des gazelles, des mouflons, des bouquetins, des aigles, des perdrix, des faisans et des serpents.

Les magnifiques lacs de cette province sont le lac Ne’or, Chûrâbîl, Shorgol, Noshahr, Alûcheh, Kamiâbâd et Mollâ Ahmad. Les rivières les plus importantes de la province sont l’Arax, Qarêssû, Qare-châï, Khiyav Châï et Namin Châï.

Les principaux produits agricoles de cette province sont les céréales, les pommes de terre et le maïs. Les habitants sont aussi souvent des éleveurs, producteurs de viande et de produits laitiers. Le miel d’Ardebil, produit dans les montagnes de Sabalân, est également très renommé. Les Ardebili produisent de plus du caoutchouc et du cuir. Les industries liées à l’agriculture sont généralement florissantes dans la région.

Les villes d’Ardebil et de Pârsâbâd sont équipées d’aéroports capables d’accueillir des jets et desservis par des vols réguliers à destination et en provenance de Tabriz ainsi que de Téhéran. Un sol fertile, une eau adéquate et la fondation agraire nommée « Kesht-o-San’at-e-Môghân », comprenant des unités agricoles et d’élevage industriel, ont fait de cette province un centre majeur de production de maïs, de fruits et de viande. Cet établissement, unique en son genre au Moyen-Orient, utilise des méthodes, des techniques et des machines modernes pour la production et la récolte, améliorant la fertilité du sol et la qualité des semences. Le blé, l’orge, les betteraves et le coton sont des cultures importantes. En outre, l’apiculture est une industrie active et le miel produit dans la province d’Ardebil jouit d’une renommée nationale.

L’artisanat comprend le tissage de tapis, le jâjim (tapis de coton) et le kilim (tapis en laine de chèvre). Le tissage et la poterie jouent un rôle essentiel dans l’économie de la province, aux côtés des ressources minérales de cuivre, de calcaire et de soufre. Autrefois Ardebil, point de charnière entre la Russie et le Moyen-Orient, occupait un rôle plus central. Mais l’importance du trafic commercial s’est considérablement réduite avec l’émergence de l’Iran moderne (remplaçant la Perse qâdjâre en relation avec la Russie tsariste).

La région produit également un tapis réputé. Le tissage de tapis est le principal artisanat de cette province. Outre le kilim, le jajim et le châle, il y a l’argenterie, les incrustations sur le bois et le travail du métal.

Ardebil est également un important producteur de ciment.

La création de « Kesht-o-San’at-e-Môghân », la région de Pârsâbâd

La ville d’Ardebil

La ville d’Ardebil, capitale de la province, est située à 639 kilomètres de Téhéran, à l’ouest du pic volcanique de Sabalân. Le climat de la province varie entre le froid extrême dans les régions montagneuses et un air frais dans les plaines. Le nom d’Ardebil vient du mot avestique Artavil qui désigne un lieu saint. Les archéologues ont récemment découvert des vestiges historiques dans les deux villes de Namîn et Arasbârân appartenant aux XIIe et XIVe siècles av. J. - C., qui attestent de l’ancienneté de la civilisation dans la région.

Lors de la conquête musulmane de l’Iran (637-751), Ardebil était la capitale de l’Azerbaïdjan. Elle a donc souffert des suites de cet incident et quelques siècles plus tard, elle a été complètement détruite lors de l’invasion mongole (vers les années 1220). Sheikh Safieddin Ardebili transforma Ardebil en un centre pour les soufis. Shâh Esmaïl Ier, le fondateur de la dynastie safavide est son petit-fils et il choisit Ardebil comme première capitale du nouvel empire.

En 1827, les Russes détruisirent une grande partie de la bibliothèque du sanctuaire de Sheikh Safi et volèrent de nombreux objets. Les forces russes occupèrent Ardebil pendant 27 ans lors des guerres irano-russes, et un grand nombre d’objets de valeur culturelle et historique est pillé lors de ces années pour être transféré dans les musées russes.

