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La filière des Etudes Persanes n’est que très peu représentée en France. Seulement quelques universités proposent cette langue en option et celles qui offrent un cursus complet d’Etudes Iraniennes sont encore plus rares : il n’y a que Paris ou Strasbourg qui donnent cette possibilité. Les formations sont de bonne qualité, malgré tout, la progression reste difficile : en raison de son statut de langue rare, il est très difficile de trouver des livres d’enseignement, voir un simple dictionnaire persan-français !
Pour améliorer le niveau de persan et acheter quelques ouvrages indispensables, il reste les stages linguistiques et il est bien dommage que les instituts qui permettent aux étrangers de prendre des cours de persan en Iran soient méconnus, même par les étudiants d’Iranologie.
Les universités d’Ispahan et de Qazvin faisant exception, la plupart de ces centres se situent bien évidemment à Téhéran et l’Institut Dehkhodâ arrive en tête de liste. Dépendant de l’Université de Téhéran, il accueille la grande majorité des étudiants étrangers. Il est également très bien situé : dans les quartiers Nord de la ville où habite la tranche aisée de la population. Dans les hauteurs de la mégapole, les rues sont très en pente mais le dortoir est proche du palais de Sa’d Abad, ancienne résidence royale reconvertie en musée après la Révolution. L’Institut accueille des étudiants de tous les pays du monde et de tous niveaux. Une fois arrivé à l’aéroport, un taxi appelé par le Centre amène l’étudiant à l’institut et quelques jours plus tard, il passera un test de langue afin de classer les nouveaux venus par groupes de niveaux.
Mais Dehkhodâ n’est pas le seul institut qui permet l’obtention d’un visa étudiant court séjour, nous trouvons également l’Academy of the Persian Language ou le Iran Language Center. Les matières enseignées sont variées : la littérature, la grammaire mais aussi l’Histoire ou encore la calligraphie. L’emploi du temps est assez léger ce qui laisse le temps d’explorer la ville ; veillez toutefois à respecter le couvre-feu… Les règles dépendent beaucoup du surveillant du moment, certains sont très stricts, alors que d’autres sont plus modérés. Ce genre de structures a l’avantage d’être accessible à tous et il n’est pas nécessaire d’avoir le statut étudiant dans son pays d’origine même si bien évidemment cela représente la majeure partie des cas. On trouve également des professionnels venus travailler en Iran et désirant apprendre le persan. Il y a aussi une population significative de jeunes femmes russes fraîchement mariées à des Iraniens. En plus petit nombre, on peut aussi voir des Iraniens d’origine nés à l’étranger : ils s’en sortent relativement bien à l’oral mais ne maîtrisent ni la lecture, ni l’écriture.
Certains instituts prévoient même un voyage touristique de quelques jours au cours de la session, le plus souvent à Ispahan. L’étudiant n’a rien à débourser, tout est compris, même le logement et les repas. Les mêmes règles sont applicables à Téhéran, et les visites se font avec le groupe. Il faut noter qu’au cours de la formation, les étudiants sont régulièrement interviewés par les médias locaux, et assistent à des célébrations officielles telles des expositions de livres, l’anniversaire de la Révolution Islamique ou alors la visite de la Bibliothèque Nationale.
Si on désire suivre un cursus plus académique, il reste l’International Center for Persian Studies de l’Université de Téhéran. La durée de la formation est la même que pour les instituts : stage d’un mois ou alors d’un semestre. Le recrutement se fait chaque saison. On a le choix de la formule : des cours intensifs qui ont lieu le matin et s’étalent cinq jours par semaine (du samedi ou mercredi : comme dans un bon nombre de pays musulmans, les week-ends sont jeudi-vendredi.) ou alors un semestre entier où l’emploi du temps est encore allégé : les cours ont lieu trois jours par semaine et les leçons n’excèdent pas deux heures. Cela a l’avantage de laisser du temps pour créer des liens avec la population locale. Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’est pas difficile de vivre en Iran, même pour une femme, seule et Occidentale de surcroît. Pour ceux qui maitrisent déjà le persan, ils peuvent viser un semestre dédié à l’Art et à la Littérature (Literature and Art Semester). Les jours et les horaires sont les mêmes que pour les cours intensifs et offrent un concentré de culture persane : on y étudiera, outre la littérature, l’histoire de la langue persane, l’Art Iranien, la poésie classique et contemporaine, mais aussi la calligraphie.
