N° 177, automne 2021

Mir Sayyed Ali et Abd al-Samad, les deux Perses qui fondèrent l’école de peinture moghole en Inde


Babak Ershadi


L’Empire moghol fut fondé par Babur, un prince timouride d’Asie centrale descendant du conquérant turco-mongol Tamerlan du côté de son père, et du mongol Gengis Khan du côté de sa mère. Chassé par les Chaybanides turco-mongols (ouzbeks) de ses domaines ancestraux en Asie centrale, Babur se tourna vers l’Inde pour assouvir ses ambitions. Il s’établit d’abord à Kaboul et avança ensuite progressivement vers le sud en Inde. Les troupes de Babur vainquirent les royaumes du nord de ce pays.

Mir Sayyed Ali, Autoportrait, vers 1540

Après une bataille décisive livrée près d’Agra, les troupes timourides de Babur réussirent à dominer l’Inde du Nord. Babur y établit un empire qui régna pendant deux siècles. Agra devint la capitale de l’Empire moghol au lieu de Kaboul. Trop occupé par ses campagnes militaires, Babur n’eut pas le temps de consolider les piliers du grand empire qu’il avait fondé en Inde.

La décision de Babur de diviser les territoires de son empire entre deux de ses fils était inhabituelle en Inde, bien qu’elle ait été une pratique courante en Asie centrale depuis l’époque de Gengis Khan. En effet, les Timourides suivirent l’exemple de Gengis. Tamerlan ne laissa pas non plus son royaume entier à son fils aîné et le divisa parmi ses quatre fils.

Homâyoun, fils aîné de Babur, fut le deuxième empereur de l’Empire moghol. Il succéda à son père en 1530 sur le trône de Delhi et régna sur un très vaste territoire de ce qui est maintenant l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde du Nord et le Bangladesh.

Mir Sayyed Ali, Bahram chasse des onagres, une feuille du célèbre Livre des Rois (Shahnameh) de Shah Tahmasp, vers 1530-1535 (Musée Métropolitain, New York).

Mais Homâyoun était un jeune souverain inexpérimenté lorsqu’il arriva au pouvoir à l’âge de 22 ans. Son demi-frère, Kâmrân Mirzâ, hérita de Kaboul et de Kandahar, les parties les plus septentrionales de l’empire de leur père. Kâmrân allait devenir un rival acharné de Homâyoun. Le territoire de Homâyoun était le moins sûr, car il avait deux principaux rivaux : Bahâdur Shâh, sultan muzafaride du Gujarat (sud-ouest) et Sher Shâh Suri, un chef pachtoun installé le long du Gange dans le Bihar (est). Au cours des cinq premières années du règne de Homâyoun, ses deux rivaux étendirent leur règne vers le nord.

Finalement, Homâyoun fut vaincu par les troupes de Sher Shâh Suri en 1540. Poursuivi par Sher Shâh, il se retira à Agra, puis à Delhi et à Lahore. La fondation par Sher Shâh d’un éphémère empire Suri (1539-1556), avec sa capitale à Delhi, entraîna l’exil de Homâyoun pendant 15 ans à la cour de Shâh Tahmâsp Ier, empereur safavide de la Perse.

Homâyoun prit la direction de Hérat avec sa femme Bega Begum et quarante compagnons en espérant trouver refuge auprès de Shâh Tahmâsp Ier (1514-1576), deuxième empereur de la dynastie des Safavides. Après un voyage qui dura un mois et des épreuves difficiles, Homâyoun et ses compagnons arrivèrent à Hérat.

En entrant dans la ville, Homâyoun fut accueilli par une escorte armée des Safavides. Ces derniers lui donnèrent de beaux logements. Shâh Tahmâsp le fit venir ensuite à Qazvin, sa capitale, six mois après son arrivée en Perse et le traita comme un visiteur royal. La rencontre des deux monarques est représentée dans une célèbre peinture murale du palais Chehel Sotoun (Quarante Colonnes) à Ispahan.

Mir Sayyed Ali, Vie nocturne du palais, Frontispice de Khamsé de Nizami, 1540 (Musées d’art de Harvard, Cambridge).

Shâh Tahmasb Ier exhorta Homâyoun à se convertir de l’islam sunnite au chiisme, et Homâyoun accepta finalement la proposition du roi safavide afin d’obtenir un soutien plus substantiel des Perses. Lorsque le frère de Homâyoun, Kâmrân Mirza, proposa de céder Kandahar aux Perses en échange de Homâyoun mort ou vivant, Shâh Tahmâsp Ier rejeta sa demande.

Au lieu de cela, le Shâh de Perse annonça que 12 000 cavaliers d’élite étaient à Homâyoun pour mener une attaque contre son frère Kâmrân. En échange, il demanda à Homâyoun de lui céder la ville de Kandahar, si ses troupes étaient victorieuses dans la guerre contre Kâmrân Mirzâ.