La ville de Sare’eïn

Sar’eïn est située à 29 km à l’ouest d’Ardebil. C’est une ville d’eaux dotée de neuf sources thermales et minérales aux vertus médicinales exploitées. Il existe également un centre d’hydrothérapie qui attire de nombreux touristes. Les installations de loisirs et d’hébergement sont en plein essor, faisant de Sar’eïn l’un des plus grands centres de loisirs d’Iran.

L’artisanat de la province d’Ardebil comprend le tissage de tapis, le jâjim (tapis de coton)

La ville de Pârsâbâd

Pârsâbâd est une ville frontalière située dans le nord de la province et limitrophe de la République d’Azerbaïdjan. Il s’agit principalement de plaines bénéficiant d’un climat tempéré. Cette région où l’agriculture est une activité importante est irriguée par le fleuve Arax. Dotée d’un sol fertile, d’un climat favorable et de précipitations suffisantes, la région de Pârsâbâd est couverte de riches pâturages et jouit d’une grande beauté naturelle. La création de « Kesht-o-San’at-e-Môghân », comprenant des unités de production de sucre, de compotes, de conserves et une unité de vannage de coton, a fait prospérer l’économie de la ville.

La ville de Khalkhâl

Douce en été et froide en hiver, la ville de Khalkhâl se situe dans une région montagneuse à l’ouest des montagnes de Tâlesh. Les sources minérales de Khalkhal-Sûï et de Ghîvî ont une valeur médicinale attirant annuellement un grand nombre de visiteurs. Les sports d’hiver font partie des activités de loisirs qui intéressent de nombreux touristes venant visiter cette ville. L’artisanat de Khalkhâl le plus connu est le tissage de châles. Les châles de Khalkhâl sont réputés pour leur qualité en Iran.

Sources thermales et minérales, ville de Sare’eïn

La ville de Meshkinshahr

Située à l’ouest d’Ardebil et au nord du mont Sabalân, la ville de Meshkin-Shahr est tempérée en été et froide en hiver. Les riches pâturages de cette région sont largement peuplés de pasteurs nomades. Bien que dans les villages, de nombreuses personnes pratiquent l’artisanat, l’économie repose principalement sur l’agriculture et l’élevage de bétail. Les monuments de Meshkinshahr sont d’une grande importance historique. Citons notamment la citadelle d’Arshoq, le mausolée de Sheikh Heydar et un pétrographe appartenant à Shâhpur II (roi sassanide).

Meshkinshahr possède plusieurs sources minérales, notamment Gûguêrdi et Qotûr Sû’ï, situées sur les pentes du mont Sabalân, mais aussi les sources de Shabil, Aqsû, Malek Sûï et Ilandû.

La région d’Arasbârân

Moghân

Quant à la plaine de Môghân, c’est une plaine étendue sur un plateau chaud en été et froid en hiver, qui s’étend autour de son centre administratif, la ville de Guêrmi.

Les Ardebili

La majorité de la population est musulmane et très attachée aux traditions religieuses. Dans certaines régions de la province, notamment à Môghân où vivent les tribus d’Ilsavan et de Qara Dagh, il existe une vie tribale. La province a connu un taux de croissance démographique élevé, surtout pendant la guerre Iran-Irak, passant de 65 742 habitants en 1956 à 482 632 en 2011 (multiplié par sept). Il a continué d’être élevé jusqu’en 1986, année où la population de la ville a augmenté de 6,28% par an pour atteindre 271 973 habitants en 1986. Ardebil étant l’une des villes les moins exposées aux attaques aériennes de l’Irak, cette augmentation est en partie due à l’accueil de réfugiés.

La ville de Pârsâbâd

Lorsque la guerre a pris fin en 1988, le taux de croissance est tombé à 2,72% par an entre 1986 et 1991 et à 1,82% entre 1991 et 1996. La population atteint 311 022 en 1991 et 340 386 en 1996. Depuis lors, le taux de croissance est passé à 2,08% par an en 1996-2006 et à 2,90% entre 2006 et 2011, et la population est passée de 418 262 à 482 632 habitants.