Ceux qui désirent rester davantage dans le pays peuvent suivre un cursus universitaire complet, et ce quelque soit le niveau : toutes les formations sont disponibles, de la Licence au Doctorat. Ce type d’apprenant étudie à Qazvin (Imam Khomeini University) jusqu’à ce qu’il soit en mesure de passer un certificat de persan (minimum niveau B2) pour accéder aux études universitaires. Il n’est pas nécessaire (mais souhaitable) de parler persan avant d’opter pour cette option : les bases sont également enseignées dans le centre. Cela explique que certains y restent très longtemps : j’ai le souvenir d’un camarade coréen qui y était depuis 5 ans ! Si à Téhéran les règles ne sont pas très strictes, elles se durcissent à Qazvin. Le maghna’e, voile plus couvrant est obligatoire ; le simple foulard ne suffit donc plus et un code vestimentaire plus sobre est à respecter. Avant chaque entrée, on doit présenter sa carte étudiant aux gardiens, signer un cahier de présence chaque soir au dortoir, et prévenir quand on se rend dans une autre ville, même lors des jours fériés.
Les Russes se font rares et la très grande majorité des élèves viennent de pays musulmans : surtout des Afghans, des Tadjiks, des Irakiens et des Syriens. Comme la langue maternelle de la plupart des autres élèves est l’arabe, voire le persan pour les Tadjiks et les Afghans, ils ont une nette longueur d’avance, un grand effort de travail est donc à fournir pour les Occidentaux (qui sont d’ailleurs très rares si j’en crois les commentaires de mes professeurs qui étaient très surpris de voir une Française) Les sessions d’examens ont lieu chaque semestre, elles permettent soit de passer au niveau supérieur afin d’acquérir un niveau suffisant en langue ou alors de passer le test final qui permet l’accès aux études universitaires. Une fois ce test en poche, on formule des vœux concernant le choix des universités et de la filière, le centre fait suivre au Ministère des Affaires Etrangères qui transmet sa décision par la suite. Les étudiants étrangers peuvent choisir entre toutes les filières disponibles en Iran, il n’est donc pas obligatoire de faire des études en Iranologie ou en Sciences Humaines. Précisons toutefois qu’en ce qui concerne la filière « Littérature persane », les élèves étrangers suivent un cursus à part, séparés des Iraniens à l’Université de Téhéran. Dans les autres universités, des classes spéciales pour Etrangers ne sont pas prévues, faute de demande. Cela augmente grandement la difficulté, d’autant plus que l’apprentissage de la langue arabe est obligatoire quel que soit l’établissement choisi.
Si vous souhaitez profiter de ces programmes, mieux vaut s’y prendre tôt. Si pour les courts séjours, il est recommandé d’entreprendre les démarches au moins trois mois à l’avance, pour poursuivre des études en Iran, les délais sont plus longs et peuvent aller jusqu’à une année. Il faut envoyer les documents requis au Centre qui contactera le Ministère des Affaires Etrangères. Il communiquera alors à l’Ambassade iranienne qui se trouve sur votre territoire les résultats de la commission, et si elle a été favorable, on vous délivrera un visa étudiant. Si vous voulez suivre plusieurs sessions de cours ou rester en Iran pour votre cursus universitaire, il faut commencer les démarches pour l’obtention d’une carte de séjour dès l’arrivée dans le pays. Le passeport et des photos d’identité sont confiés à un responsable qui se charge des démarches et vous remet les coordonnées bancaires de l’institut ; le délai est environ d’un mois. Notons qu’après avoir suivi un mois de cours, l’étudiant qui le souhaite peut faire prolonger son visa pour une nouvelle session.
Concernant les prix, ils sont très abordables : compter environ 85 euros pour les cours intensifs (3 300 000 rials) et 100 euros pour un semestre (4 500 000 rials). Si vous avez la nationalité iranienne, les prix sont diminués de moitié. Les étudiants logent généralement dans les dortoirs universitaires. Vous pouvez également faire la demande d’une bourse, directement auprès du Ministère des Affaires Etrangères. Une commission analyse alors votre dossier et en fonction de vos résultats, une bourse de niveau A (cours et hébergement gratuits et une modeste somme d’argent vous sera versée deux fois par an) ou de niveau B (vous bénéficiez seulement des cours et de l’hébergement offerts). Dans tous les cas, prévoir de l’argent de poche.