Grâce à cette aide safavide, Homâyoun prit Kandahar après un siège de deux semaines. Kandahar fut, comme convenu, donné au Shâh de Perse qui envoya son fils en bas âge, Murâd, en tant que vice-roi.

Homâyoun se préparait à prendre Kaboul, dirigé par son frère Kâmrân Mirzâ. En fin de compte, il n’y eut pas de véritable siège. Kâmrân Mirza était détesté par la population et les nobles et alors que l’armée perse de Homâyoun approchait de la ville, des centaines de guerriers des troupes de Kâmrân Mirza changèrent de camp, affluant pour rejoindre Homâyoun et grossissant ses rangs. Kâmrân Mirza s’enfuit et laissa Kaboul à son frère aîné en 1552.

Sher Shâh Suri, qui avait envahi le vaste territoire de l’Empire moghol, mourut en 1545, son fils et successeur, Islâm Shâh, en 1554. Ce fut donc une occasion pour les Moghols de retourner en Inde et de restaurer leur empire.

Mir Sayyed Ali, Portrait d’un jeune scribe, 1550 (Musée d’Art du comté de Los Angeles).

L’empereur moghol Homâyoun rassembla une vaste armée qui comprenait les tribus baloutches et tenta de reprendre le trône à Delhi. Homâyoun plaça son armée sous la direction de Bairam Khân, un ancien général de son père qui l’accompagnait pendant son exil en Perse. Ce fut une sage décision étant donné l’incompétence militaire de Homâyoun d’autant plus que Bairam Khân, originaire de Badakhshan (Asie centrale), s’avérait être un grand tacticien. Lors de la bataille de Sirhind (Pendjab) en 1555, les armées de l’Empire suri furent défaites de manière décisive et l’Empire moghol fut rétabli en Inde.

Ainsi, Homâyoun, qui avait déjà régné de 1530 à 1540, reprit le trône et régna de nouveau pendant onze mois sur son empire de février 1555 à janvier 1556. Ainsi, après une rupture de 15 ans, Homâyoun réussit avec l’aide des Safavides à rétablir l’Empire moghol en Inde du Nord.

Le retour de Homâyoun de Perse fut marqué par une importante présence de nobles perses à la cour moghole et un changement important dans la culture de plus en plus persanisée de la cour. Les origines centrasiatiques de la dynastie moghole furent largement éclipsées par les influences de l’art, de l’architecture, de la langue et de la littérature persanes. Après la mort de Homâyoun, son fils Akbar Shâh régna de 1556 à 1605. Il est généralement considéré comme le plus grand empereur moghol de l’Inde.

Mir Sayyed Ali, Chameau et caravanier, Tabriz, vers 1535 (Fogg Art Museum, Cambridge)

Mir Sayyed Ali :

 

Mir Sayyed Ali (Tabriz, 1510-1572) fut un artiste de premier plan de la miniature persane avant de partir pour l’Inde où il se mit au service de la dynastie moghole. À la cour des Moghols, il devint l’un des fondateurs du style de la miniature moghole sous le règne du troisième empereur de la dynastie, Jalâluddin Mohammad Akbar.

Né à Tabriz, Mir Sayyed Ali était le fils de l’artiste Mir Mossavver (mort en 1555). L’historien et chroniqueur de la cour des Safavides, Qâzi Ahmed originaire de Qom, écrivit que le fils était plus talentueux que son père, mais que l’impact de Mir Mossavver, lui-même un élève du grand maître Kamâleddin Behzâd (1450-1535), avait influencé son travail.

Des recherches contemporaines soutiennent que Mir Sayyed Ali pourrait avoir participé à l’illustration du célèbre Livre des Rois (Shâhnâmeh) du poète épique persan Ferdowsi (940-1020), créé de 1525 à 1548 pour Shâh Tahmâsp Ier (1514-1576), deuxième empereur de la dynastie des Safavides. Deux miniatures y sont attribuées à Mir Sayyed Ali.

Il fut également impliqué dans la création des illustrations somptueuses pour un manuscrit du Khamseh (Les cinq œuvres) de Nizâmi (1141-1209) créé par les meilleurs miniaturistes de la Bibliothèque royale des Safavides de 1539 à 1543 sur ordre de Shâh Tahmâsp Ier. Sur les quatorze miniatures de cet ouvrage, quatre, dont « Leïli et Madjnoun », portent la signature de l’artiste.

Abd al-Samad, Combat de deux chameaux, 1590 (Collection privée).

Autour de 1540, Mir Sayyed Ali créa deux œuvres remarquables : le portrait d’un élégant jeune homme tenant une lettre, et un double frontispice pour le Khamseh de Nizâmi avec le « camp des nomades » sur une feuille et la « Soirée au palais » sur l’autre.