En 2011, près de 72,8% de la population était âgée de 15 à 64 ans. 21,2% avaient moins de 15 ans et seulement 6,0% avaient 65 ans et plus. La ville n’est donc pas plus jeune que le reste des zones urbaines du pays (22,3%, 72,3% et 5,4%). Elle était en 2006 légèrement plus jeune qu’en 2011 et presque identique à l’ensemble des zones urbaines nationales.

En 2006, la taille moyenne des ménages dans la ville d’Ardebil était de 4,1 personnes, ce qui était supérieur à la moyenne nationale de 3,89. Elle diminue en 2011 pour se fixer à 3,6 personnes, ce qui reste supérieur à la moyenne nationale des ménages qui est de 3,48.

La ville de Meshkinshahr

En 2006, près de 85,9% de la population d’Ardebil âgée de six ans et plus étaient alphabétisés. Le taux d’alphabétisation était significativement plus élevé chez les hommes (91,2%) que chez les femmes (80,5%). La comparaison avec l’ensemble du pays, que ce soit pour les deux sexes (88,9%) ou pour chaque sexe (92,2% pour les hommes et 85,6% pour les femmes) suggère clairement un taux d’alphabétisation relativement bas.

En 2006, près de 85,0% de la population était active (c’est-à-dire âgée de 10 ans et plus). Le taux d’activité de cette ville est presque le même que la moyenne nationale (38,8%). Le taux d’emploi et du chômage est estimé à 87,1% et à 12,9% de la population active.

Le climat

La province d’Ardebil est l’une des provinces les plus froides de l’Iran. Il y a des hauts plateaux dans la plupart des régions de la province qui réduisent la température, surtout en automne et en hiver. Ardebil a un climat tempéré en été. La plaine basse de Môghân est située dans le nord de la province. Les étés sont donc chauds mais modérés.

Lac du mont Sabalân

Les précipitations annuelles moyennes dans cette région sont d’environ 500 mm. Khalkhâl étant montagneuse, la température dans cette région est basse et les hivers sont froids. Les précipitations annuelles moyennes à Khalkhâl sont de 400 à 450 mm. Meshkinshahr, dans le centre de la province, a des hivers longs et froids et sa pluviométrie annuelle moyenne est de 300 mm.

En raison de la haute altitude et du froid rigoureux, la température dans la plupart des régions de la province est inférieure à 0 °C durant la moitié de l’année. La température à haute altitude tombe parfois jusqu’à -30 ° C.

Le site le plus important d’Ardebil est le sanctuaire de Sheikh Safi, un important dirigeant soufi des XIIIe et XIVe siècles, qui a largement contribué à ce que l’Iran devienne un État chiite. De nombreuses parties du sanctuaire ont été détruites par les Russes au XIXe siècle. Le tombeau de Shâh Esmâïl Ier, le fondateur de la dynastie safavide, est un autre monument marquant.

Il existe également plus de 23 sources d’eau minérale thermale renommées, situées principalement dans les faubourgs du grand Sabalân, ainsi que des complexes de thérapie par l’eau. Il existe de nombreuses autres sources thermales aux propriétés thérapeutiques différentes moins équipées d’installations ou même inexploitées.

Le lac salé de Chûrâbîl est l’une des principales attractions naturelles d’Ardebil. Des rivières d’eau douce s’y jettent, ce qui atténue légèrement sa salinité. On y pratique la pisciculture. De nombreuses installations récréatives, sportives et culturelles ont été aménagées autour de ce lac. Elles comprennent des installations de navigation de plaisance, des pistes cyclables et de course à pied, un zoo, des hôtels et des auberges de jeunesse, un parc pour les enfants et un restaurant au centre du lac.

Le pont Yeddi Goz, un pont pour cyclistes et piétons situé à Ardebil

Sources :

- Ardebil, Grande Encyclopédie Soviétique (Bolchaya sovietskaya entcyclopedia), 1978

- Barmold Vladimir Vladimirovitch, Bulletin historico-géographique de l’Iran (istorikogeographicheski obzor irana), Ed Nauka, Moscou, 1971

- Milov Pavel, Iran, Moscou, 1953

- Article sur Ardebil de Iranicaonline http://www.iranicaonline.org/articles/Ardebil


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