 

Un peu plus tard, Shâh Tahmâsp Ier devint de plus en plus orthodoxe sur le plan religieux et commença à rejeter les représentations artistiques des créatures vivantes. Il perdit donc tout intérêt pour les miniatures du livre qu’il avait commandé lui-même. Le roi finit par décréter un édit interdisant les œuvres picturales dans tout l’Empire perse. Les artistes de sa cour, dont Mir Sayyid Ali, se dispersèrent. La plupart se réfugièrent à la cour d’un jeune neveu de Shâh Tahmâsp Ier qui régnait à Mashhad, au Khorâssân.

 

Le jeune Sultan Ibrâhim Mirzâ (1540-1577) était un prince safavide. Petit-fils de Shâh Ismâïl Ier, fondateur de la dynastie, il était un neveu du roi Tahmâsp Ier. Lui-même artiste et poète, Sultân Ibrâhim Mirzâ exprimait son intérêt pour les arts de différentes manières. Il composait des poèmes, faisait de la calligraphie et de la peinture. Il patronnait les musiciens, les poètes et écrivains, les miniaturistes et les calligraphes. Il avait une bibliothèque personnelle qui était utilisée non seulement comme atelier d’enluminure et de copie de manuscrits, mais aussi comme école d’art et de littérature.

Abd al-Samad, Prince Akbar à la chasse, vers 1555-1558 (Ralph and Catherine Benkaim Collection).

Ce fut à cette époque que l’empereur moghol Homâyoun perdit son trône et se réfugia en Perse, où Shâh Tahmâsp Ier lui offrit sa plus haute protection. Pendant son séjour en Perse, le roi moghol fit la connaissance des artistes et fut fasciné par leurs œuvres.

Deux miniaturistes renommés furent invités au service de Homâyoun qui souhaitait, dès son retour en Inde, établir une bibliothèque comme celle de Tabriz pour y rassembler les artistes. Abd al-Samad et Mir Mossavver furent choisis pour cette mission. Cependant, pour des raisons que nous ignorons, au lieu de Mir Mossavver, la mission fut finalement confiée à son fils Mir Sayyed Ali.

Homâyoun ne regagna pas immédiatement ses possessions dans le sous-continent indien. Mir Sayyed Ali arriva à Kaboul en 1549, et il y resta jusqu’en été 1555, date de la victoire décisive de l’armée de Homâyoun sur l’Empire suri. Pendant le séjour de l’artiste à Kaboul, il créa des œuvres dont la plus célèbre est sans doute le « Portrait d’un jeune écrivain ». Mir Sayyed Ali est considéré comme un grand maître du portrait, et son « Portrait d’un jeune écrivain » fait partie des plus fameux portraits miniatures persans. Les experts du musée de Los Angeles pensent qu’il s’agit peut-être d’un autoportrait de l’artiste.

Abd al-Samad, Akbar et le derviche, vers 1580-1590 (Collection Aga Khan, Genève).

 

Après la mort de l’empereur Homâyun, son fils Akbar Shâh accéda au trône. Akbar était un amoureux encore plus passionné de la miniature que son père. Dès l’enfance du jeune prince, Mir Sayyed Ali et Abd al-Samad lui enseignèrent l’art de la peinture.

Sayyed Ali dirigea les initiatives artistiques de la cour impériale et, sous sa direction, commença l’un des projets les plus ambitieux avec la rédaction du livre historique Hamzanama, ou « Histoire de Hamza », l’oncle du prophète Mohammad.

Ce projet fut réalisé de 1562 à 1577 sur ordre de l’empereur Akbar et sous la direction de Mir Sayyed Ali. Il fut achevé sous la supervision d’Abd al-Samad qui prit le relais vers 1572.

 

Mir Sayyid Ali pourrait avoir été remplacé parce qu’il était trop lent. La commande aurait alors été faite sept ans auparavant, et seuls quatre des volumes terminés. Sous la direction de Samad, les dix volumes restants furent achevés en sept ans. Le livre fut divisé en quatorze volumes, dont chacun contenait cent illustrations, de taille plus grande que d’habitude, avec au total 1400 miniatures. Environ 140 miniatures de l’œuvre ont survécu jusqu’à nos jours et sont dispersées dans divers musées et collections à travers le monde.

Les deux chefs de l’atelier de la cour impériale supervisaient essentiellement le travail des autres, et il n’est pas certain que Samad ait peint lui-même l’une des miniatures du Hamzanâma. Il est néanmoins possible qu’il en ait corrigé une grande partie.

 

En revanche, une miniature appelée « Elias le Prophète sauve le prince Nur ad-Dahr noyé » est attribuée à Mir Sayyid Ali. Avec le portrait posthume de son père, Mir Mossavver, appelé « Le sage, réfléchissant sur le livre », réalisé vers 1565-1570, nous pouvons admirer le style tardif du grand maître.

Abd al-Samad, Le prince rend visite à l’ermite, vers 1585-1590 (Collection Aga Khan, Genève).

Mir Sayyed Ali resta fidèle jusqu’à la fin de sa carrière à la tradition persane, mais aussi à Akbar Shâh. À la cour impériale, il travaillait pour enseigner et diriger un groupe international d’artistes qui apprenaient les principes de la peinture persane.

 

Sept ans après le début du grand projet du Hamzanâma, c’est-à-dire en 1569 environ, l’artiste quitta la cour moghole et, en tant que fervent pèlerin musulman, se rendit à La Mecque. Certains chercheurs pensent qu’il serait mort pendant le Hajj, tandis que d’autres soutiennent qu’il retourna à la cour d’Akbar et qu’il décéda en 1580.

Abd al-Samad

 

Abd al-Samad, peintre miniaturiste persan du XVIe siècle, se rendit en Inde et devint l’un des maîtres fondateurs de la tradition de la miniature moghole. La carrière de Samad sous les Moghols, de 1550 à 1595 environ, est relativement bien documentée, et un certain nombre de peintures de cette période lui ont été attribuées. À partir de 1572 environ, il dirigea l’atelier impérial de l’empereur Akbar.

Samad rencontra pour la première fois l’empereur moghol Homâyoun à Tabriz en 1544 pendant l’exil de ce dernier en Perse. En 1546, Homâyoun demanda à Shâh Tahmâsp Ier de libérer Samad et son compatriote Mir Sayyed Ali de son service afin qu’il puisse les engager et les ramener plus tard en Inde.

Vers 1549, ils arrivèrent à la capitale temporaire de Homâyoun à Kaboul, où Samad fut engagé par Homâyoun pour apprendre la peinture à son fils Akbar et peut-être à l’empereur lui-même.

Avec Mir Sayyed Ali, Abd al-Samad introduisit un style persan pleinement impérial dans les ateliers moghols. Samad aurait probablement travaillé sur une peinture, de taille exceptionnelle, représentant des princes de la dynastie de Tamerlan, que Homâyoun avait commandée vers 1550-1555.

En 1552, une série de miniatures uniques comprenant le travail des deux peintres perses fut incluse dans un cadeau diplomatique de Homâyoun au souverain de Kashgar (aujourd’hui au Xinjiang), alors que Homâyoun s’efforçait de rassembler des soutiens pour regagner son trône.

Abd al-Samad, Le verso de la Scène de chasse, calligraphie et dessins marginaux, 1591 (Musée d’Art du comté de Los Angeles).

Certaines œuvres de cette période d’Abd al-Samad se trouvent aujourd’hui dans un album conservé à la bibliothèque du palais du Golestân à Téhéran. L’une de ces miniatures représente Akbar donnant une miniature à son père Homâyoun, et inclut le nom de Samad. Le tableau révèle l’usage d’un style persan.

Abd al-Samad et Mir Sayyed Ali suivirent l’empereur moghol à son retour en Inde, sept mois seulement avant sa mort en 1556. Ils furent retenus par le successeur de l’empereur, son fils Akbar, qui n’avait que quatorze ans à l’époque.

Sous le règne de l’empereur Akbar, les deux artistes ont probablement travaillé sur le Tutinama, la première grande commande achevée sous le nouveau règne, où les styles disparates des différents artistes utilisés restent clairs.

 

Parmi les artistes indiens formés par Samad, il faut surtout citer les deux célèbres miniaturistes du style moghol : Daswanth et Basavan.

Dans ces œuvres, Abd al-Samad faisait preuve d’un grand intérêt pour le détail, mais il était moins soucieux du style narratif privilégié et commandé par le jeune empereur Akbar.

Abd al-Samad, qui semblait influencer presque tous les peintres indiens de la cour par la force de son style, ne s’inspira guère des compositions plus simples de ses contemporains indiens, pourtant adeptes de la miniature perse. En outre, il n’avait peut-être pas le don du portrait réaliste que la peinture moghole introduisit dans la miniature iranienne, et contrairement à de nombreux artistes de la cour moghole, il montrait peu d’intérêt pour les gravures européennes disponibles à la cour d’Akbar.

Abd al-Samad eut deux fils peintres, Mohammad Sharif et Behzâd. Il appela le deuxième Behzâd pour célébrer le célèbre peintre iranien des époques timouride et safavide. Mohammad Sharif était un ami du prochain empereur moghol Jahângir (1605-1627) et, comme son père, il se vit confier d’importants rôles administratifs.


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